ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"895"> marteau: on voit par - là que le coup de marteau peut être assez violent sans que l'enclume parcoure plus d'une ligne: or la poitrine en s'applatissant & diminuant d'une ligne son petit diametre, ne souffrira pas beaucoup.

Pour trouver la cause de la force de la poitrine pour soutenir un poids aussi énorme que le poids d'une enclume, on n'a qu'à se souvenir qu'une vessie gonflée, & qui s'ouvre par un tuyau fort étroit, soutiendra un poids fort pesant, lorsqu'une force infiniment plus petite que la pesanteur du poids comprimera le tuyau. Les poumons doivent être regardés dans le cas dont il s'agit, comme une vessie gonflée d'air, & la glotte représente le petit tuyau. Une force tres - petite qui resserrera la glotte, retiendra l'air dans les poumons, & l'air étant retenu dans la poitrine, elle pourra soutenir des corps tres - pesans: de - là vient que ceux qui sont cette rude épreuve ne parlent point durant le tems qu'ils sont charges de l'enclume.

La capacité de la poitrine croit successivement dans le ftus; mais les poumons ne croissent pas proportionnellement, on les trouve à la partie postérieure du thorax, formant un volume tres - resserré; cet espace est donc occupé par le thymus. Heist. Anat. avec des essais. Voyez Thymus.

Poitrine (Page 12:895)

Poitrine, maladies de la, (Médec.) Les maladies qui attaquent différentes parties de la poitrine, exigent une cure particuliere. Les blessures qui ne pénetrent point, forment un fac qui se rompt intérieurément comme dans la contusion de cette partie; celles au contraire quisont pénétrantes, deviennent dangereuses à raison de l'effusion du sang, & de la lésion des organes intérieurs. La fistule de la poitrine est difficile à gaérir; pour y reussir, il faut empécher l'air d'y entrer. La déformité alors plus fréquente tant. dans les côtes que dans les vertebres & le sternum, se previent & se guérit par le moyen des machines propres au rétablissement de ces parties. On trouve dans la Chirurgie ce qui concerne la luxation des os, & la fracture de cette partie.

L'amas de quelque humeur que ce soit dans la cavité de la poitrine, s'évacue plus difficilement que par - tout ailleurs. Son enflure extérieure, sigue d'une hydropisie de poitrine ordinairement difficile à connoître, ou de l'empyéme, ne permet guere une compression extérieure, mais elle exige les diurétiques. On remédie à la fréquence de la respiration qu'on y remarque alors, par la suction de l'humeur amassée, & par une respiration artificielle; ensuite il faut avoir soin de couvrir l'ouverture extérieure.

L'échymose & l'abscés dans les parties extérieures veulent être ouvertes plutôt qu'ailleurs. La métastase qui se fait à l'extérieur n'est point dangereuse, mais celle qui arrive intérieurement l'est extraordinairement. On connoît les crachats, le pus, & l'eau contenus dans l'intérieur par leurs signes propres & particuliers.

La matiere arthritique, catharreuse, rhumatique, podagrique, & toutes les douleurs qui attaquent les parties extérieures de la poitrine, rendent la maladie plus difficile que dans les extrémités, sans cependant qu'elle soit absolument dangereuse. Mais si la matiere vient une sois à se porter à l'intérieur, le danger augmente considérablement.

Il y a une très - grande sympathie entre la poitrine, les voies urinaires, & les extrémités inférieures; e'est pourquoi la matiere morbifique de cette partie doit y être attirée. Les battemens de la poitrine prognostiquent quelquefois l'hmophtysie: mais la palpitation se trouve souvent jointe aux maladies convulsives & à celles du coeur. L'inflammation & l'érésipelle extérieures suivent la cure générale. La sueur qui dans les maladies phtysiques, empyématiques, & certaines autres aiguës, ne paroît que sur la poitrine, annonce du danger.

Les maladies aiguës de l'intérieur de la poitrine présentent contre l'ordinaire un pouls foible & mou: les chroniques plus quetoutes les autres, rendent l'urine épaisse & trouble. (D. J.)

