ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
"781">
tout - autour, comme si c'étoit du plomb noir. Voyez
Bordoyer, Bordement.
Plomber un arbre
(Page 12:781)
Plomber un arbre, (Jardinage.) c'est après
qu'un arbre est planté d'alignement dans la terre, &
comblé jusqu'au niveau de l'allée, peser du pié sur
la terre pour l'affermir & l'assurer à demeure. (D. J.)
Plomber
(Page 12:781)
Plomber, en terme de Potier de terre; c'est vernisser
de la vaisselle de terre avec de la mine de plomb.
Les Potiers emploient ordinairement à cet usage de
l'alquifoux ou plomb minéral, du plomb en poudre,
qui se fait en jettant du charbon pilé dans du plomb
en fusion, & des cendres de plomb, qui ne sont autre
chose que son écume & ses scories. Voyez
Alquifoux, Plomb en poudre
& Potier de terre.
PLOMBERIE
(Page 12:781)
PLOMBERIE, s. f. (Art méchanique.) De la plomberie
en général. Sous le nom de plomberie on entend
l'art d'employer le plomb, de lui donner des formes
convenables aux lieux où il doit être placé. Ce mot
vient du latin plumbus plomb, métal qui fait le principal
objet de cet art.
Ce métal est un minéral qui se tire en France de
quelques mines fort peu abondantes, encore n'est - il
question que de celles du Limosin; celles de Limarès en Espagne ne le sont pas beaucoup davantage.
Il en vient d'Allemagne par la voie de Chambourg sous la forme de navette. Les Hollandois en
tirent aussi de Pologne qu'ils envoient en différens
pays; mais presque tout celui que l'on voit en France, vient d'Angleterre sous la forme de saumons,
(fig. 2.) & se tire des mines de Neucastel, du Derby, de Combmartin, & sur - tout de celles de Péak,
où la pierre minérale se trouve presque sur la surface
de la terre; ce qui fait que ces mines s'exploitent
fort facilement & le plus souvent de plain - pié
& à découvert. Le plomb que l'on en tire. est sans
contredit le plus pur & le plus sain de tous, & par
conséquent le meilleur.
La mine de plomb que l'on nomme aussi plomb
minéral, est noire, quoique cependant en la cassant
elle semble être remplie intérieurement d'une infinité
de petits filets blancs qui ressemblent à ceux
que l'on voit dans l'antimoine. On en ire d'assez
gros morceaux quelquefois purs, mais le plus souvent
mêlés de roche.
Pour fondre cette mine on la met dans un fourneau
fait exprès avec beaucoup de feu & de charbon
par - deslus. Le plomb fondu coule par un canal
pratiqué à côté, & la terre & les pierres restent
avec les cendres du charbon. On le purifie ensuite
avant qu'il soit figé en écumant, & en y jettant des
suifs, graisses ou résines; cette ecume appellée plomb
des potiers de terre, leur est de grande utilité pour leurs
ouvrages; les moules où on le reçoit ont la forme de
navette ou de saumons (fig. 1. & 2.) noms que l'on
donne aux masses de plomb qu'on en tire, dont les
unes pesent environ deux cens livres, & les autres
cent vingt ou cent trente livres; il se vend ainsi chez
les marchands de fer depuis vingt - cinq jusqu'à trente
francs le cent pesant, & pese environ huit cens livres
le pié cubique: on appelloit autrefois les marchands
saumons, & les plombiers navettes.
Quoique le plomb soit fort facile à fondre, les fondeurs
anglois y emploient cependant de grands feux,
& sont très - attentifs à ne placer leurs fourneaux que
sur des lieux élevés, & à les exposer au vent d'ouest,
pour en rendre, par cette exposition, la chaleur plus
vive, plus grande, exploiter plus de mine, & consommer
moins de bois. D'habiles Physiciens ont
cru que le poids du plomb augmentoit à l'air;
d'autres ont cru qu'il pourroit se produire dans les
mines déja épuisées, en les laissant long - tems reposer,
l'expérience nous a appris depuis que les uns &
les autres s'etoient également trompés, & que rien
n'étoit plus faux que leur système.
