ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Quant à ce qui regarde l'harmonie du vers, en tant que composé de syllabes reglées par des mesures, & soumises à des regles fixes & positives, voyez Vers (D. J.)

Poétique, style (Page 12:849)

Poétique, style, (Poéste.) il consiste dans des images ou des figures hardies, par lesquelles le poëte imitateur parfait peint tout ce qu'il décrit; & donnant du sentiment à tout, rend son image vivante & animée. Ce sly le poétique, qu'on appelle autrement sly le de fiction, inséparable de la Poésie, & qui la distingue essentiellement de la prose, est le sty le & le langage de la passion; c'est - à - dire, de cet enthousiasme dont les Poëtes se disent remplis.

Le sly le poétique doit non - seulement frapper, enlever, peindre, toucher, mais même ennoblir des choses qui n'en paroissent pas susceptibles. Rien de plus simple que de dire que le vers iambe ne conviendroit pas à la tragédie, s'il n'étoit mêlé de spondées; c'est ainsi qu'on parleroit en prose; mais Horace, en qualité de poëte, personnifie l'iambe, qui, pour arriver aux oreilles d'un pas plus lent & plus majestueux, fait un traité avec le grave spondée, qu'il associe à l'héritage paternel; à condition qu'il n'usiurpera ni la seconde, ni la quatrieme place.

Tardior, ut paulo, graviorque veniret ad aures Spondos stabiles, in jura paterna recepit, Commodus & patiens, non ut de sede secundâ Cederet, aut quartâ socialiter. De même lorsque Boileau veut nous apprendre qu'il a 58 ans, il se plaint que la vieillesse

Sous ces faux cheveux blonds, déja toute chenue A jetté sur sa tête avec ses doigts pesans Onze lusires complets surchargés de trois ans.

Le style poétique abandonne les termes naturels pour en emprunter d'étrangers: il parle le langage des dieux dans l'olympe; & quand il chante les combats, on croit voir Mars ou Bellone. Enfin dans le siyle poétique qui est fait pour nous enchanter,

Tout prend un corps, une ame, un esprit, un visage. Chaque vertu devient une divinite: Minerve est la prudence, & Vénus la beat té: Ce n'est plus la vapeur qui produit le tont erre: C'est Jupiter armé pour effrayer la terre. Un orage terrible aux yeux des matelots, C'est Neptune en courroux qui gourmande les flots. Echo n'est plus un son qui dans l'air retentisse: C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse. Ainsi dans cet amas de nobles fictions, Le poëte s'égaie en mille inventions, Orne, éleve, embellit, agrandit toutes choses; Et trouve sous sa main des fleurs toujours écloses. (D. J.)

Poétique, composition (Page 12:849)

Poétique, composition, (Peint.) la composition poétique d'un tableau est un arrangement ingénieux de figures, inventé pour rendre l'action qu'il représente plus touchante & plus vraissemblable. Elle demande que tous les personnages soient lies par une action principale; car un tableau peut contenir plusieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres se réunissent en une action principale, & qu'elles ne fassent toutes qu'un seul & même sujet. Les regles de la Peinture sont autant ennemies de la duplicité d'action que celles de la poésie dramatique. Si la Peinture peut avoir des épisodes comme la Poésie, il faut dans les tableaux, comme dans les tragédies, qu'ils soient liés avec le sujet, & que l'unité d'action soit conservée dans l'ouvrage du peintre comme dans le poëme.

