ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"897"> forme de rein. Le même botanisi e distingue 26 especes de capsicum; la plus commune est celle qu'on appelle vulgairement poivre de Guinéc, & en Botanique capsicum vulgare, siliquis longis, pre pendentibus. I. K. H. 152.

La racine de cette plante est court e, grêle, garnie sur les côtés d'un grand nombre de fibres; elle pousse une tige à la hauteur d'un ou deux piels, anguleuse, dure, velue, rameuse; ses feuilles sont l'ongues, pointues, plus larges que celles de la perncilre, un peu épaisses & charnues, glabres ou sans poil, d'un verd brun, tirant quelquefois sur le jaune, attachées à des queues longues d'un pouce ou deux, sans dentelures.

Sa fleur, qui sort des aisselles des feuilles & à la naissance des rameaux, est une rosette à plusieurs pointes, de couleur blanchâtre, ressemblante à celle de la morelle commune, mais plus grande, soutenue par un pédicule assez long, charnu & rouge. Après que certe fleur est passée, il lui succede un fruit qui est une capsule longue & grosse comme le pouce, droite, formée par une peau luisante, polie, verte d'abord, puis jaune, enfin rouge comme du corail ou purpurine quand elle est en maturité. Cette capsule est divisée intérieurement en deux ou trois loges, qui renferment beaucoup de semences applaties de couleur blanchâtre tirant sur le jaune, formées ordinairement comme un petit rein.

Toutes les parties de cette plante ont beaucoup d'âereté, mais particulierement son fruit, qui brûle sa bouche; elle croît naturellement en Guinée & au Brésil: on la cultive & on l'éleve aisément de graine dans les pays chauds, comme en Espagne & en Portugal, en Languedoc, en Provence & dans nos jardins, où la couleur rouge de ses capsules fait plaisir à voir. On les consit au sucre pour les adoucir, & les Vinaigriers en mettent dans leur vinaigre pour le rendre fort & piquant. (D. J.)

Poivre (Page 12:897)

Poivre de Guinée, (Hist. des drogues exot.) c'est encore le poivre autrement nommé poivre d'Afrique, voyez Poivre d'Afrique.

Poivre (Page 12:897)

Poivre de la Chine, (Hist. des drog exot.) Le P. le Comte dans ses mémoires dit que le poivre de la Chine a les mêmes propriétés que celui des Indes. L'arbre quile produit est grand comme nos noyers. Son fruit est de la grosseur d'un pois, de couleur grise mêlée de quelques filets rouges. Quand il est mûr, il s'ouvre de lui même, & fait voir un petit noyau noir comme du jay. Après qu'on l'a cueilli, on l'expose au soleil pour le sécher, & l'on jette le noyau, qui est d'un gout trop fort, ne réservant que l'écorce. L'odeur de ces arbres à poivre est si violente, qu'il en faut cueillir le fruit à plusieurs reprises, crainte d'en être incommodé. (D. J.)

Poivre (Page 12:897)

Poivre de la Jamaique, (Hist. des drog. exot.) On appelle en françois poivre de la Jamaique, poivre de Theves, piment de la Jamaique, amomi, ou toutes épices, un fruit ou une certaine baie aromatique, que l'on apporte depuis quelque tems de l'île de la Jamaique, & dont les Anglois font un tres - grand usage dans leurs sauces Cette baie est entierement différente des especes de poivre dont nous venons de parler: celui - ci est nommé pimienta ou the Jamaica pepper tree en anglois; piper jamaicense quibusdam par Dale, pharmacol. 421; piper odoratum jamaicense nostratibus, par Ray, hist. 1507; cocculi indici, aromatici, dans le mus. reg. soc. Lond. 1218.

C'est un fruit desséché avant sa maturité, orbiculaire, ordinairement plus gros qu'un grain de poivre; son écorce est brune, ridée; il a un ombilic ou petite couronne au haut partagée en quatre, contenant deux noyaux noirs, verdâtres, séparés par une paroi mitoyenne, d'un goût un peu âcre, aromatique, & qui approche du clou de girofle.

