ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"402"> en estjaune. Ceux qui ont été blonds ne sont pas d'une si bonne qualité que ceux qui ont été roux; ceux - ci sont très - fortes & beaucoup meilleurs. Le corps en est continu. La pointe en reste toujours fine, & boucle naturellement. Ces cheveux n'ont point de prix.

Toutes ces couleurs forment une longue suite de nuances changeantes & perceptibles d'une année à une autre, à les examiner de l'instant où ils tirent à la blancheur.

Il y a cette différence des personnes blondes aux autres, que plus elles avancent en âge, plus leurs cheveux brunissent, & par conséquent valent moins; & qu'aux autres au contraire, plus ils blanchissent en avançant en âge, plus leurs cheveux augmentent en couleur & en force. Il faut pourtant observer que cette augmentation ne se fait communément que jusqu'à l'âge de 60 ans, âge au - delà duquel les cheveux ne prennent plus la même nourriture, & deviennent plus secs & plus filasseux.

L'on observe en général que les cheveux des personnes qui ne se livrent à aucun excès se conservent long - tems, & que ceux au contraire des hommes livrés à la débauche des femmes, ou des femmes livrées à l'usage des hommes, ont moins de seve, sechent, & perdent de leur qualité.

Dans les pays où la biere & le cidre sont la boisson commune, les cheveux sont meilleurs que par - tout ailleurs. Les Flamands ont les cheveux excellens, la biere les nourrit & les graisse. Ces peuples sont presque tous ou blonds, ou d'un châtain clair. On les distingue facilement pour peu que l'on ait d'expérience. Ils s'éclaircissent au bouillissage, au lieu que les cheveux blonds des autres pays y brunissent.

Les Perruquiers préferent communément les cheveux de femmes aux cheveux d'hommes, quoique pourtant il s'en trouve de ces derniers d'une bonne qualité.

Les cheveux des femmes de la campagne se conservent plus long - tems que les cheveux des femmes qui habitent les villes. Les paysannes les ont toujours renfermes sous leur bonnet, ne les poudrent jamais, & ne les exposent rarement à l'air qui les dessécheroit. Si les hommes en usoient de la même maniere, on employeroit avec le même avantage leur chevelure. Il faut en excepter ceux d'entr'eux qui sont adonnés au vin ou aux femmes. Ceux des femmes qui se frisent & se poudrent habituellement sont mauvais.

Ces observations ne sont point si générales qu'il n'y ait des exceptions. Il y a de bons cheveux chez l'un & l'autre sexe, quoique plus rarement parmi les hommes.

Après avoir parlé de la matiere, nous allons passer aux outils.

Il faut d'abord des cardes. Il y en a de plusieurs sortes: 1°. des cardes ou peignes de fer à plusieurs rangs de dents. Elles ont ordinairement un pié de long. Certaines en ont moins, mais les plus courtes sont d'un demi - pié. On les fait avec du fil de fer tiré exprès; il est plus ou moins gros, mais communément du diametre des aiguilles à tricoter depuis les plus grosses jusqu'aux plus fines. Aux plus grosses que l'on appelle seran, les dents sont d'acier. La hauteur en est de 2 pouces 1/2 ou environ, la longueur de 8 à 9 pouces ou environ, & la largeur de 8 à 9 rangs de dents sur 18 à 20 de longueur; d'où l'on voit combien il en peut entrer dans un seran. Souvent le seran est tout de fer. La plaque ou le dedans est rivé. Le fer déborde à - peu - près d'un pouce de chaque côté. Il y a au milieu un trou à placer une vis ou un clou. Il faut, pour la sûreté de l'ouvrier, que la table sur laquelle il pose sa carde ou son seran, ait un rebord tout - autour d'un demi - doigt de haut. Voyez les Pl.

