ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Posnanie (Page 13:162)

Posnanie ou Posen, (Géog. mod.) en latin moderne Posna; ville de la grande Pologne, capitale du palatinat du même nom, sur la rive gauche de la Warta, dans une belle plaine, à 11 lieues au couchant de Gnesne, à 18 de Kalisch, & à 50 de Varsovie.

Cette ville prétend être la capitale de la grande Pologne: elle est du - moins ville commerçante, & l'entrepôt des marchandises qu'on apporte d'Allemagne en Pologne, ou qu'on transporte de Pologne en Allemagne. Miecislas I. duc de Pologne, y fonda un évéché en 966. Lubrantius, évêque de Posnanie, y établit un collége public. Long. 35. 8. latit. 52. 25. (D. J.)

POSPOLITE (Page 13:162)

POSPOLITE, s. m. (Hist. mod.) C'est ainsi que l'on nomme en Pologne un ordre par lequel dans les besoins pressans de l'état, tous les sujets tant nobles que roturiers qui sont en état de porter les armes, sont obligés de se rendre en un lieu marqué, & de servir la république à leurs dépens pendant l'espace de six semaines. Quelquefois les ecclésiastiques eux - mêmes ne sont point exempts de la nécessité d'obéir à cette convocation.

POSSEDÉ (Page 13:162)

POSSEDÉ, (Critique sacrée.) *DAIMONIZOME/NOS2. Cette troupe de possédés qui se trouva du tems de Jesus - Christ, & qui continua jusqu'à l'abolition du Paganisme, surprend des lecteurs qui ne sont que médiocrement crédules. D'où vient que cette maladie a cessé avec les lumieres de la Médecine? c'est qu'elle n'avoit que des causes naturelles qui nous sont connues. Aussi d'habiles gens qui respectent l'autorité des saints livres, ont peine à se persuader que les possédés dont parle l'Evangile, fussent réellement tourmentés par des démons.

Cette opinion ne doit scandaliser personne, parce que les miracles de Jesus - Christ, qui guérissoit ces sortes de malades, n'en sont que plus grands; car que des êtres malfaisans obéissent au commandement de Jesus - Christ, ce n'est pas une chose si miraculeuse que de faire cesser des maladies les plus opiniâtres, les plus rebelles & les plus incurables, en n'employant cependant qu'une simple parole, un signe, un attouchement. Notre Sauveur ne jugeoit point devoir corriger les erreurs des Juifs sur la nature de ces maladies; il ne disputoit pas, il guérissoit.

De plus, il paroît étrange à ceux qui réfléchissent, qu'il fallût plus d'un mauvais esprit pour tourmenter une personne. Les sept démons de Marie Magdeleine pouvoient sans doute loger dans une seule femme; mais un seul ne suffisoit - il pas pour la rendre très - malheureuse? Le démonia que qui s'appelloit Légion, n'étoit autre chose qu'un furieux, un phrénétique à qui ses forces faisoient dire qu'il s'appelloit Légion, parce qu'il croyoit être possédé de démons en grand nombre.

Enfin, le mot DAI/MWN est un terme vague qui dans les auteurs grecs se prend pour génie, fortune, destinée, sort, malencontre; genium, fortunam, fatum, sortem. *DAIMONA\W signifie intemperiis agor, dit Budée; ainsi, continue - t - il, dans S. Luc KAKODAI/MWN, sumi videtur pro eo qui intemperiis agitur. Ce mot dans Plutarque, vie de Périclès, se prend pour insanio, furore teneor. *DAIMO/NIOS2 veut dire malheureux, misérable, dans Platon. *DAI/MONI/A au neutre, signifie ombres, spectres. (D. J.)