L'arbre qui porte ce fruit est appellé par le chevalier Hans Sloane, dans son catal. plant. jamaic. my rthus aroresens, aromatica, follis laurinis latioribus & subrotundis; & par le P. Plumier, botan. Americ. mss. myrius arboresiens, citri follis glabris, fiuctu racemoso, cary ophilli sapore.

Cet arbre surpasse en hauteur nos noyers d'Europe lorsqu'il est dans une bonne terre; mais comme il se plait dans les forêts seches, il ne s'eleve alors que médioerement; il est branchu & toussu; son tronc est le plus souvent droit & haut; son bois est dur, petant, d'un rouge noirâtre d'abord, ensuite devenant avec le tems noir comme l'ébene, ce que l'on doit entendre du coeur. Il est couvert d'un obier epais, blanchâtre, & d'une écorce lisse, mince, & qui tombe quelquefois par lames. L'arbre entier fait une belle figure, par la disposition de ses branches & par son teuillage.

Ses feuilles sont très - lisses & d'un verd fort agréable; elles naissent deux - à - deux, & opposées à chaque noeud des rameaux; elles sont de différentes grandeurs: les plus amples sont longues de quatre, cinq ou six pouces, larges de trois ou quatre, de la figure d'une langue, fermes, d'un verd soncé, luisantes, partemées de petite veines paralleles & obliques, que l'on a peine à appercevoir, & portées sur des queues d'un pouce de longueur; elles sont d'une odeur & d'une saveur qui approche beaucoup de la cannelle & du clou de girofle, légérement astringentes, & d'une amertume qui n'est pas désagréable.

L'extrémité des tiges est terminée par plusieurs pédicules longs d'un pouce, portant chacun une petite fleur composée de cinq pétales blancs, arrondie, concave, & disposee en rose; du fond du calice de la fleur, s'éleve un pistil pointu, accompagné d'étamines blanches. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede beaucoup de baies couronnées ou creusées en maniere de nombril; elles sont d'abord petites & verdâtres; mais dans leur maturité elles sont plus grosses que les baies de génievre, noires, lisses & luisantes; elles contiennent une pulpe humide, verdâtre, âcre, aromatique.

Cette pulpe renferme le plus souvent dans le centre deux graines hémisphériques, séparées par une membrane mitoyenne, ensorte qu'elles forment ensemble un petit globe; c'est pourquoi Clusius, qui a decrit le premier cet aromate, ne lui attribue qu'une seule graine divisée en deux parties.

Cet arbre vient dans les îles Antilles; le R. P. Plumier l'a observe dans les îles de Sainte - Croix, de Saint - Domingue, & les Grenadines; mais il croît par - tout dans les forêts qui sont sur les montagnes de la Jamaique, & en particulier du côté du septentrion, où il porte des feuilles tantôt plus larges, tantôt plus étroites. On le cultive aujourd'hui précieusement à la Jamaïque; il fleurit en Juin, Juillet & Août, suivant les pluies & l'exposition, mais le fruit mûrit bientôt ensuite.

Les negres montent sur quelques - uns de ces arbres pour cueillir le fruit; ils en coupent d'autres & les abattent; ils prennent les rejettons chargés de fruits verds, qu'ils séparens des petites branches des feuilles & des baies qui sont mûres; ensuite ils les exposent sur de l'étoffe pendant plusieurs jours aux rayons du soleil, depuis son lever jusqu'à son coucher, prenant garde qu'ils ne soient mouillés de la rosée du matin & du soir. Ces baies étant ainsi séchées, se rident, & de vertes qu'elles étoient, elles deviennent brunes & en état d'être vendues. Les Anglois les regardent comme un des meilleurs aromates qui soient en usage; & son goût agréable, & qui tient du clou de girofle, de la cannelle & du poivre, avec plus de douceur, fait qu'ils lui donnent un nom qui signifie tous les aromates ensemble. [p. 898]

Ce fruit distillé dans un ballon, fournit une huile essentielle qui va au fond de l'eau, & dont l'odeur est agréable. On emploie ce fruit pour assaisonner les alimens; il fortifie l'estomac, il aide la digestion, il récrée les esprits, & augmente le mouvement du sang. Les chirurgiens du pays emploient les feuilles de cet arbre dans les bains pour les jambes des hydropiques, & pour faire des fomentations sur les membres paralytiques. Phil. trans. n°. 192. (D. J.)

