ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"178"> des especes de potagers, dont la culture s'est perfectionnée de plus en plus. Un potager est de tous les jardins le plus nécessaire à la vie; ce mot vient de ce qu'on y cultive les herbes nécessaires pour faire les bons potages; on y éleve aussi des racines, des salades, des plantes bulbeuses, des légumes, & des fruits de plantes potageres.

On le doit bien exposer, en amander les terres, & quant à la culture, une vigne ne doit pas être mieux entretenue qu'un potager, mieux fumée, mieux labourée, mieux sarclée, l'eau sur - tout ne doit pas manquer; s'il y en a trop, on fera faire une grande pierrée dans le milieu, bâtie à pierres seches où se viendront rendre quantité de petites rigoles imperceptibles qu'on pratiquera pour amasser les eaux des plates - bandes & des allées.

Si ce potager est coupé de murs pour multiplier les espaliers, il faut que les quarrés aient du moins 15 à 20 toises de tout sens pour y ménager des platesbandes, des allées au pourtour, & un quarré au milieu pour y dresser de grandes planches.

Le jardinier intelligent distribuera différemment ses plantes dans un terrein sec que dans un terrein gras & humide; il espacera plus au large ses légumes dans un pays gras où ils viennent plus forts, que dans un pays sec où on a assez de peine à les élever: dans un pays gras il tiendra ses planches un peu élevées, afin qu'elles s'égouttent dans les allées; dans un terrein sec c'est tout le contraire. Cet habile homme profitera des différentes natures de terre qui se trouvent souvent dans un même potager; s'il a quelque endroit bas & un peu humide, il y mettra des artichaux, bétraves, scorsoneres, salsifis, carottes, panais, choux, épinars, &c. Les endroits plus secs seront remplis de laitues, chicorées, cerfeuil, estragon, basilic, pimprenelle, baume, pourpier, ail, échalotes, &c. s'il trouve quelque terrein meilleur entre le sec & l'humide, il y élevera des asperges, des fraises, cardons, céleri, passe - pierre, &c.

Potager (Page 13:178)

Potager, (Maçonn.) c'est dans une cuisine, une table de maçonnerie à hauteur d'appui, où il y a des réchauds scellés. Les fourneaux ou potagers sont faits par arcades, de deux piés de large, posés sur de petits murs de huit à neuf pouces d'épaisseur, & dont l'aire est retenue par ses bords, par une bande de fer sur le champ, recourbée d'équerre, & scellée dans le mur. (D. J.)

POTAKI (Page 13:178)

POTAKI, (Comm. du Levant.) c'est ainsi qu'on nomme à Constantinople, les cendres & potasses qui viennent de la mer Noire. Les potaki font une partie du négoce des Anglois & des Hollandois dans cette échelle; ces deux nations en enlevent tous les ans une très - grande quantité pour l'apprêt de leurs draps, ces sortes de cendres étant très - propres pour les dégraisser.

POTAMIDES (Page 13:178)

POTAMIDES, s. f. (Mythol.) nymphes des fleuves & des rivieres; POTAMOS2 est un fleuve.

POTAMOGEITON (Page 13:178)

POTAMOGEITON, s. m. (Botanique.) aux caracteres de ce genre de plantes par Tournefort, joignons ceux du système de Linnaeus. La fleur du potamogeiton n'a point de calice, mais est composée de quatre pétales ouverts, creux, arrondis, & obtus, lesquels tombent avant la maturité des graines; les étamines sont quatre filets extrèmement courts, obtus, & applatis; les bossettes des étamines sont courtes & doubles. Le pistil a quatre germes ovales & pointus; ils n'ont point de stile, mais des stigmates obtus: le fruit consiste en quatre graines arrondies, applaties & pointues qui succedent à chaque fleur.

Le potamogeiton est nommé vulgairement en françois épic d'eau, en anglois pond - weed; Tournefort en établit douze especes, entre lesquelles nous décrirons seulement celle qui est à feuilles rondes, potamogeitonrotundi folium, C. B. P. 193. Ray, Hist. j. 188. Tourn. I. R. H. 233. Boerh. Ind. alt. 196.

