ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"516"> & qu'il y a eu des hommes assez impies pour mêler avec tout cela de l'eau benite, du saint - chrême, des reliques des saints, des fragmens d'ornemens d'église, &c. On a des exemples de personnes ainsi maléficiées & précipitées dans une rage d'amour; mais l'auteur que nous venons de citer prétend qu'un philtre ne peut pas agir à moins qu'il n'y ait dans la personne à qui on l'a donné, un penchant & des dispositions à aimer la personne qui le lui a donné, & encore qu'un ferme refus de consentement de la part de la premiere empêche l'effet du philtre. Delrio, Disquisit. magic. lib. III. part. I. quaest. iij. sect. 1 & 2.

On entend par véritables philtres ceux qui peuvent concilier une inchnation mutuelle entre une personne & une autre, par l'interposition de quelque moyen naturel & magnétique qui transplante, pour ainsi dire, l'affection. Mais on demande s'il est des philtres de cette nature; & d'ordinaire on répond que non. Quelques - uns croient avoir des expériences contraires. On dit que si un homme met un morceau de pain sous son aisselle, pour l'imbiber de sa sueur & de la matiere de l'insensible transpiration, le chien qui en aura mangé ne le quittera jamais. On tient qu'Hartmannus ayant donné un philtre tiré des végétaux à un moineau, cet oiseau ne le quitta plus depuis, demeurant avec lui dans son cabinet, & volant pour le suivre quand il visitoit ses malades. Vanhelmont a écrit qu'ayant tenu une certaine herbe dans sa main durant quelque tems, & pris ensuite la patte d'un petit chien de la même main, cet animal le suivit partout & quitta son premier maître. Le même auteur ajoûte que les philtres demandent une consermentation de mumie, pour attirer l'amour à un certain objet, & rend par - là raison pourquoi l'attouchement d'une herbe échauffée transplante l'amour à un homme ou à une brute. C'est, dit - il, parce que la chaleur qui échauffe l'herbe n'étant pas seule, mais animée par les émanations des esprits naturels, détermine l'herbe vers soi & se l'identifie; & ayant reçu ce ferment, elle attire magnétiquement l'esprit de l'autre objet, & le force d'aimer ou de prendre un mouvement amoureux; delà il conclut qu'il y a des philtres déterminés. Les malades, après avoir mangé ou bu quelque chose, soupçonnent quelquefois certaines personnes de leur avoir donné quelque charme, & se plaignent principalement du desordre de l'esomac & de l'esprit. On dit encore que la passion amoureuse causée par un philtre revient périodiquement. Le docteur Langius témoigne qu'il a guéri un Jeune homme, qui ayant mangé à quatre heures après midi, la moitié d'un citron qu'il avoit reçu d'une femme, sentoit tous les jours à la même heure un amour empressé qui le faisoit courir de côté & d'autre, pour la chercher & la voir. Cela lui duroit une heure; & comme il ne pouvoit satisfaire son envie, à cause de l'absence de cette femme, son mal augmenta & le jetta dans un état pitoyable. Les philtres causent de fréquentes manies & assez souvent la perte de la mémoire. Il peut y avoir des breuvages qui produisent cet effet; mais il est difficile de croire qu'il y en ait qui inspirent de l'amour plûtôt pour une personne que pour une autre. Dictionn. des arts.

PHILYRA (Page 12:516)

PHILYRA, s. f. (Littérat.) peau fort déliée qui se trouve entre l'écorce des arbres & l'aubier; les anciens en faisoient des bandelettes, dont ils entrelaçoient leurs couronnes de fleurs: le tilleul étoit particulierement estimé pour cet usage. (D. J.)

PHILYRES (Page 12:516)

PHILYRES, (Géog. anc.) peuples qui habitoient sur le Pont - Euxin, selon Etienne le géographe. Valerius Flaccus Apollinius, l. II. met dans le Pont Euxin une île appellée Philyrida, qui pouvoit tirer son nom de celui de ses peuples, ou lui avoir donné le sien; & il y a apparence que ce sont les maisons des Phily - res qu'Ovide, Métamorph. lib. VII. appelle philyrea tecta. (D. J.)

