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Il faut que les cheveux soient bien froids avant que de les décorder: décorder des cheveux, c'est défaire la ficelle & ôter les moules; cela se doit exécuter avec attention, & ne pas négliger de bien remettre toujours la frisure dans son centre. Après les avoir décordés, il faut les détacher paquet à paquet de la ficelle qui les tient enfilés, & commencer par les plus longs.
Avant que d'aller plus loin, nous allons dire un mot de la maniere dont on travaille le crin.
H faut d'abord le mettre en paquet, & le tirer par la tête & par la pointe, comme les cheveux; faire une eau de savon, le savonner à plusieurs reprises, comme l'on savonne le linge sin; avoir une eau d'indigo, le passer à cette eau, & le friser comme les cheveux, excepté qu'il faut employer des moules plus gros, & monter la frisure moins haut. Après l'avoir retiré de l'eau d'indigo, on le soufre comme les bas de soie & la blonde.
Il y a des Perruquiers dans certaines provinces où l'on ne paye point les perruques, qui y mettent beaucoup de poil de chevre. Ce poil se blanchit beaucoup & donne une très - belle couleur, mais il ne dure pas; il se coupe en le peignant. On le travaille de même que le crin.
Pour revenir au dégagement, après avoir défait les paquets de la ficelle, en commençant par les plus longs, il est à propos d'avoir son seran bien attaché devant soi. Alors on prend deux ou trois paquets dont l'on a débourré la tête sur le seran; on les tient bien ferme, & on les ratisse à plusieurs reprises sans peigner; on les égalise bien par la pointe, & on les peigne ensuite du côté de la tête en les tenant toujours bien ferme, afin qu'ils ne se dérangent point, ce qui est très - essentiel. Quand les paquets auront été bien peignés & qu'ils passeront aisément dans le seran, on les mêlera avec le doigt, comme nous avons dit ci - devant, on les repeignera par la pointe, & on recommencera par la tête en continuant toujours de les mêler jusqu'à ce que la frisure soit bien ouverte, & que le corps des cheveux n'ait plus de mauvais pli: après quoi on les attachera avec du fil bien ferme, & on les mettra en boucle du bon côté; on commencera par les plus longs, & l'on continuera jusqu'aux plus courts.
Voilà tout ce qui concerne le dégagement du crin, des cheveux, du poil sec: car, dans certaines provinces, il y a des Perruquiers qui se servent de laine de Barbarie, & la travaillent comme le poil. Cette
Il y a une sorte de cheveux, que l'on appelie > veux herbés: on les travaille à - peu - près de la ma> suivante. L'on prend des coupes de cheveux noirs. bruns, rouges ou châtains; on les tresse sur du gros fil ou sur une petite ficelle: on prend des passés très gros du paquet, ou autrement dit d'une coupe, que l'on treste à simple tour, comme nous l'e> ci - après. Ainsi tressés, on les lessive & on les prepare comme la toile bise que l'on veut blanchir en les mettant sur l'herbe: c'est d'où ils tirent le nom de cheveux herbés. L'on s'en sert pour donner la conleur aux poeuds des perruques nouées, & au derriere des perruques à bourse: ils ne sont bons qu'à être mêlés avec d'autres cheveux; & si on les employoit seuls, ils seroient d'un très - mauvais usé, car au blanchissage ils perdent leur force & leur substance: c'est des Anglois que nous tenons cette n>thode qui nous dispense depuis environ 40 ans de mettre dans les noeuds des perruques nouées & au derriere des perruques à bourse des bons cheveux, qui en augmenteroient le prix de beaucoup, san qu'elles en durassent davantage.
Lorsque les cheveux sont tous dégagés, il faut les enfiler avec une aiguille & du fil un peu fort tous par étage, afin de les trouver plus aisément quand on veut les tirer; c'est alors que la carde faite en équerre devient utile. Après qu'on l'a attachée ferme devant soi, on prend un ou deux paquets que l'on vient de dégager, on les remêle par la tête, comme on l'a déja dit, on observant de les tenir toujours bien égaux par la pointe. Après les avoir renoués à une certaine hauteur, on les étend sur un des côtés de la carde qui se présente en long jusqu'au fil. Après quoi on met une carde pareille par - dessus, alors on retire des paquets des petits, de la grosseur d'une plume. S'ils se trouvent bien épointés, on en retire une moindre quantité, parce qu'il faut qu'ils se trouvent quarrés par la tête & par la pointe. Si les paquets sont à - peu - près quarrés, on peut tirer plus des petits. Il ne faut pas attendre que la carde soit entierement vuide, mais sur la fin des premiers en remettre d'autres dans l'autre côté de la carde, les bien mêler; à mesure que l'on tire un des paquets, le bien égaliser, le peigner dans la carde, le nouer par la tête, le remettre en boucle, & faire la même chose jusqu'à la fin des suites, soit de cheveux, de crin, de poil. Après avoir tiré le tout, il est à propos de le partager en plusieurs suites, & de les enfiler par la tête avec une aiguille & du fil, comme nous avons dit cidevant pour les cheveux plats.
