ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"570"> cine trois & demie, le filet une demie, le larmier trois, le talon deux, & le filet une. Les saillies de ces membres sont à - peu - près les mêmes que celles de la corniche du piédestal corinthien.

Le piédestal composite a de hauteur la troisieme partie de la colonne.

Piédestal composé. C'est un piédestal d'une forme extraordinaire, commeronde, quarrée - longue, arrondie, ou avec plusieurs retours. Il sert pour porter les grouppes de figures, les statues, les vases, &c.

Piédestal continu. Piédestal qui, sans ressauts, porte un rang de colonnes. Tel est le piédestal qui soutient les colonnes ioniques cannelées du palais des Tuileries du côté du jardin.

Piédestal double. Piédestal qui porte deux colonnes, & qui a plus de largeur que de hauteur. Les piédestaux des PP. Feuillans, rue saint Honoré, à Paris, & ceux de la plûpart des retables d'autels, sont de cette espece.

Piédestal en adoucissement. Piédestal dont le dé ou tronc est en gorge. Il y a de ces piédestaux autour du parterre à la dauphine, à Versailles, qui portent des statues de bronze.

Piédestal en balustre. Piédestal dont le profil est contourné en maniere de balustre.

Piédestal en talut. Piédestal dont les faces sont inclinées. Tels sont, par exemple, les piédestaux qui portent les figures de l'Océan & du Nil dans l'escalier du capitole.

Piédestal flanqué. Piédestal dont les encoignures sont flanquées ou cantonnées de quelque corps, comme de pilastres attiques, ou en console, &c.

Piédestal irrégulier. Piédestal dont les angles ne sont pas dioits, ni les faces égales ou paralleles, mais quelquefois ceintrées, par la sujétion de quelque plan, comme d'une tour ronde ou creuse.

Piédestalorné. C'est un piédestal qui a non - seulement ses moulures taillées d'ornemens, mais dont les tables fouillées ou en saillie sont enrichies de bas - reliefs, chiffres, armes, &c. de la même matiere ou postiches, comme sont la plûpart de ceux des statues équestres, & des autres superbes monumens.

Piédestal quarré. Piédestal qui est égal en hauteur & en largeur. Tels sont les piédestaux de l'arc des lions à Vérone, d'ordre corinthien, & que quelques sectateurs de Vitruve, comme Serlio & Philander, ont attribué à leur ordre toscan.

Piédestal triangulaire. Piédestal en triangle, qui a trois faces, quelquefois ceintrées par leur plan, & dont les encoignures sont en pan coupé, échancrées ou cantonnées. Il sert ordinairement pour porter une colonne avec des figures sur ses encoignures. Tel est le piédestal de la colonne funéraire de François II. dans la chapelle d'Orléans, aux Célestins, à Paris.

Piédestaux par saillies & retraites. Ce sont des piédestaux qui, sous un rang de colonnes, forment un avant - corps au droit de chacune, & un arriere - corps dans chaque intervalle. De cette espece sont les piédestaux des amphithéâtres antiques de l'arc de Titus à Rome, & les piédestaux corinthiens, & composites de la cour du Louvre.

Les piédestaux que les Architectes appellent acroteres; ils sont fort petits, & ordinairement sans base; ils servent à porter des figures au - bas des corniches rampantes, & au - haut des frontons.

La plûpart des commentateurs de Vitruve, après diverses opinions sur l'interprétation de ces mots: scamilli impares, escabeaux impairs, sont enfin d'avis qu'ils signifient cette disposition de piédestaux.

Pour ce qui regarde les piédestaux toscans, doriques, ioniques, corinthiens & composites, voyez l'ordonnance des cinq especes de colonnes, selon la méthode des anciens, par M. Perrault. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PIÉDOUCHE (Page 12:570)

PIÉDOUCHE, s. m. (Archit.) c'est une petite base longue ou quarrée, en adoucissement, avec moulures, qui sert à porter un buste, ou une petite figure.

