ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"354"> rut fort âgé l'an 596, laissant la tutelle de son fils à son frere Attale.

Celui - ci commença sa régence par une action glorieuse, ce fut de rétablir Ariarathe dans le royaume de Cappadoce. Il se signala par plusieurs autres faits, & mourut l'an 616; ensuite de quoi son pupille Attale III. regna seul.

Ce prince fut surnommé Philometor, en vertu de sa piété pour sa mere, qui même fut cause de sa mort; car comme il lui creusoit un tombeau, il fut frappe du soleil sur la tête, & mourut en sept jours. Il aima extrèmement l'agriculture, & même il composa sur ce sujet des livres qui n'étoient pas inconnus à Varron, à Pline & à Columele. Il entendoit très - bien la matiere médicale & la fonte des métaux; mais il ternit ses vertus & ses talens par un penchant à la cruauté. Il fit mourir plusieurs personnes illustres, ce qui le jetta dans une triste mélancholie; il se couvrit alors, pour ainsi dire, de sac & de cendre, abandonna le soin des affaires, & ne s'occupa que du soin de son jardin. Il mourut environ l'an 621; & comme il n'avoit point d'enfans, il institua pourson héritier le peuple romain.

Ainsi finit le royaume de Pergame, qui dans l'espace de 150 années étoit devenu fort puissant, & où la magnificence fut si éclatante, quelle passa en proverbe. Il suffit de lire les Poëtes & leurs commentateurs pour n'en pas douter:

Attalicis conditionibus Nunquam dimoveas. C'est Horace qui parle ainsi des richesses d'Attale. Properce en dit bien davantage:

Nec mihi tunc fulcro sternatur lectus eburno Nec sit in Attalico mors mea mixta toro. Eleg. xiij. liv. II. Attalicas supra vestes, atque omnia magnis Gemmea sint ludis, ignibus ista dabis. Eleg. xvij. l. III.

Les tapisseries ne furent connues à Rome que depuis qu'on y eut transporté celles d'Attalus. Ce prince fut l'inventeur de la broderie d'or: aurum intexere in eâdem Asiâ, invenit Attalus rex.

Enfin je ne dois pas oublier de dire que l'émulation de Ptolomée, roi d'Egypte, & d'Eumenès, roi de Pergame, à qui dresseroit une plus belle bibliotheque, fut cause que le roi d'Egypte fit interdire le transport du papier; mais l'on trouva à Pergame l'art de préparer des peaux, c'est - à - dire le parchemin, pour y suppléer. C'est donc encore à cette ville de Mysie qu'est dûe la gloire de l'invention d'une chose qui assure aux hommes une sorte d'immortalité.

M. l'abbé Sevin a donnédans le recueil des Inscriptions, tom. XII. in - 4°. trois savans mémoires sur les rois de Pergame; c'est l'histoire complette de ce royaume: il faut la lire, elle ne laisse rien à desirer. J'ajouterai seulement qu'Athénodore, surnommé Cordylion, célebre philosophe stoïcien, étoit de Pergame, où il demeura une grande partie de sa vie, considéré de tout le monde, & refusant constamment les graces & les honneurs que les rois & les généraux voulurent lui faire. Caton le jeune étant en Asie à la tête d'une armée, & ayant oui parler du grand mérite de cet homme illustre, souhaita extrèmement de l'avoir auprès de lui; mais persuadé qu'une simple lettre ne pourroit l'engager à sortir de sa retraite, il prit le parti de se rendre lui - même à Pergame, capitale du royaume d'Attale, & à force de sollicitations & de prieres, il engagea Athénodore à le suivre dans son camp, & de - là à Rome, où il revint avec lui en triomphe, plus content de l'acquisition qu'il venoit de faire, que Lucullus & Pompée ne pouvoient l'être de toutes leurs conquêtes. Athénodore demeura jus<cb-> qu'à sa mort avec Caton, dans la maison duquel il mourut, ainsi que nous l'apprend Strabon, l. XIV. pag. 674. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PERGAMO (Page 12:354)

PERGAMO, (Geogr. mod.) ville bâtie sur les ruines de Pergante, dans la grande Mysie, & dont on peut voir l'arucle n°. 4.

