ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"47"> libages, qui ne font presque jamais liaison avec les parpins. On pourroit, en opérant ainsi, donner au corps quarré de la pile une moindre épaisseur, sans cependant diminuer l'empatement, en faisant les retraites à chaque assise plus grandes, ou en en faisant un plus grand nombre.

Récapitulation abregée de la scie de M. de Vauglie. La scie dont nous parlons est un assemblage de plusieurs pieces de fer + Pl. XXI. représenté dans le fond d'une riviere, suspendu par quatre barres de fer A, d'environ 15 à 18 piés de longueur, portant chacune, dans presque toute leur longueur, des especes de broches appellées goujons, qui avec les pignons B qui s'y engrainent, mus par une clé, & retenus dans un petit chassis de fer C, attaché de vis sur le plancher, font monter & descendre horisontalement & à la hauteur que l'on juge à propos l'assemblage + : à ces pignons B sont assemblées des petites roues D, près desquelles sont des cliquets E pour les retenir, qui ensemble empêchent ce même assemblage de descendre de soi - même: à l'extrémité inférieure des quatre barres A sont des mouffles à patte, F partie à vis & partie à demeure sur un chassis de fer composé de plusieurs longrines & traversines garnies des deux côtés G & H de forte tôle ou fer applati, sur lesquelles vont & viennent des roulettes I pour soutenir la portée des branches K, qui d'un côté font mouvoir le chassis double L de la scie M, avancé & reculé, selon le besoin, par une espece de té à deux branches N, évuidées par un côté, & mues par un tourne - à - gauche O, placé à l'extrémité supérieure de la tige P, d'une des deux roues dentées Q, & de l'autre arrêtées par les crampons d'une coulisse R, dont les vibrations se font par la branche S, d'un té retenu par son tourillon à l'extrémité supérieure d'un support à quatre branches T, les deux autres branches V du té correspondantes par le moyen des tringles ou tirans X aux leviers Y, dont les points d'appui sont arrêtés à la mouffle d'un trépié Z, arrêté de vis sur le plancher, se meuvent alternativement de bas en haut & de haut en bas, en sens opposé l'un à l'autre par le secours des leviers Y; a sont deux autres tourne - à - gauche, arrêtés solidement à l'extrémité supérieure de deux tiges de fer b qui descendent jusqu'en bas, embrassent par leur extrémité inférieure c, en forme de croissant, chacun des pieux d que l'on veut scier. Il faut observer que pour faire mouvoir tout cet équipage & le conduire dans tous les endroits où il y a des pieux à scier, il est retenu, comme nous l'avons vû, par quatre riges de fer A, Pl. XX. & XXI. a un chassis formé de chassis c, & de plate - formes f, allant & venant en largeur sur des rouleaux g par le moyen des treuils h, suivant les directions de i en k & de k en i, posés sur un autre chassis, mais plus grand, occupant toute l'espace entre les deux échafauds à demeure l m & roulant dessus aidé de ses rouleaux n, suivant les directions de l en m & de m en l.

Les pieux dont nous avons parlé ci - dessus étant coupés par cette machine dans le fond de l'eau à égale hauteur, reste à poser maintenant un grillage surmonté de la maçonnerie d'une pile; pour y parvenir on fait ce grillage à l'ordinaire & de même maniere que celui que nous avons vû Pl. XIX. recouvert de plate - formes ou madriers bien ajustés près l'un de l'autre & bien calfatés ensemble afin que l'eau n'y puisse passer, ce qui fait le fond d'une espece de bateau Pl. XXII. que l'on met en chantier sur des cales A posées sur des pieces de bois B, appuyées sur d'autres C posées sur des pieux D placés sur les bords de la riviere, ce grillage est bordé de plusieurs sortes de pieces de bois E qui y sont adhérantes, entaillées par leurs extrémités moitié par moitié, surmontées d'autant de costieres, composées chacune de forts madriers F, de 5 à 6 pouces d'épaisseur sur 10 à 12 pouces de hauteur, en plus ou moins grande quantité, selon la profondeur des rivieres, assemblés les uns sur les autres à rainure & languette, dont les joints sont bien calfatés & garnis de lanieres de cuir de vache détrempées; ces madriers sont retenus a demeure de quatre en quatre, pour la facilité de leur transport, par des pieces de bois extérieures & intérieures G, & par des sortes vis prises dans leur épaisseur, formant ensemble des costieres dont les joints sont serrés de haut en bas avec de grands boulons à vis H traversant leur épaisseur, & dont l'ensemble est retenu intérieurement & extérieurement de pieces de bois I, arrêtées haut & bas à d'autres K & L, faisant l'office de moises garnies de calles M & vis N, les costleres des extrémités ne pouvant être retenues de la même maniere à cause de leur obliquité, les pieces de bois L sont assemblées solidement par l'autre bout à une longue piece O, ou à plusieurs liées ensemble, allant d'un bout à l'autre qui les retiennent ensemble; ceci fait, il faut avoir grand soin de boucher exactement tous les trous, & lorsque l'on est prêt de lancer à l'eau, on supprime les cales A, après y avoir substitué par - dessous, & de distance à autre des rouleaux, & on le fait ensuite rouler dans la riviere, ou ce qui est beaucoup mieux, on le lance à l'eau comme on le fait pour les vaisseaux sur les bords de la mer. Voyez le traité de la Marine.