PIEGE (Page 12:570)

PIEGE, s. f. (Chasse.) on se sert de ce terme pour tout cé qui sert à attraper les oiseaux, le gibier & toutes les bêtes nuisibles. Chacun en invente à sa mode. Les trapes, les traquenards, les bascules sont des pieges pour les loups & les renards; il y a des pieges de fer qui se bandent & se lâchent pour prendre des fouines & autres animaux.

Ce mot se prend aussi au figuré. On dit le piege de la beauté; le piege de la galanterie; le piege du destin; le piege de la vanité.

Piége (Page 12:570)

Piége, s. m. (Chasse.) c'est proprement toute machine ou toute invention destinée à surprendre des animaux. Il ne se dit guere qu'au figuré, par rapport aux hommes: ce n'est pas au propre que les fripons tendent des piéges aux honnétes gens, ni que les sots donnent dans le panneau. On verra dans les Planches relatives à la chasse, des modeles des différentes especes de piége: on a choisi ceux que l'usage a principalement consacrés, parce que l'expérience les a fait reconnoître comme les meilleurs.

Il est nécessaire, pour tendre heureusement des piéges, de bien connoître l'instinct & les habitudes des animaux qu'on cherche à prendre; cette science n'est pas fort étendue à l'égard des frugivores; ils ne sont pas naturellement défiants, parce que les besoins ordinaires de la vie ne les forcent pas à l'exercice de l'attention. Ordinairement il suffit de bien remarquer le lieu par lequel ils passent habituellement, & d'y tendre un colet. Comme leur maniere de vivre est simple, leurs habitudes sont uniformes; ils ne soupçonnent point les embûches qu'on leur prépare, parce qu'ils ne sont jamais dans le cas d'en tendre à d'autres. Il ne faut pas non plus beaucoup d'art pour prendre les oiseaux, parce qu'ils n'ont point l'usage du nez, qui pour une partie des quadrupedes est un organe de défiance & un instrument de sûreté. On attire facilement les oiseaux frugivores avec du grain, & les carnassiers avec une proie sanglante; on peut même sans ce secours prendre beaucoup d'oiseaux de proie, en plaçant simplement sur un poteau un petit traquenard, parce que ces oiseaux ont naturellement de l'inclination à venir se percher sur ce poteau. Mais il faut beaucoup plus d'habileté & de connoissances pour tendre avec succès des piéges aux animaux qui vivent de rapine, sur - tout dans les pays où l'expérience les a rendus soupçonneux, & où l'habitude de rencontrer des dangers les saisit presque continuellement d'une crainte qui va jusqu'à balancer leurs appétits les plus violens. Alors il est nécessaire de connoître les refuites les plus compliquées de ces animaux, de les attirer, de les affriander, & d'écarter des appâts qu'on leur présente tout soupçon de danger, ce qui souvent est assez difficile. D'abord en doit s'assurer avec beaucoup de soin des lieux qui leur servent de retraite pendant le jour, de ceux où ils vont faire leur nuit, & de l'étendue de pays qu'ils parcourent habituellement. On prend des connoissances en suivant leurs traces par le pié, & on en juge encore par leurs abattis & leurs laissées. D'après ces points donnés, on peut choisir le lieu où il convient le mieux de les attirer par quelque appât, & on doit porter jusqu'au scrupule l'attention d'examiner le vent, afin que cet appât puisse surement frapper leur nez lorsqu'ils seront sortis de leurs retraites. Le choix & la composition des appâts entrent pour quelque chose dans les connoissances d'un tendeur de piéges: il y a beaucoup de gens qui se vantent d'avoir là - dessus des secrets; mais en général les chairs grillées, les fritures & les graisses devenues odorantes par la cuisson, font le fond & l'essentiel des appâts. Le point impor<pb-> [p. 571] tant est de bien connoître les ruses des animaux, & de ne manquer ni d'attention ni de vigilance. On doit bien se garder de décréditer son appât, en y joignant des piéges dès le premier jour. L'odeur du fer devient suspecte à tous les animaux expérimentés, dans les pays où le fer sert communément à leur destruction; mais comme il est essentiel que les piéges soient couverts de terre ameublie ou de sable, afin que le sentiment en soit dérobé sans que la force du ressort en soit affoiblie, il est nécessaire de parer d'avance les places où les piéges doivent être placés. Il faut que ces places soient disposées de maniere que l'animal en suivant ses allures naturelles passe dessus pour aller à l'appât qu'on lui présente; lorsqu'il a franchi cet appareil pendant deux ou trois nuits, on peut être raisonnablement assuré qu'avec des piéges bien tendus on en sera maître. La maniere dont on tend le piége doit être proportionnée à la pesanteur de l'animal qu'on cherche à prendre: pour un loup, il peut être tendu assez ferme: il faut beaucoup de légereté pour un renard; mais pour tous il doit être enterré de maniere que l'odeur n'en perce pas, & ne puisse point distraire l'animal de l'impression que lui fait l'appât qu'il évente. On frotte les piéges pour les dégoûter, de différentes herbes aromatiques, & l'on se sert aussi de la graisse même de l'appât: tout cela est bon, mais à - peu - près inutile, lorsque d'ailleurs toutes les précautions que nous avons indiquées sont bien prises. Quelques tendeurs de piéges sont dans l'usage d'attacher leurs traquenards avec un piquet; mais par - là on s'expose à voir l'animal au désespoir se couper le pié pour échaper à la mort. La meilleure pratique est de laisser entraîner le piége, avec lequel il ne va jamais fort loin; on peut seulement l'embarrasser de quelque branche qui en retardant encore plus sa marche, ne lui fait pas perdre entierement l'espérance de parvenir à se cacher. Voilà les principaux élémens de l'art de tendre des piéges; mais il n'est point de préceptes en ce genre qui puissent dispenser des connoissances, qu'on n'acquiert que par i'usage & l'attention vigilante. Voyez Instinct, Loup, Renard &c. Article de M. Leroi.