PHIMOSIS (Page 12:516)

PHIMOSIS, s. m. (Chirurgie.) c'est une maladie de la verge, dans laquelle le prépuceest collé & fortement resserré sur le gland; de maniere qu'on ne peut pas le tirer en - arriere, pour découvrir le gland. V. Giand, Prépuce. Ce mot est grec; il signifie proprement une ligature avec une ficelle, FIMWSIS2 signifiant ligature faite avec une corde.

Quelquefois un phimosis cache des chancres qui sont sur le gland, ou qui l'environnent. Il est quelquefois si violent, qu'il cause une inflammation & enfin la gangrene dans cette partie.

On distingue le phimosis en naturel & en accidentel. Le naturel vient de naissance; il n'est point ordinairement dangereux, à moins qu'il n'y survienne une inflammation par l'acrimonie de l'urine, si elle séjourne long - tems entre le gland & le prépuce. L'accidentel est benin ou malin. Le premier vient de quelque cause externe qui irrite le prépuce, y attire une inflammation & un gonflement, & le fait tellement resserrer, qu'il se forme à son extrémité un bourrelet circulaire qui l'empêche de se renverser & de découvrir le gland. Le phimosis malin est semblable à celui - ci; mais il reconnoît pour cause un virus vénérien; il survient souvent à la chaudepisse, aux chancres, & à d'autres maladies vénériennes qui attaquent la verge.

Le phimosis naturel peut mettre dans le cas d'une opération, même sans qu'il y survienne d'inflammation. Si l'ouverture du prépuce ne répondoit pas précisément à l'orifice de l'uretre, l'urine ne sortiroit point par un jet continu, mais s'épancheroit entre le gland & le prépuce. Le défaut de soin dans ce cas a souvent donné lieu à la concrétion de l'urine, & conséquemment à la formation des pierres dans cette partie. Si l'on a soin de presser le prépuce après qu'on a uriné, on évitera cet inconvénient; mais on sent que ces personnes sont hors d'état d'avoir des enfans, parce qu'il arrivera à la liqueur séminale ce qui arrive à l'urine. Une petite scarification au prépuce à l'un des côtés de la verge, lui donnera la facilité de découvrir l'orifice de l'uretre, & levera les obstacles qui s'opposent à l'éjaculation.

On a imaginé un petit instrument d'acier élastique. pour dilater le prépuce trop étroit. Voyez fig. 5. Planche VII. L'extrémité antérieure se met dans le trou du prépuce, & on dilate les branches, en lâchant la vis qui les contient.

Lorsque le phimosis est accidentel, il faut saigner le malade relativement à la nature & aux progres de l'inflammation, faire des injections adoucissantes entre le prépuce & le gland, appliquer des cataplasmes anodins & résolutifs, en observant la situation de la verge, qui doit être couchée sur le ventre, pour les raisons que nous avons dites au mot Paraphimosis: ce n'est qu'après avoir employé tous ces moyens sans succès, qu'on doit en venir à l'opération.

Le malade peut être assis dans un fauteuil, ou rester couché sur le bord de son lit. Le chirurgien prend la verge de sa main gauche, & tient de sa main droite des ciseaux droits & mousses; il introduit une des deux lames à plat, entre le prépuce & le gland au - delà de la couronne; on en releve ensuite la lame, & on coupe tout ce qui est compris entre deux. Cette incision doit se faire au milieu de la partie supérieure, à l'opposite du filet. Si le prépuce étoit chancreux ou infiltré d'une lymphe gangreneuse, comme je l'ai vu presque toujours lorsque le phimosis a été négligé, il faut emporter tout le prépuce en ôtant les levres de la plaie obliquement pour aller mourir au filet qu'il n'est point nécessaire de couper. Cela se fait avec les ciseaux ou avec le bistouri.

La perfection de l'opération du phimosis consiste à couper également la peau & la membrane interne du [p. 517] prépuce. Pour cet effet, il ne faut point tirer la peau vers le gland; car par la section on mettroit une partie des corps caverneux à découvert: il faut au contraire retirer la peau de la verge vers le pubis, avant de couper.