Ce bateau ainsi lancé à l'eau, on le conduit bien juste sur les pleux que l'on a plantés, & où l'on veut construire la pile; on bâtit dans le fond qui est le grillage jusqu'à ce que s'enfonçant à mesure qu'il se trouve chargé, il vienne se poser de soi même sur les pieux; ensuite posé & appuyé solidement on desserre les écroux des boulons H, les vis N, on défait les moises K & L, les cales M, les pieces de bois I, & on enleve les madriers pour les assembler de nouveau à un grillage de charpente pour une autre pile.

Il faut remarquer ici qu'il n'a pas été question jusqu'à présent de faire des costieres pour ces grillages autrement qu'on n'a jamais eu coûtume de les faire pour toute sorte de bateaux, & qu'ainsi faites, elles ne peuvent servir qu'une fois; dépense, que l'on peut diminuer par cette machine à proportion de la quantité des piles que l'on a à construire, car une fois faite on peut s'en servir à tous les grillages de charpente, & par conséquent pour toutes les piles que l'on a à bâtir.

Des moutons & de leur construction. L'usage des moutons, vulgairement appellés sonnettes, parce que leur manoeuvre est à - peu - près semblable à celle des cloches, est d'enfoncer les pieux. Il en est de différente espece, & plus commodes les uns que les autres, selon les occasions que l'on a de les employer.

Celui marqué * Pl. XX. est composé d'un billot de bois E, appellé mouton ou bélier, parce qu'il est le principal objet de cet instrument, fretté & armé de fer attaché à un cable F roulant sur une poulie G, que plusieurs hommes tirent par l'autre bout H, divisé en plusieurs cordages, & laissant retomber alternativement de toute sa pesanteur sur les pieux D pour les enfoncer: cette poulie G qui porte tout le fardeau de cette machine est arrêtée solidement à un boulon dans une chappe () appuyée d'un côté sur l'extrémité d'un support ou montant I entretenu de contre - siches K, posés sur le devant d'un assemblage L, appellé fourchette, & d'un autre support en contrefiche M, posé sur le derriere de la fourchette L, soutenu dans son milieu par une piece de bois debout N, dans l'intervalle de laquelle & du montant I est un treuil O avec un cordage P pour remonter avec peu de force le mouton E, en cas de nécessité la partie supérieure de la poulie est retenue au chapeau Q [p. 48] qui entretient deux jumelles R boulonnées par enbas sur le devant de la fourchette L, & le long desquels glisse le mouton E.

La fig. 138. Pl. XXIII. est un mouton d'une autre espece, mu par des leviers horisontaux A, traversant un arbre en deux parties B & C autour duquel s'enveloppe en C le cordage D qui enleve le mouton E; cet arbre B porte avec soi par en - bas un pivot de fer appuyé sur une piece de bois F butante d'un côté à une plate - forme G sur laquelle sont appuyées deux jumelles H & deux contre - fiches I couvertes d'un chapeau K surmonté d'un petit assemblage pour porter la poulie L & de l'autre assemblé quarrément dans une piece de bois M, entretenue avec la platte - forme G de deux entre - toises N formant chassis surmontés d'un support O avec ses liens P portant l'extrémité d'une piece de bois Q renforcie au milieu pour soutenir l'effort du tourillon de l'arbre B, & à fourchette par l'autre bout, assemblée dans les deux contre - fiches I, & dans un support R, portant une autre poulie pour renvoyer le cordage D.

Ce mouton a, fig. 139, fretté par chaque bout, est surmonté d'un valet b, portant l'un & l'autre de chaque côté une languette k, fig. 140, glissant de haut en bas le long d'une rainure pratiquée dans les jumelles c, fig. 139; le valet b porte dans son épaisseur des pinces de fer à croissant d'un côté d, & à crochet par l'autre e, dans l'intervalle desquelles est un ressort pour les tenir toujours ouvertes par le haut, & fermées par le bas.

Lorsque le mouton a & son valet b sont montés ensemble par le secours du cordage f, presqu'au haut de la machine, les croissans d des pinces viennent toucher aux tasseaux obliques g, & se resserrant à mesure qu'il se leve, la partie e qui se trouvoit accrochée au crampon h du mouton a, s'ouvre & laisse tomber tout - à - coup le mouton sur le pieu s, fig. 138, ce qui l'enfonce en raison de son poids, & de la hauteur d'où il est tombé; aussi - tôt après on appuie sur le petit levier T, même figure ou l, figure 141, qui fait descendre le grand pêne m, & le faisant sortir de sa cavité n, donne le moyen au rouleau c, fig. 138, de tourner avec liberté, & au cordage D, de se défiler par le poids du valet, jusqu'à ce que, retombant avec rapidité sur le mouton E, les deux crochets e de la pince, fig. 139, viennent en s'ouvrant embrasser l'anneau du mouton & se refermer aussitôt; ensuite on lâche le petit levier l, figure 141, dont le grand pêne m s'empresse de rechercher sa cavité n, par le secours d'un ressort placé au - dessous, & remet les choses dans l'état où elles étoient précédemment, après quoi on remonte le mouton comme auparavant.

