ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"79"> plus sensibles dans le tuyau incliné B E C, que si ce tuyau étoit vertical, & d'autant plus sensibles, que le tuyau sera plus incliné, puisque le mercure, pour s'élever, par exemple, d'une ligne en hauteur perpendiculaire, aura trois ou quatre lignes ou même davantage à parcourir dans la longueur du tuyau. Cette invention est pourtant sujette à plusieurs inconvéniens; car la surface du mercure dans le tuyau B E, n'est pas parallele à l'horison, mais elle est convexe & inclinée; or cela posé, il est difficile de savoir à quel point on doit fixer la hauteur du mercure. De plus le coude qui est en B, rend la surface du tuyau fort raboteuse en cet endroit là, & les inégalités de la surface produisant une résistance à l'abaissement ou à l'élevation du mercure, les variations de ce barometre ne sont pas aussi promtes qu'elles le devroient être. Ce dernier inconvénient est d'autant plus grand, que le tuyau B E C fait un plus grand coude en B; ainsi la sensibilité, pour ainsi - dire, des variations de ce barometre est alors compensée par leur lenteur. Mussch.

Barometre à roue: c'est une invention du docteur Hook, qui rend les altérations de l'air plus sensibles; il est composé d'un barometre commun vertical, auquel on ajoûte deux poids A & B (fig. 5.) pendus à une poulie, dont l'un est en liberté à l'air, & l'autre restant sur la surface du mercure dans le tuyau, s'éleve & s'abaisse avec lui. Le poids A communique son mouvement à la poulie, & cette poulie a autour de son pivot une longue aiguille L K, qui montre sur un grand cercle gradué M N O P, les variations de la hauteur du mercure dans le barometre. De plus, le tuyau du barometre est surmonté d'un gros globe A B, & la peite boule B, qui est en liberté dans l'air, est à peu - près égale en - pesanteur à la boule A. Comme le globe A B a beaucoup de diametre par rapport à celui du tuyau, un abaissement peu considérable du mercure dans ce globe, peut faire monter le mercure dans le tuyau F A, jusqu'à la hauteur de trois pouces. Supposons maintenant que toute la circonférence de la poulie F D soit de trois pouces; elle fera donc un tour lorsque le mercure montera ou s'abaissera de trois pouces, de sorte que l'aiguille L K sera alors un tour aussi; & si le diametre du cercle M N O P est d'un pié, le mercure ne pourra s'abaisser ou s'élever de trois pouces, que l'aiguille ne parcoure environ trois piés. Ce barometre montre assez bien ies variations considérables de la hauteur du mercure: mais aussi - tôt que le mercure vient à baisser ou à monter dans le tuyau A F, & qu'il ne fait par conséquent que commencer à devenir un peu convexe ou un peu conçave, la petite boule A n'a pas assez de mouvement pour faire tourner un peu la poulie S D, parce que cette poulie est sujette à quelque frottement sur son axe: ce qui empêche d'appercevoir les variations peu considérables de la hauteur du mercure: mais lorsque la poulie commence à se mouvoir, son mouvement est plus grand qu'il ne devroit être alors. Voilà sans doute un inconvénient auquel on ne peut remédier qu'avec beaucoup de peine. Ce barometre est encore sujet à d'autres inconvéniens qu'on a eu soin de marquer dans les Transactions Philosophiques, n. 185. p. 241. aussi n'en fait - on aucun usage. Mussch.

Barometre conique: c'est une machine plûtôt curieuse qu'utile. Elle consiste en un tuyau conique verticalement placé, dont l'extrémité supérieure, & qui est la plus petite, est fermée hermétiquement. Ce barometre n'a point de vaisseau ou de bassin, sa figure conique y suppléant, pourvû que l'extrémité inférieure de ce tuyau ait un diametre fort petit: car alors le mercure se soûtient de lui - même dans ce tuyau, étant soûtenu par les particules de l'air, comme par un piston solide ou un fond. Quand ce tuyau est rempli, si le mercure s'y soûtient, son poids est équivalent au poids de l'atmosphere; & si l'atmosphere varie, le mercure montera ou descendra. Ainsi quand le poids de l'atmosphere s'augmente, le mercure est chassé dans la partie du tuyau la plus étroite; & par ce moyen la colonne est étendue, & son poids est augmenté. Au contraire, quand l'atmosphere décroît, le mercure s'abaisse dans la partie la plus large du tuyau; & par ce moyen sa colonne est plus courte, & sa pression conséquemment est affoiblie.

