ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"885"> tache de la figure d'un coeur. Tournefort, Inst. reiherb. Voyez Plante.

Tournefort compte trois especes de ce genre de plante, dont la principale est le corindum à larges feuilles, & à gros fruit, corindum ampliore folio, fructu majore.

Cette espece pousse des tiges menues & branchues, hautes de trois ou quatre piés, sans poil, cannelées, foibles, ayant besoin d'être soutenues; ses feuilles sont divisées à peu près comme celles de l'ache, d'une belle couleur verte, d'un goût visqueux; il sort de leurs aisselles des pédicules chargés de fleurs, composées chacune de huit feuilles blanches, quatre grandes, & quatre petites disposées en croix, soutenues par un calice à quatre feuilles; quand ces fleurs sont passées, il leur succede des fruits en vessies à trois coins, divisées chacune en trois loges qui renferment des semences semblables à des petits pois, en partie noirs, en partie blancs, & marqués ordinairement d'un coeur; sa racine est grosse comme le doigt, mais plus courte, ligneuse, assez dure, fibreuse. Aucune des trois especes de ce genre de plante n'est d'usage en Médecine. (D. J.)

Pois (Page 12:885)

Pois arbre aux, (Hist. nat. Botan.) robinia Linnæi. Aspalatus, caragana siberica, pseudo - acacia. C'est un arbre de la même famille que celui que l'on trouvera décrit sous le nom de pseudo - acacia. On le nomme arbre aux pois, parce qu'il produit des siliques qui renferment un fruit semblable aux pois, qui sont précédées de fleurs d'un beau jaune; il croît sans culture en Sibérie, surtout dans un terrein leger & dans le voisinage des rivieres. Le plus grand froid ne le fait point perir; onpeut le multiplier de graine & de boutures; il est ordinairement de la grandeur d'un bouleau moyen. Les habitans de la Sibérie nommés Tunguses, nourrissent leurs bestiaux avec la feuille de cet arbre; on mange aussi le fruit ou les pois qu'il renferme dans ses siliques; mais il faut pour cela, les faire bouilhr dans une premiere eau, pour leur enlever une certaine amertume que l'on y trouve. M. Bielcke de l'académie de Stockholm, a essayé de faire moudre ce fruit, & en a fait faire des galettes ou gâteaux qui étoient d'un très - bon goût. Il prétend que le fruit de cet arbre est plus léger sur l'estomac que les pois ordinaires.

Le même M. Bielcke a trouvé que les feuilles de cet arbre pouvoient à l'aide de la putréfaction, donner une couleur bleue aussi propre à la teinture que l'indigo & le pastel. Voyez les mémoires de l'académie de Suede, année 1750, & voyez l'article Pseudoacacia.( - )

Pois martiaux (Page 12:885)

Pois martiaux, (Hist. nat.) c'est le nom que quelques naturalistes donnent à une mine de fer en petits globules semblables à des pois que l'on appelle en latin pisa ferrea. Il paroit que c'est une mine de fer qui n'est composée que d'un assemblage de petites étites ou pierres d'aigle. Il y en a de différentes grandeurs. Pres de Bayeux en Normandie, on trouve des cornes d'ammon remplies de ces sortes de pois ferrugineux. Quand ces étites sont ovales ou alongées, on les nomme mine de fer en feves, minera ferri fabalis. Il se trouve de la mine de fer de cette espece en Allemagne, dans la principauté de Hesse - Hombourg.

POISON (Page 12:885)

POISON, s. m. (Littérat.) le mot venenum des latins ne signifie pas toujours du poison; il désigne encore assez souvent ces drogues dont les Peintres & les Teinturiers se servent; c'est dans ce sens, par exemple, que Virgile l'emploie au second livre des géorgiques,

Alba neque assyrio fucatur lana veneno. « L'étoffe n'est pas teinte en couleur de pourpre.» Horace, ode 27, liv. I. dit:

Quis te solvere thessalis Magus venenis? Quis poterit deus? « Quel enchanteur avec toutes les herbes de Thessalie, toute la force de ses charmes, que dis - je, quel dieu pourra vous tirer de ce mauvais pas?» Les thessala venena d'Horace sont des sucs d'herbes magiques, propres à corriger la malignité du plus puissant poison.

Du tems d'Horace, on n'avoit point encore oublié l'histoire que Tite - Live, dec. l. l. VIII. raconte de plusieurs dames romaines qui composerent des poisons, & qui furent découvertes par une esclave. Sur les recherches que fit l'édile, on trouva 170 patriciennes coupables d'empoisonnement, & qui furent condamnées aux derniers supplices. Les morts qu'elles avoient causées étoient en si grand nombre, qu'on attribua d'abord ce malheur à l'intempérie pestilentielle de l'air, & l'on nomma exprès un dictateur qui alla attacher en cérémonie un clou au temple de Jupiter, ainsi qu'on le pratiquoit dans une calamité publique. (D. J.)