PIEMONT (Page 12:571)

PIEMONT, (Géog. mod.) contrée d'Italie, bornée au nord par le Vallais, au midi par le comté de Nice & l'état de Gènes, au levant par le duché de Milan, & au couchant par le Dauphiné. Ses principales rivieres sont le Pô, le Tanaro, la Doria, la Bormia & la Sture.

Les montagnes qui entourent le Piémont abondent en mines d'argent, de fer & de caivre. Voyez Allionii oryctographia Pedemontana, Taurini, 1757. in - 8°.

Les rivieres fournissent des poissons excellens, & les forêts nourrissent quantité de bêtes sauves. Le terroir est fertile en blé, en vin; & en fruits; aussi est - il fort peuplé. Un autre grand avantage du Piémont, est d'avoir une noblesse nombreuse & distinguée, ce qui rend la cour de Turin extrèmement brillante. La religion du pays est la catholique romaine. On y compte plus de trente abbayes, & de riches commanderies.

Le fils aîné du roi de Sardaigne portoit autrefois le titre de prince de Piémont; il porte aujourd'hui celui de duc de Savoie. Le Piémont comprend de Piémont propre, le duché d'Aoste, la seigneurie de Verceil, le comté d'Ast, le comté de Nice & le marquisat de Salusses: Turin en est la capitale.

La contrée de Piémont qui a le titre de principauté, est une des plus considérables, des plus fertiles & des plus agréables de toute l'Italie. Le nom de Piémont, que l'on rend en latin par celui de Pedemontium, n'est guere usité que depuis six à sept siecles. Il a été occasionné par la situation du pays, au pié des Alpes maritimes, cottiennes & grecques, au milieu desquelles se trouve le Piémont. Autrefois cette con<cb-> trée faisoit partie des plaines de la Ligurie: dans la suite elle fit partie de la Cisalpine; & après cela elle devint une portion du royaume de Lombardie. Sa longueur peut être de cent vingt mille pas, & sa largeur d'environ quatre - vingt - dix mille.