Poivre (Page 12:898)

Poivre à queue, (Hist. des drog. exot.) Les habitans de l'île Bourbon appellent poivre à queue une graine aromatique qui n'est guère plus grosse qu'un grain de millet; cette graine a un goût piquant & poivré; elle vient en bouquets à l'extrémité des branches d'une plante sarmenteuse qui croît aux Indes dans les bois, & s'entortille autour des arbres comme nos vignes sauvages. (D. J.)

Poivre petit (Page 12:898)

Poivre petit, (Botan.) nom vulgaire donné à la semence de l'agnus castus. Cette semence est presque ronde, grise, grosse comme le poivre, ayant un goût un peu âcre & aromatique.

Poivre, eau de (Page 12:898)

Poivre, eau de, (Science microscop.) Le microscope a découvert quantité de sortes de petits animaux dans de l'eau de poivre factice: voici la maniere de la préparer & d'examiner les insectes qu'elle contient.

Jettez du poivre noir ordinaire, grossierement pulvérisé, dans un vaisseau ouvert, ensorte que le fond en soit couvert de la hauteur environ d'un demi - pouce: versez - y de l'eau de pluie ou de riviere, ensorte qu'elle s'éleve au - dessus du poivre d'un pouce ou àpeu - près: agitez bien l'eau & le poivre la premiere fois que vous les mêlez ensemble, mais n'y touchez plus dans la suite: exposez votre vaisseau à l'air sans le couvrir, & dans peu de jours vous y verrez une petite pellicule qui couvrira toute la surface de l'eau, & qui réfléchira les couleurs du prisme. Vous trouverez au microscope que cette pellicule contient des millions de petits animaux que vous aurez peine à distinguer au commencement, même avec la plus forte lentille, mais qui deviennent tous les jours plus gros, jusqu'à ce qu'ils aient pris leur grandeur naturelle. Quoique leur nombre croisse excessivement chaque jour, jusqu'à ce qu'à la fin presque tout le fluide paroisse en vie, cependant ces animaux restent principalement sur la surface de l'eau, & ne s'y enfoncent pas beaucoup, à - moins qu'ils ne soient esfrayés ou détournés; mais lorsque cela arrive ils s'y précipitent quelquefois tous à - la - fois, & ne paroissent plus de quelque tems. Dans les chaleurs de l'été cette pellicule s'éleve plûtôt sur la surface, & l'on s'apperçoit qu'elle est plus serrée que dans un tems froid, quoique cependant au milieu de l'hiver l'expérience réussisse si l'eau n'est pas glacée.

Si vous prenez de cette écume environ la grosseur de la tête d'une épingle, avec le bec d'une plume nouvellement taillée, ou avec un petit pinceau, & si vous l'appliquez à un morceau de tale, vous verrez d'abord avec la troisieme lentille, ensuite avec la premiere, différentes sortes d'insectes plus petits les uns que les autres, & qui different considérablement non - seulement en grandeur, mais en especes.

Voici ceux que l'on a observé. 1°. La longueur de la premiere espece est d'environ le diametre d'un cheveu, & leur largeur trois ou quatre fois plus petite; leurs corps sont fort minces & transparens, mais le côté qui paroît en - dessous est plus noir que l'autre. Ils se tournent eux - mêmes dans l'eau très - souvent, & présentent tantôt le dos, & tantôt le ventre. Leur contour est comme garni d'une frange ou d'un grand nombre de piés extraordinairement petits, qui se distinguent sur - tout aux deux extrémités; dans l'une on voit aussi certaines soies plus longues que les piés, & qui ressemblent à une queue: leur mouve<cb-> ment est rapide; & comme ils tournent, retournent & s'arrêtent subitement, il semble qu'ils sont continuellement occupés à chasser leur proie. Ils peuvent se servir de leurs piés pour marcher, comme pour nager; car lorsqu'on met un cheveu parmi eux, on les voit souvent courir sur ce cheveu d'un bout à l'autre, & prendre différentes postures extraordinaires.