Pour rendre ceci plus intelligible, supposons que ce barometre soit représenté par le tuyau A B (fig. 6.) qui est conique, & que ce tuyau étant renversé, se trouve rempli de trente pouces de mercure depuis A jusqu'à C; & comme la variation da mercure dans le barometre est de trente à vingt - sept pouces, supposons que la même quantité de mercure A C dans la partie inférieure du tuyau D B, ait la hauteur D B de vingt - sept pouces; alors il est certain que, lorsque le mercure se trouvera dans le barometre ordinaire à la hauteur de trente pouces, le mercure dans le tuyau A B occupera l'espace A C; & quand le mercure sera dans le barometre à vingt - sept pouces, le mercure du tuyau occupera l'espace D B; ainsi la variation du mercure dans le barometre sera depuis A jusqu'à D, qui est un espace de pres de trente pouces, pendant que cette variation ne sera que de trois pouces dans le barometre ordinaire. Ce barometre est de l'invention de M. Amontons. Mussch.

L'inconvénient de ce barometre est que pour empêcher le mercure & l'air de changer de place, & de se mêler ensemble, il faut que le diametre intérieur du tuyau soit très - petit; & cette petitesse rend le frottement de la liqueur si sensible, qu'elle peut l'empêcher d'agir librement; ainsi cet instrument n'est guere bon que pour les Marins qui n'y regardent pas de si près, & qui s'en servent depuis trente - cinq ans, parce qu'il est fort commode. En effet, il suffit de le renverser lorsqu'on le veut garder; & quand on veut connoître le poids de l'air, il suffit de prendre le tuvau à la main, & de le tenir dans une situation verticale. Pour empêcher que le mercure n'en sorte par en - bas, comme il pourroit arriver dans les mouvemens violens du vaisseau, on met au - dessous du tuyau, proche de B, un peu de coton à travers lequel l'air passe librement; & s'il arrive alors par quelque accident qu'il tombe un peu de mercure de la colonne A D, il suffit de retourner le tuyau; & ce qui est tombé se rejoint d'abord à la colonne. Il y a encore un autre barometre à l'usage des Marins. Ce barometre qui a été aussi inventé par le docteur Hook, pour pouvoir servir sur mer, où le roulis du vaisseau rendroit les autres impraticables, n'est autre chose qu'un thermometre double, ou deux tubes à demi remplis d'esprit - de - vin, dont l'un est fermé hermétiquement par les deux bouts, & renferme une certaine quantité d'air; & l'autre est fermé par un bout, & ouvert par l'autre. Or l'air, comme l'on sait, agit sur l'esprit - de - vin, & le fait monter par deux raisons; par sa propre gravité, comme dans le tube de Torricelli; & par sa chaleur, comme dans le thermometre. Si donc les deux tubes sont divisés par degrés, ensorte qu'ils s'accordent l'un avec l'autre au tems où l'air y est renfermé, il s'ensuit que lorsqu'ils s'accorderont encore ensuite, la pression de l'atmosphere sera la même que dans le tems que l'air a été renfermé. Si dans le thermometre qui est ouvert à l'air, la liqueur est plus haute, en considérant en même tems combien l'autre s'éleve ou s'abaisse par l'opération de la chaleur ou du froid, on verra que l'air est plus pesant: au contraire, quand le thermometre ouvert est plus bas en comparaison de l'autre, l'air est plus léger que dans le tems que l'instrument a été divisé par degrés. Mais il faut se ressouvenir que la condensa<pb-> [p. 80] tion & la raréfaction de l'air, sur quoi toute cette machine est établie, ne dépendent pas seulement du poids de l'atmosphere, mais qu'elles sont aussi causées par l'action de la chaleur & du froid. C'est pourquoi cette machine ne peut pas être nommée un barometre, mais plûtôt un instrument qui indique les altérations de l'air. Voyez Manometre.