Quelques savans qui l'ont analysé, ont trouvé qu'il
étoit composé d'un peu de sousre & de mercure;
mais de beaucoup de terre bitumineuse. Les Chimistes l'appellent saturne: en général, c'est de tous les
métaux le plus mou & le plus facile à fondre lorsqu'il est purifié.
Le plomb est d'une grande utilité, non - seulement
dans les bâtimens pour les couvertures, terrasses,
réservoirs, conduites d'eau, ainsi que pour les figures,
statues & ornemens d'arcnitecture, mais encore
pour l'assinage de tous les métaux, comme le cuivre,
l'argent & l'or, auxquels on prétend qu'il communique
son humidité: on s'en sert encore dans les
ouvrages de vitrerie, balancerie, chauderonnerie,
bimbeloterie, poterie de terre & d'étain, ainsi que
pour la guerre & la chasse, où l'on ne ne laisse pas
que d'en faire une grande consommation.
Les ancíens, tel que Pline & quelques - autres,
confondoient le plomb avec un autre mineral à peu - près
semblable, qu'ils ne distinguoient que par la
couleur. Cette autre espece est l'étain, que l'on tire
des mêmes mines, mais en beaucoup plus petite
quantité; raison pour laquelle il est infiniment plus
cher; il est plus blanc, plus dur & plus facile à fondre
que le précédent. On l'emploie à souder le
plomb & tous les autres métaux; il est évident que
quelques modernes ne se sont pas moins trompés pour
avoir adopté le sentiment des anciens, ou pour avoir
mal interprété le savant naturaliste, qui, dans son
traité des propriétés de ce minéral, rapporte qu'il est
propre à souder les autres métaux ensemble, & à
d'autres opérations chimiques, ce qui ne peut mieux
couvenir qu'à l'étain.
La plomberie est donc l'art de donner au plomb les
formes que l'on juge à - propos, selon les differentes
ccasions que l'on a de l'employer: on la divise en
trois especes; la premiere est la fonte du plomb, la
seconde en est le couler, & la troisieme est la maniere
de le souder.
De la fonte du plomb. La fonte du plomb n'est point
merveilleuse; elle est au - contraire très - simple, le
plomb étant de tous les métaux le plus facile à fondre: on n'est pas obligé pour cela d'employer une
chaleur aussi grande & aussi vive que pour tous les
autres métaux: tout cet art ne consiste qu'à mettre
le plomb que l'on veut fondre dans un vaisseau de
fer quelconque capable de le contenir, tel par exemple
qu'une cuilliere de fer (figure 3.) & le présenter
ensuite au feu jusqu'à ce qu'il devienne liquide. Si
cette quantité monte beaucoup au - dessus de vingt - cinq
ou trente livres, qu'on ne pourroit porter facilement
à la main, on est obligé alors d'avoir recours
à une marmite (figure 4.) ou poële (figure 5.) de
fer ou de fonte que l'on pose à terre, & au premier
endroit, dans laquelle on met le plomb: on enveloppe
ensuite le tout d'un feu de bois ou de charbon
pour échauffer & faire fondre plus promptement la
masse du plomb; & c'est - là la maniere dont les Plombiers se servent le plas souvent, lorsqu'ils n'en ont
besoin que d'une petite quantité, surtout lorsqu'ils
travaillent en ville (a). Si l'on a besoin pour de certains
ouvrages d'entretenir liquide cette même quantité
de plomb, on se sert à cet effet (ce qui économise beaucoup le charbon) d'une autre espece de
poële de ser, fig. 6. & 7. appellée polastre, plus grande,
de forme quarrée, circulaire ou ovale, dans laquelle
(fig. 7.) on met le feu & la marmite qui contient
le plomb; ce feu ainsi concentré contient plus
de chaleur & consomme moins de charbon: ce po<->
(a) On dit communément qu'un homme travaille en vilie,
lorsque son ouvrage se sait chez le propriétaire & hors de
l'attelier.
