ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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moyenne longueur, il peut les faire sur de longues
jumelles, en interrompant le travail par une petite
distance d'un peigne à l'autre; il s'épargnera par - là
la peine & le tems de monter & démonter plusieurs
fois: les choses en cet état, l'ouvrier fait plusieurs
tours avec le fil à l'entour des jumelles qu'il échancre un peu avec la serpette, pour éviter que ce sil ne
glisse; il en fait autant avec un second >l qui est de
son côté, en le faisant tourner de dedans en dehors,
au lieu que le premier fil tourne de dehors en dedans;
ces tours de fil sont frappés avec une batte, qui demeure
ainsi placée dans les jumelles pendant tout le
travail qui va suivre; après cela, l'ouv>r place une
premiere dent, qui donnera entre les jumelles la
juste ouverture pour le logement convenable de la
denture. Cette premiere dent est un morceau de canne
épais, plié en deux, les deux extérieurs du bois
se touchant; cette dent se pose à plat contre les tours
de sil qui viennent d'être faits. Si on n'a pas assez d'épaisseur,
on remplit l'entre - deux intérieur de cette
dent avec les menues parcelles qui sont sorties de la
canne par l'opération des rasoirs, & cela tant qu'il
le faut; cette dent parvenue à son point d'épaisseur,
est sixée contre le fil par plusieurs tours de ce même
fil recroisés plusieurs fois & frappés avec la batte;
ensuite on met uneautre dent, mais bien moins épaisse; celle - ci est posée sur son champ, & de même entourée
de plusieurs tours de fil, & toujours frappés
avec la batte; toutes ces précautions servent beaucoup
à la perfection du peigne: après tout ceci, on
pose les dents qui composent le peigne, l'une après
l'autre, & toujours après un tour de chaque fil, dont
l'un, comme il a été déja dit, & qui est le premier,
se passe du dehors en - dedans, & le second du dedans
en - dehors; c'est - à - dire, qu'il jette le paquet par - dessus les jumelles, qui retombe sur l'établi, après avoir
passé par l'ouverture entre les jumelles. A l'égard du
paquet qui est du côté de l'ouvrier, comme ses deux
mains se trouvent voisines, il le reçoit de la main
gauche; puis roidissant avec la main gauche, & à la
sois les deux bouts ainsi passés, il a la main droite libre
pour frapper avec la batte contre c> tour des deux
sils; puis il place une autre dent, & fait de même jusqu'au boux. Il est bon d'observer dans cette >ion
d>s dents, qu'elles se posent toutes sur leur champ,
& le poli du même côté. Ce poli extérieur de la canne
se trouve ainsi placé du côté gauche de l'ouvrier
puisqu'après avoir passé sa dent à plar d'abord dans les
jamelles, il la releve ensuite pou> la placer sur son
champ, ayant le poli du côté du pouce droit. On
voit aussi qu'il ne frappe jamais sur la dent qu'il seroit
>n danger de casser, mars bien contre le fil qui forme
ainsi les separations de la denture. Ce fil, au moyen
de la poix dont il est enduit, & du coup de batte, se
ti>nt comme collé sur les jumelles. On concevra sans
doute que les dents sont plus lorgues qu'il ne faut,
puisqu'il faut que l'ouvrier les tienne par ie bout en - dehors
des jum>es de son côté, elles passent de même
in>galement de l'autre côté, cela comme elles se
trouvent, ou que l'ouvrier apperçoit un défaut à l'un
oa à l'autre bout; car il faut que ces dents n'en ayent
aucun; il ne lui est pas poilible d'en employer de
trop courtes puisqu'elles ne pourroient être arrétées
par le fil; on voit la nécessite de l'égalité de ce fil,
puisque s'il devenoit plus gros ou plus sin, la denture
seroit dérangée, dérangement qui peut avoir encore
plusi>urs autres causes; d'abord par la differente grosseur
des fils, par la differente >ur des dents, ou
par la differente pression des coups de batte. L'ouvrier
a> lusieurs moyens pour s'appercevoir si son égalité
est toujours l> même: premierement, il forme lui - même
ses fils avec toute la justesse qu'il sait leur être
>re; il s'appercevroit de l'inegalité de l'épaisseur
des dents en en mettant une certaine quantité
qu'il sait devoir être contenue dans l'espace du compartissoir.