POITRINIERE, la (Page 12:895)

POITRINIERE, la, s. f. (Rubannier.) traverse qui passe d'un montant à l'autre à l'endroit où est la poitrine de l'ouvrier; à cette poitriniere est attaché un rouleau, sur lequel passe l'ouvrage à mesure que l'on fait tourner l'ensouple de devant sur laquellel'ouvrage s'enroule; c'est aussi à cette poitriniere que sont attachées les bretelles par leurs bouts d'en - bas. Voyez Bretelles.

POIVRADE (Page 12:895)

POIVRADE, s. f. (Cuisine.) sauce que les Cuisiniers font avec du vinaigre, du sel, de l'oignon ou des siboules, de l'écorce de citron ou d'orange, & du poivre; le tout ensemble.

POIVRE (Page 12:895)

POIVRE, s. m. (Hist. des drog. exot.) espece d'aromate qui a toujours eté recherché dans tous les siecles & dans tous les pays pour assaisonner les alimens. Il est aussi connu qu'employé par les anciens grecs, les arabes, & les modernes. Dioscoride, Galien, & d'autres auteurs, en distinguent trois sortes; savoir, le noir, le blanc & le long, qu'ils croient être les mêmes fruits, mais seulement différens entr'eux par le degré de maturité: mais le poivre noir & le poivre long que nous connoissons sont des fruits de différentes plantes, quenous considérerons aussi séparément.

Les Grecs appellent cet aromate PEPERI, les Arabes fulfel, & nos botanistes latins piper. On en distingue différentes especes que nous décrirons séparément, en nous bornant ici à quelques remarques sur cetaromate en général. (D. J.)

Poivre noir (Page 12:895)

Poivre noir, (Hist. des drog. exot.) Le poivre noir est le piper roiundum de C. B. P. 411. C'est un fruit, ou une graine desséchée, petite, de la grosseur d'un pois moyen, spherique, & revêtue d'une écorce ridée, noire ou brune; cette écorce étant ôtée, on voit une substance un peu dure & compacte, dont l'extérieur est d'un verd jaune & l'intérieur blanc. Elle laisse une fossette vuide à son milieu; cette graine est âcre, vive, brûlant la bouche & le gosier. On nous l'apporte des parties des Indes orientales qui sont sous la domination des Hollandois. On choisit le plus gros, le plus pesant, & le moins ridé.

La plante sur laquelle ce fruit croît, s'appelle en françois poivrier; par Pison, lada; aliis, molanga sive piper aromaticum; Pison. mant. arom. 180. molago - coddi: hort. malab. tom. VII. xxiij.

Sa racine est petite, fibreuse, flexible, noirâtre; elle pousse des tiges sarmenteuses en grand nombre, souples, pliantes, grimpantes, vertes, ligneuses, qui se couchent sur la terre comme fait le houblon, lorsqu'elles ne sont pas soutenues par des échalas; elles ont plusieurs noeuds, de l'entre - deux desquels sortent des racines qui entrent dans la terre, lorsqu'elles sont couchées dessus. De chaque noeud naissent des feuilles solitaires, disposées alternativement; elles sont à cinq nervures, arrondies, larges de deux ou trois pouces, longues de quatre, terminées en pointe, épaisses, fermes, d'un verd clair en - dessus; portées par des queues courtes, épaisses, vertes, & cannelées intérieurement.

Les fleurs viennent en grappes soutenues par un seul pédicule; elles sont monopétales, partagées en trois à leur bord. Quand elles sont tombées, il leur succede des fruits, ou des grains tantôt plus gros, tantôt plus petits, sphériques, de la grosseur d'un pois moyen; il y en a jusqu'à vingt, & même jusqu'à trente attachés sur un petit pédicule commun; ils sont verds d'abord, rouges lorsqu'ils sont mûrs, unis à leur superficie, laquelle se ride & se noircit lorsqu'on les seche. Tantôt ces grappes viennent à l'extrémité [p. 896] des tiges, & ce sont celles que le vulgaire appelle se melles: tantôt elles naissent dans la partie moyenne des tiges sur les noeuds, & opposées à la queue des feuilles; celles - ci sont nommées fleurs mâles.