[p. 782]
lastre sert aussi, & souvent en même tems à faire
chauffer les fers à souder (fig. 32. & 34.) dont nous
parlerons dans la suite, que l'on place chacun dans
une échancrure A, pratiquée de distance à autre autour
du polastre; mais lorsque l'on a besoin d'une
beaucoup plus grande quantité de plomb fondu à la - fois, ce qui arrive le plus souvent dans l'attelier
des plombiers; ils ont alors chacun chez eux un fourneau
(fig. 8. 9. & 10.) bâti en brique A de deux
piés & demi à trois piés de hauteur sur quatre, cinq
& quelquefois six piés en quarré, composé d'une
grande marmite de fer B, en forme de chaudiere capable
de contenir depuis cinq cens jusqu'à trois ou
quatre milliers pesant de plomb, arrasée par - dessus le
fourneau, enclavée & soutenue dans la maçonnerie
de brique A, par des armatures de gros fer à environ
quinze pouces au - dessus du fond du fourneau C,
fig. 8. ce qui forme par - dessous un vuide où l'on fait
un feu de bois à brûler, dont la fumée sort par une
ouverture D d'environ huit pouces de largeur, pratiquée
fort près de la chaudiere, & s'éleve ensuite
dans un tuyau de cheminée E, fig. 10. dont la hotte
se trouve au - dessus du fourneau; c'est dans cette espece
de chaudiere que l'on met le plomb F, fig. 8.
que l'on veut fondre, comme navettes, fig. 1. saumons,
fig. 2. tels qu'ils arrivent des mines.
Du plomb coulé. Le plomb se coule de quatre manieres,
qui se réduisent en deux principales, l'une
que l'on appelle plomb en table, & l'autre plomb
moulé.
La premiere se fait en forme de table dont les dimensions
varient selon les circonstances: cette forme
de plomb sert pour l'intérieur des réservoirs, les
bassins, les bains, les couvertures des bâtimens, platesformes,
terrasses, gouttieres, chaîneaux, hottes,
lucarnes, cuvettes, bavettes de fontaines, &c. &
quelquefois dans la maçonnerie pour les joints des
pierres, on en fait aussi des tuyaux de descente pour
l'écoulement des eaux, chausses, aisances, &c. le pié
quarré sur une demi - ligne d'épaisseur pese environ
2 livres 14 onces; sur une ligne, environ 5 livres 3
quarts, & le reste à proportion.
La seconde, qu'on appelle plomb moulé, se coule
dans des moules faits exprès, soit pour des tuyaux
dont la grosseur intérieure varie depuis 6 lignes jusqu'à 6 pouces de diametre, & l'épaisseur à proportion,
depuis 2 lignes & demie jusqu'à 6: je dis grosseur intérieure, parce qu'en général les tuyaux ne
se mesurent jamais par l'extérieur, mais bien par l'intérieur;
leurs longueurs ne passent jamais 18 ou 20
piés, non qu'on ne puisse les faire beaucoup plus
longs, si on le jugeoit à propos, mais parce que cette
grande longueur seroit trop embarrassante pour leur
transport, & seroit sujette à les tourmenter, casser ou
rompre, soit encore pour des figures, statues & ornemens
d'architecture & de sculpture.
Du plomb en table. Le plomb en table se divise en
trois especes différentes; la premiere, que l'on appelle
plomb moulé en table; la seconde, plomb laminé;
& la troisieme, plomb coulé sur toile.
Pour couler le plomb en table, selon la premiere
espece, il faut d'abord employer à cet usage une table,
fig. 11, appellée moule en table, que tous les
Plombiers ont chacun dans leurs atteliers, faite en
bois de chêne de 15 à 18 lignes d'épaisseur, 4 à 5
piés de largeur sur environ 20 piés de longueur, posée
sur trois ou quatre forts supports ou treteaux de
bois A solidement assemblés, en observant de lui donner
environ 12 à 15 lignes de pente par toise pour
procurer au plomb une plus grande facilité de couler;
le pourtour de cette table se trouve bordé d'une
espece de chassis de planches B D de même bois de
pareille épaisseur sur 8 à 10 pouces de hauteur, qu'on
appelle èponge, dont l'intérieur C est rempli d'un sable
jaune d'environ 5 à 6 pouces d'épaisseur, sur lequel
étant préparé, on coule le plomb dont il est ici
question: il faut remarquer que pour donner aux tables
de plomb la largeur que l'on juge à propos, on
enfonce dans le sable une autre éponge D mobile,
que l'on soutient par derriere avec des masses de fer
ou de plomb.
