ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"470"> Une infinité d'exemples nous prouvent que la terre renferme des pétrifications de cette espece, elles portent si distinctement la forme du corps animal ou végétal qu'elles étoient originairement, qu'il est impossible de s'y tromper; c'est ainsi que nous avons un grand nombre de bois pétrifiés. En Franche - Comté, près de Salins, on à trouvé une assez grande quantité de noix & de noisettes entierement changées en pierre. On a trouvé aussi des châtaignes, des pommes de pin, & d'autres fruits semblables véritablement pétrifiés; mais il faut convenir que l'on voit souvent dans les collections des curieux des pierres que l'on veut faire passer pour des pétrifications, & qui ne sont réellement redevables de leur figure qu'à des effets du hasard.

Quelques naturalistes ont été très - curieux de savoir combien la nature employoit de tems à la pétrification, ils ont cru que cela pourroit faire connoître l'antiquité de notre globe. L'empereur François I. actuellement regnant, dont le goût pour l'histoire naturelle est connu de tout le monde, fit tirer du Danube un pilotis qui avoit servi à un pont que Trajan a fait bâtir sur ce fleuve en Servie. Ce pilotis étoit pétrifié tout autour à - peu - près d'un travers de doigt d'epaisseur. Il paroit que cette voie seroit très peu sure pour nous faire découvrir l'âge du monde, vû que certaines eaux sont plus chargées que d'autres de molécules lapidisiques, certains terreins peuvent être plus propres que d'autres à la pétrification, & quelques substances peuvent être plus disposées que d'autres à recevoir les sucs pétrifians; nous en avons un exemple dans le lac d'Irlande, que l'on nomme Lough - neagh. Voyez cet article. ( - )

PÉTRIN (Page 12:470)

PÉTRIN, s. m. (Boulang.) est une espece de coffre dans lequel on pétrit le pain. Il est fermé d'un couvercle qu'on appelle tour, parce qu'il sert à tourner le pain, & qui est environné tout autour, excepté sur le devant, d'une bordure de planche haute d'environ trois pouces, qui va toujours en rétrécissant sur les côtés jusqu'à la hauteur du devant. Voyez la fig. Pl. du Boulanger.

PÉTRINAL ou POITRINAL (Page 12:470)

PÉTRINAL ou POITRINAL, s. m. (Art. milit.) étoit, selon Nicot, une espece d'arquebuse plus courte que le mousquet, mais de plus gros calibre, qui à cause de sa pesanteur étoit attaché à un large baudrier pendant en écharpe de l'épaule, & couché sur la poitrine de celui qui le portoit. On appelloit poitrinatier l'homme de guerre qui se servoit du poitrinal dans le combat. Il est fait mention de cette arme dans une relation du siége de Rouen par Henri IV. en 1592; il y a long - tems qu'elle n'est plus en usage. (Q)

PETRINIA (Page 12:470)

PETRINIA, (Géog. mod.) petite ville de la Croatie, sur la riviere de Pétrinia, qui se jette dans le Kulpe: elle appartient à la maison d'Autriche, a été bâtie en 1592, & est à sept lieues E. de Carlestadt. Long. 34. 15. lat. 45. 46. (D.J.)

PETRINUM SINUESSANUM (Page 12:470)

PETRINUM SINUESSANUM, (Géogr. anc.) lieu d'Italie, dans la Campànie. Horace, l. I. epist. v. v. 5. en fait mention. Il promet à Torquatus du vin qui croissoit entre Minturne & Sinuesse, dans le lieu qu'il appelle Petrinum Sinuessanum: c'étoit vraissemblablement une montagne qui commandoit la ville de Sinuesse, & où il y a maintenant un bourg avec un petit fort, qu'on nomme Rocca di monté Ragoné, où l'on cueilloit autrefois un des meilleurs vins de l'Italie.

PÉTROCORES, les (Page 12:470)

PÉTROCORES, les, (Géogr. anc.) Petrocorii, peuples de la Gaule, dont Jules - César fait mention parmi les Celtes, & qu'Auguste comprit dans l'Aquitaine. Ils habitoient les pays que renferment les diocèses de Périgueux & de Sarlat; car Sarlat a été tiré de l'ancien diocèse de Périgueux; le nom moderne de ces peuples est corrompu de l'ancien: on les ap<cb-> pelle présentement Périgourdins; le pàys se nomme Périgord, & leur capitale Périgueux.

