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La raison même au milieu des plus épaisses ténebres, ne pouvoit se dérober à ces rayons de vérité, tant il est impossible à l'homme d'anéantir l'idée de l'Etre unique, saint & parfait qui l'a tiré du néant.
Mais si ces fables dont on repaissoit le peuple
étoient, de l'aveu même de Platon, si injurieuses à la
divinité, & en même tems si funestes à la pureté des
moeurs, pourquoi ne travailloit - il pas à le détromper,
en lui inspirant une idée saine de la divinité?
Pourquoi, de concert avec les autres philosophes,
fomentoit - il encore son erreur? Le voici, c'est qu'il
s'imaginoit que le polytheisme étoit si fort enraciné,
qu'il étoit impossible de le détruire sans mettre toute
la société en combustion.
Une autre raison qui portoit les législateurs à ne point déprévenir l'esprit des peuples des erreurs dont ils étoient imbus, c'est qu'ils avoient eux - mêmes contribué à l'établissement ou à la propagation du polythéisme, en protestant des inspirations, & se servant des opinions religieuses quoique fausses; & dont les peuples étoient prévenus, pour leur inspirer une plus grande vénération pour les lois. Le polythéisme fut entierement corrompu par les Poetes qui inventerent ou pubherent des histoires scandaleuses des dieux & des heros; histoires dont la prudence des législateurs auroit voulu dérober la connoissance au peuple, ce qui plus que toute autre chose, contribuoit à rendre le polythéisme dangereux pour l'état, comme il est aisé de s'en convaincre par le passage de Platon que j'ai cité ci - dessus. Trouvant donc les peuples livrés à une religion qui étoit faite pour le plaisir, à une religion dont les divertissemens, les fêtes, les spectacles, & enfin la licence même faisoit une partie du culte, les trouvant, dis - je, enchantés par une telle religion, ils se virent forcés de se prêter à des préjugés trop tenans & trop invétérés. Ils crurent qu'il n'étoit pas dans leur pouvoir de la détruire, pour y en substituer une
On peut dire que ni les Philosophes, ni les Législateurs n'ont reconnu cette vérité essentielle, que le vrai & l'utile sont inséparables. Par - là les uns & les autres ont tres souvent manqué leur but. Les premiers négligeant l'utilité, sont tombés dans les opinions les plus absurdes sur la nature de Dieu, & sur celle de l'ame; & les derniers n'étant pas assez scrupuleux sur la vérité, ont beaucoup contribué à la propagation du Polytheisme, qui tend naturellement à la destruction de la société. Ce sut même la nécessité de remédier à ce mal qui leur sit établir les mysteres sacrés avec tant de succès; & on peut dire qu'ils étoient fort propres à produire cet effet. Dans le Paganisme l'exemple des dieux vicieux & corrompus avoit une forte influence sur les moeurs: Ils ont sait cela, disoit - on, & moi chétis mortel je ne le ferois pas? Ego homuncio hoc non sacerem? Térence, Eunuq. acte III. scene v. Eurypide met le même argument dans la bouche de plusieurs de ses personnages en différens endroits de ses tragédies.
Voilà ce que l'on alleguoit pour sa justification, lorsqu on vouloit s'abandonner à ses passions déréglées, & ouvrir un champ libre à ses vastes desirs. Or dans les mysteres on affoiblissoit ce puissant aiguillon, & c'est ce que l'on faisoit en coupant la racine du mal. On découvroit a ceux des initiés qu'on en jugeoit capables, l'erreur où étoit le commun des hommes: on leur apprenoit que Jupiter, Mercure, Vénus, Mars, & toutes les divinités licentieuses, n'étoient que des hommes comme les autres, qui durant leur vie avoient été sujets aux mêmes passions & aux mêmes vices que le reste des mortels; qu'ayant été à divers égards les bienfaiteurs du genre humain, la postérité les avoit déisiés par reconnoissance, & avoit indiserétement canonisé leurs vices avec leurs vertus. Au reste on ne doit pas croire que la doctrine enseignée dans les mysteres, d'une cause suprême, auteur de toutes choses, détruisît les divinités tutélaires, ou pour mieux dire les patrons locaux. Ils étoient simplement considérés comme des êtres du second ordre, inférieurs à Dieu; mais supérieurs à l'homme, & placés par le premier être pour présider aux différentes parties de l'univers. Ce que la doctrine des grands mysteres détruisoit, c'étoit le polythéisine vulgaire, ou l'adoration des hommes déifiés après leur mort.