La fig. 142, Pl. XXIV. est une machine dont on s'est servi en Angleterre pour enfoncer les pilotis du nouveau pont de Westminster. Cette machine inventée par Jacques Vaulove, horloger, est fort ingénieuse; car placée comme elle est sur un bateau, on peut la transporter facilement par - tout où l'on a besoin de s'en servir. Ce bateau A est traversé de plusieurs poutrelles B, surmontées de plusieurs autres C, avec madriers formant un plancher D, sur lequel est posé l'assemblage de toute la machine qui mue par plusieurs chevaux, va perpétuellement sans s'arrêter & sans sujétion; ces chevaux en tournant, font tourner l'arbre E, sur lequel est assemblé un rouet denté F, qui engrene dans une lanterne G, surmontée en H de deux pieces de bois croisées, formant volans, pour empêcher que les chevaux ne tombent lorsque le bélier K est lâché: cet arbre E porte à son extrémité supérieur un tambour L, autour duquel s'enveloppe le cordage M, qui enleve le bélier K. Au - dessus du tambour L, est une fusée (k) ou barrillet spiral N, fig. 144, autour duquel s'enveloppe un petit cordage o, chargé d'un poids P, fig. 142, pour modérer la chûte du valet Q, dans l'intérieur duquel les pinces, fig. 145, étant placées, & tenant le belier K accroché de la même maniere que nous l'avons vu dans la figure précédente, en s'approchant des parties inclinées R, s'ouvrent & lâchent le bélier K, qui en tombant enfonce le pieu S; le valet Q montant toujours pendant ce tems - là, souleve avec soi un contre - valet T, qui éleve par le cordage V un grand levier X, dont l'autre extrémité à charniere en a, fig. 143, appuie par le bout sur une tige de fer B, qui, passant à - travers l'arbre E, abaisse la bascule D du côté du grand pêne e, pour le décrocher du tambour f, & donner par - là la liberté au cordage de se défiler, & au valet de tomber sur le bélier & de s'y accrocher de nouveau, au même instant le levier n'appuyant plus par son extrémité a sur la tige b, & le cordage o, fig. 144, étant au bout de la fusée N, même fig. il s'y ouvre un échappement qui retenoit la tige b, fig. 143, & qui, par le moyen du contrepoids g la releve, & replace en même tems le grand pêne e dans le tambour f, & les chevaux continuant de tourner, enlevent le belier comme auparavant. Cette machine est composée de plusieurs pieces de bois de charpente, tendantes toutes à sa solidité, avec une échelle Y pour monter à son sommet Z, & y pouvoir faire facilement les opérations nécessaires.

La fig. 146, Pl. XXIV, est une machine à enfoncer des pieux, mais obliquement, autant & aussi peu qu'on le juge à propos; c'est un composé de jumelles A, portant un bélier B, son valet C & ses pinces D attachées au cordage E, renvoyé par une poulie F, & tiré à l'autre bout par des hommes, comme dans celui marqué*, Pl. XX, ou par une machine composée d'un treuil, autour duquel s'enveloppe le cordage E, par le secours de plusieurs roues G, à la circonférence desquelles sont attachées plusieurs planches H, sur lesquelles plusieurs hommes marchent en montant pour élever le belier B; les tourillons I de ce treuil, soutenu sur sa longueur de plusieurs assemblages de charpente, tournent de chaque côté dans un autre semblable composé d'entretoises K, retenues dans deux moutons L, assemblés haut & bas dans deux chassis composés de sommiers M, & d'entretoises N. L'extrémité inférieure des jumelles A, boulonnées par en bas à deux contre - jumelles O, appuyées sur l'extrémité de deux sommiers P, & soutenues de liens Q, & contrefiches R, appuyées sur une traverse S, forme une espece de charniere, qui, avec le secours des cordages & des poulies T, attachées d'un côté au chapeau des contrejumelles O, & de l'autre au sommet des jumelles A, entretenues de contrefiches V, procure le moyen d'enfoncer des pieux X, à telle inclinaison que l'on juge à propos.

Lorsque le belier B est lâché de la même maniere que ceux des figures précédentes, Pl. XXIII & XXIV, on lâche le valet c en appuyant sur la bascule a, fig. 137, qui en baissant, décroche le cliquet b de la roue dentée c, & par ce moyen fait défiler le cordage jusqu'à ce que le valet en tombant se soit accroché de nouveau au bélier pour le remonter comme auparavant; & afin de modérer la vivacité du treuil occasionnée par la chûte précipitée du bélier, on appuie sur la bascule d, fig. 148, qui par l'autre bout fait un frottement autour du treuil, & lui sert de frein.

Des ponts de bateaux. La seconde espece de ponts de bois, sont ceux dits de bateaux, & construits en

(k) Terme d'Horlogerie, le barrillet spiral où s'enveloppe la chaîne d'une montre.

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