A l'égard des coups de batte, la grande
habitude de l'usage réglant sa force, il parvient à les
donner toujours égaux; s'il s'apperçoit que quelque
dent gauchisse, il y remedie avec un petir instrument
de fer plat appellé retroussotr, qu'il introduit dans
le peigne pour redresser ce défaut. Toutes les den>s qui
composent le peigne étant ainsi posées, il termine le
tout comme quand il a commencé. Il coupe les jumelles
avec une petite scie à main devant les pieces
de fer, c'est - à - dire dans les dedans. Il a été dit qu'il
salloit que les jumelles fussent plus longues que les
peignes que l'on veut faire avec: voici pourquoi; si
on ne donnoit que la longueur juste à ces jumelles, il
ne se trouveroit pas assez de chasse pour le jeu de la
batte, ou pour l'introduction des dents, l'excédent
donne cette place nécessaire. Le peigne en cet état, &
débarrassé de ses liens est brut, on commence par le
debrutir, par couper avec la serpette tous les bouts
des dents qui sortent des jumelles, on les coupe à
l'uni du fil, prenant garde de ne point couper ce fil
avec; ensuite les dents se tronvant toujours un peu
raboteuses & inégales entrelles, il faut les unir toutes,
ce qui se fait avec l'instrument appellé cou>cau à
ratir. On pose le tranchant de cet outil à plat sur la
denture en l'amenant à soi jusqu'auprès du fil, puis
on coupe les bavures à fleur de ce fil; ce qui étant
fait haut & bas, devant & derriere, avec un autre
petit instrument tranchant appellé évidoir, qu'on introduit
entre chaque dent aussi haut & bas, devant
& derriere, on ébarbe tout ce qui peut être resté aux
bords de chaque dent, enfin il n'y doit rien rester de
superflu; après quoi on le polit; puis l'on couvre le
fil dont on a tant parlé, avec de petites bandes de papier
blanc collées, qui s'y appliquent en tournant
depuis une superficie des dents jusqu'à l'autre, & le
voilà enfin >ni. J'ai dit, en commençant, qu'il y
avoit de bien de sortes de peignes, je vais en détailler
quelques - unes pour en donner uneidée: premierement
pour le ruban; ils sont petits & extrèmement
sins; d'autres plus longs & d'une denture plus grosse,
sont pour le galen, la grandear & grosseur variant
suivant les différens ouvrages qui y seront poses;
il y en a de deux en deux, ce qui se fait au
moyen de ce qu'après avoir placé deux dents comme
à l'ordinaire, on fait plusieurs tours de fil à l'entour
des jumelles avant d'y en placer deux autres, &
cela se continue de même; ceux - ci sont pour la chenille: enfin on en fait jusqu'à 6 piés de long & davan<->
>age, & qui contiennent jusqu'à 11 ou 12 cens dents;
ceux - ci sont pour les Ferandiniers & Tisserans qui
les appellent >. Voyez les Pl. du Passementier.
Peigne
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Peigne, instrument du métier d'étosses de soie. Le
p>gne est un petit cadre de deux pouces & demi de
hauteur sur la longueur dont on veut la largeur de l'étosse,
il est garni de petites dents qui sont faites en
acier bien poli, ou de la pellicule du roseau; les baguettes
qui forment le cadre dans la hauteur du peigne, sont liées avec un fil pour tenir les dents en raison.
Le travail des peignes pour la manufacture d'étoffes
d'or, d'argent & de soie. La façon dont les p>ignes sont
faits >tant suffisamment démontrée dans l'article de
Passementerie, voyez les Planches, on ne donnera l'expli>ion que de ceux qui sont faits avec du fil de fer,
l>els sont appellés communément peignes d'a<->
>.
Pour fabriquer les peignes de cette espece, on choisit
du fil de fer proportionné à la largeur de la dent
qui convient, & à son epaisseur, le nombre des dents
de peigne pour les étosses etant depuis douze & demi
jusqu'à trente de compte, ce qui signifie depu>s 500
dents jusqu'à 1200 dans une même largeur de 20
pouces environ. Il est évident que plus un peigne est
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fourni de dents, plus elles doivent être minces &
étroites, conséquemment que le fil de fer doit être
proportionné. On passe ce fil de fer sous la meule,
c'est - à - dire, entre deux rouleaux d'acier semblables
à ceux qui servent à battre ou écacher l'or & l'argent.
