ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"71"> par son extrémité supérieure un croissant E: cette barre, qui sert à élever les fardeaux par son crochet C, ou son croissant E, est remplie de dents d'un bout à l'autre, dans lesquelles s'engrene un pignon F, fig. 53. mû par une manivelle G, fig. 52. que l'on retient par un crochet H, lorsque le poids est assez élevé, & lorsque l'on veut augmenter la force du cric, on attache à ce pignon F, fig. 54. une petite roue I, engrenée par un second pignon K, mû alors par la manivelle dont nous venons de parler. (Article de M. Lucote.)

Ponts (Page 13:71)

Ponts des Romains, (Antiq. rom.) la grandeur des Romains, n'a pas moins paru dans la construction de ces sortes d'ouvrages, que dans les autres édifices.

On comptoit sept ponts principaux dans la ville de Rome. Les voici.

1°. Le pont appellé sublicien, c'étoit un pont de bois; car le mot sublicoe signifie des poteaux de bois qu'on enfonce dans l'eau. Ce fut le premier qu'on fit sur le Tibre. Ancus Martius le fit de bois d'assemblage sans fer, ni chevilles. Il étoit au pié du mont Aventin, & servoit à joindre le Janicule à la ville. C'est celui qu'Horatius Coclès défendit contre l'armée des Toscans; mais ayant été ruiné par la longueur des années, il fut rebâti de pierre par Emilius Lépidus, & appellé de son nom. L'empereur Tibere le rétablit de son tems, ayant été ruiné par les fréquentes inondations du Tibre. Ensuite ayant encore été ruiné, Antoine le refit tout de marbre, & il fut appellé pons marmoratus. On jettoit du haut de ce pont les méchans & les vagabonds & les simulacres d'Argéens.

2°. Le pont appellé triomphal, autrement du vatican; il étoit au milieu du Tibre, sur lequel passoient tous les triomphateurs. Il est aujour d'hui ruiné.

3°. Le pont qu'on a appellé palatinus. Il étoit proche du mont Palatin, autrement senatorius. M. Fulvius en fit faire les piles, & L.Mummius en acheva les arches pendant sa censure.

4°. Le quatrieme pont fut séparé en deux quand l'île du Tibre fut faite. L'un s'appella pons fabricius de celui qui le fit faire lorsqu'il étoit grand - maître & intendant des chemins. Il joignit l'île à la ville, & il se nomme aujourd'hui di quatro capi, à cause des quatres figures de marbre qui ont chacune quatre têtes, à l'issue du pont dans l'île; ou le pont des Juifs, parce qu'ils demeurent auprès. L'autre s'appelle pons cestius ou exquilinus, le pont exquilin.

5°. Le pont janiculensis & aurelius, fait de marbre par Antonin le pieux; & ayant été ruiné, il fut rétabli par le pape Sixte IV. On l'appelle de son nom ponte sixio.

6°. Le pont elius, ainsi nommé de l'empereur Adrien qui le fit bâtir. Il subsiste encore aujourd'hui à Rome: on l'appelle le pont Saint - Ange. Il étoit garni au - dessus d'une couverture de bronze, supportée par quarante - deux colonnes qui portoient des statues. Ces ornemens furent détruits dans la seconde guerre des Goths, qui briserent les statues, afin de se servir de leurs débris pour leur défense. Ces colonnes ainsi isolées, qui échaperent à ce combat, ne formerent plus un ornement au pont. On les trouva trop belles pour décorer un bâtiment délabré. On en détacha plusieurs qui ont été employées à l'embellissement de l'église de S. Paul à Rome. Voyez le diarium italicum du P. Montfaucon.

7°. Le pont mulvius, aujourd'hui de mole ou milvio, qui fut édifié par Elius Scaurus. Ce fut sur ce pont que Cicéron fit arrêter les ambassadeurs des Allobroges, avec leurs lettres, par lesquelles la conjuration de Catilina fut découverte. Ce fut proche de ce pont que Constantin défit l'empereur Maxence. Il étoit sur le chemin de l'Etrurie. Il y a deux milles de Ponte - Mole à Rome, & tout ce chemin pourroit être regardé comme le fauxbourg de cette ville, parce qu'on y voit de tems à autre des maisons de plaisance, qu'on appelle vignes, & entr'autres celle du pape Jules III.