2°. Il y a des cardes à tirer à plat, c'est - à - dire, à peigner les cheveux droits, ou tels qu'ils ont été levés de dessus la tête. Les dents de ces cardes sont attachées à une planche qui peut avoir 10 ou 12 pouces, & qui est toute couverte de fer - blanc. Elles n'y sont point si serrées qu'aux autres cardes. Dans chaque rangée il n'y en a guere qu'une trentaine en long sur six en large. La hauteur de ces dents est communément d'un bon pouce 1/2. Il faut quatre de ces cardes pour les placer 2 à 2 les unes sur les autres. V. les. Pl.

3°. On a des cardes à dégager. Elles sont de la même longueur que les cardes à tirer à plat. La différence qu'il y a de celles - ci aux autres, c'est qu'elles sont partagées en deux par le milieu de l'espace d'un ou de deux doigts, & ont à un bout les dents aussi longues, aussi grosses, & aussi écartées que les précédentes; mais d'un côté ces dents n'ont que 9 lignes de haut, sont plus fines & plus serrées que de l'autre, ce qui les fait à - peu - près ressembler à peigne à accommoder, où les dents sont d'un côté plu, eloignées, & de l'autre plus rapprochées. Voyez les Pl.

4°. Il y a des cardes fines pour tirer les cheveux frisés. Elles sont à - peu - près comme le côté fin des cardes à deux fins. Elles ne s'attachent que par un bout, parce que l'on s'en sert en long & en large selon la longueur du paquet. Voyez les Pl.

5°. Des cardes faites au ciseau & à l'équerre, un des côtés en est plus large, plus haut, & moins serré. L'autre a les dents plus fines & plus serrées. Elles servent à tirer & à dégager par le moyen de l'équerre. L'ouvrier en place devant lui une en long, & une autre en large. Voyez les Pl.

6°. Des cardes semblables aux cardes à matelats, avec des manches & des dents crochues. Elles ne servent qu'à tirer des cheveux frisés. Voyez les Pl.

Les Perruquiers ont des moules ou bilboquets qu'ils emploient à friser les cheveux. Ces moules sont de buis ou de quelque autre bois, de la longueur de 3 pouces. Il y en a de différentes grosseurs. Les plus petits n'ont que le diametre des tuyaux de pipe; les seconds, celui des plumes à écrire; les troisiemes, celui à - peu - près du petit doigt; les quatriemes, celui du petit doigt; les cinquiemes, celui du doigt annulaire; les sixiemes, celui du doigt du milieu; les septiemes sont un peu plus gros; les huitiemes ont la grosseur du pouce; les neuviemes sont au - dessus de la grosseur du pouce. Les moules de buis sont les meilleurs. Les autres bois s'imbibent de plus d'eau, & sont plus difficiles à sécher. Autrefois on se servoit de moules de terre. Nous en avons quitté l'usage; parce qu'en les mettant sur l'étuve, la terre s'échauffoit trop & rendoit les cheveux trop cuits. On en faisoit aussi avec des cordes ou des ficelles pliées en plusieurs doubles, de la longueur de 3 pouces, & des différentes grosseurs dont nous avons parlé. On les couvroit d'une toile que l'on cousoit, & que l'on serroit bien. Voyez les Pl.

Il y a encore des moules brisés pour la frisure que l'on appelle frisure sur rien. Ces moules brisés sont faits à - peu - près comme les étuis à mettre des épingles ou des aiguilles. Voyez les Pl.

Il faut un étau. Cet outil n'a rien de particulier; il est seulement fort petit. Depuis que l'on fait des perruques courtes, les étaux ne sont plus placés comme ils l'étoient. On les renverse en - dedans; par ce moyen on frise plus aisément, & aussi court que l'on veut. Voyez les Pl.

Il faut des têtes à monter les perruques. Elles sont distinguées les unes des autres par un numéro. Les plus petites sont de trois, de trois & demi. Elles servent pour les perruques des petits enfans. On peut aussi s'en servir pour les hommes qui ont la tête fort petite. Viennent ensuite celles du quatrieme, du cinquieme & du sixieme numero. Ces dernieres sont d'un usage plus fréquent, parce que c'est la grosseur des têtes ordinaires. Il y en a qui vont jusqu'au [p. 403] septieme & huitieme numero, mais elles ne servent que dans des cas extraordinaires. Une tête à monter a la forme d'une tête réelle. Voyez les Pl.