PETROMANTALUM (Page 12:470)

PETROMANTALUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule lyonnoise. L'itinéraire d'Amonin la met sur la route de Coesaromagas (Beauvais), à Lutetia. Il marque de Petromantalum à Briva Isaroe (Pontoise), quatorze lieues gauloises, ainsi, selon M. l'abbé Bel ley, Mém. des Inser. tom. XIX. in - 4°. c'est peut - étre Magny. M. de Valois croit qu'il faut placer Petromantalum à Mante; mais on a de la peine a croire que la grande route de Beauvais à Paris eût descendu jusqu'à Mante, pour passer ensuite à Briva Isaroe (Pontoise): cependant si les disterentes distance de l'Itinéraire convenoient à Mante, l'opinion de M. de Valois seroit plus que probable. (D. J.)

PETRIR (Page 12:470)

PETRIR, (Boulang.) c'est mêler l'eau, le levain & la farine, & former à bras ou autrement la pâte à faire le pain. L'avantage principal de pétrir consiste à distribuer également l'air, l'eau & le levain dans tout le corps de la pâte, afin que la fermentation s'établisse par - tout, en même tems, & également dans la masse. En conséquence plus le pain est pétri, meilleur il est, plus il y a d'yeux. Les yeux du pain sont - ils formés par l'eau mise en expamion par l'action du feu, tandis que le pain cuit, ou par la dilatation de l'air enferme dans la pâte, en le pétrissant? c'est ce qui n'est pas encore déterminé. Il est sûr que le pain mal pétri est lourd, mal - sain, & sans yeux. Quant à ces bulles qu'on voit se sammer à la pâte tout en la pétrissant, je me trompe fort, ou c'est l'effet d'un commencement de fermentation, dans lequel une portion d'air se separe, comme il arrive dans toute autre fermentation, dans un fluide même où l'on voit des bulles se former. Or ces bulles sont, toutes choses égales d'ailleurs, le phén même des yeux formes dans la pâte & pendant qu'on la pétrit, & quand elle cuit au four.

PETROBRUSIENS (Page 12:470)

PETROBRUSIENS, s. m. pl. (Hist écclés.) secte d'hérétiques qui parurent en France vers l'an 1120, & qui prirent ce nom de leur chef Pierre de Bruys, provençal.

Un moine nommé Henri se mit aussi à leur tête, ce qui leur sit donner le nom d'Henriciens. Voyez Henriciens.

Pierre le vénérable abbé de Cluny a fait un traité contre les Petrobrusiens, dans la prétace duquel il réduit leurs erreurs à cinq chefs principaux. 1°. Ils nioient que le baptême fut nécessaire ni même utile aux enfans avant l'âge de raison, parce que, disoient - ils, c'est notre propre foi actuelle qui nous sauve par le baptême. 2°. Qu'on ne devoit point bâtir d'églises, mais au contraire les détruire, les prieres étant selon eux aussi bonnes dans une hôtellerie que dans un temple, & dans une étable que sur un antel. 3°. Qu'il falloit bruler toutes les croix, parce que les chrétiens devoient avoir en horreur tous les instrumens de la passion de Jesus - Christ leur chef. 4°. Que Jesus - Christ n'est pas réellement présent dans l'Eucharistie. 5°. Que les sacrifices, les aumônes & les prieres, ne servent de rien aux morts.