On trouve à trois milles de Rome le pont salaro, sous lequel passe le Teveron ou l'Anien.

Les historiens ont beaucoup parlé de celui qui fut bâti près de la ville de Narni sous l'empire d'Auguste des dépouilles conquises sur les Sycambres. Procope dit qu'en nul endroit du monde, il n'a vu de si belles arcades. Ce pont joignoit les deux montagnes entre lesquelles Narni est située, & la riviere passoit dessous.

Le pont qu'Auguste fit bâtir à Rimini étoit digne de remarque. Toutes les arches étoient voutées en demi - cercle, & jettoient une saillie au - dehois de même courbure. Les piles avançoient leurs éperons à angles droits & non à angles aigus, ce que les anciens observoient dans tous leurs ponts de pierre, les angles droits leur paroissant plus forts que les aigus, moins exposés à être endommagés, & suffisans pour couper l'eau. Pour couronnement il y avoit de chaque côté des accoudoirs de marbre. Il fut achevé l'an 779 de la fondation de Rome, sous le consulat de C. Calvisius & de Cn. Lentulus.

On concevra jusqu'où les Romains porterent leur ambition dans le genre de ces édifices, quand on lira qu'un simple citoyen romain, Marc Varron, lieutenant de Pompée dans la guerre des pirates, entreprit de joindre l'Italie à la Macedoine par un pont de bois. Il est vrai que c'est dans l'endroit le plus étroit de la mer Ionniene. Mais cet endroit a néanmoins 25 lieues françoises communes de longueur. Il est encore vrai que cette entreprise demeura sans effet; mais Pline qui en fait l'histoire, dit qu'elle ne fut point abandonnée faute de moyens, mais de loisir.

On sait que Caligula eut l'extravagance de faire un pont de bateaux en pleine mer sur le golfe de Pouzzoles à Bayes, sur la longueur de 3600, selon Suétone, c'est - à - dire, environ deux de nos lieues. Il accoupla des navires deux - à - deux, & en composa son pont à doubles rangs, arrêtant chaque navire avec son ancre, & fit couvrir le dessus d'une levée de terre qu'il fit paver de grands carreaux semblables à ceux de la voie appienne qui étoient de quatre à cinq piés de face. Il s'amusa deux jours entiers sur ce pont à représenter un triomphe, & se vanta d'avoir surpassé Xercès. Pour cette grande, ridicule & vaine entreprise, il prodigua toutes ses finances, & pour les récouvrer, il fit périr les citoyens romains les plus riches, afin d'avoir la confiscation de leurs biens.

Il n'est pas douteux que les Romains n'aient bâti de très - beaux ponts dans toutes les provinces de leur empire. Ils sont ruinés aujourd'hui, parce que le tems consume tout. On connoît en France le pont du Gard, qui est leur ouvrage, & dont il sera fait un article à - part.

On parle en Espagne du pont réparé par Trajan dans la ville de Salamanque, sur la riviere de Tormes. Il est de mille cinq cens piés de longueur divisés en 26 arcades, qui ont chacune 72 piés d'ouverture en oeuvre: les piles ont 23 piés d'épaisseur, & plus de 200 piés de hauteur.

Il y a un autre pont des Romains, dont l'histoire parle. C'est celui d'Alcantara, cette ville de Portugal que Pline & Ptolomée appellent norbam cesaream, assis sur le Tage. Quoique ce pont soit digne de Trajan, c'est cependant l'ouvrage d'un simple citoyen romain gouverneur de ce pays - là. On le nommoit C. Julius Lacer. Ce pont par sa forme & son architecture sembloit fait pour l'éternité, & les restes qui subsistent encore, semblent le prouver. Il avoit 670 piés de long distribués en 6 arcades, chacune de 84 piés de voute, sur les piles presque quarrées de 27 à 28 piés de chaque face, & 200 piés de hauteur à mesurer à [p. 72] fleur d'eau. On avoit enchâssé quatre tables de marbre dans la maçonnerie de ce pont sur une desquelles se trouvoit une inscriptton que Gruter a recueillie.