Il faut encore que les personnages soient placés avec discernement & vétus avec décence, par rapport à leur dignité, comme à l'importance dont ils sont. Le pere d'lphigénie, par exemple, ne doit pas être caché dorriere d'autres figures au sacrifice ou l'on doit immoler cette princesse. Il doit y tenir la place la plus remarquable apres celle de la victime. Rien n'est plus insupportable que des figures in différentes placées dans le milieu d'un tableau. Un soldat ne doit pas être vetu aussi richement que son général, à moins qu'une circonstance particuliere ne demande que cela soit ainsi. En un mot, tous les personnages doivent faire les démonstrations qui leur conviennent; & l'expression de chacun d'eux doit être conforme au caractere qu'on lui fait soutenir. Surtout il ne faut pas qu'il se trouve dans le tableau des figures oiseuses, & qui ne prennent point de part à l'action principale. Elles ne servent qu'à distraire l'attention du spectateur. Il ne faut pas enfin que l'artiste choque la décence ni la vraissemblance pour favoriser son dessein ou son coloris, & qu'il sacrifie la poésie à la méchanique de son art. Du Bos. (D. J.)

POGE (Page 12:849)

POGE, s. m. (Com.) droit de coutume qui est dû à l'éveque de Nantes sur le hareng ou sardine blanc ou soret passant le trepas S. Mazaire; ce droit est de demi - obole par millier. Diction. de comm.

Poge (Page 12:849)

Poge ou Pouge, (Marine.) c'est un terme de commandement dont les levantins se servent sur mer, & qui signifie arrive - tout. L'officier prononce ce mot poge, quand il veut que le timonnier pousse sa barre sous le vent, comme si on vouloit faire vent arriere. Voyez Pouger.

POGGIO (Page 12:849)

POGGIO, (Géog. mod.) bourg d'Italie, dans la Toscane, à dix milles de Florence, & à égale distance de Pistoie. Poggio est fameux par la maison de plaisance des grards - ducs. Ce palais fut commencé par Laurent de Médicis surnommé le magnifique, continué par Léon X. & achevé par le grand - duc François de Médicis. André del Sarto, Jacques Pontorno, & Alexandre Allori, l'ont enrichi de leurs peintures qui font autant d'allusions aux événemens de la vie de Médicis. (D. J.)

POIDS (Page 12:849)

POIDS, s. m. (Phys.) est l'effort avec lequel un corps tend à descendre, en vertu de sa pesanteur ou gravité. Il y a cette difference entre le poids d'un corps & la gravité, que la gravité est la force même ou cause qui produit le mouvement des corps pesans, & le poias comme l'effet de cette cause, effet qui est d'autant plus grand que la masse du corps est plus grande, parce que la force de la gravité agit sur chaque particule du corps. Ainsi le poids d'un corps est double de celui d'un autre, quand sa masse est double; mais la gravité de tous les corps est la même, en tant qu'elle agit sur de petites parties égales de chaque corps. Voyez Gravité, Pesanteur.

M. Newton a prouvé que le poids de tous les corps à des distances égales du centre de la terre est proportionnel à la quantité de matiere qu'ils contiennent; & il suit de là que le poids des corps ne dépend en aucune maniere de leurs formes ou de leur texture, & que tous les espaces ne sont pas également remplis de matiere. Voyez Vuide.

Le même M. Newton ajoute que le poids du même corps est différent à différens endroits de la surface de la terre à cause qu'elle n'est point sphérique, mais sphéroïde. En effet l'élévation de la terre à l'équateur fait que la pesanteur y est moindre qu'aux poles, parce que les points de l'équateur sont plus éloignés du centre que les poles; c'est ce qu'on a vérisié par les expériences des pendules. Voyez Figure de la Terre .

Un corps plongé dans un fluide qui est d'une pesanteur spécifique moindre que lui, perd de son poids une partie égale à celle d'un pareil volume du fluide; en effet, si un corps étoit du même poids que l'eau, il s'y soutiendroit en quelque endroit qu'on le plaçât, puisqu'il seroit alors dans le même cas qu'une portion [p. 850] de fluide qui lui seroit égale & semblable en grosseur & en volume. Ainsi dans ce cas il ne feroit aucun effort pour descendre; donc lorsqu'il est plus pesant qu'un pareil volume de fluide, l'effort qu'il fait pour descendre est égal à l'excès de son poids sur celui d'un égal volume de fluide. Voyez Fluide.