Pergamo est une ville de la Natolie, à 34 milles de Smyrne, & à 20 de Thyatire. Elle est assise au pie d'une montagne qu'elle a au nord, dans une belle plaine, fertile en grains, où passent le Titanus & le Caïcus, qui se dechargent dans la riviere d'Hermus. Voici ce qu'en disoit M. Spon dans le dernier siecle.

A côté de la ville passe le ruisseau rapide appellé anciennement Selinus, qui court au S. S. E. & se va rendre dans le Caïcus. De l'autre côte du Selinus il y a une éghse qui portoit le nom de Sainte Sophie, & qui est convertie présentement en mosquée. Dans le quartier oriental de la ville, on voit les ruines d'un palais; c'étoit peut - être la demeure des rois du pays. De toutes les colonnes qui enrichissoient cet édifice, il n'en reste que cinq de marbre poli, hautes seulement de 21 pies, & l'on eu voit encore quelquesunes de l'autre côté de la rue.

Vers la pointe méridionale de la ville, il y a aux deux côtés du grand chemin, deux petites collines artificielles sur lesquelles étoient deux forts pour garder l'entrée de la ville, & au levant il y en avoit deux autres semblables. On voit près de - là un grand vase de marbre de 21 piés de tour, gravé d'un bas - relief d'hommes à cheval.

Le long de la montagne, vers le S. O. se voient les ruines d'un aqueduc, qui a encore six arcades, sur un ruisseau, & au midi de ces arcades, il y en a six autres avec de grandes voûtes, que les Turcs appellent kisserai. De - là en tirant encore plus vers le S. on apperçoit les ruines d'un théâtre sur le penchant de la colline.

Parmi les débris de marbre, on trouve une inseription ancienne, consacrée par le sénat & par le peuple de Pergame à l'honneur de Caïus Antius Aulus Julius Quadratus. L'inscription porte qu'il avoit été deux fois consul, & proconsul d'Asie, qu'il avoit eu plusieurs emplois dans diverses provinces particulieres en Candie & en Cypre; enfin, qu'il avoit été éparque de Syrie, sous l'empereur Trajan, & grand bienfaiteur de Pergame.

Les Chrétiens de Pergamo sont aujourd'hui en pauvre état, puisqu'ils ne sont qu'au nombre d'une douzaine de familles qui cultivent la terre; la ville n'est peuplée que d'environ deux mille turcs. Voilà les successeurs des Eumenès & des Attales.

Télephe, grammairien, naquit à Pergamo vers l'an 118 de Jesus - Christ. Il composa l'histoire de sa patrie, les vies des poëtes comiques & tragiques, & un grand traité des lois, des usages & des tribunaux d'Athènes. (D. J.)

PERGANTIUM (Page 12:354)

PERGANTIUM, (Géog. anc.) ville de la Ligurie. C'est aujourd'hui Bregançon, sur la côte de Provence, vis - à - vis les îles d'Hières; car la Ligurie s'est autrefois étendue jusques - là.

PERGASE (Page 12:354)

PERGASE, s. f. (Hist. d'Athènes.) l'une des démarchies ou intendances, selon lesquelles le pays de l'Attique étoit distribué. La pergase se trouvoit dans la tribu érechthéïde. (D. J.)

PERGE (Page 12:354)

PERGE, (Géog. anc.) Perga, ville de Pamphylie, selon Strabon, l. XIV. p. 667. Ptolomée, l. V. c. v. & Pline l. V. c. xxvij. Elle étoit dans les terres, à 8 milles de la mer. Ortelius dit qu'on la nomme présentement Pirgi.

Pomponius Mela, l. I. c. xjv. la place entre les fleuves Cestron & Cataractes, & il nous apprend qu'il y avoit un temple de Diane Pergée, ainsi appellée du nom de cette ville. Ce temple, selon Strabon, étoit situé sur une hauteur voisine; il étoit fort an<pb-> [p. 355] cien, & on l'avoit en grande vénération, ainsi que l'atteste Ciceron. Pergoe fanum antiqui ssimum & sanct ssimum Dianoe scimus esse, rd quoque a te nudatum & spoliatum esse, ex ipsa Diana quod habebat auri detractum, atque ablatum esse dico. Orat. 6. in Verrem. Quoique la Diane d'Ephese surpassât la Diane de Perge, celle - ci ne laissoit pas d'avoir bonne part à la dévotion des peuples.