Poison (Page 12:885)

Poison, (Médec.) les choses prises intérieurement, ou appliquées de quelque maniere que ce soit, sur un corps vivant, capables d'éteindre les fonctions vitales, ou de mettre les parties solides & fluides hors d'état de continuer la vie, s'appellent poisons. Dans ce sens, on peut rapporter à cette classe grand nombre d'autres corps qui ne peuvent nuire qu'autant que l'usage immodéré qu'on en fait, empêche ou détruit les fonctions vitales.

Les corps âcres, méchaniques, qui en blessant ou en détruisant les parties solides, menacent de la mort, lorsqu'on les a avalés, ne peuvent être évacués d'abord que par le secours des onctueux, qui pris en grande quantite, enveloppent leurs parties nuisibles.

Tout ce qui est capable, en coagulant les humeurs, d'arreter la circulation, doit être délayé à la faveur des aqueux saponacés, & dès qu'on connoît la nature de la coagulation, il faut employer les contrepoisons convenables pour la dissiper.

A l'égard des corps qui détruisent l'union qui se trouve dans les parties solides & les fluides, ils sont très - dangereux; l'usage des acides & des doux astringens est capable d'arreter le progrès de leur action.

Dans la peste & les autres maladies contagieuses, la nature présente des poisons d'une espece incompréhensible, qui paroissent seulement attaquer les actions vitales: on ne peut venir à bout de les détruire par l'application des principes de la médecine rationelle, mais uniquement par un contrepoison que l'experience a découvert.

On connoît encore de semblables poisons qui changent tellement la nature de l'air, qu'il devient mortel à l'economie animale. Telle est la fumée des charbons, du soufre, celle d'une liqueur fermentante, ces vapeurs fortes & saffocantes que les auteurs ont nommées esprits sauvages; il faut éviter toutes ces choses, ou y remédier à l'aide du feu, ou de quelqu autre vapeur qui y soit contraire.

Poison (Page 12:885)

Poison, (Jurisp ud.) ou crime de poison est le crime de ceux qui font mourir quelqu'un par le moyen de certaines choses venimeuses, soit qu'on les mêle dans les alimens ou dans quelque breuvage, soit qu'on infinue le poison par la respiration ou par la transpiration, soit par une plaie ou morsure de quelque bête.

Cette maniere de procurer la mort est des plus barbares & des plus cruelles; & la loi 1 & 3 au code ad legem corneliam de sicariis & venesiciis, disent que plus est hominem extinguere veneno quàm gladio. La raison est que l'on se défie ordinairement & que l'on peut se précautionner contre l'homicide qui se commet par le fer, au lieu que l'homicide qui se commet par le poison, se fait sourdement, & est souvent com<pb-> [p. 886] mis par ceux dont on se défie le moins, de maniere qu'il est plus difficile de s'en garantir.

Ce crime a toujours été en horreur chez toutes les nations policées.

Gravina a avancé mal à - propos qu'avant l'an 422 de la fondation de Rome, on n'avoit point encore fait de loi contre les empoisonneurs.

Il est vrai que dans les premiers tems de Rome où l'innocence des moeurs s'étoit encore conservée, on ne connoissoit point l'usage du poison, au moyen de quoi l'on n'avoit point etabli de peines contre ce crime.

Mais la fréquentation des nations voisines ayant peu - à - peu corrompu les moeurs, la loi des 12 tables, laquelle fut affichée à Rome en 304, prononça des peines contre les empoisonneurs.

Ce qui a sans doute induit Gravina en erreur, est que ce fut vers l'an 422, sous le consulat de Valerius Flaccus & de M. Claudius Marcellus, qu'on vit paroître pour la premiere fois dans Rome une troupe de dames, qui par des poisons qu'elles débitoient, firent un grand ravage dans la république.

La mort subite de plusieurs personnes de toutes sortes de qualités ayant rempli la ville d'étonnement & de crainte, la cause de ce désordre fut révélée par une esclave qui en avertit le magistrat, & lui découvrit que ce qu'on avoit cru jusqu'alors être une peste causée par l'intempérie de l'air, n'étoit autre chose qu'un effet de la méchanceté de ces dames romaines lesquelles préparoient tous les jours des poisons, & que si on vouloit la faire suivre, elle en feroit connoître la vérité.

Sur cet avis, on fit suivre cette esclave, & l'on surprit en effet plusieurs dames qui composoient des poisons & quantité de drogues inconnues que l'on apporta dans la place publique; on y fit aussi amener vingt de ces dames; il y en eu deux qui soutinrent que ces médicamens n étoient pas des poisons, mais des remedes pour la santé; mais comme l'esclave qui les avoit accusées, leur soutenoit le contraire, on leur ordonna de boire les breuvages qu'elles avoient composés: ce qu'elles firent toutes & en moururent. Le magistrat se saisit de leurs complices, de sorte qu'outre les 20 dont on vient de parler, il y en eut encore 170 punies.

