ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"406"> panier qui puisse entrer dans la chaudiere, & y ranger les suites de façon qu'elles y soient un peu serrées pour qu'elles ne varient point, & avoir soin que le panier soit aussi bien fermé; c'est la même chose pour la frisure à l'angle sur rien: quand les suites sont dans le panier, & le panier dans la chaudiere, & que l'eau commence à bouillir (chose qu'il faut observer pour tous), l'on prend un litron de sarine que l'on délaye bien dans de l'eau chaude. Lorsqu'elle est bien délayée, on la jette dans la chaudiere: on la laisse bouillir; après quoi, on fait sécher les cheveux sur l'étuve comme les autres. Et, pour s'assurer qu'ils sont secs, il faut voir si la ficelle y tourne: au lieu de les mettre dans un pâté comme les autres, on a une cucurbite que l'on met dans un chaudron ou dans une marmite. On fait bouillir au bain - marie pendant huit heures. La cucurbite doit être bouchée avec de la laine. Il en faut deux bouchons. afin que lorsque le premier a pris l'humidité des cheveux, on puisse remettre le second, tandis que le premier se seche, & ainsi alternativement jusqu'à la sin des huit heures. Voilà tout ce qui regarde le bouillissage & le séchage des cheveux; opérations très - nécessaires à faire exactement, si l'on veut que l'ouvrage soit d'un bon usé.

Il faut que les cheveux soient bien froids avant que de les décorder: décorder des cheveux, c'est défaire la ficelle & ôter les moules; cela se doit exécuter avec attention, & ne pas négliger de bien remettre toujours la frisure dans son centre. Après les avoir décordés, il faut les détacher paquet à paquet de la ficelle qui les tient enfilés, & commencer par les plus longs.

Avant que d'aller plus loin, nous allons dire un mot de la maniere dont on travaille le crin.

H faut d'abord le mettre en paquet, & le tirer par la tête & par la pointe, comme les cheveux; faire une eau de savon, le savonner à plusieurs reprises, comme l'on savonne le linge sin; avoir une eau d'indigo, le passer à cette eau, & le friser comme les cheveux, excepté qu'il faut employer des moules plus gros, & monter la frisure moins haut. Après l'avoir retiré de l'eau d'indigo, on le soufre comme les bas de soie & la blonde.

Il y a des Perruquiers dans certaines provinces où l'on ne paye point les perruques, qui y mettent beaucoup de poil de chevre. Ce poil se blanchit beaucoup & donne une très - belle couleur, mais il ne dure pas; il se coupe en le peignant. On le travaille de même que le crin.

Pour revenir au dégagement, après avoir défait les paquets de la ficelle, en commençant par les plus longs, il est à propos d'avoir son seran bien attaché devant soi. Alors on prend deux ou trois paquets dont l'on a débourré la tête sur le seran; on les tient bien ferme, & on les ratisse à plusieurs reprises sans peigner; on les égalise bien par la pointe, & on les peigne ensuite du côté de la tête en les tenant toujours bien ferme, afin qu'ils ne se dérangent point, ce qui est très - essentiel. Quand les paquets auront été bien peignés & qu'ils passeront aisément dans le seran, on les mêlera avec le doigt, comme nous avons dit ci - devant, on les repeignera par la pointe, & on recommencera par la tête en continuant toujours de les mêler jusqu'à ce que la frisure soit bien ouverte, & que le corps des cheveux n'ait plus de mauvais pli: après quoi on les attachera avec du fil bien ferme, & on les mettra en boucle du bon côté; on commencera par les plus longs, & l'on continuera jusqu'aux plus courts.

Voilà tout ce qui concerne le dégagement du crin, des cheveux, du poil sec: car, dans certaines provinces, il y a des Perruquiers qui se servent de laine de Barbarie, & la travaillent comme le poil. Cette iaine est d'un très - mauvais usé. Si l'on les perruques des spectacles, c'est qu'on la ment de diverses couleurs.