Cependant cet instrument est regardé comme étant fort bon pour faire connoître si le tems doit être mauvais, de même que les changemens de vents, & l'approche du froid. Transact. philos. n°. 429, p. 133.

Le barometre statique, dont se sont servi Boyle, Otto de Guericke, &c. est défectueux, tant par l'action du chaud, que parce qu'il est peu précis & peu commode: il consiste en un assez grande bouteille de verre, tenue en équilibre par un poids de cuivre, dans des bassins de balance fort légers: ces deux corps étant d'égale pesanteur, mais d'inégal volume, si le milieu ou fluide dans lequel ils pesent également est changé, le changement de leur poids s'en suivra; de sorte que si l'air devient plus pesant, le corps le plus grand deviendra plus léger en apparence, parce qu'il perdra plus de son poids que le plus petit, qui est le plus dense: mais si le milieu est plus léger, alors le corps le plus grand l'emportera sur le plus petit.

Phénomenes (Page 2:80)

Phénomenes du barometre. Ces phénomenes sont différens, & les auteurs ne sont pas plus d'accord sur leurs causes, que sur l'usage que l'on en peut faire pour prédire les changemens de tems. Sur le haut de la montagne de Snouden en Angleterre, qui a 1240 toises de hauteur, le docteur Halley trouva le mercure de trois pouces huit dixiemes plus bas qu'au pié; d'où il paroît que le mercure baisse d'un 1/10 de pouce par trente toises. Derham a fait pareillement des expériences de la hauteur du mercure sur le haut & au pié de cette montagne, & croit qu'il faut 32 toises d'élévation perpendiculaire, pour que le mercure baisse du 1/10 d'un pouce: d'où cet auteur a cru qu'on pouvoit tirer non - seulement la hauteur de l'atmosphere, mais aussi une méthode pour mesurer la hauteur des montagnes. Suivant cet auteur, si le mercure ici bas est à 30 pouces, à 1000 piés de hauteur, il sera à 28 9/10 pouces; à 2000 piés, à 27 86/100; à 3000, 26 85/100; à 4000, 25 85/100; à 5000, 24 93/100; à un mille, 24 67/100; à deux milles, 20 29/100; à cinq milles, 11 23/100; à dix milles, 4 24/100; à quinze milles, 1 60/100; à vingt milles, 0 95/100; à trente milles, 8/100; à quarante milles, 12/1000. Mais on suppose dans ce calcul que l'atmosphere est par - tout d'une densité à peu près égale, & que si on la divise en portions d'égale hauteur, le poids de ces portions est presque le même, ce qui est bien éloigné d'être vrai; car l'at<-> osphere devient continuellement moins dense à mesure qu'on s'éloigne de la terre, & ainsi une même quantité d'air occupe toûjours un volume de plus en plus grand. C'est pourquoi si on divise l'atmosphere en différentes couches toutes d'une hauteur égale, ces couches peseront d'autant moins qu'elles seront plus éloignées du centre de la terre. M. Mariotte, dans son essai sur la nature de l'air, a donné un calcul de la hauteur de l'atmosphere, fondé sur les observations du barometre faites au sommet des montagnes. Ce calcul est fondé sur ce principe, que l'air se condense en raison des poids dont il est chargé; l'auteur trouve 15 lieues environ pour la hauteur de l'atmosphere, qui est aussi à peu près la quantité que M. de la Hire trouve par la théorie des crépuscules. M. Mariotte ajoûte aussi à son calcul un essai de méthode pour déterminer par les mêmes principes la hauteur des montagnes: mais on regarde aujourd'hui assez généralement toutes ces méthodes, comme plus curieuses que sûres & utiles. Voyez Atmosphere.