On croit que le Piemont fut premierement habité par les Umbriens, les Etrusques, & les Liguriens t les Gaulois qui entrerent en Italie, sous la conduite de Brennus & de Bellovese, s'établirent en partie dans ce pays qui dans la suite fut occupé par divers peuples, & partagé entr'eux Les Liguriens surnommés Statielli habiterent la partie orientale. Les Vagenni, ou Bagienni leur succéderent dans le pays qui est entre le Pô & le Tanaro. Les Taurini s'établirent entre le Pô & la petite Doire, Doria riparia, & s'étendirent dans la suite jusqu'aux Alpes. Les Salassi, divisés en supérieurs & en inférieurs, habiterent entre les deux Doires. Enfin les Libici, Lebui ou Lebetii, occuperent cette partie de la Gaule Cisalpine, qui forme les territoires de Verceil & de Biele entre la grande Doire, Doria baltea, & la Sesia.

Il y a eu anciennement dans cette contrée un grand nombre de villes dont la situation est connue, & dont la plûpart subsistent encore aujourd'hui. De ce nombre sont:

Taurinorum augusta, Turin.  Ceba, Ceva.
Eporedia, Ivrée:            Verrucium, Verrue.
Vercelloe Libicorum, Ver - Bardum, Bardo.
   ceil.                          Ocella, Usseglio.
Augusta proetoria, Aouste.  Cottia, Coazze.
Asta pompeia, Asti.         Salatioe, Salassa.
Alba pompeîa, Albe.         Caristium, Cairo.
Segusium, Suse.             Mons - Jovis, Mont - Jouet.
Careja potentia, Chieri.    Pollentia, Pollenzo, ville
Augusta Bagiennorum,             ruinée.
    Benne.

Les anciennes villes dont on connoît le nom, mais dont on ignore la situation, sont, Forum Julii, Forum Vibrii, Iria, Autilia.

Entre les anciennes villes du Piémont, Turin, Aoste, Verceil, Asti, Ivrée & Albe eurent l'avantage de recevoir de bonne heure l'Evangile, & d'avoir des évêques. Depuis l'an 1515, l'évêque de Turin a été élevé à la dignité archiépiscopale. Il se trouve aussi dans le Piémont plusieurs villes décorées du titre de cités ducales. Charles - Emanuel I. du nom, choisit douze de ces villes pour en faire les capitales d'autant de provinces, afin que la justice pût être administrée avec plus d'ordre dans son Piémont. Ces douze villes furent Turin, Ivrée, Asti, Verceil, Montdovi, Salusses, Savigliano, Chieri, Bielle, Suse, Pignerol, Aouste. Il faut enfin remarquer que la plûpart de ces villes sont fortifiées, & que l'on y tient garnison pour la sûreté du pays. (D. J.)

PIENZA (Page 12:571)

PIENZA, (Géog. mod) en latin Corsinianum, ville d'Italie, en Toscane, dans le Siennois, sur les confins de l'état de l'Eglise, entre Monte - Pulciano & San - Quirino, Long. 29. 20. lat. 43. 6.

C'est la patrie d'Enée Sylvius, en latin AEneas Sylvius, quireçut le jour en 1405. Dès qu'il fut parvenu à la papauté, il prit le nom de Pie II. & pour illustrer le lieu de sa naisiance, qui s'appelloit auparavant Corsignii, il l'érigea en ville épiscopale suffragante de Sienne; il la fit nommer Pienza, de son nom de Pie.

Enée Sylvius étoit de l'illustre famille des Picolomini. Sa mere enceinte de lui, songea qu'elle étoit accouchée d'un enfant mitré; & comme c'étoit alors la coutume de dégrader les clercs en leur mettant une mitre de papier sur la tête, elle crut que son fils seroit la honte de sa famille; mais la suite justifia le contraire. Cependant les pere & mere d'Enée Sylvius étoient si pauvres, qu'il fallut que leur fils, au sortir de l'école, commençât à gagner son pain par les

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