Depuis que l'on porte des perruques à bourse, & que l'on fait des montures à oreilles, on a inventé des têtes à tempes, afin que les perruques serrassent mieux sur le front, sur les tempes & sur l'oreille: le bord du front en est très - mince. Depuis le dessus de l'oreille jusqu'au sommet, le bois grossit imperceptiblement toujours en montant; d'où il arrive que le devant du rebord étant plus serré, prend mieux, serre davantage, & remplit même les tempes les plus creuses. Voyez les Pl.

Il y a encore des têtes creuses. Elles sont moins lourdes, & fatiguent moins la frisure qui se sait sur les genoux; mais elles donnent plus de peine à celui qui monte. Comme elles sont extrèmement légeres, pour peu que le point arrête, il faut retenir la tête en poussant l'aiguille. Voyez les Pl.

Enfin, il y a des têtes brisées qui s'ouvrent en deux depuis le menton jusqu'au derriere de la tête. Elles servent à monter de petites & de grosses perruques. Pour ces dernieres, on met dans l'entre - deux des planches faites pour cetusage, plus ou moins épaisses, suivant l'ampleur que l'on veut donner à l'ouvrage. Voyez les Pl.

Il faut un métier. Il est composé d'une barre de bois qui peut avoir 2 piés ou 2 piés & 1/2 de long sur 4 pouces de large & 2 de haut, très - plate en - dessous, & d'un bois un peu lourd pour qu'elle soit plus à plomb sur les genoux. Elle doit être percée aux deux bouts: on met dans ces deux trous un bâton rond de la longaeur de 15 à 16 pouces sur 4 ou 4 pouces & 1/2 de diametre. Les deux trous doivent avoir à - peu - près un pouce d'ouverture, & la grosseur des bâtons doit être proportionnée par le bas à cette ouverture pour qu'ils puifient y entrer. Nous dirons ailleurs à quoi servent ces métiers. On peut pratiquer des trous sur les tables, & y placer les bâtons. Cela est plus solide. Voyez les Pl.

Le perruquier a besoin d'une marmite ou chaudiere. Ce vaisseau doit être fait en poire, plus large par le bas que par le haut. Cette forme empêche les cheveux de remonter lorsqu'ils sont sur les moules. Sa grandeur ordinaire est d'un seau & demi. & il peut contenir 2 livres ou 2 livres & demie de cheveux frisé, sur des moules qui ne soient ni trop gros ni trop petits. Voyez les Pl.

Il lui faut aussi une étuve. Il y en a de rondes & de quarrées. Ceux qui ont du terrein peuvent les faire en maçonnerie comme les fourneaux. Celles que l'on commande aux Menuisiers sont quarrées & de bois de chêne. C'est une espece de coffre de 3 piés & 1/2 à 4 piés de haut, sur 2 à 2 piés & 1/2. On place ordinairement en - dedans une croix de fer. Si l'étuve a 4 piés, il faur que la croix soit posée à la hauteur de 3 piés ou environ, & couverte d'une grille de gros fil de fer, dont les trous soient un peu écartés. Sous la grille, l'on met une poële proportionnée à la grandeur de l'étuve, pleine de charbons bien couverts, & disposés de maniere qu'en se consumant ils ne forment point de cavité. Voyez les Pl.

Les étuves rondes se trouvent chez les Boisseliers. Elles sont du même bois que les seaux. Au défaut des unes & des autres, on peut se servir d'un tonneau bien sec.