Il y a une sorte de cheveux, que l'on appelie veux herbés: on les travaille à - peu - près de la ma suivante. L'on prend des coupes de cheveux noirs. bruns, rouges ou châtains; on les tresse sur du gros fil ou sur une petite ficelle: on prend des passés très gros du paquet, ou autrement dit d'une coupe, que l'on treste à simple tour, comme nous l'e ci - après. Ainsi tressés, on les lessive & on les prepare comme la toile bise que l'on veut blanchir en les mettant sur l'herbe: c'est d'où ils tirent le nom de cheveux herbés. L'on s'en sert pour donner la conleur aux poeuds des perruques nouées, & au derriere des perruques à bourse: ils ne sont bons qu'à être mêlés avec d'autres cheveux; & si on les employoit seuls, ils seroient d'un très - mauvais usé, car au blanchissage ils perdent leur force & leur substance: c'est des Anglois que nous tenons cette nthode qui nous dispense depuis environ 40 ans de mettre dans les noeuds des perruques nouées & au derriere des perruques à bourse des bons cheveux, qui en augmenteroient le prix de beaucoup, san qu'elles en durassent davantage.

Lorsque les cheveux sont tous dégagés, il faut les enfiler avec une aiguille & du fil un peu fort tous par étage, afin de les trouver plus aisément quand on veut les tirer; c'est alors que la carde faite en équerre devient utile. Après qu'on l'a attachée ferme devant soi, on prend un ou deux paquets que l'on vient de dégager, on les remêle par la tête, comme on l'a déja dit, on observant de les tenir toujours bien égaux par la pointe. Après les avoir renoués à une certaine hauteur, on les étend sur un des côtés de la carde qui se présente en long jusqu'au fil. Après quoi on met une carde pareille par - dessus, alors on retire des paquets des petits, de la grosseur d'une plume. S'ils se trouvent bien épointés, on en retire une moindre quantité, parce qu'il faut qu'ils se trouvent quarrés par la tête & par la pointe. Si les paquets sont à - peu - près quarrés, on peut tirer plus des petits. Il ne faut pas attendre que la carde soit entierement vuide, mais sur la fin des premiers en remettre d'autres dans l'autre côté de la carde, les bien mêler; à mesure que l'on tire un des paquets, le bien égaliser, le peigner dans la carde, le nouer par la tête, le remettre en boucle, & faire la même chose jusqu'à la fin des suites, soit de cheveux, de crin, de poil. Après avoir tiré le tout, il est à propos de le partager en plusieurs suites, & de les enfiler par la tête avec une aiguille & du fil, comme nous avons dit cidevant pour les cheveux plats.

Il s'agit maintenant du préparage. Il n'est pas trop aisé d'en faire une description exacte, car il dépend de l'idée & du goût de l'ouvrier: voici cependant comment l'on s'y prend communément. Si l'on veut préparer une perruque nouée, un peu ample, c'est - à - dire une perruque pour une personne d'un certain âge, il faut que les cheveux soient un peu crêpés (nous avons oublié de dire que quand on dégage les cheveux crêpés, il faut avoir l'attention de les passer dans le seran jusqu'à ce que le crêpe soit bien ouvert). Nous parlerons d'abord de la perruque nouée, parce que c'est la premiere qui ait été inventée; quoiqu'elle ne paroisse guere imiter les cheveux, elle les imitoit cependant dans le tems où l'on commença à la porter, parce que l'on ne connoissoit ni la bourse ni la queue. Les soldats même qui avoient les cheveux longs, les officiers, les bourgeois partageoient leurs cheveux en deux par derriere, les ramenoient en - devant & les nouoient comme les noeuds de nos perruques nouées.