Cette plante fleurit tous les ans, & même deux fois lorsqu'elle est vigoureuse. On recueille ses fruits mûrs quatre mois après que ses fleurs sont tombées, & on les expose au soleil pendant sept ou huit jours, pendant lesquels l'écorce se noircit. On trouve cette plante dans les îles de Java & de Sumatra, & dans tout le Malabar. On la cultive en plantant dans la terre des morceaux de ses branches que l'on a coupés ,& que l'on met à la racine des arbres; ou bien on la soutient avec des échalas comme la vigne.

En ôtant l'écorce du poivre noir, on fait par l'art le poivre blanc qui est le seul que l'on nous apporte aujourd'hui. On enleve cette écorce en faisant macérer dans l'eau de la mer le poivre noir; l'écorce extérieure s'enfle & s'ouvre par la macération, & on en retire très - facilement le grain qui est blanc, & que l'on seche; il est beaucoup plus doux que le noir, & lui est préférable.

Ce n'est pas seulement les grains de poivre qui ont de l'acrimonie, c'est encore toute la plante; car les feuilles soit vertes, soit seches, les sarmens, & la racine quand on les mâche, brûlent la langue & le gosier, & excitent la salive. (D. J.)

Poivre blanc (Page 12:896)

Poivre blanc, (Hist. des drog. exot.) Le poivre blanc, piper album, & leucopiper off. piper rotundum, album, C. B. P. 413. est de deux sortes: l'un naturel que l'on nous apporte très - rarement, l'autre factice très - commun; ce n'est autre chose que le poivre noir dont on a ôté l'éorce avant de le sécher. Il ne differe du noir que par la couleur grise ou blanchâtre.

On ne découvre aucune différence entre la plante qui porte le poivre noir, & celle qui porte le blanc; de la même maniere que la vigne qui porte le raisin noir, n'est distinguée de celle qui porte le raisin blanc, que lorsque les raisins y sont encore attachés, & même qu'ils sont mûrs: mais les plantes qui portent le poivre blanc sont très - rares, & ne naissent que dans quelques endroits du Malabar, & de Malaca, & encore en petite quantité. Etienne de Flacourt, dans sa description de l'île de Madagascar, raconte qu'il y vient une espece de poivrier blanc; mais comme il ne l'a pas décrite, nous ne pouvons assurer si c'est la même plante que celle qui porte notre poivre blanc, ou si elle en est différente. (D. J.)

Poivre long (Page 12:896)

Poivre long, (Hist. des drog. exot.) Le poivre long, piper longum, & macropiper off. piper longum, orientale, C. B. P. 412. est un fruit desséché avant sa maturité, long d'un pouce ou d'un pouce & demi, semblable aux chatons de bouleau; il est oblong, cylindrique, & cannelé obliquement comme en spirale avec des tubercules placés en forme de réseau. Il est partagé intérieurement en plusieurs petites cellules membraneuses, rangées sur une même ligne en rayons; chacune de ces cellules contient une seule graine, arrondie, large à - peine d'une ligne, noirâtre en - dehors, blanche en - dedans, d'un goût âcre, brûlant, un peu amer. Ces chatons sont attachés à un pédicule grêle d'un pouce de longueur. On choisit celui qui est gros, entier, récent, qui ne pique pas la langue aussi - tôt, mais dont l'impression dure longtems; on rejette celui qui est percé, carié, ou falsifié.

La plante qui porte le poivre long, s'appelle pimpilim, sive piper longum, par Pison, mantiss. arom. 182. catta - tirpali, hort. malab. tom. VII. p. 27. Elle differe du poivrier à fruit rond par ses tiges qui sont moins ligneuses, par les queues des feuilles, & par les feuilles même qui sont plus longues, d'un verd plus foncé, découpées vers leur base, plus minces & plus molles, ayant deux ou trois petites nervures ou<cb-> tre la côte qui regne dans le milieu; ces nervures sont saillantes des deux côtés, s'étendent depuis la base jusqu'à la pointe, & la nervure extérieure jette en se courbant d'autres petites nervures transversales qui se répandent vers le bord.