Il s'agit maintenant du préparage. Il n'est pas trop aisé d'en faire une description exacte, car il dépend de l'idée & du goût de l'ouvrier: voici cependant comment l'on s'y prend communément. Si l'on veut préparer une perruque nouée, un peu ample, c'est - à - dire une perruque pour une personne d'un certain âge, il faut que les cheveux soient un peu crêpés (nous avons oublié de dire que quand on dégage les cheveux crêpés, il faut avoir l'attention de les passer dans le seran jusqu'à ce que le crêpe soit bien ouvert). Nous parlerons d'abord de la perruque nouée, parce que c'est la premiere qui ait été inventée; quoiqu'elle ne paroisse guere imiter les cheveux, elle les imitoit cependant dans le tems où l'on commença à la porter, parce que l'on ne connoissoit ni la bourse ni la queue. Les soldats même qui avoient les cheveux longs, les officiers, les bourgeois partageoient leurs cheveux en deux par derriere, les ramenoient en - devant & les nouoient comme les noeuds de nos perruques nouées.
Si l'on fait une perruque courte & légere, il n'est [p. 407]
Pour la préparation, il faut prendre des cheveux crêpés, comme nous l'avons dit. L'ouvrier a devant lui une regle, sur laquelle sont marqués les étages; il commence par les plus longs. Supposé que l'on fasse un préparage de perruque nouée sur le 11 ou le 12, l'on commence par les longs; on prend 5 ou 6 des petits paquets que l'on met juste au 12. Il est à propos pour le bas de la nouure de mêler du 11 dans le 12, pour qu'il se trouve épointée, & faire ainsi la même chose à tous les paquets jusqu'à l'1, qui est le plus court.
Si c'est une perruque grisaille que l'on prépare, que les paquets ne soient pas tous d'une même longueur, & qu'il s'en trouve quelques - uns de plus noir, on y mêle un petit paquet blanc. S'il y en avoit de trop blanc, on y en ajouteroit de plus gris ou même de noir.
Après avoir bien mêlé & remêlé tous les paquets, il faut les remettre les uns après les autres dans les cardes, les tirer bien quarrés, les nouer ferme avec du fil, & faire la même chose à tous. Ensuite on coupe des bandes de papier blanc un peu fort; elles doivent être plus larges pour les paquets longs que pour les courts, autrement la frisure seroit gênée. Après avoir roulé un ou deux fois les bandes de papier sur le fil qui attache les paquets & renoué la papillote, or les numerote depuis l'1, jusqu'au plus long. Ces numeros empêchent que l'on ne se trompe en tressant. Ensuite on les remet en boucle: l'on prend un des bâtons du métier dont nous avons parlé. On a de la soie de Grenade, qu'autrefois l'on choississoit violette, & une carte à jouer que l'on coupe en long en deux parties. L'on fait un petit trou à l'un des bouts, l'on y attache la soie que l'on roule sur la carte aux environs de cinq ou six aunes; on répete cela six fois; quand on en a disposé trois, ce qui suffit pour tresser un des côtés: l'on ne fait point toucher la quatrieme aux autres: entr'elle & latroisieme, pour ne se pont embarrasser en travaillant, on laisse l'intervalle d'un doigt. L'on arrange ainsi six cartes, quoiqu'il n'en faille que trois pour tresser un côté de la perruque. Mais pour avoir plus égalité, on tresse une hoche de chaque paquet, jusqu'à la fin de chaque rang. En s'y prenant ainsi, les deux côtés de la perruque se trouvent exécutés en même tems & également; à la fin de chaque rang, on les met en boucles, l'un devant soi & l'autre à côté.
