ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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re; 15°. le beau peigne, nommé la vierge par Rumphius; 16°. le peigne nommé par le même amusium;
il est fait en table lisse & polie; 17°. le peigne à coquille
inégale, bariolé de taches fauves.
Dans la classe des peignes qui n'ont qu'une oreille,
on distingue les especes suivantes; 1°. le peigne noir,
épineux: il est par - tout couvert de pointes aiguës;
2°. le peigne épineux, rouge; 3°. le peigne épineux,
gris; 4°. le peigne épineux, jaune; 5°. le peigne épineux, bariolé; 6°. le peigne épineux, orangé; 7°. le
peigne blanc & tout uni.
Dans la classe des peignes qui n'ont point du tout
d'oreilles, on compte les especes suivantes: 1°. le
peigne appelle la ratissoire ou la rape, en anglois the
file cockle; 2°. le peigne oblong, blanc & raboteux;
3°. le peigne à côtes jaunes, & découpé dans son
contour; 4°. le peigne bariolé, avec un pourtour déchiré;
5°. le peigne épais, chargé de cordelettes bariolées
de bleu, de jaune & de brun; 6°. le peigne
uni & bariolé; 7°. le peigne rond & blanc, nommé
sourdon, en anglois the common cokle.
Parmi les peignes de ces trois especes, on estime
particulierement celui qui imite par son rouge la couleur
du corail: de grandes stries cannelées, sur lesquelles
sont des tubercules élevés & creux, le coupent
dans toute son étendue; ses oreilles sont inégales,
& ses bords sont régulierement chantournés.
Le manteau ducal rouge est également beau deffus
& dessous; le travail grené de ses stries, les bords
orangés de ses oreilles, & le chantournement de ses
contours le font rechercher des curieux.
Le peigne appellé la rape ou la ratissoire, est remarquable
par les éminences qui suivent ses stries,
& qui le rendent fort rude au toucher; ce peigne est
tout blanc, & n'a point d'oreilles.
En un mot, la famille des peignes est une des plus
agréables qu'on ait, en fait de coquilles, pour la
beauté des couleurs. Parlons de l'animal.
Ce coquillage a deux grandes membranes brunes
qui s'attachent chacune à une des pieces de la coquille;
de leur contour sortent dans l'eau de la mer
une multitude prodigieuse de poils blancs, assez
longs pour déborder les valves. L'intervalle est garni
de petits points noirs, ronds & brillans. I'intérieur
des deux membranes renferme quatre feuillets fort
minces, chargés transversalement de stries très - fines.
Il se voit, au - dessus de ces quatre feuillets, une petite
masse molle & charnue qu'on peut croire être le
ventre ou les entrailles. Elle cache, sous une pellicule
assez mince, une espece de pié, dont la pointe regarde
le centre de l'animal. Cette partie est ordinairement
de la même nuance que celle qui l'enveloppe,
mais dans le tems du frai, elle se gonfle, change
de couleur, & devient d'un jaune foncé: quelque
tems après elle diminue, maigrit & reprend son ancienne
teinte.
Voici le mouvement progressif de ce coquillage
sur terre. Lorsque le peigne est à sec, & qu'il veut
regagner la mer, il s'ouvre autant que ses deux valves
peuvent le lui permettre, & étant parvenu à un
pouce ou environ d'ouverture, il les referme avec
tant de vîtesse, qu'il communique aisément à sa valve
inférieure un mouvement de contraction par lequel
elle acquiert assez d'elasticité pour s'élever &
perdre terre de deux à trois pouces de haut: il importe
peu sur quel côté de la coquille il puisse tomber;
il suffit de savoir que c'est par cette manoeuvre
réiterée qu'il avance toujours vers le but qu'il s'est
proposé. Cependant si le peigne étoit attaché à quelque
corps étranger par le grand nombre de filamens
ou de poils qui s'implantent sur la surface de ses deux
valves, il est vrai qu'alors il n'auroit point de mou<cb->
vement progressif; mais c'est un cas assez rare, excepté
dans le pétoncle.
