ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"133"> coulette 6, que tient encore le tourneur; il recule ainsi jusqu'à l'endroit fixé de la longueur, en déroulant à mesure les soies de la banque qui est posée sur le pié du rouet, par le moyen des coulettes qu'il sient à chaque main: on aura par ce moyen quatre longueurs d'une seule opération, comme on voit dans les fig. Lorsque le tourneur est arrive au bout de sa longueur, le retordeur, qui est à présent tourneur, coupe les soies de la banque, au moyen d'une lame de couteau placée dans le même montant; & le bout coupé est attaché à la quatrieme molette du croissant: les deux autres longueurs de la coulette 3 sont coupées le plus juste qu'il est possible au même couteau, & attachées à la deuxieme & troisieme molette de ce croissant. Le retordeur fait agir lui - même le rouet à gauche, & donne un retors convenable; après quoi il prend les mêmes soies de la banque, mais en plus petite quantité, qui sont posées de la même façon sur les coulettes dont on a parle, puis coupées & attachées aux mêmes molettes; alors le rouet est tourné à droite. Ce mouvement contraire opérant deux retors différens, forme ce qu'on appelle graines d'épinards en soie, pour faire la pente des franges à carrosses & autres. Voyez les Pl.

3°. Du cordon pour les galons à chaînette. Il est fait de même, excepté que les quatre longueurs ne sont point redoublées comme à la graine d'épinards: ici les quatre longueurs, étant attachées à leurs molettes, sont torses à droite convenablement, après quoi elles sont unies ensemble en cette sorte; la branche de la deuxieme molette est unie à celle de la quatrieme, & celle de la troisieme à la premiere; & le tourneur passant sa branche de la coulette gauche sur la droite, le tout ne forme plus qu'une feule branche, mais double en longueuz, quoiqu'attachée à deux molettes: on lui donne un second retors, mais à gauche, suivant la nécessité; & voilà le cordon fini: il sert à former les differentes chainettes sur les galons des carrosses. Voyez les Pl.

4°. Du retors pour les franges. Il est fait de la même façon que le cordon: à l'égard de la tension des quatre branches, voici ce qu'il y a de différent. Les deux branches de la coulette du rouet sont coupées & attachées aux molettes 2 & 3 du croissant, pui, retorses à droite; après le retors suffisant, le rouet étant arrêté, les deux branches 2 & 3 sont nouees ensemble & posées sur la coulette du rouet, & la quatrieme branche détachée de sa molette, est relevée au rouet à main sur une bobine: ainsi les quatre branches ne forment plus qu'une longueur, mais ayant un noeud au milieu, ce retors servira à faire des franges pour les garnitures de carrosses, tours de jupe, &c. Voyez les Pl.

5°. Des guipures pour les livrées. Elles se font en mettant certaine quantité de brins de soie du rateau à la melette du pié - de - biche; le retordeur va à l'émerillon pendant que le rouet tourne à droite: après le retors convenable, il attache la branche au crochet de l'emerillon, & il prend un brin de grosse soie & plusieurs de fine; le gros brin est passé & conduit entre le doigt auriculaire & l'annulaire de la main gauche, & les brins de soie fine, moitié d'abord par les doigts annulaire & medius, puis l'autre moitié par le medius & l'index; par conséquent le gros brin est toujours couché le premier sur la longueur tendue, puis recouvert tout de suite par les deux parties qui le suivent; de sorte que ce que le gros fait à lui seul, par rapport à la distance, les deux parties le font à elles deux au moyen de l'ouverture qu'on a fait remarquer; arrivé à lamolette, les brins sont coupés; le rouet tourné en sens contraire pour éviter le vrillage, l'ouvrage est achevé. Cette guipure sert à ornet les livrées qui, comme celle du roi, sont ornées de pareilles guipures. Voyez les Pl.