Par conséquent un corps perd plus de son poids dans un fluide plus pesant que dans un fluide qui l'est moins, & pese par conséquent plus dans un fluide plus léger que dans un plus pesant. Voyez Pesanteur Spécifique, Gravité, Fluide, Hydrostatique , &c. De plus, toutes choses d'ailleurs égales, plus un corps a de volume, plus il perd de son poids dans un fluide où on le plonge. De là il s'ensuit qu'une livre de plomb & une livre de liege qui sont également pesantes lorsqu'elles sont posées dans l'air, ne le seront plus dans le vuide: la livre de liege sera alors plus pesante que la livre d'or, parce que la masse de liege qui pesoit une livre dans l'air, perdoit plus de son poids que la masse d'or qui avoit moins de volume. Si le corps est moins pesant qu'un égal volume de fluide, alors il ne s'enfonce pas tout - à - fait dans le fluide; il surnage, & il s'enfonce dans le fluide jusqu'à ce que sa partie enfoncée occupe la place d'un volume de fluide qui seroit d'une pesanteur égale à celle du corps entier.

Trouver le poids d'une quantité donnée de fluide, par exemple, du vin contenu dans un muid. Trouvez d'abord la quantité de liqueur par les regles de jaugeage; suspendez ensuite dans cette liqueur un pouce cube de plomb par le moyen d'un crin, & voyez à l'aide de la balance hydrostatique ce que ce pouce cube de plomb perd de son poids, & vous aurez par ce moyen le poids d'un pouce cube du fluide donné. Cela fait, le fluide étant supposé homogène, & par conséquent proportionnel au volume, vous aurez le poids total par la regle de trois. Si, par exemple, la capacité du muid est de 86 piés cubes, & que le pié cube de vin pese 68 livres, le poids de tout le vin sera de 5984 livres.

Le poids du pié cube d'eau a été déterminé par plusieurs personnes; mais comme dans les différentes fontaines, &c. les poids de l'eau est different, & que le poids de la même eau ne reste pas constamment le même dans tous les tems, les différens auteurs qui en ont parlé, ne se sont pas accordés. On fixe ordinairement le poids du pié cube d'eau commune ou douce à 70 livres. Le pié cube d'eau de mer pese environ 2 livres de plus

Poids de l'air. On a trouvé par plusieurs expériences non - seulement que l'air pese, mais aussi la quantité précise du poids d'une certaine portion d'air déterminée.

Trouver le poids d'un pouce cube d'air. Pesez un vaisseau rond rempli d'air commun avec toute l'exactitude possible: tirez ensuite l'air, & pesez le vaisseau dont l'air aura été tiré: soustrayez le dernier poids du premier, & le reste sera le poids de l'air ôté. De plus, trouvez l'espace que contient le vaisseau par les lois de la stéréométrie (Voyez Sphere.) & la proportion qui est entre l'air actuel du vaisseau & l'air naturel tel qu'il étoit d'abord,par les moyens enseignés à l'article de la machine pneumatique; cela fait, vous aurez le volume de l'air restant par la regle de trois, & soustrayant ce volume de la capacité du vaisseau, vous aurez le volume de l'air qui a été ôté. Si on a une excellente machine pneumatique avec laquelle on puisse pousser si loin l'exhaustion que l'air qu'on laisse dans le ballon puisse être négligé, on prendra pour le volume d'air ôté la capacité même du vaisseau.

Ayant donc par ce moyen le poids & le volume de l'air ôté qu'on a tiré, on aura par la regle de trois le poids d'un pouce cube d'air.