La progression de cet animal dans l'eau est bien
différente. Il commence par en gagner la surface sur
laquelle il se soutient à - demi plongé: il ouvre alors
tant - soit - peu ses deux coquilles, auxquelles il communique
un battement si prompt & si accéléré, qu'il
acquiert un second mouvement; on le voit du moins
en réunissant ce double jeu, tourner sur lui - même
très - vîte de droite à gauche; par ce moyen il agite
l'eau avec une si grande violence, qu'au rapport de
Rondelet, elle est capable de l'emporter, & de le
faire courir sur la surface des mers.
On sent bien que ceux qui sont attachés à plusieurs
corps étrangers ne jourssent d'aucun des mouvemens
dont nous venons de parler. Voyez sur les peignes, Lister, Dargenville, & les Mémoires de l'académie des
Sciences. (D. J.)
Peigne
(Page 12:241)
Peigne, s. m. (terme de Boulang.) les Boulangers qui font le biscuit de mer, appellent quelquefois
peigne, un petit instrument dont ils se servent à
faire plusieurs figures sur leurs galettes; son véritable
nom est une croisoire.
Peigne
(Page 12:241)
Peigne, dans l'art de la Corderie, est un instrument
composé de six ou sept rangs de dents de fer à - peu - près semblables à celles d'un rateau; ces dents sont
fortement enfoncées dans une planche de bois de
chêne fort épaisse.
Il y a quatre sortes de peignes différens: ceux de
la premiere grandeur, voyez les Pl. d'Agric. ont les
dents de 12 à 13 pouces de longueur, quarrées, grosses
par le bas de 6 à 7 lignes, & écartées les unes
des autres de 2 pouces par la pointe. Ces peignes ne
sont pas destinés à affiner le chanvre, mais seulement
à former les peignons. On les appelle peigne
pour les peignons.
Les peignes de la seconde grandeur, appellés peignes à dégrossir, ont les dents longues de 7 à 8 pouces,
grosses de 6 lignes par le bas, & écartées les
unes des autres de 15 lignes par la pointe. Ces peignes
servent à dégrossir le chanvre, & à en séparer la
plus grosse étoupe.
Le peigne de la troisieme grandeur, nommé peigne
à assiner, a les dents de 4 à 5 pouces de longueur,
de 5 lignes de grosseur par le bas, & éloignées les
unes des autres de 10 à 12 lignes. C'est sur ce peigne
qu'on affine le chanvre, & que le second brin se sépare
du premier.
Enfin il y a des peignes qui ont les dents plus courtes,
plus menues & plus serrées que les précédens;
on les nomme peignes fins. On se sert de ces peignes
pour préparer le chanvre destiné à faire de petits ouvrages
plus délicats.
Il faut remarquer 1°. que les dents des peignes doivent
être rangées en échiquier ou en quinconce, &
non pas sur une même ligne; autrement plusieurs
dents ne feroient que l'effet d'une seule.
2°. Qu'elles doivent être taillées en losange, &
posées de maniere que la ligne qui passeroit par les
deux angles, coupât perpendiculairement le peigne
dans sa longueur: par ce moyen les dents résistent
mieux aux efforts qu'elles ont à souffrir, & refendent
mieux le chanvre. Voyez l'article Cordfrie.
Peigne
(Page 12:241)
Peigne, (Draperie.) voyez l'article Manufacture en laine; c'est une partie du métier.
Peigne
(Page 12:241)
Peigne, (terme d'Hautelisserie.) instrument dentelé
dont se servent les Hautelissiers pour battre &
serrer leurs ouvrages. Il est de bois dur & poli, de 8
à 9 pouces d'épaisseur du côté du dos, d'où il va
toujours en diminuant jusqu'à l'extrémité des dents.
On s'en sert à la main.
Le peigne des basselissiers est à - peu - près de même,
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hormis qu'il v a des dents des deux côtés. Les uns &
les autres sont ordinairement de buis ou d'ivoire.