6°. Des cordonnets pour les agrémens. Ils se font ainsi. 1°. Le retordeur ayant attaché plusieurs brins de soie pris au rateau qu'il a à la ceinture, à une molette du pié - de - biche, il va joindre l'émerillon, pendant que le rouet est tourné à drcite; où étant arrivé, il attend que le retors soit suffisant; puis faisant arrêter le rouet, il coupe cette longueur, & l'attache au crochet de l'émerillon: il prend une certaine quantité de brins de soie, mais plus fine & par conséquent plus belle, qu'il attache de même à ce crochet; il fait tourner le rouet à droite, & conduit cette soie près - à - près, pour couvrir exactement la premiere longueur tendue; & étant arrivé à la molette, il coupe la soie, & fait détordre ladite longueur pour empêcher le vrillage; cette longueur est relevée à l'ordinaire par le rouet à main. Ce cordonnet sert à faire quantité d'ouvrages de mode pour la parure des dames. Voyez les Pl.

7°. Des cordonnets à broder. Ils ont la même fabrique que celui dont on vient de parler, excepté qu'au lieu de foie, ils sont faits de fil retors, autrement d'épinai; la branche tendue étant de plus gros fil que celui qui la couvre à claires voies, comme à la premiere ouverture de la milanoise. Ce cordonnet sert pour la broderie en linge. Voyez les Pl.

8°. Des cablés pour les bords coquillés du galon. Ils ont ceci de particulier, qu'on prend trois bouts de filé or ou argent qui sont contenus sur le rateau qu'on attache à trois molettes différentes du croissant; étant attachées, le retordeur va joindre l'émerillon; & lorsqu'il y est parvenu, il coupe ces trois branches qu'il noue ensemble; & les attachant au crochet de l'émerillon, il passe les doigts de la main gauche entre les trois branches, & fait tourner le rouet à droite: ces trois brins s'unissent ensemble derriere sa main, & pour lors l'emérillon tourne à gauche seulement dans ce seul ouvrage; car dans tous les autres il tourne du même sens que le rouet. Etant arrivé au rouet, il quitte ces brins qu'il tenoit, & les unit à la même molette; puis il envoie le tourneur arrêter l'émerillon, pendant que lui tourne le rouet à gauche suffisamment, & ensuite il tourne à droite pour éviter le vrillage. Le cablé sert à orner les bords des galons, &c. qui se fabriquent au métier. Voyez les Pl.

9°. Des grisettes pour les coquillages des bords des galons & autres ouvrages. Elles se font de cette maniere.

Le retordeur prend une certaine quantité de brins de soies qu'il a à son rateau, qu'il attache à une molette du pie - de - biche; puis il fait tourner à gauche en allant joindre l'emerillon: y étant arrivé, le rouet cesse pendant qu'il coupe sa longueur; & l'attachant au crochet de l'émérillon, il reprend une quantité moins considérable de soie, mais bien plus fine, qu'il attache de même au même crochet; puis il fait encore tourner à gauche, en recouvrant le dessous près - à - près: il arrive à la molette, & fait cesser le rouet; ensuite il va à vuide à l'émerillon, où étant, il prend un brin de clinquant battu de son rateau, dont il couvre le tout près - à - près, & sans aucun vuide, en allant joindre la molette du pié - de - biche, où étant, après avoir fait cesser le tournage; puis retourne à l'émerillon, & prend un brin de soie très - fine qu'il attache encore au crochet de l'émerillon, & fait tourner le rouet à droite, en retournant à la molette. Ici ces tours sont éloignés l'un de l'autre de l'épaisseur d'une ligne. Cette derniere opération ne sert qu'à empêcher la lame de battu qui y a été mise auparavant, de s'écorcher, ou, si cela arrivoit, le brin de soie couché dessus empêcheroit l'accident d'aller plus loin. Les grisettes servent encore à former le dedans des coquillages que l'on met sur les bords des galons. V. les Pl.