Lors donc qu'il s'agit de préparer le sable à recevoir
le plomb, on commence par l'humecter un peu
en y jettant de l'eau dessus en forme d'aspersion; ce
sable ainsi humecté, s'unit beaucoup plus facilement;
on le dresse ensuite de niveau en passant & repassant
le rable E à différentes reprises sur toute sa longueur:
ce rable, fig. 12, n'est autre chose qu'une planche A
de bois de chêne d'environ 15 lignes d'épaisseur, &
dont la longueur est égale à la largeur des tables que
l'on veut faire: cette planche A est échancrée par
chaque bout que l'on fait glisser le long des éponges
B D, fig. 11, par le moyen d'un bâton C, fig. 12, de
4 à 5 piés de long emmanché dedans: l'intervalle
des échancrures B s'enfonce dans la profondeur du
moule, fig. 11, relativement à l'épaisseur que l'on
veut donner à ces mêmes tables: le sable ainsi dressé,
on le plane aussi sur toute sa longueur avec la
plane, fig. 13, que l'on a soin de chauffer un peu,
afin que le table humide ne puisse s'y attacher, ce
qui y formeroit autant de sillons: ceci fait, & le
plomb fondu dans la grande chaudiere, fig. 8, 9 & 10,
il faut prendre la precaution avant que de le couler,
de le purisier avec des résines, suif ou autres graisses,
& de l'écumer avec la cuillere percée, fig. 23,
c'est - à - dire en supprimer toutes les ordures que ces
graisses ont dù attirer: ensuite lorsqu'il s'agit de le
couler, deux hommes en versent alternativement &
par cuillerée au - moins autant, mais toujours un peu
plus qu'il n'en faut pour la table que l'on veut faire,
dans un auget, fig. 14, appellé poële à verser, placé
au sommet du moule, fig. 11, comme on peut le voir
dans la premiere Planche. La quantité de plomb étant
susfisante, les deux mêmes hommes tenant la poële
à verser, fig. 14, par la queue C, la soulevent doucement,
& font ainsi couler le plomb qu'elle contient
sur le sable C, fig. 11, tandis qu'un autre à 2 ou
3 piés plus loin le reçoit sur le rable E, même figure,
qu'il passe presque dans le même d'un bout à l'autre
du moule sur le plomb avant qu'il soit figé pour donner
à la table une égale épaisseur par - tout, & le surplus
du plomb va se loger dans une cavité F pratiquée
dans le sable: au bout du moule, il faut prendre
garde lorsque la table vient d'être coulée, d'en
séparer promptement le surplus du plomb; parce que
comme le plomb, ainsi que tous les autres métaux,
se retire à mesure qu'il se refroidit, la table n'auroit
pas assez de force en se retirant pour amener avec
soi la masse du plomb qui reste, & se romperoit çà
& là en différens endroits: on a soin encore avant
que cette même masse de plomb soit figée, d'y placer
intérieurement les branches d'un crampon de fer recourbé,
fig. 15, afin de procurer par - là la facilité de
l'enlever avec des leviers, fig. 51, pour la remettre de
nouveau à la fonte: cette table ainsi faite, on la roule
sur sa largeur, fig. 24, pour qu'elle occupe moins de
place, & avec des leviers, fig. 51, on la transporte
ailleurs où elle ne puisse être embarrassante; ensuite
on humecte de nouveau le sable, qui par la chaleur du
plomb que l'on coule perpétuellement dessus, se seche
toujours; on le laboure d'environ un pouce d'épaisseur
avec le bout A d'un bâton à labourer, fig.
50, bien également par - tout; car si on l'enfonce
plus d'un côté que de l'autre, le sable devient par
conséquent plus foible, & forme les tables de plomb
d'une inégale épaisseur: on le dresse ensuite avec le
rable, fig. 12, & on le place de nouveau avec la plane,
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.