Les cheveux s'étagent à différens degrés, depuis 1 jusqu'à 24 tout au plus. Pour les mesurer, on se sert d'une regle d'environ 2 piés, divisée par pouces & par lignés. Le premier degré peut avoir 2 pouces & 1/2. Depuis le premier degré jusqu'au septieme degré, on peut augmenter chaque étage d'un demi pouce, depuis le septieme degré jusqu'au douzieme, de 8 lignes; depuis le douzieme degré jusqu'au sei<cb-> zieme, depuis 8 jusqu'à 11 lignes; du seizieme an dix - huitieme, les étages ont 12 lignes de plus; depuis le dix - huitieme jusqu'au vingtieme, 14 lignes; depuis le vingtieme jusqu'au vingt - quatrieme, 18 lignes; enfin, pour le vingt - quatrieme étage, il faut que les cheveux aient 3 quarts d'aune de long, & c'est la derniere longueur qu'on puisse donner aux perruques. Voilà tous les outils. Voyons à - présent la maniere d'employer les cheveux.

Si l'on se propose un ouvrage en cheveux grisaille, il faut avoir soin de séparer les veines de gris sale qui pourroient se trouver dans les coupes dont on veut faire la tire; car il est assez ordinaire que dans une coupe il y ait trois ou quatre nuances differentes. On les examinera par la pointe, & l'on ôtera ceux qui sont jaunes, ou d'une autre couleur.

On fait cette opération sur toutes les coupes depuis la plus longue jusqu'à la plus courte; on prend une meche de chacune; l'on en forme un paquet àpeu - près de la grosseur d'un pouce; & lorsque les paquets sont faits, on les noue avec du fil de penne (ce fil est ce qui reste attaché aux ensuples, lorsqu'une piece de toile est finie); on les étête, c'est - à - dire que l'on ôte la bourre qui se trouve à la tête des cheveux: pour cet effet, l'ouvrier tient le paquet du côté de la pointe par le milieu, & il en laisse hors de sa main environ la longueur de trois doigts; il les peigne avec un peigne fort, & dont les dents soient un peu larges, jusqu'à ce que la bourre ou le duvet soit entierement tombé; ce qui arrive lorsque le peigne passe aisement à travers. Il a soin d'égaliser les cheveux le plus qu'il lui est possible.

Pendant ce travail il doit avoir le seran attaché bien ferme sur la table.

Lorsque les paquets sont étêtés, il faut dégraisser les cheveux. Cela se fait ordinairement avec du gruau. On en met un ou deux litrons sur un tablier de cuir que l'on a sur les genoux; on dénoue le paquet; on le tient à - peu - près par le milieu; on l'étale du côté de la tête, & l'on répand une poignée de gruau entre les cheveux que l'on frotte entre les mains, comme une blanchisseuse frotte du linge fin. Après qu'on a opéré sur la tête des cheveux, on le retourne, & en fait autant du côté de la pointe. Après quoi on sépare le gruau le plus qu'il est possible en mêlant les cheveux & en les passant plusieurs fois dans le seran. Pour les bien mêler on tient le paquet par le milieu. Comme dans les paquets il se trouve des cheveux courts & des cheveux longs, on prend de la tête le moins qu'on peut, afin que les cheveux courts qui se trouvent parmi les longs ne puissent pas sortir du paquet. On jette la tête des cheveux dans le seran; on serre le reste du paquet librement de la main gauche, & avec le premier doigt de la main droite on les tourne en - dedans, & on les peigne avec le seran; ce qui sert beaucoup à faire sortir le gruau. Après ce travail l'on renoue les paquets que l'on serre bien, & le dégraissage est fini.

Cela fait, il faut tirer les paquets par la tête les uns après les autres. Pour cet effet on a deux petites cardes à côté du seran. On étend les paquets en long sur une de ces cardes, & l'on met la pareille sur les paquets; ou, au défaut d'une seconde carde, l'on se sert d'une vergette sur laquelle on pose un poids suffisant, pour qu'en tirant les cheveux ils viennent doucement; il faut observer de les tirer bien droit, & de mêler les cours & les longs le mieux que l'on peut.

Quand tous les paquets du triage seront tous bien tirés, il faut avoir deux cardes à tirer à plat. L'on prend une de ces cardes, l'on y place un gros fil double, plié en doubles écartés de deux doigts, le long des rangées des dents de la carde, en observant que ce fil passe plus du côté de l'anneau que de l'autre côté. L'on prend ensuite les paquets séparément les

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