On les a aussi accusés de manichéisme, & ce n'est pas à tort, car il est prouvé qu'ils admettoient deux principes comme les anciens manichéens, il l'est par Roger de Hoveden dans ses annales d'Angleterre, qu'à l'exemple de ces hérétiques, les Petrobrusiens ne recevoient ni la loi de Moise, ni les prophetes ni les Pseaumes, ni l'ancien Testament, & par Radulphe Ardens, auteur du xj. siecle, qui rapporte que les hérétiques d'Agenois se vantent de mener la vie des apôtres, disent qu'ils ne mentent point & ne jurent point, condamnent l'usage des viandes & du mariage, rejettent l'ancien Testament & une partie du nouveau, & ce qui est de plus terrible admettent doux créateurs, disent que le sacrement de l'autel n'est [p. 471] que du pain tout pur; méprisent le baptême & la resurrection des morts; or ces hérétiques d'Agenois du XI n'étoient autres que les Petrobrusiens & les Henriciens dont la secte s'étoit répandue en Gascogne & dans les provinces voisines, & c'étoient là sans doute des Manichéens bien marqués, dit M. Rosnet, Hist. des Variat. liv. XI. num. 42. pag. 146. tom. II. C'est donc à tort que M. Chambers accuse le P. Langlois d'avoir voulu par un faux zele noircir les Petrobrufiens d'une accusation de manichéisme; c'est contre les auteurs contemporains qu'il faudroit intenter cette accusation; mais on sait le motif qui porte les Protestans à écarter ce soupçon de manichéisme des héretiques qui dans le xj. siecle ont nié la présence réelle, & l'on peut voir ce que M. Bossuet a répondu à ce sujet au ministre la Roque. Hist. des Variat. tom. II. Liv. XI. n. c. xxx. & suiv. pag. 199. & suiv.

PETRO - JOANNITES (Page 12:471)

PETRO - JOANNITES, s. m. pl. (Hist. ecelés.) nom de quelques sectaires assez obscurs, ainsi nommés d'un certain Pierre Jean ou Pierre fils de Jean, qui parut dans le xij. siecle. Ses opinions ne furent connues qu'après sa mort, & son cadavre fut déterré & brulé.

Ses erreurs se réduisoient à dire que lui seul avoit la connoissance du vrai sens dans lequel les apôtres avoient prêché l'évangile, que l'ame raisonnable n'étoit point la forme du corps, qu'aucune grace ne nous est infuse par le baptême, & que Jesus - Christ étoit encore vivant sur la croix lorsqu'on perça le côté avec une lance. Prateol.

PETROL (Page 12:471)

PETROL, s. m. (Hist. nat. des huiles minér.) on disoit auparavant pétréol; en italien petroglio, en anglois pet oly ou rock - oil. Huile minérale, subtile, inflammable, d'une odeur forte de bitume, & de différente couleur.

Les hommes rapportent tout assez volonciers à leurs goûts, ou à leurs passions. Il y a peu de nos dames qui ignorent la cause à laquelle Rousseau attribue la mort de l'amoureux sils d'Alcmene, & peut - être pensent - elles comme ce poëte. Pour moi qui ne songe qu'à la nature du pétrol, & qui suis rem pli des détails qu'en racontent divers auteurs; je m'imagine avec quelques - uns d'eux, que la robe fatale qu'on supposoit teinte du sang de Nessus, & que Déjanire envoya ensuite à Hercule, de même que celle que Médée envoya à Glaucé, causerent la mort du ravisseur d'Iole, & de la fille de Créon, parce que ces deux robes avoient été trempées dans le pétrol, qu'on trouvoit aux environs de Babylone.

Ce pétrol ou ce naphte de Babylone, étoit d'une nature si subtile, qu'il s'enflammoit dès qu'on l'approchoit du feu, & l'on ne pouvoit l'éteindre qu'en étouffant ce feu avec de la boue, du vinaigre, de l'alun & de la glu: Alexandre en fit l'expérience sur un jeune garçon, qu'on eut bien de la peine à sauver. Ces faits qu'on lit dans l'histoire, m'ont conduit à rechercher avec avidite les observations de nos meilleurs physiciens sur ce bitume liquide.

Les noms du pétrol chez les anciens. Le nom de naphte que porte le pétrol, dérive du chaldéen noph, découler, parce qu'il découle & dégoute des rochers, tantôt plus liquide, & tantôt moins; le prophete Daniel ch iij v. 46. dit que l'on alluma la fournaise où l'on devoit jetter Misack, Sidrack & Abdenage, avec du naphte, de la poix & d'autres matieres combustibles; mais le naphte dont il s'agit ici, est le pissasphalte ou le bitume de Judée. De même, quand il est dit dans la genèse, ch. xj. v. 3, que les murs de la tour de Babel étoient liés avec un mortier où il entroit beaucoup de naphte; ce mot désigne du pissasphalte, espece de bitume qui mêlé avec le limon argilleux, fait un ciment pour joindre les pierres des murailles, lequel tient lieu de celui que l'on fait avec la chaux. C'est avec ce ciment que Vitruve pense que les murs de Babylone ont été bâtis; cependant les Babyloniens nommoient proprement naphte une huile blanche, ou noire, qui découloit de quelques fontaines auprès de Babylone.