Une femme de Smyrne fut accusée devant Dolabella, proconsul dans l'Asie, d'avoir empoisonné son mari, parce qu'il avoit tué un fils qu'elle avoit eu d'un premier lit; Dolabella se trouva embarassé, ne pouvant absoudre une femme criminelle; mais ne pouvant aussi se résoudre à condamner une mere qui n'étoit devenue coupable que par un juste excès de tendresse, il renvoya la connoissance de cette affaire à l'aréopage qui ne putla décider, ilordonna seulement que l'accusateur & l'accusée comparoîtroient dans cent ans pour être jugés en dernier ressort.

L'empereur Tibere ayant fait empoisonner Germanicus par le ministere de Pison, gouverneur de Syrie, lorsqu'on brûla le corps de Germanicus, selon la coutume des Romains, son coeur parut tout entier au milieu des flammes; on prétend que l'on vit la même chose à Rouen, lorsque la pucelle d'Orléans y futbrûlée. C'est une opinion commune quele coeur étant une fois imbu de venin, ne peut plus être consumé par les flammes.

Les médecinsregardent aussi comme un indice certain de poison dans un corps mort, lorsqu'il se trouve un petit ulcere dans la partie supérieure de l'estomac; cependant le docteur Sebastiano Rotari en son traité qui a pour titre Allegazioni medicophysice, soutien que cet incice est fort trompeur, & que ce petit ulcere peut venir de plusieurs autres causes qu'il explique.

Pour revenir aux peines prononcées contre les empoisonneurs: environ 200 ans après le fait des dames romaines, Lucius Cornelius Sylla fit une loi appellée de son nom Cornelia de veneficis, par laquelle il prononça la même peine contre les empoisonneurs que contre les homicides, c'est - à - dire, l'exil & le bannissement qui sont la même chose que l'interdiction de l'eau & du feu; cette loi fut présérée à celle que César, étant dictateur, publia dans la suite sur la même matiere.

Il y eut aussi quelques senatus - consultes donnés en interprétation de laloi Corneliade veneficis, & dont l'esprit est le même. On voit dans la loi 3, ss. ad leg. cornel. de sic. & venef. qu'un de ces senatus - consultes prononçoit la peine d'exil contre ceux qui sans avoir eu dessein de causer la mort d'une femme, l'avoient cependant fait mourir en lui donnant des remedes pour faciliter la conception.

Le paragraphe suivant fait mention d'un autre senatus - consulte qui décerne la peine portée par la loi Cornelia contre ceux qui auroient donné ou vendu des drogues & des herbes malfaisantes, sous prétexte de laver ou purger le corps.

Enfin la loi 8, au même titre, enjoignoit aux présidens des provinces d'envoyer en exil les fenimes qui faisoient des efforts surnaturels, ou qui employoient de mauvaises pratiques pour se procurer l'avortement. Ces drogues & autres moyens contraires à la nature étoient regardés comme des poisons, & ceux qui s'en servoient, traités comme des empoisonneurs.

En France, le crime de poison est puni par le feu; & lorsqu'il s'est trouvé des empoisonneurs qui avoient nombre de complices, on a quelquefois établi une chambre ardente pour faire leprocèsà ces coupables.

La déclaration de Louis XIV. du mois de Juillet 1682, est la regle que l'on suit sur cette matiere.

Elle porte que ceux qui seront convaincus de s'être servi de poison, seront punis de mort, soit que la mort des personnes auxquelles ils auront voulu faire prendre le poison, se soit ensuivie ou non.

Ceux qui sont convaincus d'avoir composé & distribué du poison pour empoisonner, sont punis des mêmes peines.

Ceux qui ont connoissance que l'on a travaillé à faire du poison, qu'il en a été demandé ou donné, sont tenus de dénoncer incessamment ce qu'ils en savent au procureur général, ou à son substitut, & en cas d'absence, au premier officier public desl ieux, à peine d'être procédé contre eux extraordinairement, & d'être punis selon les circonstances & l'exigence des cas, comme fauteurs & complices de ces crimes, sans que les dénonciateurs soient sujets à aucune peine, ni même aux intérêts civils, lorsqu'ils auront déclaré & articulé des faits ou indices considérables qui seront trouvés véritables & conformes à leur dénonciation; quoique dans la suite les personnes comprises dans lesdites dénonciations, soient déchargées des accusations, dérogeant à cet effet à l'article 73 de l'ordonnance d'Orléans, pour l'effet du poison seulement, sauf à punir les calomniateurs selon la rigueur de l'ordonnance.

La peine de mort a lieu contre ceux qui sont convaincus d'avoir attenté à la vie de quelqu'un par poison; en sorte qu'il n'ait pas tenu à eux que ce crime n'ait été consommé.

L'édit répute au nombre des poisons, non - seulement ceux qui peuvent causer une mort prompte & violente, mais aussi ceux qui en altérant peu - à - peu la santé, causent des maladies, soit que les poisons soient simples, naturels, ou composés.

Il est défendu en conséquence à toutes personnes, à peine de la vie, même aux Médecins, Chirurgiens, & Apothicaires, à peine de punition corporelle, d'avoir & garder de tels poisons simples ou préparés,

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