10°. Du frisé. Il est fait de cette maniere. 1°. Le retordeur prend une certaine quantité de brins de soie sur le rateau qu'il attache à la molette du pié - debiche, & fait tourner à gauche en allant joindre l'é<pb-> [p. 134] merillon, ou lorsqu'il est arrivé, il coupe cette branche & l'attache au crochet; ensuite faisant venir le tourneur à l'émerillon pour le retenir, le retordeur va rejoindre la molette; puis attachant quantité de soie moins considérable de la même soie à la molette, il s'en retourne joindre l'émêrillon, en conduisant les soies le long de la longueur déja tendue; il reprend l'émerillon de la main du tourneur qui s'en va à son tour à la molette, & tourne le rouet à droite. La diversité de ces deux différens tournages fait que la premiere longueur tendue couvre la seconde, ce qui forme une spirale parfaite dans toute cette longueur; ensuite le retordeur attache une lame de clinquant battu au crochet de l'émerillon, & fait tourner à droite: cette lame remplit juste les cavités de cette spirale (ce qui forme une diversité de couleurs de ce battu); & le frisé sert de trame pour enrichir les rubans figurés, & les galons à plusieurs navettes. Voyez les Pl.

11°. De la ganse ronde. Voici la maniere de la faire. On prend sur le rateau telle ou telle quantité de brins de filé que l'on attache à la molette du piéde - biche; le retordeur tend sa longueur sans faire tourner le rouet; & étant arrivé au bout de cette longueur, il fait tourner le rouet à droite, tenant le bout de la longueur: lorsqu'il apperçoit qu'elle a acquis le retord convenable, il fait venir à lui le tourneur qui apporte deux coulettes, dont le retordeur prend une de la main gauche, tenant toujours le bout de la longueur de la droite, il passe la branche sur la coulette, & tient toujours des mêmes mains; puis le tourneur passe l'autre coulette entre celle du retordeur; le bout tenu par la main droite, le tourneur va joindre (avec cette coulette portant la branche) la - molette, le retordeur le suit à mesure & selon le besoin, avec ceci de particulier, que le tourneur avance d'un mouvement triple à celui du retordeur qui le suit; le tourneur étant arrivé à la molette, il attache la branche double de la coulette à la molette où est déja attaché le bout par lequel on a commencé, par ce moyen cette branche devient triple; le retordeur de son côté joint ensemble les trois extrémités qu'il tient; pour lors la coulette lui devient inutile, elle n'a servi, ainsi que l'autre, que pour la conduite; après cela il fait tourner à gauche jusqu'au retors suffisant pour cette liaison. Cet ouvrage ainsi achevé, sert à faire des boutonnieres mobiles sur les habits des officiers qui ont cela dans leurs ordonnances. Voyez les Pl.

De la maniere de faire les peignes & les lisles. 1. La canne ou roseau; 2. façon de couper la canne avec la serpette; 3. la serpette; 4. l'établi sur lequel on travaille; 5. les traverses qui lui servent de support; 6. la canne prête à être employée; 7, 8, 9, poupées sur lesquelles sont montés les rasoirs pour dégrossir la canne; 10. les piés des poupées; 11, 12, 13. les rasoirs; 14. la poupée de l'établi; 15. la piece de fer qui y est fixée; 16. autre piece de fer comme la précédente; 17. la grande poupée; 18. le trou par où passe la vis; 19, 20. la vis portant la mâchoire qui retient la piece de fer; 21, 22, l'écrou de la vis; 23. la batte de fer pour serrer les dents; 24. les deux jumelles. 25. peigne monté sur son métier; 26. les jumelles; 27. deux pelottes de fil enduit de poix pour tirer les dents; 28. la batte; 29. le peigne dans sa perfection; 30. poinçon pour égaliser les dents; 31. racloir pour unir les dents sur la surface du peigne; 32. piece pour ouvrir les dents, la fourchette pour compasser les dents; 33. peigne dont on a ôté une partie des dents; 34. dents qui ont resté; 35. place des dents qu'on a ôtées, où on peut en mettre d'autres.