Quand le fil de fer est applati jusqu'au point
convenable, on le passe dans une filiere de mesure
pour la dent qu'on desire, qui ne lui laisse que sa largeur
& son epaisseur, après quoi on coupe le fil de
fer de la longueur de 9 pouces ou de trois dents; on
met ces parties dans un sac de peau avec de l'émeri
& de l'huile d'olive, ensuite on le roule sur une grande
table où elles se polissent. L'opération finie, on
coupe ces parties à trois pouces de longueur, & on
monte le peigne de la même façon que ceux dont les
dents sont de roseau. Mais comme les peignes de cette
espece seroient éternels, pour ainsi dire, s'ils ne
manquoient pas par >e lien, qui n'est qu'une quantité
de fils poissés, plus ou mois grosse, selon la largeur
ou le resserrement qu'il faut donner à la dent; les
Anglois ont trouvé le secret de les faire aussi justes
sans se servir de liens ni de jumelles, qui sont deux
baguettes entre lesquelles les dents sont arrêtées avec
le fil. Cette façon de monter les peignes est d'autant
plus singuliere, qu'ils en ont encore plus d'égalité,
le défaut ordinaire des peignes d'acier étant de n'avoir
pas les dents rangées aussi également que l'étoffe l'exigeroit,
soit par le défaut de l'inégalité du fil, soit par
celui qui le fait, qui ne frappe pas avec la même justesse.
Quand les Anglois veulent monter un peigne de
quelque compte qu'on le desire, ils ont soin d'avoir
autant de dents de refente que de dents ordinaires
pour le peigne, toutes du même calibre; on donne le
nom de dents de. refente à celles qui n'ont que deux
pouces de longueur, & celui de dents ordinaires, à
celles qui en ont trois, parce que les deux jumelles
en retiennent ordinairement un demi - pouce de chaque
côté. Sur une bande de fer polie de deux pouces
moins deux ou trois lignes de large, & de lon<cb->
gueur de deux piés plus ou moins, ils commencent à
poser de champ une dent ordinaire & une dent de refente,
& continuent alternativement jusqu'à ce que le
nombre de dents que le peigne doit avoir soit complet,
ayant soin de laisser un demi - pouce de chaque côté
entre les dents ordinaires pour celles de refente. Le
nombre de dents complet, on le resserre avec une
vis, jusqu'au point de jauge ordonné pour la largeur
des étoffes, qui ordinairement est de 20 pouces pour
celles qui sont des plus riches & des plus en usage.
Les dents étant bien arrêtées, ils bordent un côté
avec de la terre battue, de façon qu'ils puissent jetter
une composition d'étain & de cuivre à un demi-pouce
d'élevation, & arrêter toutes les dents ordinaires
qui se trouvent prises dans la matiere. Ce côté
fini, ils font la même opération de l'autre, après quoi
ils lâchent la vis, qui donne la liberté aux dents de
refente de tomber & de laisser un vuide de la largeur
de leur calibre, après quoi ils polissent & unissent ou
égalisent des deux côtés la composition, qui, par la
façon dont on vient d'expliquer, ne retient que les
dents dont la longueur étoit supérreure à celles de
refente. Il n'est pas possible de faire des peignes plus
justes, & s'il se trouvoit quelques défauts dans ceuxci,
ce ne seroit que dans le cas où la dent de resente
ne seroit pas de calibre, ce qui ne sauroit arriver.
Avant cette derniere façon de faire les peignes justes,
il arriveroit que l'inégalité des dents causeroit un défaut
essentiel dans l'étoffe fabriquée, sur - tout dans
l'unie; en ce que l'étoffe fabriquée rayoit dans sa longueur,
ce qui ne se rencontroit pas dans le peigne
de canne ou roseau travaillé de même, attendu que
dans ce dernier la flexibilité de la dent se trouve rangée
par l'extension du fil de la chaîne; au lieu que la
roideur de cette même dent dans le premier, rangeant
les sils avec la même inégalité qui lui est commune,
il s'ensuit un défaut irréparable; de façon qu'il
convient beaucoup mieux pour la perfection de l'étoffe,
que la chaîne range la dent du peigne, que si
cette même dent range la chaîne.
[omission: image; to see, consult fac-similé version]
Peigne de Vénus
(Page 12:244)
Peigne de Vénus, scandix; (Bot.) genre de
plante à fleur en rose & en ombelle composee de plusieurs
pétales disposés en rond, & soutenue par un
calice qui devient dans la suite un fruit composé de
deux parties qui ressemblent chacune à une aiguille,
& qui renferment une semence. Tournefort, inst. rei
berb. Voyez Plante.
Peigne
(Page 12:244)
Peigne, en terme de Cornetier, se dit d'un ustencile
de toilette dont l'usage est de faire tomber la poudre
de la téte & de démêler les cheveux. Il y en a
encore de buis & d'os dont personne n'ignore l'usa>
Les peignes se sont d'un morceau degalin taillé de la
largeur, grosseur & épaisseur qu'on veut leur
donner. Quand ces morceaux sont dressés, on les
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