Les six soies étant arrangées dans l'ordre que nous venons de dire, il faut avoir à l'autre bâton pareil un petit clou d'épingle attaché à - peu - près à un demi - pié du bas du bâton, & le courber, & faire un noeud de tisseran aux six soies que l'on passe dans la pointe du clou. Nous avons dit plus haut que l'on plaçoit les deux bâtons dans les trous d'une barre de bois; mais cela ne se pratique guere. L'on fait deux trous sur la table, & l'on y plante les bâtons: cette maniere est plus commode; on n'est point obligé de tenir une barre sur ses genoux, & lorsqu'on tresse, les bâtons toujours tendus ne sont point sujets à se déranger: cependant si la table étoit entierement occupée, un ouvrier avec une barre pourroit tresser séparément sans être gêné. Après avoir mis les bâtons dans les trous & avoir attaché les six soies, comme nous avons dit, il faut les tendre également en tournant la carte sur le bâton entre le pouce & le premier
Autrefois les ouvriers prenoient la mesure à peu près sur la tête qu'ils croyoient propre avant de faire la monture; aujourd'hui que l'on opere plus justement & plus finement, on fait les montures de tête avant que de prendre la mesure.
Les montures faites, voici comment l'on prend la
mesure d'une tête. L'on a une bande de papier gris
ou blanc un peu fort, on la coupe un peu en pointe
d'un côté pour y distinguer un bout qu'on appelle le
commencement. Quand une personne a les cheveux
bien plantés, c'est - à - dire qu'ils ne sont ni trop hauts
ni trop bas; il faut prendre depuis la racine du toupet
jusques dans la fossete du col, & faire avec des
ciseaux une hoche à la mesure, comme font les tailleurs;
ensuite on passe les bouts de la mesure sur le
bord d'une tempe en l'étendant sur le derriere de la
tête jusqu'à l'autre tempe, ensuite il faut avoir le
tour, & pour cet effet saisir la mesure par les deux
bouts & en placer le milieu dans la fossette du col,
rapprocher les bouts en devant, passer sur les oreilles,
& remonter jusqu'à l'extremité des cheveux sur
le front. Si la monture est à oreilles, il faut passer au - dessus
d'une oreille, s'avancer par - dessus la tête jusqu'à l'autre oreille, & toujours observer de faire
des hoches pour reconnoître les points. Si la
tête dont on prend mesure est bien proportionnée,
la hauteur de l'oreille fait la profondeur du devant
au derriere: toutes les dimensions prises, il faut
écrire sur chaque hoche le point que l'on vient de
prendre, comme la profondeur du devant en derriere,
d'une tempe à l'autre, au tour de l'oreille & autour
de la tête; il faut ensuite avoir du ruban que l'on appelle
ruban de tour fil & soie, ou tour de soie, mais
le premier vaut mieux. On les employe de deux
couleurs, rose & gris de maure; la largeur du ruban
peut être d'un pouce & demi, il y en a de deux ou
trois lignes au - dessus comme au - dessous; pour que
le ruban soit bon, il faut qu'il soit bien frappe & que
la litiere soit bonne de chaque côté, afin qu'en y
passant l'éguille avec le fil elle ne casse pas: une
mouture de perruque en prend une demi - aune &
demi - quart. Si la monture est pleine & fermée on en
replie un peu de chaque bout qu'on cout jusqu'aux
trois quarts de la largeur; ensuite l'on prend exactement
le milieu d'un des remplis à l'autre, & on le
marque d'un trait fait avec de l'encre; on a des clous
d'épingle ni trop gros ni trop petits, on place le trait
que l'on a fait avec de l'encre sur le ruban dans la
raie qui se trouve sur les têtes à monter. Cette raie en
marque exactement le milieu, on y fixe le ruban par
un clou siché sur le devant, & puis par un second fiché
sur le derriere; si l'on veut faire une pointe au
front, il faut prendre un autre clou, le sicher sur le
ruban à la distance de trois lignes de celui du milieu,
& relever le ruban un peu de chaque côté; la pointe
pour la grandeur d'un front bien fait est ordinairement,
tout bien compassé, de cinq pouces & demi
ou six pouces, par conséquent si on la fait de 6 pouces
il faut observer de renverser le ruban, ou de l'échancrer
de trois pouces de chaque côté, puis l'arrêter
par un clou ou deux de chaque côté, qui le
maintienne également; cela ne doit être pratiqué
qu'après l'avoir bien compassé également, car la premiere
chose qui saute à la vue c'est son inégalité,
la perruque en paroît de travers. Ensuite à l'endroit
de la couture on place deux autres clous sur la raie
également en observant que si la personne a un cou
gras & court, il faut les placer plus haut pour que le
derriere releve, & que si la personne est maigre &
a le col long, il faut pratiquer le contraire. Cela fait,
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