L'unité de Dieu étoit donc établie dans les grands mysteres sur les ruines du polythéisme; car dans les petits on ne demasquoit pas encore les etreurs du polythéisme: seulement on y inculquoit fortement le dogme de la Providence, & ceci n'est pas une simple conjecture. Les mystagogues d'Egypte enseignoient dans leurs cérémonies secretes le dogme de l'unité de Dieu, comme M. Ladworth savant anglois, l'a évidemment prouvé. Or les Grecs & les Asiatiques emprunterent leurs mysteres des Egyptiens, d'où l'on peut conclure très - probablement qu'ils enseignoient le même dogme. Pythagore reconnoissoit que c'étoit dans les mysteres d'Orphée qui se célé<pb-> [p. 964]
S'il restoit encore quelques nuages, ils seroient
bientôt dissipés par ce qui est dit de l'unité de Dieu
dans l'hymne chantée par l'hiérophante, qui paroissoit
sous la figure du créateur. Après avoir ouvert
les my steres, & chanté la theologie des idoles, il renversoit
alorslui - même tout ce qu'il avoit dit, & introdusoit
la vérité en débutant ainsi.
Avant de finir cet article, il est à - propos de prévenir une objection que fait M. Bayle au sujet du polythéisme, qu'il pretend pour le moins être aussi pernicieux à la société que l'athéisme. Il se fonde sur ce que cette religion si peu liée dans toutes ses parties, n'exigeoit point les bonnes moeurs. Et de quel quel front, disoit - il, les auroit - elle exigées? Tout étoit plein des crimes, des iniquités diverses qu'on reprochoit à l'assemblée des dieux. Leur exemple accoutumoit au mal, leur culte même applanissoit le chemin qui y conduit. Qu'on remonte à la source du paganisme, ou verra qu'il ne promettoit aux hommes que des biens physiques, comme des cérémonies d'éclat, des sacrifices, des décorations propres à faire respecter les temples & les autels, des jeux, des spectacles pour les passions si difficiles à corriger, ou plutôt à retenir dans de justes borne, (car les passions ne se corrigent jamais entierement). Il leur laissoit une libre étendue, sans les contraindre en aucune maniere, sans aller jamais jusqu'au coeur. En un mot, la religion payenne étoit une espece de banque, où en échange des offrandes temporelles, les dieux rendoient des plaisirs, des satisfactions voluptueuses.
Pour répondre à cette objection, il faut remarquer que dans le paganisme il y avoit deux sortes de religion, la religion des particuliers, & la religion de la société. La religion des particuliers étoit inférieure à celle de l'état, & en étoit différente. A chacune de ces religions présidoit une Providence particuliere. Celle de la religion des particuliers ne punissoit pas toujours le vice, ni ne récompensoit pas toujours la vertu en ce bas monde, idée qui entraînoit nécessairement après elle celle du dogme des p>nes & des récompenses d'une autre vie. La Providence, sous la direction de laquelle étoit la société, étoit au contraire égale ou uniforme dans sa conduite, dispensant les biens & les maux temporels, selon la maniere dont la société se comportoit en<cb->
POLYTIMETOS (Page 12:964)
POLYTIMETOS, (Géog. anc.) sleuve que Quinte - Curce, Arrien & Strabon mettent dans la Sogdiane. Niger appelle ce fleuve Amo. (D. J.)
POLYTRIC (Page 12:964)
POLYTRIC, s. m. trichomanes, (Hist. nat. Botan.)
genre de plante dont les feuilles sont composées de
petites feuilles qui sont le plus souvent arrondies, &
qui naissent de chaque côté de la côte comme par
paire. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez
Le polytric est une plante chevelue du genre des mousses; c'est l'espece d'adiantum ou de ca? llaire, qu'on nomme autrement capillaire rouge, trichom><-> nes sive polytrichum, I. R. H. 539.
Sa racine est chevelue, fibreuse & Être; ses tiges sont longues d'une demi - palme ou d>e palme, d'un rouge foncé, luisantes, cylindriques, un peu roides, cassantes. Ses feuilles naissent de part & d'autre par conjugaisons ou alternativement; elles sont arrondies, obtuses, vertes, lisses, chargées en - dessous de petites éminences écailleuses, formées de plusieurs capsules membraneuses, presque sphériques, garnies d'un anneau élastique, de même que dans les fruits du capillaire; les capsules, par la contraction de cet anneau, s'ouvrent & jettent des graines brunes en forme de poussiere très - fine. Cette plante vient à l'ombre, dans des endroits élevés, sur de vieux murs, & dans les fentes humides des rochers. (D. J.)
Polytric (Page 12:964)
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