ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"99"> premiers au monde pour les imaginer ».

Il est constant que la machine à bas a pris naissance en Angleterre, & qu'elle nous est venue par une de ces supercheries que les nations se sont permises de tout tems les unes envers les autres. On fait sur son auteur & sur son invention des contes puériles, qui amuseroient peut - être ceux qui n'étant pas en état d'entendre la machine, seroient bien aises d'en parler, mais que les autres mépriseroient avec raison.

L'auteur du Dictionnaire du Commerce dit que les Anglois se vantent en vain d'en être les inventeurs, & que c'est inutilement qu'ils en veulent ravir la gloire à la France; que tout le monde sait maintenant qu'un François ayant trouvé ce métier si utile & si surprenant, & rencontrant des difficultés à obtenir un privilége exclusif qu'il demandoit pour s'établir à Paris, passa en Angleterre, où la machine fut admirée & l'ouvrier récompensé. Les Anglois devinrent si jaloux de cette invention, qu'il fut long - tems défendu, sous peine de la vie, de la transporter hors de l'île, ni d'en donner de modele aux étrangers: mais un François les avoit enrichis de ce présent, un François le restitua à sa patrie, par un effort de mémoire & d'imagination, qui ne se concevra bien qu'à la fin de cet article; il fit construire à Paris, au retour d'un voyage de Londres, le premier métier, celui sur lequel on a construit ceux qui sont en France & en Hollande. Voilà ce qu'on pense parmi nous de l'invention du métier à bas. J'ajoûterai seulement au témoignage de M. de Savari, qu'on ne sait à qui l'attribuer en Angleterre, le pays du monde où les honneurs qu'on rend aux inventeurs de la nation, leur permettent le moins de rester ignorés.

DU FUST (Page 2:99)

DU FUST.

1. Les deux piés de devant qui soûtiennent le siége de l'ouvrier. Fig. 1. Planche I.

2. Les deux pies de derriere.

3. La traverse d'en - bas, à laquelle est attachée la patte qui arrête les marches.

4. La traverse du haut du siége.

5. La traverse allegie. On pratique ordinaiement à sa surface 5, une espece de rainure assez large, sur laquelle l'ouvrier met les choses qui lui sout commodes en travaillant.

6. La traverse du contre - poids.

7. La traverse d'en - bas.

8. 8. Les deux têtes du fût. Leur partie antérieure devroit être en biseau.

9. 9. Deux pattes de fer qui tiennent le métier fixe.

10. Le siége de l'ouvrier.

11. 11. Deux goussets qui servent à soûtenir le siége.

14. Support du gousset.

15. 15. Traverses qui servent de supports aux goussets.

16. 16. Supports des montans de devant.

17. 17. Les deux montans de devant.

18. 18. Goussets des montans & des piés de derriere.

19. 19. & 19. 19. Ouvertures pratiquées à chaque tête, pour y fixer les grandes pieces du métier.

20. 20. &c. Les vis avec leurs oreilles, qui servent à tenir les parties du fût férmement assemblées.

21. Un arrêtant. Ainsi l'arrêtant est, comme on voit, un morceau de fer fendu d'une ouverture oblongue, qui lui permet d'avancer ou de reculer à discrétion sous la tête de la vis, qui le fixe au côté intérieur du montant, & terminé d'un bout par une pointe dont l'usage est d'arrêter le crochet inférieur de l'abattant, & de l'empêcher d'avancer trop endevant; c'est de cet usage que cette piece a pris lenom d'arrêtant. Il y a un autre arrêtant à la surface & à la hauteur correspondante de l'autre montant.

22. Un petit coup. Le petit coup est une espece de vis, dont la tête a une éminence à laquelle on porte le bout du crochet inférieur de l'abattant quand on travaillc: cette éminence est coupée en plan incliné vers le fond du métier, & permet au crochet de s'échapper presque de lui - même.