POSSÉDER, AVOIR (Page 13:162)

POSSÉDER, AVOIR, (Synon.) Il n'est pas nécessaire de pouvoir disposer d'une chose, ni qu'elle soit actuellement entre nos mains, pour l'avoir, il suffit qu'elle nous appartienne; mais pour la posséder, il faut qu'elle soit entre nos mains, & que nous ayons la liberté actuelle d'en disposer ou d'en jouir. Ainsi nous avons des revenus, quoique non payés ou même saisis par des créanciers; & nous possedons des trésors. On n'est pas toujours le maître de ce qu'on a, on l'est de ce qu'on possede.

Ces deux mots se disent aussi au figuré, & alors posséder signifie en choses spirituelles & morales, tenir, régir, gouverner, administrer, remplir. On a les bonnes graces des personnes à qui l'on plaît. On possede l'esprit de celles que l'on gouverne absolument. Un mari a de cruelles inquiétudes lorsque le démon de la jalousie le possede. Un avare peut avoir des richesses dans ses coffres, mais il n'en est pas le maître; ce sont elles qui possedent & son coeur & son esprit. Un amant a le coeur d'une dame lorsqu'il est aimé; il le possede lorsqu'elle n'aime que lui.

En fait de sciences & de talens, il suffit pour les avoir d'y être médiocrement habile; pour les posséder, il y faut exceller. Alors posséder signifie savoir parfaitement. Ceux qui ont la connoissance des arts, en savent & suivent les regles; mais ceux qui les possédent, font & donnent des regles à suivre. (D. J.)

POSSESSEUR (Page 13:162)

POSSESSEUR, s. m. (Jurispr.) est celui qui détient quelque chose.

On distingue deux sortes de possesseurs, l'un de bonne foi, l'autre de mauvaise soi.

Le possesseur de bonne foi est celui qui a lieu de penser que sa possession est légitime.

A moyens égaux & dans le doute, la cause de celui qui possede est toujours la meilleure.

Il a aussi l'avantage de faire les fruits siens, & de répéter en tout événement les impenses utiles & nécessaires, & même voluptuaires qu'il fait de bonne foi.

Le possesseur de mauvaise foi est celui qui ne peut ignorer qu'il détient la chose d'autrui.

Il est obligé de restituer tous les fruits qu'il a perçus ou dû percevoir.

A l'égard des impenses, il ne peut répéter que les nécessaires; & quant à celles qui ne sont qu'utiles ou voluptuaires, elles sont perdues pour lui, à moins qu'il ne puisse enlever ce qu'il a édifié sans endommager le surplus.

Depuis la contestation en cause, le possesseur de bonne foi devient pour l'avenir de même condition que le possesseur de mauvaise foi, c'est - à - dire qu'il ne gagne plus les fruits. Voyez au cod. livre III, le titre XXXII. & les mots Bonne foi, Mauvaise foi, Possession, Possessoire . (A)

POSSESSIF, ve (Page 13:162)

POSSESSIF, ve (Gramm.) adjectif usité en Grammaire pour qualifier certains mots que l'on regarde communément comme une sorte de pronoms, mais qui sont en effet une sorte d'adjectifs distingués des autres par l'idée précise d'une dépendance relative à l'une des trois personnes.

Les adjectifs possessifs qui se rapportent à la premiere personne du singulier, sont mon, ma, mes; mien, mienne, miens, miennes: ceux qui se rapportent à la premiere personne du pluriel, sont notre, nos; nôtre, nôtres.

Les adjectifs possessifs qui se rapportent à la seconde personne du singulier, sont ton, ta, tes; tien, tienne, tiens, tiennes: ceux qui se rapportent à la seconde personne du pluriel, sont votre, vos; vôtre, vôtres.

Les adjectifs possessifs qui se rapportent à la troisieme personne du singulier, sont son, sa ses; sien, sienne, siens, siennes: ceux qui se rapportent à la troisieme personne du pluriel, sont leur, leurs.