C'est une plante aquatique qui pousse plusieurs tiges longues, grêles, rondes, nouées, rameuses. Ses feuilles qui naissent dans l'eau, sont d'abord étroites & s'élargissent en s'élevant au - dessus de l'eau; elles sont de figure presque ovale, pointues, nerveuses, vertes, pâles, luisantes, nageant sur la surface de l'eau comme celles du nenuphar, & attachées à de longues queues. Il s'éleve d'entre ces feuilles des pédicules qui soutiennent des épics de fleurs à quatre pétales, disposées en croix, de couleur rougeâtre ou purpurine. Il succede à ces fleurs des capsules ramassées en maniere de tête, oblongues, pointues par un bout, remplies de quelques graines blanches.

Cette plante croît dans les marais & dans les étangs; elle fleurit au mois de Juin & de Juillet; on n'emploie que ses feuilles, auxquelles les Médecins donnent une qualité rafraichissante & incrassante.

Son nom potamogeiton est formé des mots grecs, POTAMO\S2, fleuve, & GEITWN, voisin, à cause qu'elle croît sur le bord des fontaines.

L'espece de potamogeiton, flosculis ad foliorum nodos. I. R. H. 233. est le myriophylon, aquaticum, minus, de Clusius. Hist. 352. en anglois, the water milfoil. (D. J.)

POTAMOPITIS (Page 13:178)

POTAMOPITIS, (Botan.) genre de plante établi sous ce nom par Buxbaum, dans les Mémoires de l'académie de Pétersbourg; sa tige s'éleve environ à la hauteur de quatre pouces; elle est formée de plusieurs noeuds qui s'emboîtent les uns dans les autres, comme autant de calices; chaque noeud est garni de feuilles découpées en étoile à huit rayons ou environ; elles sont plus étroites au bas de la tige, plus larges au sommet, mais rares, & quelquefois seulement au nombre de deux à chaque noeud. Les fleurs sortent des aisselles des feuilles, elles sont blanches, à quatre pétales disposés en croix, & soutenues par un calice à quatre feuilles, & elles n'ont point de pédicule. Le pistil occupe le centre de la fleur, & est environné de quatre étamines. Le vaisseau séminal est arrondi, divisé en quatre loges, & rempli de semences grêles, faites en croissant: cette plante fleurit en Mai; elle est commune aux lieux marécageux de la Thrace, près du Bosphore. Hist. Petropol. vol. I. pag. 243.

POTAMOS ou POTAMUS (Page 13:178)

POTAMOS ou POTAMUS, (Géog. anc.) bourg du Péloponnèse, dans l'Attique. C'étoit un bourg maritime de la tribu Léontide, au - delà du promontoire Sunium, en regardant du côté de l'Europe, & c'est ce qu'on appelle maintenant le port de Raphti, où il n'y a aucune habitation: c'étoit là qu'on voyoit le monument d'Ion, fils de Xuthus. A Athènes on lit, dans l'église d'Agioi apostoli, un fragment d'inscription, où il est fait mention des citoyens de ce bourg. . . *Stpatok*Leo*U*S *Potamiot. . . *Q*U*Gathp. Les habitans de Potamos furent autrefois l'objet des railleries du théâtre d'Athènes, par leur facilité & leur inconstance à créer de nouveaux magistrats. Ce bourg est le même que Pausanias, liv. VII. ch. j. appelle la tribu des Potamiens. 2°. Potamos ou Potamus, lieu maritime dans la Galatie. Arrien, dans son Périple du Pont - Euxin, pag. 15. le met entre Stephanes & Leptes - acra, à 150 stades du premier de ces lieux, & à 120 stades du second. Ce Potamos pourroit bien être le Potamia de Strabon. (D. J.)