23. 23. Les écrous à oreilles de l'arrêtant & du petit coup.

24. 24. Deux broches de fer, capables de recevoir chacune une bobine.

25. Une bobine dans sa broche.

26. 26. Deux passe - soies. Les passe - soies sont deux morceaux de fer recourbés, comme on voit, & percés de trous, par lesquels on fait passer la soie, qu'ils dirigent & empêchent de s'attacher aux objets circonvoisins.

27. Un rouloir avec les crochets qui le suspendent. Le rouloir est un instrument qui sert à plier l'ouvrage à mesure qu'il se fait. Il faut y distinguer plusieurs parties. La barre 1, 2, plate qui tient unis les côtés 3, 4 par leurs extrémites supérieures. La barre ronde 5, 6 qui s'ajuste dans les trous percés aux extrémités inférieures des côtés, comme nous l'allons dire. La noix 7, la gachette 8, le ressort 9, le bouton 10, la tringle 13, 14; la barre ronde est faite en douille par les deux bouts; la noix & le bouton ont chacun une éminence ou espece de tourillon, par lesquels ils s'adaptent, l'un à un bout & l'autre à l'autre bout. Ces especes de tourillons sont percés d'un trou, qui ont leurs correspondans à la douille qui les reçoit. On voit ces trous 11, 12: on place dans chacun une goupille qui traverse la douille & les tourillons, & qui fixe le bouton à l'une des extrémités de la barre ronde, & la noix à l'autre extrémité. D'où il arrive, que cette barre passée dans les ouvertures pratiquées au bas des côtés du rouloir, peut tourner dans ces ouvertures, mais ne peut s'en échapper, & que la noix est tenue appliquée au côté 3, où l'extrémité de la gachette entre dans ses dents & y reste engrainée, en vertu du ressort qui pousse son autre extrémité.

L'extrémité de la gachette peut bien s'échapper des dents de la noix, & laisser tourner la barre ronde sur elle - même, en un sens, mais non dans l'autre, c'est - à - dire que l'ouvrage peut s'envelopper sur elle, & ne peut se développer.

La tringle 13, 14 sert à diriger l'ouvrage.

Vûe du fût, dont on a séparé un des côtés pour découvrir les parties suivantes. Planche II. fig. 1

1. 2. 1. Les trois marches.

3. 3. Quarrés de bois qui les séparent.

4. Quarré de bois percé par le milieu, qui écarte de la marche du milieu les deux autres.

5. 5. Extrémité de deux marches.

6. 6. Traverse de bois, sur laquelle les marches 5, 5 peuvent agir.

7. Traverse de derriere.

8. Crochet de fer qui part d'un bout de la serrure ou de l'anneau de l'extrémité de la marche du milieu, & qui embrasse de l'autre bout la partie la plus basse de la petite anse.

9. 9. Cordes qui partent de l'extrémité des marches 5, 5, passent sur le tambour de la roue 13, & la font mouvoir de gauche à droite, & de droite à gauche à discrétion.

10. 10. Cordes qui partent des extrémités de la traverse 6, 6, & la tiennent suspendue en vertu de leurs crochets 10, 10, qui s'arrêtent à ceux du balancier.

11. Patte de fer attachée à la traverse 4, qui reçoit un boulon, sur lequel sont soûtenues les marches qu'il traverse, & dont l'extrémité qu'on n'apperçoit pas est reçûe dans un piton.

12. Patte de fer qui tient la roue suspendue par une des extrémités de son axe ou arbre; on conçoit bien que l'autre extrémité est soûtenue de la même maniere.

13. La roue avec son arbre & son tambour, dont elle [p. 100] ne laisse appercevoir que le quarré.

14. La tige du contre - poids; cette tige est mobile de bas en haut dans la patte 15.

15. La patte du contre - poids.

Fig. 2. Une poulie avec son fil de soie. Cette poulie n'est autre chose qu'un fil de laiton, auquel on a fait une boucle à chaque bout; le fil de soie passe par ces boucles, & le poids du fil de laiton l'empêche d'approcher des objets circonvoisins, & l'aide à se dévider de dessus la bobine. Quand la poulie n'est pas assez lourde pour la soie, on y attache une carte.

