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PHIDITIES (Page 12:501)
PHIDITIES, s. m. pl. (Antiq. gréq. & de Lacédem.) Phiditia, les phiditiues etoient des repas publies qui se donnoient en Grece. Ils furent institués par Lycurgue. Ce legislateur voulant faire plus vivement la guerre à la mollesse & au luxe, & achever de deraciner l'amour des richesses, fit à Lacedemone l'etablissement des repas publics. Il en ecarta toute somptuosité & toute magnificence: il ordonna que tous les citoyens mangeroient ensemble des mêmes viandes qui etoient réglées par la loi; & il leur défendit expressement de manger chez eux en particulier.
Les tables étoient de quinze personnes chacune, un peu plus ou un peu moins; & chacun apportoit par mois un boisseau de farine, huit mesures de vin, cinq livres de fromage, deux livres & demie de sigues, & quelque peu de leur monnoie pour acheter de la viande. Il est vrai que quand quelqu'un faisoit chez lui un sacrifice, ou qu'il avoit été à la chasse, il envoyoit une piece de sa victime ou de sa venaison, à la table dont il étoit; car il n'y avoit que ces deux occasions où il fût permis de manger chez soi; savoir, quand on étoit revenu de la chasse fort tard, & que l'on avoit achevé fort tard son sacrifice: autrement on étoit obligé de se trouver au repas public; & cela s'observa fort long - tems avec une très - grande exactitude, jusques - là que le roi Agis, qui revenoit de l'armée, après avoir défait les Atheniens &, qui vouloit souper chez lui avec sa femme, ayant envoyé demander ses portions dans la salle, les polémarques les lui resuserent; & le lendemain Agis ayant négligé par dépit d'offrir le sacrifice d'actions de graces, comme on avoit accoutumé après une heureuse guerre, ils le condamnerent à une amende qu'il fut obligé de payer.
Les enfans même se trouvoient à ces repas, & on les y menoit comme à une écolo de sagesse & de tempérance. Là, ils entendoient de graves discours sur le gouvernement; ils voyoient des maîtres qui ne pardonnoient rien, & qui railloient avec beaucoup de liberté, & ils apprenoient eux - mêmes à railler sans aigreur & sans bassesse, & à souffrir d'être raillés; car on trouvoit que c'étoit une qualité digne d'un lacédemonien, de supporter patiemment la raillerie. S'il y avoit quelqu'un qui ne pût la souffrir, il n'avoit qu'à prier qu'on s'en abstînt, & l'on cessoit sur l'heure.
A mesure que chacun entroit dans la salle, le plus vieux lui disoit en lui montrant la porte, rien de tout cequi a été dit ici, ne sort par là.
Quand quelqu'un vouloit être reçu à une table, voici de quelle maniere on procédoit à son élection, pour voir s'il étoit agréé dans la compagnie: ceux qui devoient le recevoir parmi eux, prenoient chacun une petite boule de mie de pain. L'esclave qui
Après qu'ils avoient mangé & bu très - sobrement, ils s'en retournoient chez eux sans lumiere: car il n'étoit pas permis de se faire éclairer, Lieurgue ayant voulu que l'on s'accoutumât a marcherhardiment partout de nuit & dans les ténebres. Voilà quel étoit l'ordre de lour repas.
Par cet établissement des repas communs, & par cette srugale simplicité de la table, on peut dire que Lycurgue sit changer en quelque sorte, de nature aux richesses, en les mettant hors d'état d'être desirées, d'être volees, & d'enrichir leurs possesseurs; car il n'y avoit plus aucun moyen d'user ni de jouir de son opulence, non pas même d'en faire parade, puisque le pauvre & le riche mangeoient ensemble en même lieu; & il n'étoit pas permis devenir se présenter aux salles publiques, après la précaution d'avoir pris d'autre nourriture, parce que tous les convives observoient avec grand soin celui qui ne buvoit & ne mangeoit point, & lui réprochoient son intempérance ou sa trop grande délicatesse, qui lui faisoient mépriser ces repas publics.
Les riches furent extrèmement irrités de cette ordonnance, & ce fut à cette occasion que dans une émeute populaire, un jeune homme nommé Alcandre créva un oeil à Lycurgue d'un coup de bâton. Le peuple irrité d'un tel outrage, remit le jeune homme entre les mains de Lycurgue qui sut bien s'en venger; car d'emporte & de violent qu'étoit Alcandre, il le rendit tres - sage & très - modéré.
Les repas publics étoient aussi fort en usage parmi
les philosophes de la Grece. Chaque secte en avoit
d'établis à certains jours avec des fonds & des revenus,
pour en faire la dépense; & c'étoit, comme le
remarque Athenée
Rienne ressembloit mieux à ces festinsphilosophiques, que les agapes, ou repas de charité des premiers chretiens qui faisoient même une partie du service divin dans les jours solemnels; mais comme les meilleures choses degénerent insensiblement, le luxe y prit la place de la modestie, & la licence qui ose tout, en chassa la retenue. On fut enfin obligé de les supprimer.
Meursius a épuisé tout ce qui regarde les phidities, lisez - le. (D. J.)
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