Peigne
(Page 12:242)
Peigne, (Lainage.) sorte d'instrument en forme
de grande carde de fer, dont les dents sont longues,
droites & fort pointues par le bout. On s'en sert dans
les manufactures de lainage à peigner la laine destinée
pour faire la chaîne de certaines étoffes. C'est cette
laine ainsi peignée que l'on appelle ordinairement
estaim. On se sert aussi de peignes dans quelques autres
manufactures, pour peigner diverses sortes de
matieres, comme bourre de soie, chanvre, &c. Ces
sortes de peignes sont en quelque maniere semblables
à ceux qui sont d'usage pour la laine, mais ils sont
plus petits. (D. J.)
Peigne
(Page 12:242)
Peigne, instrument à l'usage du marbreur. Cest
une barre de bois plate dans laquelle sont enfoncés
des fils de fer d'environ deux doigts de longueur. Le
peigne sert à mêler les couleurs qui nagent à la superficie
de l'eau gommée dans le bacquet.
Les marbreurs se servent de trois différentes sortes
de peignes, savoir le peigne au commun, le peigne à
l'Allemagne, & le peigne à frison. Le peigne au commun
est celui dont on se sert pour le papier marbré
ordinaire, c'est - à - dire, pour celui qui n'est que veiné;
il a cinq ou six rangs de dents.
Le peigne à l'Allemagne sert pour le papier marbré
qui imite celui que l'on fabrique en Allemagne. Ce
peigne n'a qu'une rangée de dents.
Le peigne à frisons est celui dont on se sert pour
marbrer le papier dont les relieurs font usage pour la
relieure des livres. On l'appelle peigne à frisons,
parce que ses dents sont placées alternativement
l'une d'un côté, l'autre de l'autre, de maniere que
le marbreur en tournant le poignet, arrange les couleurs
en cercles ou srisons. Ce peigne n'a qu'une seule
rangée de dents, qui en forme deux par leur situation
oblique qui en tourne les pointes les unes d'un
côté, les autres de l'autre. Voyez l'article Marbreur
& les Planches.
Peignes
(Page 12:242)
Peignes, les Maréchaux appellent ainsi des gratelles
farineuses qui viennent aux panerons du cheval,
& qui y font hérisser le poil sur la couronne.
Peigne de corne, instrument dont les Palefreniers se
servent pour peigner les crins & la queue des chevaux.
Peigne
(Page 12:242)
Peigne, (Ruban.) à l'usage de ce métier; il y en a
de quantité de sortes: il faut, avant de les détailler,
parler de la maniere dont on les fabrique. Ils sont faits
de canne de Provence, qui est proprement le roseau;
mais celui de ce pays est le seul propre à cet usage.
La canne est d'abord coupée entre ses noeuds, & forme
de longueurs, puis elle est refendue avec une serpette;
ces refentes se font à plusieurs reprises, pour
parvenir à la rendre assez étroite pour l'usage auquel
on la destine: ces différens éclats sont étirés sur les
rasoirs des poupées; ces poupées de figure cylindrique,
qui portent sur l'établi, doivent être à leur
base comme à leur sommet, ce qui leur donne plus
d'assiette, & les empêche de varier sur l'établi. Elles
sont de bois tourné, & ont au centre de leur base
une queue qui passe dans des trous percés à l'établi;
la face supérieure qui est très - unie, porte au centre
une lame d'acier très - tranchante, en forme de rasoir,
qui y est sichée debout: à côté de ce rasoir est aussi
fichée une piece de fer plate non tranchante, qui est
aussi debout comme le rasoir, & qui l'approche de
très - près en lui présentant une de ses faces plates;
cette piece est placée de façon qu'il n'y a entr'elle &
le rasoir que la place nécessaire pour passer une dent
ou éclat de canne; cette piece de fer dirige le passage
de la dent contre be rasoir, & par conséquent
ne doit laisser entr'elle & lui que la distance proportionnée
à l'épaisseur que l'on veut donner à la dent;
il y a done de ces poupées dont les fers sont en plus
grande, d'autres en plus petite distance, puisqu'il y a
des dents plus ou moins épaisses: il y a encore de ces
poupées dont il faut que les deux pieces dont on parle,