Voilà le fût du métier ancien, auquel on n'a presque point fait de changement depuis: on a seulement supprimé les quarrés qui séparent les marches; on a allégi les pattes qui suspendent la roue. Au lieu de donner une patte à la tige du contre - poids, on a percé la traverse par le milieu d'un trou quarré, & l'on a fait passer la tige par ce trou, dont on a garni l'ouverture supérieure d'une plaque de fer, afin qu'elle ne fût point endommagée par la chûte du contre - poids: on en a encore amorti le coup, en attachant un morceau de cuir à la tête de la tige ou branche du contrepoids: cette tête doit être elle - même percée; on verra dans la suite par quelle raison.

Voilà tout ce qui concerne le fût & ses parties. Nous n'avons rien dit de leur assemblage, parce qu'il n'a rien de particulier, & qu'il est tel qu'on le voit dans les figures. Passons maintenant au métier.

DU MÉTIER ET DE SES PARTIES.

Pour faciliter l'intelligence de cette machine, nous allons distribuer ses parties en plusieurs assemblages, qui s'assembleront eux - mêmes les uns avec les autres, & dont on verra résulter peu à peu la machine entiere.

Premier Assemblage. Planc. II. fig. 3.

Les pieces entierement semblables de part & d'autre, 1, II, 2, 3; 1, II, 2, 3, s'appellent les grandes pieces, & ce sont en effet les plus grandes qu'il y ait dans le métier: elles forment le devant du métier par leur saillie 1, II. 1, II. & le derriere par leur hauteur d'équerre 2, 3; 2, 3. Leur saillie 1, 2; 1, 2 s'appelle avant - bras. L'avant - bras a à son extrémité 1, 1, une charniere, & à son extrémité 2, 2, une éminence oblongue & parallélogrammatique, qu'on appelle l'oreille de la grande piece. Cette oreille est percée de plusieurs trous, qui servent à fixer par des vis la grande piece sur la tête du fût.

Les pieces entierement semblables & semblablement placées 4, 5; 4, 5, s'appellent les épaulieres; elles s'assemblent par leurs ouvertures quarrées avec l'arbre 6, 7, dont elles reçoivent les quarrés.

La piece 6, 7 s'appelle l'arbre; ses deux extrémités, dont on en voit une représentée fig. 4. sont terminées l'une & l'autre par un quarré 1, & par un tourillon 2. L'ouverture 5 quarrée des épaulieres 4, 5; 4, 5, reçoit le quarré de l'arbre, dont le tourillon est reçu dans le noeud 3 ou 3 de la grande piece: ainsi les épaulieres sont fixées sur l'arbre, mais l'arbre tourne dans les noeuds 3, 3 des grandes pieces.

L'arbre a dans son milieu une saillie ou espece d'oreille 8, qu'on appelle le porte faix de l'arbre. On voit à chaque noeud 3, 3, des grandes pieces 1, II, 2, 3; 1, II, 2, 3, un bouton en vis 9, 9, qui s'enleve & permet de couler de l'huile dans le noeud 3, 3 quand il en est besoin.

La partie 10, 10 s'appelle la barre de derriere d'enhaut: elle s'attache, comme on voit ici, au derriere des grandes pieces & en - dehors.

La partie 11, 11 s'appelle la barre de derriere d'enbas: elle s'attache, comme on voit, au derriere des grandes pieces en - dedans.

L'usage de ces deux barres est de soûtenir le portefaix d'en - bas.