POTASSE, ou POTASCHE (Page 13:178)

POTASSE, ou POTASCHE, s. f. (Chimie, Comm. & Arts.) ce mot est originairement allemand; il signifie cendre de pot, & a été adopté en françois & en anglois, pour désigner un sel alkali fixe qui se tire des cendres de différens bois brûlés, on donne aussi le nom de potasse à la cendre même qui contient ce sel alkali fixe; cette cendre est rendue compacte & solide comme une pierre, parce qu'on l'humecte pour cet effet avec de l'eau, après quoi on la ealcine pour [p. 179] la durcir, comme nous aurons occasion de le dire.

La potasse fait une des principales branches du commerce du nord; il en vient une grande quantité de Russie, de Pologne, de Lithuanie, d'Ukraine, de Suede; les vastes forêts qui se trouvent dans ces pays mettent les habitans à portée d'avoir le bois nécessaire pour faire cette substance: on ne trouveroit pas son compte à les imiter dans les pays où le bois est rare; mais les François & les Anglois pourroient très bien faire de la potasse dans leurs possessions de l'Amérique septentrionale, où le bois est plus commun qu'en aucune contrée de l'Europe.

Chaque pays suit une méthode particuliere pour obtenir de la potasse; on n'emploie à cet usage que de vieux arbres qui se pourrissent; ceux qui y sont les plus propres sont le chêne, le hêtre, le peuplier, le frêne, l'orme, le houx, le bouleau, le noisettier, & tout le bois blanc. Les pins, les sapins, & tous les bois résineux ne sont point bons pour cela en Suede. Suivant le rapport de M..... en Suede, on commence par couper le bois, & on le met en bûches; on en forme de grands tas que l'on allume & qu'on fait brûler lentement; on en recueille les cendres, que l'on sépare autant qu'on peut des charbons: on amasse toutes les cendres, on les humecte avec de l'eau, & l'on en fait une espece de mortier d'une consistence épaisse; on prend cette espece de mortier, & l'on en fait un enduit autour des troncs de sapins ou de pins fraichement coupés; on forme de ces troncs ainsi enduits des piles qui ont la hauteur d'une maison; on allume un feu de bois sec sous la pile, le tout brûle très vivement; les cendres dont les buches de sapin ont été enduites, rougissent & se vitrifient; pour lors on détruit la pile, & pendant que les cendres sont encore fortement échauffées, & pour ainsi dire en fusion, on les applique avec des bâtons pour en incruster les bûches de sapins. Cette opération se nomme walla en suédois; par son moyen les cendres forment une masse solide & dure comme de la pierre. Lorsque tout est refroidi, on détache ces cendres durcies & incrustées avec des outils de fer, & on les entasse dans des tonneaux, & on les débite sous le nom de potasse.

Dans d'autres pays, après avoir coupé le bois, on l'entasse dans des creux fort grands que l'on fait en terre pour cet usage, & l'on y fait brûler doucement les arbres qu'on y a amassés, & l'on en recueille les cendres. On les lave pour en séparer la partie saline: lorsque l'eau est suffisamment chargée de sel, on la fait évaporer jusqu'à siccité dans des chaudieres de fer, au fond desquelles le sel s'attache si sortement, que l'on est obligé de l'en détacher avec des ciseaux & des maillets.

Il y a quelques années que l'on a publié en Angleterre une méthode pour faire de la potasse semblable à celle de Russie; elle est dûe au chevalier Pierre Warren. Il dit qu'il faut que le bois dont on se servira pour cela ait été coupé depuis le mois de Novembre jusqu'au mois de Février; on le laissera sécher en pile pendant une année entiere, au bout de ce tems, on le brûlera sur une aire garnie de briques & couvert, afin d'obtenir plus de cendre: on passera cette cendre par un tamis, après quoi on le mettra dans des cuves; on versera de l'eau de pluie ou de fontaine en assez grande quantité pour qu'elle y surnage; on laissera le tout pendant quatre ou cinq mois dans cet état; au bout de ce tems on aura des fourneaux semblables à des fours de boulangers, dont l'entrée doit être large, & qui auront à leur partie supérieure trois ou quatre regîtres pour la circulation de l'air, que l'on pourra fermer en cas de besoin: on allumera un grand feu dans ces fourneaux avec du bois de chêne ou de frêne, alors on y mettra les cendres humectées, qui se durciront & se vitrifieront. On continuera à don<cb-> ner un grand feu jusqu'à ce que le fourneau soit rempli de cendre; par ce moyen elles deviendront compactes, & elles se mettront en grandes masses, dont on remplira des tonneaux de façon qu'elles soient garanties du contact de l'air.