soient fort écartées, puisqu'il faut que la dent passe
entr'elles à plat pour en unir les bords; la dent,
par cette opération, est mise à 2 lignes de largeur
environ; cet étirage se fait en plaçant la dent (qui
est encore de toute la longueur que les noeuds de la
canne l'ont permis), entre les deux fers de la poupée,
tenant la dent avec la main droite, pendant que
la gauche posée de l'autre côté des fers, ne fait que la
tenir en respect. Il faut observer que c'est le côté intérieur
de la canne qui passe sur le rasoir, puisqu'on
ne touche jamais à son côté extérieur & poli. Cette
dent est déchargée par ce moyen de tout son bois &
n'en est presque plus que l'écorce. Après ce premier
passage sur le rasoir, la dent est retournée bout pour
bout pour repasser encore contre le rasoir; car le bout
tenu par la main droite n'a pu y passer: ceci bien entendu,
il faut parler du fil qui servira à la construction
du peigne. Ce sont plusieurs brins de fil unis ensemble,
en telle quantité qu'on le juge à propos,
puisque c'est de cette grosseur que dépend l'éloignement
plus ou moins grand des dents, suivant la nécessité;
ainsi il est de conséquence de savoir proportionner
cette grosseur. Ces fils ainsi unis & tortillés
ensemble sont graissés avec de la poix, & sont de très grande
longueur, l'opération que l'on verra en son
lieu en employant beaucoup: ces fils sont ensuite mis
en paquets pour attendre l'usage. Il en faut de bien
des grosseurs différentes, ayant aussi quantité de grosseurs
de peignes, ainsi qu'il en sera parlé. Il faut àprésent faire connoître les jumelles. Ce sont de petites
tringles de bois d'hêtre, larges de 5 à 6 lignes sur
une ligne d'épaisseur, & de 4 piés, 4 piés & demi de
long; on n'en fait point de plus longues, leur foiblesse
ne le permettant pas. S'il s'agissoit d'avoir des
peignes plus longs, puisqu'on en fait qui ont 6 piés
& plus, on en joint plusieurs ensemble par le moyen
de la colle forte; ces tringles si minces ont un côté
de leur épaisseur qui est plat, & c'est celui - ci qui formera
le dedans; l'autre côté est arrondi autant que
cette épaisseur peut le permettre, de sorte que les
extrémités en sont presqu'aiguës. Lorsqu'on veut faire
un peigne d'une longueur donnée, il faut quatre de
ces jumelles unies deux - à - deux, mais plus longues
que la longueur déterminée; on en verra dans peu
la nécessité. Deux de ces jumelles sont unies ensemble
& de leurs côtés plats, au moyen de petites échancrures aux bouts, & d'une ligature. On les place sur
la piece de fer plate fixée invariablement sur la poupée
qui entre dans les trous de i'établi, l'autre bout
est attaché de même & placé sur une piece de ser reçue
dans la machoire portée par une vis qui passe par
le trou de la poupée, qui se place elle - même à volonté
dans différens trous de l'établi, suivant la longueur
dont on a besoin; ces quatre jumelles sont tendues roides
& égales par le moyen de la noix. On ne doit
point craindre qu'elles cassent pat la grande tension
où elles ont besoin d'être pour acquérir plus de rectitude,
pourvu que le tirage soit direct & égal. Ceci
étant ainsi disposé, on mesure avec l'instrument appellé
compartissoir, pour voir si la distance est la même,
ce qui se fait en conduisant cet instrument dans
l'espace que laissent entr'elles les jumelles; si le peigne
est d'une grande longueur, on y laisse ce compartissoir
lié légerement aux jumelles à une distance convenable,
pour laisser la jouissance à l'ouvrier: lorsqu'on en approche de trop près par le travail, on le
recule, & toujours de même; par - là on conserve l'égalité
de l'ouverture que la trop grande longueur
pourroit faire varier; on voit qu'il faut avoir différens
compartissoirs, suivant les différentes hauteurs
des peignes, car c'est lui qui donne cette hauteur. Si
l'ouvrier a plusieurs peignes à faire de petite ou de
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