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BALISTE (Page 2:37)
BALISTE, s. f. (Art. milit.) est une machine de guerre dont se servoient les anciens pour lancer des traits d'une longueur & d'un poids surprenant; elle chassoit aussi des balles ou boulets de plomb égaux au poids des gros traits qu'elle lançoit.
Les écrivains de l'antiquité, au moins le plus
grand nombre, sont opposés les uns & les autres à
l'égard de la baliste & de la catapulte. Voyez
Ammien Marcellin exprime la catapulte par le terme
de tormintum, & quelquefois d'onagre. Voy.
Une baliste de cette espece lançoit des traits de
soixante livres, longs de trois piés neuf pouces &
neuf lignes: cela veut dire, s'il faut s'en fier à Vitruve, dit le Chevalier de Folard,
Les bouts des bras n'ont point de cuilleron comme
celui de la catapulte; à cela près ils doivent être
semblables, parfaitement égaux dans leur grosseur,
dans leur longueur, dans leur poids, & il faut qu'ils
ne plient point dans le plus violent effort de le>
tension. Les traits 13 ne doivent pas moins étre
égaux en tous sens que les bras, qui seront placés
sur une même ligne parallele, à même hauteur par
conséquent, & au centre des deux écheveaux dans
lesquels ils sont engagés.
Les deux montans 3; 4, doivent être courbes à
l'endroit 14 ou ils frappent dans la détente. Dans
cette courbure on y pratiquera les coussinets 15;
cet enfoncement fait que les bras se trouvent paralleles
à l'écheveau, & qu'ils décrivent chacun
un angle droit dans leur bandage, c'est - à - dire dans
leur plus grande courbure. Il importe peu, à l'égard
des balistes, que les deux bras frappent de
leurs bouts ou de leur milieu contre les deux coussinets;
ainsi on peut, autant qu'on le juge à propos,
diminuer de la largeur des deux chassis où sont
placés les deux écheveaux de cordes, sans retrancher
de leur hauteur.
L'intervalle d'entre les deux poteaux 9, qui doit
être au milieu des deux traversans, où l'on introduit
l'arbrier 16, doit être un peu plus étroit que
l'arbrier, afin de pratiquer une entaille dans l'intérieur
des poteaux 9 de deux ou trois pouces des
deux côtés, afin de le tenir ferme. C'est sur cet arbrier
que l'on place le gros trait & que l'on pratique
un canal parfaitement droit; sa longueur se prend
sur la courbure des deux bras avec la corde 12:
ainsi on connoit la longueur qu'il faut donner au
> nal & jusqu'à l'endroit où la noix 17 de la détente
se trouve placée pour recevoir la corde de
l'arc à son centre. Cette noix sert d'arrêt, & la détente
est semblable à celles des arbalêtes. Il y a une
chose à observer à l'égard de l'arbrier: il faut qu'il
soit placé juste à la hauteur de la corde qui doit friser
dessus; car si elle étoit plus haute, elle ne prendroit
pas le trait; & si elle appuyoit trop fortement
dessus, il y auroit du frottement sur le canal où le
trait est étendu, ce qui diminueroit la puissance qui
le chasse.
A deux piés en - decà de la détente est le travail
18, autour duquel se devide la corde; & lorsqu'on
veut bander la machine, on accroche la corde de
l'arc à son centre par le moyen d'une main de fer
19. Cette main a deux crochets qui saisissent la corde
en deux endroits pour l'amener. La distance d'un
crochet à l'autre doit être plus grande que la largeur
de la noix, qui doit avoir une ouverture au milieu
comme celle des arbalêtes, dans laquelle on introduit
le talon du trait contre la corde qui prend à
la noix.
J'ai dit que les deux montans 3, 4, étoient appuyés
sur leur base à tenons & à mortoises; ils devoient
être appuyés & retenus encore par de puis
santes contrefiches. Heron & Vitruve lui - même
[p. 38]
Cette réflexion de M. de Folard est d'autant plus juste, que les anciens s'étant expliqués d'une maniere fort obscure sur les différentes machines de guerre qui étoient en usage de leur tems, il est bien difficile de se flatter d'avoir deviné juste tout ce qui concerne ces machines: aussi si M. de Folard, dit un habile journaliste, n'a pas toûjours donné dans le vrai à cet égard, toûjours peut - on dire qu'on lui a de grandes obligations, & qu'il en a peut - être approché plus que tous ceux qui ont travaillé avant lui sur le même sujet. Bibliotheque raisonnée des savans de l'Europe, tome V.
Au reste les anciens historiens rapportent des effets
de ces machines qui nous paroissent presqu'incroyables.
M. de Folard a eu soin de les rapporter
dans son Traité de l'attaque des places des anciens. Voy.
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