Sur cette premiere division des adjectifs possessifs, il faut remarquer que chacun d'eux a des terminaisons relatives à tous les nombres, quoique la dépendance qu'ils expriment soit relative à une personne d'un seul nombre. Ainsi mon livre veut dire le livre (au singulier) qui appartient à moi (pareillement au singulier); mes livres, c'est - à - dire les livres (au pluriel) qui appartiennent à moi (au singulier): notre livre signifie le livre (au singulier) qui appartient à nous (au pluriel); nos livres, c'est la même chose que les [p. 163] livres (au pluriel) qui appartiennent à nous (pareillement au pluriel). C'est que la quotité des êtres qualifiés par l'idée précise de la dépendance, est toute différente de la quotité des personnes auxquelles est relative cette dépendance.

Dans la plûpart des langues, il n'y a qu'un adjectif possessif pour chacune des trois personnes du singulier, & un pour chacune des trois personnes du pluriel; mais en françois, nous en avons de deux sortes pour chaque personne: l'un qui ne s'emploie jamais qu'avant un nom, & qui exclut tout autre article; l'autre qui est toujours précédé de l'un des articles, le, la, les, & qui n'est jamais accompagné d'aucun nom, mais qui est toujours en concordance avec un nom déja exprimé auquel il se rapporte. C'est la même chose dans la langue allemande.

Les possessifs de la premiere espece sont mon, ma, mes, pour la premiere personne du singulier; notre, nos, pour la premiere du pluriel: ton, ta, tes, pour la seconde personne du singulier; votre, vos, pour la seconde du pluriel: son, sa, ses, pour la troisieme du singulier; & leur, leurs, pour la troisieme du pluriel.

Les possessifs de la seconde espece sont le mien, la mienne, les miens, les miennes, pour la premiere personne du singulier; le nôtre, la nôtre, les nôtres, pour la premiere du pluriel: le tien, la tienne, les tiens, les tiennes, pour la seconde personne du singulier; le vôtre, la vôtre, les vôtres, pour la seconde du pluriel: le sien, la sienne, les siens, les siennes, pour la troisieme personne du singulier; & le leur, la leur, les leurs, pour la troisieme du pluriel.

L'exacte différence qu'il y a entre les deux especes, c'est que les possessifs de la premiere espece me paroissent renfermer dans leur signification celle des possessifs de la seconde & celle de l'article; ensorte que mon signifie le mien, ton signifie le tien, son signifie le sien, nos signifie les nôtres, &c. Mon livre, selon cette explication, veut donc dire le mien livre ou le livre mien; nos livres, c'est les livres nôtres, &c. Et c'est ainsi que parlent les Italiens, il mio libro, imostri libri; ou bien il libro mio, i libri nostri. « On disoit autrefois, comme l'écrivent encore aujour d'hui ceux qui n'ont pas soin de la pureté du langage, un mien frere, une tienne soeur, un sien ami». Vaugelas, rem. 338). Cette observation est fondamentale pour rendre raison des différens usages des deux sortes d'adjectifs.

1°. Ce principe explique à merveille ce que Vaugelas a dit (rem. 513) qu'il faut répéter le... possessif de la premiere espece comme on répete l'article, & aux mêmes endroits où l'on répéteroit l'article: par exemple, on dit le pere & la mere, & non pas les pere & mere; & il faut dire de même son pere & sa mere, & non pas ses pere & mere, ce qui est, selon M. Chapelain, du style de pratique, & selon M. de Vaugelas, une des plus mauvaises façons de parler qu'il y ait dans toute notre langue. On dit aussi, les plus beaux & les plus magnifiques habits, ou les plus beaux & plus magnifiques habits, sans répéter l'article au second adjectif; & l'on doit dire de même ses plus beaux & ses plus magnifiques habits, ou ses plus beaux & plus magnifiques habits, selon la même regle. Cette identité de pratique n'a rien de surprenant, puisque les adjectifs possessifs dont il est ici question, ne sont autre chose que l'article même auquel on a ajouté l'idée accessoire de dépendance relativement à l'une des trois personnes.

2°. C'est pour cela aussi que cette sorte d'adjectif possessif exclut absolument l'article, quand il se trouve lui - même avant le nom; ce seroit une véritable périssologie, puisque l'adjectif possessif comprend l'article dans sa signification.