Mais le pont que Trajan fit bâtir sur le Danube, passoit pour le plus excellent de ses ouvrages, & il auroit suffi pour immortaliser son nom. Il étoit composé de 20 piles de pierre de taille de 150 piés de hauteur, & de 60 de largeur, distantes les unes des autres de 170 piés, qui étoit la mesure des arcades relevées par - dessus en demi - cercle. Ainsi l'oeuvre entiere sans ses deux culées avoit 4740 piés de longueur, qui reviennent à environ demie - lieue françoise, grandeur étonante d'un pont solide. Si la dépense en fut immense, on doit encore plus s'étonner qu'on ait posé ces piles en un endroit changeant, limonneux, sans pilotis; c'étoit l'endroit de tout le pays où le Danube étoit le plus étroit; mais il y étoit aussi le plus rapide & le plus profond, & c'est ce qui paroissoit un obstacle insurmontable à l'industrie humaine. Il fut impossible d'y faire des bâtardeaux pour fonder les piles; au lieu de cela il fallut jetter dans le lit de la riviere une quantité prodigieuse de matériaux, & par ce moyen former des manieres d'empatemens qui s'élevassent jusqu'à la hauteur de l'eau, pour pouvoir ensuite y construire les piles & tout le reste du bâtiment. Dion Cassius qui nous en fait la peinture, ajoute que de son tems ce pont n'étoit d'aucun usage, & qu'on voyoit seulement les piles se pousser comme par ostentation hors de la surface des eaux d'une hauteur étonnante. Trajan fit ce pont pour transporter son armée contre les Daces, & Adrien son successeur, par crainte des Barbares, ou par envie, fit démolir ce superbe ouvrage. Il n'en reste plus de vestiges, & le lieu même où il étoit assis sur le Danube, paroît nous être inconnu. Apollodore de Damas fut l'architecte qui présida à la construction de ce pont; il avoit travaillé à beaucoup d'autres ouvrages sous Trajan. (D. J.)

Pont du Gard (Page 13:72)

Pont du Gard, (Architect. anc.) c'est - à - dire le pont du Gardon; pont de France au bas Languedoc, sur le Gardon, à trois lieues de Nismes, & à deux d'Uzez. Il fut peut - être construit peu de tems après l'amphithéâtre de Nismes, pour y porter l'eau de la riviere d'Eure, qui est auprès de la ville d'Uzez. Il traversoit la riviere du Gardon, & formoit la jonction des deux montagnes. Il étoit vouté, pavé de bonne maçonnerie, soutenu dans les lieux bas par des arcades, mais il est à présent presqu'entierement ruiné. On sait cependant que cet antique monument étoit composé de trois ponts l'un sur l'autre. Le premier avoit pour soutien six arcades, chacune de 58 piés dans oeuvre; la longueur de ce premier pont étoit de 438 piés, & sa hauteur de 83. Le second pont étoit porté par 11 arcades, chacune de 56 piés de diametre & 67 piés de haut; ce qu'il y a de plus remarquable au sujet de ce second pont, c'est qu'il soutenoit sur le point d'un cylindre tout le poids du troisieme pont de dessus. Ce troisieme pont avoit 35 arcades, chacune de 17 piés de diametre; sa longueur étoit de 180 piés; les trois ponts ensemble avoient environ 182 piés.

On n'a rien pu découvrir qui marque en quel tems & par qui ce pont a été construit. C'est une foible conjecture que de supposer que ce fut par Agrippa, gendre d'Auguste, qui fit les grands chemins de la Gaule, car il n'y avoit que trois lettres énigmatiques gravées sur ce pont; savoir A. AE. A. (D. J.)

Ponts (Page 13:72)

Ponts de la Chine, (Architect.) le premier pont digne des ouvrages les plus fameux des Romains, est le grand pont chinois, entre la capitale Focheu & le fauxbourg Nautai. Il y a cent arcades si élevées & si grandes, que les vaisseaux y passent à pleines voiles. Les pierres dont il est bâti sont de grandes pierres de taille blanches, avec des balustrades, dont les pié<cb-> destaux sont garnis des deux côtés de lions de marbre.