Le porte - faix d'en - bas, fig. 5. est composé de plusieurs pieces: d'une roulette 1 attachée à la piece 2, qui conserve le nom de porte - faix d'en - bas; d'une chappe 3, qui passe sur le porte - faix, qui y est fixée, & qui soûtient la roulette; & d'un boulon 4, qui traverse les côtés de la chappe & la roulette mobile sur ce boulon.

Ce petit assemblage se fixe, fig. 3. au milieu de la barre d'en - haut & de la barre d'en - bas, & entre ces barres, comme on le voit en 12.

La partie 13, 13 s'appelle gueule de loup: la gueule de loup est fixée au milieu de la barre d'en - bas.

Les nouveaux métiers ont deux gueules de loup, attachées à la barre d'en - bas à des distances égales des grandes pieces. Les parties par lesquelles elles sont fixées à la barre, sont ouvertes selon leur longueur, afin qu'elles puissent, comme on l'a dit de l'arrrétant, glisier sous la tête des vis qui les fixent, & s'arrêter à telle hauteur qu'on desire: ce qui est très - essentiel.

La partie 14, 14, 15, 15, fixée par deux vis sur chaque extrémité des épaulieres, s'appelle le balancier. est composé de deux barres paralleles 14, 14, 15, 15, qui sont assemblées, comme on voit, & dont celle d'en - bas 15, 15, est terminée par deux petits crochets.

On a corrigé ce balancier dans les métiers nouveaux; on a supprimé la barre 15, 15 avec son tenon, & on lui a substitué sur la barre 14, 14, à égale distance des épaulieres, deux vis arrêtées par des écrous à oreilles, placés sur la surface supérieure de cette barre. La tête de ces vis se trouve donc sous cette barre. Cette tête percée peut recevoir deux petits crochets; & ces petits crochets font les mêmes fonctions que ceux de la piece 15, 15 qu'on a supprimée. D'ailleurs, à l'aide des écrous à oreilles, on peut hausser & baisser ces crochets à discrétion.

La partie 16, 16 s'appelle le grand ressort. Son extrémité 16 est terminée par un petit tourillon, qui entre dans l'enfoncement ou coup de pointe 16 du porte - faix d'en - bas; & son extrémité 16 s'ajuste par un autre tourillon dans l'extrémité de la vis 17, qui traverse le porte - faix d'en - haut, & à l'aide de laquelle il est évident qu'on peut bander ou relâcher à discrétion le grand ressort, dont l'effort tend à relever les épaulieres avec le balancier, en faisant tourner l'arbre sur lui - même.

Voilà le premier assemblage: j'avertis qu'avant de passer au second, il faut avoir celui - ci très - familier; sinon les pieces venant à se multiplier, & les assemblages mal - compris s'assemblant ensuite les uns avec les autres, formeront des masses confuses où l'on n'entendra rien. On en jugera par le second assemblage, qui ne differe du premier que par un tres petit nombre de pieces sur - ajoûtées, & qui commence toutefois à devenir un peu difficile à bien saisir.

Second Assemblage. Planche III. fig. 1.

Cet assemblage est formé des pieces de l'assemblage précédent, auquel on a ajoûté les pieces suivantes.

Dans les noeuds 1, 1 des grandes pieces, sont placées les pieces 17, 18, 19; 17, 18, 19: ces pieces s'appellent les bras de presse; elles sont fixées dans les noeuds 1, 1 par un boulon & par une goupille. Il faut distinguer dans le bras de presse trois parties: 17, le naud de la charniere du bras; ce naud s'ajuste, comme on voit, dans la charniere de l'avant - bras de la grande piece, & s'y retient, comme nous avons dit: 18, le croissant du bras; & 19, sa patte.

La patte du bras de presse est garnie d'une vis avec l'écrou à oreilles 20, 20; 20, 20: cette vis s'appelle vis de marteau. Son extrémité inférieure vient frapper, dans le travail, sur la grande piece: mais elle ne permet au bras de presse de descendre, qu'autant qu'on le juge à propos.

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