Il s'y faisoit tous les ans une nombreuse assemblée; c'est alors, sans doute, que l'on y chantoit les hymnes que Damophila, contemporaine de Sappho, avoit composées en l'honneur de cette déesie, & qui se chantoient encore au tems d'Apollonius de Tyane. Il y a plusieurs medailles qui parlent de la Diane de Perge, *PERGAI/A A)RTEMIS2 Voyez Spanheim de proestant. & usu numismat. p. 782.

Il est fait mention de Perge dans les actes des Apôtres, c. xiij. v. 14. Comme elle n'étoit pas maritime, il faut que saint Paul ait remonté le sleuve Cestron pour y arriver, ou qu'il soit allé par terre, dans le dessein qu'il avoit d'y annoncer l'Evangile.

Perge est à - présent en un triste état: le siége archiépiscopal en a été transféré à Attalia, l'une des 14 villes qui en dépendoient auparavant.

Le fameux géometre Apollonius, dont on a un un traité des sections coniques, étoit natif de Perge. Il vivoit sous la 134. olympiade, vers l'an 244 de Jesus - Christ, & au commencement du regne de Ptolomée Evergetes, roi d'Egypte. Il étudia long - tems à Alexandrie sous les disciples d'Euclide, & il mit au jour plusieurs ouvrages, dont il ne nous reste que celui des sections coniques, que plusieurs auteurs anciens ou modernes ont commenté ou traduit. Nous avons encore le commentaire qu'Eutocius d'Ascalon fit sur les quare premiers livres de cet ouvrage, avec quelques lemmes & corollaires de sa façon. Nous avons aussi au nombre de 65, les lemmes que Pappus disposa sur les coniques d'Apollonius. Entre les modernes, il faut lire (Vincentio) Viviani, de maximis & minimis geometrica divinatio, in quintum librum conicorum Apollonii Pergoei. Florence 1659, in - fol. (D. J.)

PERGEE (Page 12:355)

PERGEE, adj. (Mythol.) surnom de Diane pris d'une ville de Pamphylie, où cette déesse étoit honorée. La Diane Pergée est représentée tenant une pique de la main gauche, & une couronne de la droite; à ses piés est un chien qui tourne la tête vers elle, & qui la regarde, comme pour lui demander cette couronne qu'il a méritée par ses services. (D. J.)

PERGUBRIOS (Page 12:355)

PERGUBRIOS, s. m. (Idolàtrie.) nom propre d'un faux - dieu des anciens Lithuamens & Prussiens. selon Hartsnoch, dans sa deuxieme dissertation de festis vet. Prussiorum. Cet auteur fertile en fictions, dit que ce dieu présidoit aux fruits de la terre; que ces anciens peuples célébroient sa fête le 22 Mars, en passant la journée en réjouissances, en festins, & particulierement à boire une grande quantité de biere. (D. J.)

PERGUS (Page 12:355)

PERGUS, ou Pergusa, (Géog. anc.) lac de l'île de Sicile, à 5 milles de la ville d'Enna, du côté du midi. Les Poëtes disent que c'est près de ce lac que Pluton ravit Proserpine. Comme les anciens avoient beaucoup de vénération pour le lac de Pergus, on croit que c'est de ce lac dont Claudien entend parler dans ces vers:

. . . . . Admittit in altum Cernenteis oculos; & late pervius humoï Ducit in offensos liquido sub gurgite visus: Imaque perspicui prodit secreta profundi. Ce lac a quatre milles de circuit; & au lieu qu'il se trouvoit autrefois au milieu d'une forêt, aujourd'hui ses bords sont plantés de vigne: on ny voit point de poissons, mais on y pourroit pêcher une prodigieuse quantité de couleuvres. (D.J.)