2°. Une espece assez commune, est celle de ceux dont la longueur est environ le tiers de l'épaisseur d'un cheveu, & qui ont des queues cinq ou six fois aussilongues que le corps. Quelquefois lorsqu'ils sont sans mouvement, ils poussent en - dehors une langue frangée ou barbue, & l'on voit continuellement un courant qui coule vers eux, & qui est causé vraissemblablement par le mouvement précipité de quelques nageoires fines, ou de quelques jambes trop subtiles pour être discernées.

3°. Une autre espece de la grandeur de la derniere, mais sans queue, paroît quelquefois sous une figure ovale, semblable au poisson plat nommé carrelet. On peut voir leurs piés, qui sont fort petits, & c'est lorsque l'eau est sur le point de s'évaporer, car alors ils les mouvent fort promptement. De tems en tems on en voit deux joints ensemble.

4°. Une quatrieme espece paroît semblable à des vers fort minces, environ cinquante fois aussi longs que larges; leur épaisseur est à - peu - près la centieme partie de celle d'un cheveu; leur mouvement est unlforme & lent, balançant leur corps ordinairement, mais fort peu en s'avançant; ils nagent aussi facilement en avant qu'en arriere, mais il est difficile de déterminer l'extrémité où leur téte est placée.

5°. Une cinquieme sorte - est si prodigieusement petite, que le diametre d'un grain de sable en contiendroit plus de cent bout - à - bout, & qu'il en faudroit par conséquent plus d'un million pour égaler un grain de sable en volume: leur figure est presque ronde.

6°. Une sixieme sorte est environ de l'épaisseur des précédentes, mais ils sont presque doubles en longueur. Il y en a surement d'autres especes, qu'il n'est pas possible de distinguer.

Il est assez agréable pendant que ces petits animaux sont devant le microscope, d'observer les différens effets que produisent parmi eux les différentes mixtions: par exemple, si l'on y verse la plus petite goutte qu'on puisse imaginer d'esprit de vitriol avec la pointe d'une épingle, on voit ces animaux s'étendre immédiatement après, & tomber morts. Le sel distillé les tue, mais avec cette différence, qu'au lieu de s'applatir comme dans le premier cas, ils se roulent en figure ovale. La teinture de sel de tartre les jette dans des mouvemens convulsifs, après quoi ils deviennent foibles, languissans, & meurent sans changer de figure. L'encre les tue aussi promptement que l'esprit de vitriol, mais elle semble les resserrer en différentes manieres. Le sucre dissous les fait aussi périr, mais alors quelques - uns meurent plats, & les autres ronds.

Si l'on laisse évaporer l'eau sans aucun mélange, quelques - uns de ces insectes périssent d'abord, mais d'autres non; & si l'on y verse une goutte d'eau fraiche, en peu de tems plusieurs de ces derniers revivent & se mettent à nager de nouveau. (D. J.)

POIVRER (Page 12:898)

POIVRER, v. act. (Cuisine.) c'est assaisonner de poivre.

Poivrer (Page 12:898)

Poivrer, terme de Fauconnerie; on dit poivrer l'oiseau; c'est le laver avec de l'eau & du poivre quand il a la gale ou la vermine; on poivre aussi l'oiseau pour l'assurer.

POIVRIER (Page 12:898)

POIVRIER, s. m. (Botan. exot.) c'est l'arbre ou l'arbrisseau qui produit le poivre; mais comme cette graine, ce fruit, cette baie est fort variée suivant les

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