Du travail des lisses. 1. le lissoir, composé de deux grandes pieces de bois posées sur les montans; 2, 3. les côtés plats des deux pieces précédentes. Ce côté opposé & qui forme le dedans porte une grande rainure ou coulisse dans toute la longueur où entrent les traverses 4, 4, 4, 4. ces pieces sont percées dans toute leur longueur & épaisseur de petits trous qui passant d'outre en outre donnent passage aux chevillettes de fer qui fixent les traverses à la distance nécessaire, comme dans les métiers à tapisserie; 5. le bout de ficelle appellé chez les fabriquans d'étofre d'or cristelle, chez les drapiers moillet, au - tour duquel sont arrêtées les mailles des lisses; 6. l'autre bout de la ficelle tendu par une pierre qui lui sert de poids; 7. la selle sur laquelle sont arrêtés les montans du lissoir; 8. les piés de la selle; 9. montre la tête de la lisse formée sur la ficelle; 10, 11. le fuseau garni de fil pour faire le corps de la lisse; 12. le même lissoir pour les hautes - lisses; 13. les quatre piés; 14. espece de coffre pour recevoir les différens ustenciles; 15. traverse fixe du lissoir; 16. traverse mobile du même; 17. la moitié ou un côté de la haute - lisse fini; 18. ficelle dont est composée la haute - lisse; 19. bobine sur laquelle est devidée la même ficelle; 20. haute - lisse finie, & qui n'est pas montée; 21. haute - lisse achevée, & montée sur ses lisserons; 22, 23. démonstration de la forme de la maille; 24. lisse achevée & montée sur les lisserons. 25. colisse ou petite boucle dans laquelle entre le fil pour le tenir arrêté.

Explication de plusieurs termes usités en Passementerie, dont quelques uns ont pû être omis dans le cours de l'ouvrage, & d'autres sont expliqués plus au long à leurs articles. L'arbre du moulin est une piece de bois ronde, quarrée, ou octogone, longue de quatre à cinq piés, avec ses mortoises percées d'outre en outre pour recevoir les douze traverses qui portent les aîles du moulin ou ourdissoir. Cet arbre porte en haut dans son centre un boulon de fer long de huit à neuf pouces, & qui lui sert d'axe. L'extrémité d'en bas porte une grande poulie sur laquelle passe la corde de la selle à ourdir. Il a encore au centre de son extrémité d'en bas un pivot de fer qui entre dans une grenouille de cuivre, placée au centre des traverses d'en bas; c'est sur ce point que tourne l'our dissoir lors de son travail. Voyez Selle a ourdir. L'arcade est un morceau de fer plat, haut de trrois à quatre lignes, augmentant depuis son extrémité jusqu'au centre, où il a à - peu - près le tiers de la largeur de plus, pour fournir l'espace nécessaire pour percer trois trous ronds qui donnent passage aux guipures qui servent à la livrée du roi, ou autres qui portent de pareille guipure. L'arcade est une espece d'anneau de gros fil d'archal, attaché au milieu & sur l'épaisseur du retour. Voyez Retour. L'annelet est un petit anneau d'émail ou de verre d'une ligne plus ou moins de diametre, qui sert à revétir les différens trous des navettes ou sabots, pour empêcher, lors du passage, les soies, & les fils d'or ou d'argent de s'écorcher. Voyez Navette & Sabot. Les ardoises, ce sont les ardoises telles qu'on s'en sert pour les bâtimens, servant de poids aux hautes - lisses. Voyez Platines. Attacher les rames, c'est l'action de fixer les rames à la rade du bâton de retour. On prend deux longueurs de ficelles à rame, de quatre aunes chacune, lesquelles on plie en deux sans les couper; à l'endroit du pli, il se forme une boucle double dans laquelle on passe deux fois les quatre bouts des deux longueurs des ficelles, qui par ce moyen se trouvent arrêtées doublement à la rade, ce qui fait quatre rames attachées ensemble d'une seule opération. Voyez Rames. L'armure est une petite piece de fer mise aux 2 bouts de la navette, dans des petites échancrures faites exprès: l'usage de l'armure est de conserver la navette à ses extrémités lorsqu'elle tombe. Voyez Navette.

Les agrémens, sont tous les ouvrages de modes servant à l'ornement des robes des dames. Ces agrémens sont faits avec une machine semblable à celle

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