Les fleurs sont monopétales, partagées en cinq ou six lanieres, & fort attachées au fruit. Ce fruit est cylindrique, cannelé par des spirales obliques & paralleles, couvert dans les intersections comme par de petites feuilles arrondies en forme de bouclier: parmi ces spirales il paroît des boutons sur lesquels les fleurs étoient appuyées; ils sont saillans, marqués d'un point noir, verd, jaune d'abord, d'un blanc jaunâtre en - dedans, ensuite d'un verd foncé, & enfin étant mûrs & secs, ils sont d'un gris noirâtre. Lorsqu'on coupe ces fruits transversalement, on y remarque des cellules disposées en rayons, lesquelles cellules contiennent des graines oblongues & noirâtres. On cueille ces fruits avant qu'ils soient mûrs, & on les fait sécher pour l'usage. (D. J.)

Poivre (Page 12:896)

Poivre d'Afrique, (Hist. des drog. exot.) il est autrement nommé poivre de Guinée, poivre indien, maniguette, malaguette, méleguette, & cardamome d'Afrique, car il a tous ces noms. Cordus l'appelle en latin meleguetta, seu cardamomum piperatum. C'est une graine luisante, anguleuse, plus petite que le poivre, rousse ou brune à sa superficie, blanche en dedans, âcre, brûlante comme le poivre & le gingembre, dont elle a aussi l'odeur. On nous en apporte en grande quantité, & on s'en sert à la place du poivre pour assaisonner les nourritures. Cette graine croît en Afrique & dans l'île de Madagasear, d'où les Hollandois l'apportent en Europe. J'ai lu dans le recueil des voyages, les descriptions de la plante qui produit ce poivre; on ne peut y ajouter aucune foi, parce qu'elles sont toutes infidelles, & se contredisent les unes les autres. (D. J.)

Poivre (Page 12:896)

Poivre d'Ethiopie, (Hist. des drog. exot.) en latin piper Æthiopicum, silicosum. J. B. piper nigrum, & granum zelim, Serap. On trouve sous ce nom de poivre d'Ethiopie dans quelques boutiques de droguistes curieux, plusieurs gousses attachées à une tête, longues de deux, trois, quatre pouces, cylindriques, de la grosseur d'une plume d'oie, noirâtres, un peu courbées, divisées en petites loges, selon le nombre de graines qu'elles contiennent; ridées, composées de fibres longues, pliantes, difficiles à rompre, & d'une substance rouge - cendrée. Les graines sont ovalaires, & chacune est dans une loge séparée par des cloisons charnues; il est difficile de les tirer de leur gousse. Elles sont de la grosseur de la plus petite feve, noires en - dehors & luisantes, d'une substance un peu dure, roussâtre, à texture en maniere de réseau, semblable à un rayon de miel. Le goût tant de la gousse que des graines, approche de celui du poivre noir. Ce poivre naît en Ethiopie; c'est de - là que lui vient le nom qu'il a parmi les Arabes. Les Ethiopiens s'en servent pour les douleurs de dents; ils pourroient en faire un meilleur usage. (D. J.)

Poivre (Page 12:896)

Poivre de Guinée, (Botan.) autrement nommé poivre d'Inde, poivre du Brésil, piment, & c. Ce n'est point un fruit, une graine, une baye; c'est le genre de plante que les Botanistes appellent capsicum. Voici ses caracteres selon Ray.

La fleur est une rosette à cinq pointes; son fruit est une capsule composée d'une seule peau charnue, partagée en trois loges, quelquefois en deux, qui renferment des semences plates. M. de Tournefort caracterise le capsicum de la maniere suivante:

Sa fleur est monopétale, découpée en divers segmens sur les bords; le pistil qui s'éleve du calice est fixé en maniere de clou au centre de la fleur; il mûrit insensiblement en un fruit doux & membraneux, qui contient plusieurs graines applaties, & taillées en

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