Les Grecs appelloient communément le naphte, PETRELAION, c'est - à - dire huile de pierre; d'autres simplement huile, ou huile par excellence, & quelques - uns E/LAION\ *MHDEIAS2, huile de Médée, ce qui justifie ma conjecture sur la mort de Créuse; les Latins disoient petroleum par syncope, parce qu'elle découle des roches. Nicolas Myrepse le nomme MU/R(ON T AGI *BARBAR), huile de sainte Barbe, d'autres, huile de sainte Catherine & huile sainte, quelques - uns enfin IAFQA/, A/PQA/, du verbe T A)PESTAI, qui signifie être allumé. Saint Ambroise tire l'origine du mot naphte, de SNA/PTEIN, attacher, lier, joindre, parce que le naphte, dit - il, colle, joint, unit; mais cela n'est vrai que du pissasphalte, & l'étymologie chaldéenne de naphte paroît la seule bonne.

Ses noms dans nos auteurs modernes. Nos naturalistes modernes nomment l'huile de pétrol, naphta, naphta alba, & nigra, Kempf. Amoen. 274. petroleum, oleum petroe; bitumen liquidum olco simile, quod innatat lacubus. Kentm. 20.

Le pétrol est une huile naturelle. Outre ces huiles artificielles & végétales, c'est - à - dire tirées des plantes par expression, il y en a de naturelles & de minérales, qui sortent d'elles - mêmes des entrailles de la terre. On les appelle en général, huiles de pétrol, parce qu'elles sortent de quelques fentes de pierres. Le pétrol est donc un bitume liquide qui ne differe que par sa liquidité des bitumes solides, tels que l'asphaltum ou le bitume de Judée, l'ambre; le jayet, &c. Il est de différentes couleurs, blanc, jaune, roux, verd, noirâtre, suivant les lieux qui le produisent.

On en trouve aux Indes, en Asie, en Perse, &c. Il y a quelques pays chauds des Indes & de l'Asie qui fournissent du pétrol. Dans l'île de Sumatra, on en recueille une espece très - célébre, fort estimée, & on l'appelle miniar - tannah, qui signifie huile de terre. L'on en tire une grande quantité de certaines sources qui sont près de Hit en Chaldée, selon Edrissi. On en trouve aussi dans les montagnes de Farganah dans la province de Transoxane, selon Ebu Hancal. Oléarius assure qu'il en a vû plusieurs sources auprès de Scamachie en Perse, aujourd'hui Schirvan, ville renversée de fond en comble par un horrible tremblement de terre.

Nous ne voyons point en Europe aucun des pétrols dont nous venons de parler, & nous ne connoissons que ceux de France & d'Italie. Ce dernier pays abonde en huile de pétrol, qui se trouve dans les duchés de Modene, de Parme & de Plaisance.

On tire le pétrol en quantité de différents puits & de plusieurs fontaines dans le duché de Modene, car tout le Modénois paroît rempli de cette huile bitumineuse, mais sur - tout elle abonde auprès du fort de Mont - Baranzon, dans un lieu appellé il Fiumetto. On creuse des puits de 30 ou 40 brasses de profondeur, jusqu'à ce qu'il paroisse une source d'eau mêlée avec de l'huile. Les puits que l'on creuseau bas des collines, fournissent une grande quantité d'huile rousse; ceux que l'on creuse au haut donnent une huile blanche, mais en moindre quantité. Il y a encore dans le même pays dans une vallée très - stérile du bailliage de Mont - festin, un grand rocher à douze milles de Modene; du côté du mont Apennin, près du mont Gibbius, d'où découle continuellement une fontaine d'eau, où nage le pétrol; elle est si abondante, que deux fois la semaine, on en retire environ six livres chaque fois.

On trouve aussi du pétrol en France, mais grossier.

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