Si l'on fait une perruque courte & légere, il n'est [p. 407] pas à propos qu'il y ait du crêpé. Dans les premiers tems, on faisoit les perruques à devans hauts, garnis, gonslés, & longue suite, comme nous avons dit cidevant: elles etoient si longues, qu'elles alloient jusqu'au 18 ou 20, & on les portoit en - devant. Pour peu qu'un homme eût le visage maigre, il en étoit si offusqué qu'à peine lui voyoit - on le visage. Ces longues perruques étoient faites en pointe, & se terminoient par un boudin.

Pour la préparation, il faut prendre des cheveux crêpés, comme nous l'avons dit. L'ouvrier a devant lui une regle, sur laquelle sont marqués les étages; il commence par les plus longs. Supposé que l'on fasse un préparage de perruque nouée sur le 11 ou le 12, l'on commence par les longs; on prend 5 ou 6 des petits paquets que l'on met juste au 12. Il est à propos pour le bas de la nouure de mêler du 11 dans le 12, pour qu'il se trouve épointée, & faire ainsi la même chose à tous les paquets jusqu'à l'1, qui est le plus court.

Si c'est une perruque grisaille que l'on prépare, que les paquets ne soient pas tous d'une même longueur, & qu'il s'en trouve quelques - uns de plus noir, on y mêle un petit paquet blanc. S'il y en avoit de trop blanc, on y en ajouteroit de plus gris ou même de noir.

Après avoir bien mêlé & remêlé tous les paquets, il faut les remettre les uns après les autres dans les cardes, les tirer bien quarrés, les nouer ferme avec du fil, & faire la même chose à tous. Ensuite on coupe des bandes de papier blanc un peu fort; elles doivent être plus larges pour les paquets longs que pour les courts, autrement la frisure seroit gênée. Après avoir roulé un ou deux fois les bandes de papier sur le fil qui attache les paquets & renoué la papillote, or les numerote depuis l'1, jusqu'au plus long. Ces numeros empêchent que l'on ne se trompe en tressant. Ensuite on les remet en boucle: l'on prend un des bâtons du métier dont nous avons parlé. On a de la soie de Grenade, qu'autrefois l'on choississoit violette, & une carte à jouer que l'on coupe en long en deux parties. L'on fait un petit trou à l'un des bouts, l'on y attache la soie que l'on roule sur la carte aux environs de cinq ou six aunes; on répete cela six fois; quand on en a disposé trois, ce qui suffit pour tresser un des côtés: l'on ne fait point toucher la quatrieme aux autres: entr'elle & latroisieme, pour ne se pont embarrasser en travaillant, on laisse l'intervalle d'un doigt. L'on arrange ainsi six cartes, quoiqu'il n'en faille que trois pour tresser un côté de la perruque. Mais pour avoir plus égalité, on tresse une hoche de chaque paquet, jusqu'à la fin de chaque rang. En s'y prenant ainsi, les deux côtés de la perruque se trouvent exécutés en même tems & également; à la fin de chaque rang, on les met en boucles, l'un devant soi & l'autre à côté.

Les six soies étant arrangées dans l'ordre que nous venons de dire, il faut avoir à l'autre bâton pareil un petit clou d'épingle attaché à - peu - près à un demi - pié du bas du bâton, & le courber, & faire un noeud de tisseran aux six soies que l'on passe dans la pointe du clou. Nous avons dit plus haut que l'on plaçoit les deux bâtons dans les trous d'une barre de bois; mais cela ne se pratique guere. L'on fait deux trous sur la table, & l'on y plante les bâtons: cette maniere est plus commode; on n'est point obligé de tenir une barre sur ses genoux, & lorsqu'on tresse, les bâtons toujours tendus ne sont point sujets à se déranger: cependant si la table étoit entierement occupée, un ouvrier avec une barre pourroit tresser séparément sans être gêné. Après avoir mis les bâtons dans les trous & avoir attaché les six soies, comme nous avons dit, il faut les tendre également en tournant la carte sur le bâton entre le pouce & le premier doigt; & en faisant sonner les soies avec les doigts, comme lorsqu'on accorde un instrument, on s'assure qu'elles sont tendues également. Nous expliquerons plus bas la maniere de tresser.