Le pont de Loyang, dans la province chinoise Sokien est plus beau encore que le précédent. Il est porté par 300 piliers joints sans arcs par des pierres d'un marbre noir de 18 pas de longueur, de deux de hauteur, & de deux de large. Les piédestaux des balustrades sont ornés de lion à la chinoise.

On voit aussi à la Chine deux ponts d'une construction bien surprenante. L'un sert à traverser des montagnes; il a trente stades de long, & est porté par des grosses poutres qui appuient sur des pointes de rochers, entre lesquels sont des précipices affreux, de sorte qu'on ne traverse jamais ce pont sans frémir. Ce pont sert à aller à la capitale de la Chine, sans être obligé de se détourner.

Le deuxieme pont qu'on admire à la Chine, situé près de la ville de Kingtung, est un pont de charpente attaché à 20 chaînes de fer, qui joignent les extrémités de deux montagnes.

Il n'y a point en Europe de ponts aussi hardis que ceux des Chinois; mais ceux que nous avons peuvent tenir à d'autres égards un rang distingué parmi les plus beaux ouvrages de l'antiquité. (D. J.)

Pont (Page 13:72)

Pont d'Apurima, (Topograph.) pont fameux qu'on a fait au Pérou, auprès d'Andaguelais. On dit qu'il se trouve dans la montagne une coupure d'environ 120 brasses de large, & d'une profondeur affreuse, que la nature a taillée à - plomb dans le rocher, pour ouvrir passage à une riviere; & comme cette riviere roule ses eaux avec tant d'impétuosité, qu'elle entraîne de fort grosses pierres, on ne peut la traverser à gué qu'à vingt - cinq ou trente lieues de - là. La largeur & la profondeur de cette breche, & la nécessité de passer en cet endroit, ont fait inventer un pont de cordes faites d'écorces d'arbres, qui est large d'environ six piés, entrelacé de traverses de bois, sur lesquelles on passe, même avec les charges des mules, non sans crainte; car vers le milieu, on sent un balancement capable de causer des vertiges; mais comme il faudroit faire un détour de six à sept journées pour passer ailleurs, tout ce qui circule de denrées & de marchandises à Casco, & dans le haut Pérou, passe par - dessus ce pont. Pour l'entretenir, on exige quatre réaux de chaque charge de mule. Frézier.

Ponts (Page 13:72)

Ponts de l'Europe, (Archit. hydraul.) entre les ponts les plus distingués de l'Europe, sont les deux ponts de Londres, du S. Esprit sur le Rhône; le pont royal, le pont neuf, &c. à Paris. Le premier pont de Londres fut commencé sous Henri II. l'an 1176, achevé sous le regne de Jean, l'an 1209, brûlé, détruit, & enfin rebâti aux frais du roi & de la ville. Il a 19 arches, 800 piés de longueur, & 30 piés de large. Le même nombre d'arches compose le pont du S. Esprit. Chaque arche a 15 à 18 toises d'ouverture; ce qui fait 400 toises de longueur. La solidité de ce pont situé sur le Rhône, à l'endroit le plus rapide de ce fleuve, & sa beauté, le font admirer de tous les étrangers. On trouvera une description du pont neuf & du pont royal de Paris dans le premier volume de l'Architecture françoise.

Pont (Page 13:72)

Pont, montée de, (Archit. hydraul.) c'est la hauteur d'un pont considéré depuis le rez de chaussée de sa culée, jusque sous le couronnement de la voûte de la maîtresse arche. Par exemple le pont royal, à Paris, a sept piés & demi de montée sur trente - trois toises, qui font la moitié de la longueur qu'il a entre deux quais.

Pont (Page 13:72)

Pont, dans l'attaque des places, est un passage qu'on se fait dans les fossés pleins d'eau pour gagner le pié de la breche, & entrer dans l'ouvrage attaqué. Ces ponts se font avec des fascines que l'on charge de pierres & de terre pour les faire enfoncer, & combler ainsi le fossé dans l'endroit où on veut le passer. Voyez Descente & Passage du fossé. (Q)

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