PÉRI (Page 12:355)

PÉRI, s. m. (Terme de roman asiatique.) Les péris sont dans les romans des Persans, ce que sont dans les nôtres les fées; le pays qu'ils habitent sont le Genuistan, comme la Féerie est le pays où nos fées résident. Ce n'est pas tout, ils ont des péris femelles, qui sont les plus belles & les meilleures créatures du monde; mais leurs péris mâles (qu'ils nomment dives & les Arabes giun) sont des esprits également laids & méchans, des génies odieux qui ne se plaisent qu'au mal & à la guerre. Voyez, si vous ne m'en croyez pas, la bibliotheque orientale de d'Herbelot. (D. J.)

Péri (Page 12:355)

Péri, (Blason.) Le terme peri se dit des pieces qui sont extremement raccourcies, à la distérence de celles qu'on appelle alaisées. Les cadets de Bourbon brisent leurs armes d'un bâton péri en bande, & les batards, d'un bâton péri en barre. (D.J.)

PERIANTHIUM (Page 12:355)

PERIANTHIUM, (Botan.) calice particulier de la fleur. Ce mot, dans le systeme de Linnaeus, désigne cette espece de calice qui est composé de plusieurs feuilles, ou d'une seule feuille divisee en divers segmens qui environnent la partie inférieure de la fleur. (D. J.)

PERIAPTE (Page 12:355)

PERIAPTE, s. m. (Médec. anc.) Les anciens nommoient périaptes les remedes qu'on mettoit extérieurement sur soi, pour prévenir de certains maux, ou pour les guérir, &c. Pline dit que de son tems quelques gens croyoient rendre les chevaux infatigables à la course, en leur attachant des dents de loup. On portoit sur soi certaines pierres précieuses contre la jaunisse, le mal caduc, &c. Ces pranques superstitieuses se sont perpétuées jusqu'à nous, & se perpétueront jusqu'à la fin des siecles. Les hommes dans tous les tems & dans tous les pays, ont un grand fond de crédulité pour ces sortes de remedes, qui n'ont d'autre vertu que celle qu'ils empruntent d'une imagination vivement frappée. (D. J.)

PERIBOLE (Page 12:355)

PERIBOLE, s. m. (Littér.) espace de terre planté d'arbres & de vignes qu'on laissoit autour des temples; il étoit renfermé par un mur consacré aux divinités du lieu; & les fruits qui en provenoient appartenoient aux prêtres. C'est ce que les Latins appelloient templi conceptum, selon Hoffman, qui cite les notes de Saumaise sur Solin. Peribolus étoit le même que sacellum, lieu sans toît & consacré aux dieux. Le péribole des églises des premiers chretiens, contenoit des cellules, des petits jardins, des bains, des cours & des portiques; ces lieux étoient des asyles pour ceux qui s'y étoient réfugiés, comme nous l'apprend une constitution de Théodose & de Valentinien. (D. J.)

Péribole (Page 12:355)

Péribole, s. f. (Lexicog. medic.) PERIBOLH, de PERIBWLLEI=N, environner; terme employé fréquemment par Hippocrate, & en différens sens dans ses ouvrages. Il désigne communément un transport des humeurs, ou de la matiere morbifique des parties internes sur la surface du corps. (D.J.)

PERIBOLOS (Page 12:355)

PERIBOLOS, (Critiq. sacr.) Ce mot grec désigne dans Ezéch. xlvij. 7. l'enceinte, la clôture, la balustrade, le mur qui entouroit le parvis destiné pour les prêtres. Il signifie, dans le I. des Macchab. xiv. 48, une galerie qui envirounoit le sanctuaire. (D. J.)

PERIBOLUS ou PERIBOLUM (Page 12:355)

PERIBOLUS ou PERIBOLUM (Géog. anc.) Denis de Bysance, p. 10. dans sa description du Bosphore de Thrace, dit qu'après le bois d'Apollon ou trouvoit le Péribolus où les Rhodiens attachoient leurs vaisseaux pour les garantir des tempêtes. Il ajoute que de son tems il en demeuroit encore trois pierres, & que le reste étoit tombé de vieillesse. Le mot PERIBOLOS2\ & peribolus, dans la description dont Denis de Byzance l'accompagne, semble dire que c'étoit un mole, une muraille, ou un quai revêtu. Pierre Gylles, de Bosphoro trac. l. II. c. viij. juge que ce lieu est le même que les pécheurs nomment aujourd'hui Rhodaci -

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.