Autrefois les ouvriers prenoient la mesure à peu près sur la tête qu'ils croyoient propre avant de faire la monture; aujourd'hui que l'on opere plus justement & plus finement, on fait les montures de tête avant que de prendre la mesure.

Les montures faites, voici comment l'on prend la mesure d'une tête. L'on a une bande de papier gris ou blanc un peu fort, on la coupe un peu en pointe d'un côté pour y distinguer un bout qu'on appelle le commencement. Quand une personne a les cheveux bien plantés, c'est - à - dire qu'ils ne sont ni trop hauts ni trop bas; il faut prendre depuis la racine du toupet jusques dans la fossete du col, & faire avec des ciseaux une hoche à la mesure, comme font les tailleurs; ensuite on passe les bouts de la mesure sur le bord d'une tempe en l'étendant sur le derriere de la tête jusqu'à l'autre tempe, ensuite il faut avoir le tour, & pour cet effet saisir la mesure par les deux bouts & en placer le milieu dans la fossette du col, rapprocher les bouts en devant, passer sur les oreilles, & remonter jusqu'à l'extremité des cheveux sur le front. Si la monture est à oreilles, il faut passer au - dessus d'une oreille, s'avancer par - dessus la tête jusqu'à l'autre oreille, & toujours observer de faire des hoches pour reconnoître les points. Si la tête dont on prend mesure est bien proportionnée, la hauteur de l'oreille fait la profondeur du devant au derriere: toutes les dimensions prises, il faut écrire sur chaque hoche le point que l'on vient de prendre, comme la profondeur du devant en derriere, d'une tempe à l'autre, au tour de l'oreille & autour de la tête; il faut ensuite avoir du ruban que l'on appelle ruban de tour fil & soie, ou tour de soie, mais le premier vaut mieux. On les employe de deux couleurs, rose & gris de maure; la largeur du ruban peut être d'un pouce & demi, il y en a de deux ou trois lignes au - dessus comme au - dessous; pour que le ruban soit bon, il faut qu'il soit bien frappe & que la litiere soit bonne de chaque côté, afin qu'en y passant l'éguille avec le fil elle ne casse pas: une mouture de perruque en prend une demi - aune & demi - quart. Si la monture est pleine & fermée on en replie un peu de chaque bout qu'on cout jusqu'aux trois quarts de la largeur; ensuite l'on prend exactement le milieu d'un des remplis à l'autre, & on le marque d'un trait fait avec de l'encre; on a des clous d'épingle ni trop gros ni trop petits, on place le trait que l'on a fait avec de l'encre sur le ruban dans la raie qui se trouve sur les têtes à monter. Cette raie en marque exactement le milieu, on y fixe le ruban par un clou siché sur le devant, & puis par un second fiché sur le derriere; si l'on veut faire une pointe au front, il faut prendre un autre clou, le sicher sur le ruban à la distance de trois lignes de celui du milieu, & relever le ruban un peu de chaque côté; la pointe pour la grandeur d'un front bien fait est ordinairement, tout bien compassé, de cinq pouces & demi ou six pouces, par conséquent si on la fait de 6 pouces il faut observer de renverser le ruban, ou de l'échancrer de trois pouces de chaque côté, puis l'arrêter par un clou ou deux de chaque côté, qui le maintienne également; cela ne doit être pratiqué qu'après l'avoir bien compassé également, car la premiere chose qui saute à la vue c'est son inégalité, la perruque en paroît de travers. Ensuite à l'endroit de la couture on place deux autres clous sur la raie également en observant que si la personne a un cou gras & court, il faut les placer plus haut pour que le derriere releve, & que si la personne est maigre & a le col long, il faut pratiquer le contraire. Cela fait,

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