Otto Guericke est le premier qui ait employé cette méthode. Burcher de Volder s'en est servi ensuite, & a donné les circonstances suivantes de son experience. Le poids du vaisseau sphérique plein d'air commun étoit de 7 livres 1 once 2 drachmes 48 grains; lorsqu'il étoit vuide, de 7 livres 1 once 1 drachme 31 grains; l'ayant rempli d'eau, il étoit de 16 livres 12 onces 7 drachmes 14 grains. Le poids de l'air étoit donc de 1 drachme 12 grains ou 77 grains. Le poids de l'eau de 9 livres 11 onces 5 drachmes 43 grains, ou de 74743 grains; conséquemment la proportion entre la gravité spécifique de l'eau & de l'air étoit de 74743 à 77 ou de 97053/77 à 1. De plus le poids d'un pié cube d'eau étant connu, on dira: comme 970 à 1, ainsi le poids d'un pié cube d'eau à un quatrieme terme, & on aura par la regle de trois, le poids du pié cube d'air. Voyez Air & Atmosphere.

Poids de l'eau de mer. Le poids de l'eau de mer varie suivant les climats. M. Boyle ayant recommandé à un habile physicien qui alloit en Amérique, de peser de tems en tems l'eau de mer pendant le cours de son voyage avec une balance hy drostatique qu'il lui fournit, apprit par ce physicien qu'il avoit trouvé l'eau de mer plus pesante, à mesure qu'il approchoit de la ligne jusqu'à ce qu'il fut arrivé à la latitude d'environ 30 degrés, après quoi elle resta constamment du même poids jusqu'à ce qu'il arrivât aux Barbades. Voyez Trans. phis. n° 18. Wolf & Chambers. (O)

Poids se dit aussi en général pour marquer un corps pesant; ainsi on dit cet homme porte sur ses épaules un poids très - considérable; on donne aussi le nom de poids à un corps d'une certaine pesanteur connue, dont on se sert pour peser les autres, comme la livre, l'once, le marc, &c. Poids se dit aussi dans un sens figuré, des choses pénibles & difficiles: ce prince, dit - on, soutient avec beaucoup de capacité le poids des affaires: cet homme est accablé du poids de ses malheurs, &c.

Poids en méchanique se dit de tout ce qui doit être élevé, soutenu ou mu par une machine, ou de ce qui résiste, de quelque maniere que ce soit, au mouvement qu'on veut imprimer. Voyez Mouvement, Machine, &c.

Dans toutes les machines il y a une proportion nécessaire entre le poids & la puissance motrice. Si on veut augmenter le poids, il faut aussi augmenter la puissance, c'est - à dire, que les roues ou autres agens doivent être multipliés, ou, ce qui revient au même, que le tems doit être augmenté ou la vitesse diminuée. Voyez Puissance.

Le centre de gravité F (Planche de la Méchanique fig. 55) d'un corps I H, avec le poids de ce corps étant donnés, trouver le point M par lequel il doit porter sur un plan horisontal, afin qu'un poids donné suspendu en L ne puisse pas faire écarter le corps I H de la situation horisontal.

Imaginez qu'il y ait au centre de gravité F. un poids égal à celui du corps H, & trouvez le centre commun de gravité M de ce poids & du poids G, le point M sera le point qu'on demande.

Supposons, par exemple, que F soit le centre de gravité d'un bâton éloigné de 18 pouces de son extrémité, le poids du sceau d'eau G de 24 livres, le poids du bâton de 2 livres, on aura L M = L F. F: (G + F) = 18. 2:26 = 18:13; c'est - à - dire, environ un pouce & demi; il n'est donc pas étonnant que le sceau pende après le bâton qui est couché sur la table sans le faire tomber. Si on met un poids sur l'extrémité d'une table, il ne tombera point, tant que le centre de gravité de ce corps sera appuyé sur la table; car le centre de gravité est le point où se réunit tout l'effort de la pesanteur. Ainsi un fort long bâton peut se soutenir sur une table, pourvu que la partie de ce bâton qui est hors de la table, soit un peu moins longue que celle qui porte sur la table; car le centre

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