Feu M. de la Peyronie a corrigé l'ancien bistouri herniaire pour cette opération. Voyez Bistouri herniaire. L'usage des ciseaux doit autant qu'il est possible être proscrit de la chirurgie opératoire. L'in<-> on du prépuce se fait bien plus facilement avec un bistouri qui coule le long d'une sonde cannelée qu'on a introduite preliminairement entre le prépuce & le gland.

Le premier appareil de l'opération du phimosis consiste à arrêter le sang avec de la charpie seche. Les plaies qui en résultent suppurent les jours suivans; & l'on dirige les soins pour en obtenir la cicatrice le plûtôt qu'il est possible. Voyez Plaie, Ulcer. (Y)

PHINTHIA (Page 12:517)

PHINTHIA, (Géog. anc.) 1°. ville de Sicile, que l'on juge avoir été dans l'endroit où est aujourd'hui Liata, & où l'on découvre un grand nombre d'antiquités. 2°. Phimhia est encore une fontaine de Sicile: Pline raconte d'après Appien, mais sans en rien croire, que tout ce qui y étoit jetté surnageoit. Elle étoit apparemment au voisinage de la ville Phinthia.

PHINTONIS (Page 12:517)

PHINTONIS, insula, (Géog. anc.) ile de la mer Mediterranée, entre la Sardaigne & l'ile de Coëse, selon Pline. l. III. c. vij. & Ptolomée, l. III. c. iij. Les uns croient que c'est aujour d'hui l'île de Figo, isola di Figo, & d'autres la prennent pour isola Rossa. (D. J.)

PHIOLE (Page 12:517)

PHIOLE, s. f. (Gramm.) c'est une petite bouteille de verre mince. Voyez Virre. Ce mot est forme du grec FIALH, qui signifie la même chose.

Phiole élémentaire (Page 12:517)

Phiole élémentaire, (Phys.) vase dans lequel on met divers solides & liquides, dont chacun se place selon sa différente gravité spécisique, de maniere que le tout représente les quatre élémens ainsi nommés vulgairement; savoir, la terre, l'eau, l'air & le feu.

Il y a différentes manieres de faire la phiole des quatre élémens; voici une des meilleures. Prenez de l'émail noir grossierement cassé, qui ira au fond du vaisseau de verre, & il representera la terre. Pour l'eau, avez du tartre calciné, ou des cendres gravelées; laissez - les à l'humidité, & prenez la dissolution qui s'en fera, & sur - tout celle qui era la plus claire: melez - y un peu d'azur de roche, pour y donner la couleur d'eau de mer. Pour l'air, il faut avoir de l'eau - de - vie la plus subtile, que l'on teindra en bleu celeste avec un peu de tournesol. Enfin pour représenter le feu, prenez de l'huile de lin, ou de l'huile de térébenthine qui se fait ainsi. Distillez de la térébenthine au bain - marie, l'eau & l'huile monteront ensemble également blanches & transparentes, cependant l'huile surnagera. Il la faut séparer avec un entonnoir de verre; ensuite teignez - la en couleur de feu, avec de l'orcanette & du safran. Si vous la distillez au sable dans une cornue, il viendra de la térébenthine restée au fonds de l'alembic, une huile épaisse & rouge, qui est un très - excellent baume. Toutes ces matieres sont tellement différentes en poids & en figures, que quand on les brouille par quelque violente agitation, on voit à la vérité pour un peu de tems un vrai cahos, & une confusion telle, qu'on s'imagineroit que tous les petits corps de ces liqueurs sont pêle - mêle, sans aucun rang; mais à peine a - t - on cessé d'agiter ces substances, qu'on voit chacune retourner en son lieu naturel, & tous les corpuscules d'un même ordre s'unir pour composer un volume séparé absolument des autres. Cette expérience fait donc voir, comment les corpuscules les plus légers cedent aux plus pesans, & passent réciproquement entre les pores les uns des autres, pour aller pren<cb-> dre leur place naturelle. La différente figure empêche tellement que les corps qu'on mêle ne se confondent, & que quelqu'inséparables qu'ils paroissent les uns des autres dans le mêlange qu'on en fait, ils ne laissent pas de se démêler; de maniere que si on met de l'eau dans du vin, on peut en retirer l'eau assez facilement. Il ne faut qu'avoir une tasse faite d'un tronc de lierre, on y verse le vin & l'eau m<-> lés; à peine sont - ils dedans, que l'eau passe, se filtre au - travers des pores de la tasse, & laisse le vin qui ne peut passer, parce que la figure de ses corpuscules n'a point de proportion avec les inteistices qui sont dans le bois de lierre; c'est ainsi enfin qu'il y a des fleuves qui conservent leur cours, & même la douceur de leurs eaux durant plusieurs lieues, après être entres dans la mer. Article de M. Formey.