On a trouvé que la plus grande hauteur du barometre à Londres, étoit à trente pouces 3/8, & son plus grand abaissement à 28 pouces; à l'observatoire de Paris, sa plus grande élévation est de 28 pouces 4/10, & sa moindre 26 4/10 sur la mesure du pié de Paris, qui est plus grand de 9/144 que celui de Londres: ces observations s'accordent à celles qui ont été faites par M. Wolf à Hall en Saxe. A Alger le mercure s'éleve à 30 pouces 2/10 ou 3/10 par le vent de nord, quoique ce vent soit souvent accompagné de pluie & d'orage. Il est vrai qu'il y a une expérience dans laquelle la hauteur du mercure surpasse de beaucoup ces nombres; le mercure étant partaitement purifié & suspendu dans un tube, à la maniere de Torricelli, monte à la hauteur de 75 piés, quoiqu'à la moindre secousse il baisse à la hauteur ordinaire. Ce phénomene n'a pas causé peu d'embarras lorsqu'il a été question d'en découvrir la cause. Voici l'explication que M. Musschenbroek en donne dans ses Essais de Physique. Lorsqu'on a purgé le mercure de l'air qu'il contient, il devient un corps beaucoup plus dense que lorsque l'air se trouvoit placé entre ses parties: ce mercure peut aussi alors s'attacher fort étroitement à la surface du verre; ce qui fait que ses particules y restent suspendues; & comme ces particules s'attirent très - fortement, elles soûtiennent des particules voisines, & le mercure demeure suspendu par ce moyen à une très - grande hauteur: mais si on secoue le tuyau, alors les particules du mercure qui étoient contiguës au verre en sont détachées, & tout retombe. On peut voir dans l'ouvrage cité l'explication plus détaillée de ce phénomene singulier, & la réfutation de toutes les autres hypotheses qu'on a imaginées pour en rendre raison.

M. Boyle remarque que les phénomenes du barometre sont si variables, qu'il est extremement difficile de donner des regles générales de son élévation, ou de son abaissement. Il semble cependant que ce soit une regle assez générale, que quand les vents soufflent de bas en haut, le mercure est le plus bas: mais cela n'est pas toûjours vrai. L'illustre M. Halley nous a donné les observations suivantes. Dans un tems calme, quand il doit pleuvoir, le mercure est communément bas, & il s'éleve quand le tems doit être serein. Quand il doit faire de grands vents accompagnés de pluies, le mercure descend plus ou moins bas, selon le vent qui souffle. Toutes choses égales, la grande élévation du mercure arrive quand les vents soufflent de l'est, ou du nord - est. Après que le vent a soufflé violemment, le mercure qui pendant le tems que le vent souffloit étoit fort bas, s'éleve avec rapidité. Dans un tems calme, pendant lequel il gele, le mercure se tient haut. Dans les lieux les plus exposés au nord, le mercure souffre plus de variation que dans les lieux exposés au midi: à Naples il varie rarement de plus d'un pouce; au lieu qu'à Upminster il varie de 2 5/10 pouces, & à Petersbourg de 3 31/100, Transact. Phil. n°. 434, p<-> 402. Entre & proche les tropiques, le mercure no varie que peu ou point du tout.

Le docteur Beal remarque, que toutes choses égales, le mercure est plus haut dans l'hyver que dans l'été, & ordinairement le matin qu'à midi; qu'il l'est encore dans un tems serein un peu plus que devant ou après, ou que quand il pleut; & qu'il descend ordinairement plus bas après la pluie qu'auparavant: s'il arrive qu'il s'éleve après qu'il a plû, c'est ordinairement une indice de beau tems. Il arrive cependant des changemens considérables dans l'air, sans que le barometre varie sensiblement.

Par rapport à l'usage des barometres, un habile Physicien remarque que par son secours, nous recouvrons la connoissance qui est dans les animaux, & que nous avons perdue, parce que nos corps ne sont

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