3°. On explique encore par - là pourquoi ces pos - sessifs operent le même effet que l'article pour la formation du superlatif; ainsi ma plus grande passion, vos meilleurs amis, leur moindre souci, sont des expressions ou les adjectifs sont au même degré que dans celles - ci, la plus grande passion, les meilleurs amis, le moindre souci: c'est que l'article qui sert à élever l'adjectif au degré superlatif, est réellement renfermé dans la signification des adjectifs possessifs, mon, ton, son, &c.

C'est apparemment pour donner à la phrase plus de vivacité, & conséquemment plus de vérité, que l'usage a autorisé la contraction de l'article avec le possessif dans les cas où le nom est exprimé; & c'est pour les intérets de la clarté que, quand on ne veut pas répéter inutilement un nom déja exprimé, on exprime chacun à part l'article & le possessif pur, afin que l'énonciation distincte de l'article réveille plus surement l'idée du nom dont il y a ellipse, & qui est annoncée par l'article.

Presque tous les grammairiens regardent comme des pronoms les adjectifs possessifs de l'une & de l'autre espece, & voici l'origine de cette erreur: ils regardent les noms comme un genre qui comprend les substantifs & les adjectifs, & ils observent qu'il se fait des adjctifs de certains noms qui signifient des substances, comme de terre, terrestre. Ainsi meus est formé de mei, qui est le génitif du pronom ego; tuns de tui, génitif de tu, &c. Or, dans le système de ces grammairiens, le substantif primitif & l'adjectif qui en est dérivé sont également des noms: & ils en concluent que ego & meus, tu & tuus, &c. sont & doivent être également des pronoms. D'ailleurs ces adjectifs possessifs doivent être mis au rang des pronoms, selon M. Restaut (ch. v. art. 3), parce qu'ils tiennent la place des pronoms personnels ou des noms au génitif: ainsi mon ouvrage, notre devoir, ton habit, votre maître, son cheval, en parlant de Pierre, leur roi en parlant des François, signifient l'ouvrage de moi, le devoir de nous, l'habit de toi, le maître de vous, le cheval de ui ou de Pierre, le roi d'eux ou des François.

Par rapport au premier raisonnemnnt, le principe en est absolument faux; & l'on peut voir au mot Substantif que ce que l'on appelle communément le substantif & l'adjectif sont des parties d'oraison essentiellement différentes. J'ajoute qu'il est évident que bonus, tuus, scribendus & anterior ont une même maniere de signifier, de se décliner, de s'accorder en genre, en nombre & en cas avec un sujet déterminé; & que la nature des mots devant dépendre de la nature & de l'analogie de leur service, on doit regarder ceux - ci comme étant à cet égard de la même espece. Si on veut regarder tuus comme pronom, parce qu'il est dérivé d'un pronom, c'est une absurdité maniseste, & rejettée ailleurs par ceux même qui la proposent ici, puisqu'ils n'osent dire qu'anterior soit une préposition, quoiqu'il soit dérivé de la préposition ante. Les racines génératives des mots servent à en fixer l'idée individuelle; mais l'idée spécifique qui les place dans une classe ou dans une autre, dépend absolument & uniquement de la maniere de signifier qui est commune à tous les mots de la même classe. Voyez Mot.

Quant au principe prétendu raisonné de M. Restaut, j'y trouve deux vices considérables. Premierement il suppose que la nature du pronom consiste à tenir la place du nom; & c'est une erreur que je crois solidement détruite ailleurs. Voyez Pronom. En second lieu, l'application qu'en fait ici ce grammairien doit être très - suspecte d'abus, puisqu'il en peut sortir des conséquences que cet auteur sans doute ne voudroit pas admettre. Regius, humanus, evandrius, &c. signifient certainement regis, hominis, evandri; M. Restaut concluroit - il que ces mots sont des pronoms?

Tous les grammairiens françois & allemans recon<pb->

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