PHISIQUE (Page 12:517)

PHISIQUE, s. f. Voyez Physique.

PHLAGUSA (Page 12:517)

PHLAGUSA, (Géog. anc.) ville de la Chersonèse, voisine de la ville de Troye, où l'on voyoit le tombeau de Protesilaüs; cette ville avoit un port nommé Crater, selon Hygin. (D. J.)

PHLEBOTOMIE (Page 12:517)

PHLEBOTOMIE, s. f. en Medecine & en Chirurgie, c'est ce que l'on appelle saignée, c'est - à - dire l'art ou l'opération de tirer du sang. Voyez Sang.

Ce mot est compose du grec FLEY, & TEMNEIN, couper.

La phlébotomie est une espece d'évacuation de la plus grande importance en Médecine; sur ce que nous allons dire, on peut prendre une idée de s effets, avec raison de ses usages.

Il est évident que le sang poussé hors du coeur, en frappant sur le sang qui le précéde, & le chassant en avant, lui communique une partie de son propre mouvement; & qu'ainsi ce mouvement en est rallenti d'autant; par conséquent si l'on tire du sang de la veine basil que du bras droit, celui qui lui succede, ou celui qui est porté par l'artere axillaire ou la sous - claviere droite, sera moins embarrasse dans son mouvement qu'il ne l'étoit auparavant que cette veine fût ouverte; car une partie du sang étant ôtée par l'ouverture de cette veine, il en reste une moindre quantité dans la veine axillaire, ou bien il y a moins de sang contenu entre l'extrémité la plus éloignée de l'artere axillaire & le coeur, qu'il n'y en avoit auparavant; c'est pourquoi en faisant sortir le sang par la veine, ce qui en reste dans l'artere sera moins embarrassé dans son mouvement qu'avant cette ouverture. Voyez Pouls.

Ainsi le sang de cette artere qui communique avec la veine qui est ouverte, coulera avec plus de vitesse après cette ouverture qu'il ne faisoit auparavant; par conséquent, lorsque le sang sort par la veine du bras, celui qui est poussé du coeur dans l'aorte, trouve moins de resistance dans le tronc ascendant que dans le tronc descendant, il coulera donc plus vite dans l'ascendant que dans le descendant; & par conséquent aussi, il trouvera moins de résistance dans l'artere sous claviere droite, que dans la gauche.

Enfin il paroît de - là, qu'après avoir tiré du sang d'une veine du bras droit, celui qui reste dans l'artere axillaire droite coulera avec une plus grande tesse dans l'artere de ce bras qui lui est contigu, que par l'artere thorachique ou la scapulaire droite, qui lui est aussi contiguë; parce que quand on ne suppose pas que le sang est tire de quelque veine correspondante à l'artere thorachique, ou dans laquelle cette artere se décharge, il y a à proportion un plus grand obstacle au mouvement du sang dans l'artere thorachique, que dans celle du bras; mais comme la vîtesse du sang dans l'artere sous - claviere ou dans l'axillaire droite, est plus grande que dans la gauche; la vîtesse dans l'artere thorachique droite sera aussi plus grande que dans l'artere thorachique gauche

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