Tel est le procédé de M. Warren, il est assez long & très - inutile; & pour peu qu'on ait des notions chimiques, on verra que ces opérations, ainsi que celles que nous avons dit se pratiquer en Suede, sont superflues & même nuisibles à la bonté de la potasse. En effet, la Chimie nous apprend que toutes les plantes réduites en cendres donnent de l'alkali fixe, & ce n'est que ce sel que l'on cherche à obtenir en faisant de la potasse. Nous savons aussi que tous les alkalis fixes obtenus des cendres des végétaux ont les mêmes propriétés lorsqu'ils sont parfaitement purs. Voyez l'article Sel alkali. Or par toutes les méthodes que l'on vient de rapporter, on semble s'efforcer de faire un sel alkali fixe très - impur: 1°. en brûlant le bois à couvert, sous prétexte d'obtenir plus de cendres, on obtient un sel à la façon de Tachenius, c'est - à - dire un sel alkali fixe très - charge de parties huileuses & inflammables, & mélés d'un grand nombre de sels neutres qui se sont formés pendant la déflagration, tels que du tartre vitriolé, un sel savonneux, du soufre, de l'hepar sulphuris, &c. En un mot, on obtient un sel très impur, & que quelquefois on a beaucoup de peine à purifier. 2°. Il est très - inutile de donner à la potasse une consistance solide; ce qui se fait en humectant les cendres, & en les calcinant ensuite dans un fourneau, parce que ces opérations ne rendent point le sel alkali fixe plus pur; au contraire, en exposant ces cendres à un feu violent, le sel alkali fixe qu'elles renferment se vitrifie avec la partie terreuse de ces cendres; & étant changé en verre, le sel n'a plus les propriétés d'un alkali fixe.

Ainsi la voie la plus sure pour faire de bonne potasse, seroit de brûler le bois à l'air libre, afin que sa partie grasse & huileuse puisse se dissiper; de ramasser les cendres, d'en séparer autant qu'il est possible, les charbons qui y sont mélés; de laver ces cendres avec de l'eau froide: quand cette eau sera suffisamment chargée de sel, on la filtrera, & on la fera évaporer jusqu'à siccité; & lorsque le sel sera bien sec, on n'aura qu'à le faire rougir dans un fourneau, & on le tiendra quelque tems dans cet état, sans permettre qu'il entre en fusion. On pourra, si on le juge nécessaire, réitérer cette calcination à plusieurs reprises; par ce moyen on aura un sel alkali fixe dégagé de phlogistique.

La potasse peut être mélée de tartre vitriolé, qui s'est forme pendant la déflagration; ce sel neutre est produit par la combinaison de l'acide vitriolique avec le sel alkali fixe: l'action du feu dégage cet acide, qui est contenu dans de certains bois, tel qu'est surtout le chêne. Pour en séparer l'alkali fixe de la potasse, on n'aura qu'à la faire dissoudre dans de l'eau froide, par ce moyen l'alkali fixe se dissoudra promptement dans l'eau, au lieu que le tartre vitriolé qui se dissout plus difficilement, restera au fond de l'eau sous la forme d'une poudre.

En suivant cette méthode, les habitans du Nord, au lieu de nous vendre une cendre quelquefois très impure, & qu'ils se sont donnés bien de la peine à rendre dure, compacte & vitrifiée, nous fourniroient un sel alkali fixe pur sous un moindre volume, & dont l'effet seroit plus sûr dans les arts.

La potasse, telle qu'elle nous vient, differe pour les degrés de bonté; cela dépend du bois que l'on a employé pour la faire, de la maniere dont on l'a brûlée, & du soin avec lequel on l'a purifiée. En Allemagne on regarde la potasse qui vient de Dantzic comme la meilleure; elle se fait en Pologne, & passe par cette ville, où elle subit un examen de la part de

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