ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"213"> peint dans les paysages tous les effets de la nature, que les passions de l'ame dans ses tableaux d'histoire.

Le celebre Rubens est encore, dans son ecole, le prince du paysage, & l'on peut dire qu'il l'a traité aussi supérieurement que personne; ce genre de peinture a été singulierement goûté par les Flamands & les Hollandois, & leurs ouvrages le prouvent assez.

Brugel (Jean) surnommé Brugel de velours, s'est servi du pinceau avec une adresse infinie pour feuiller les arbres. Il a su mettre dans ses paysages des fleurs, des fruits, des animaux & des voitures, avec beaucoup d'intelligence.

Bril (Matthieu) avoit déjà fait connoître son goût pour traiter le paysage, quand il mourut à Rome ágé de 34 ans; mais son frere Paul le surpassa de bien loin. Ses tableaux en ce genre sont recommandables par des sites & des lointains intéressans par un pinceau moëlleux, par une touche légere & par une maniere vraie de rendre tous les objets; on lui trouve seulement un peu trop de verd dans ses tableaux.

Juanefeld (Hermand) est un maitre par l'art de peindre les arbres, par ses figures d'animaux, & par sa touche spirituelle. On a aussi de ce charmant artiste des paysages gravés à l'eau - forte, & qui font beaucoup d'effet.

Van - der - Mer (Jean) a orné ses paysages de vûes de mer, & de figures, dessinés avec esprit; mais son frere de Jonghe le surpassa de beaucoup dans la peinture des animaux qu'il mit dans ses paysages, surtout des moutons dont il représente la laine avec un art tout - à - fait séduisant; ses figures, ses ciels, ses arbres, sont d'une maniere supérieure; on ne distingue point ses touches, tout est fondu & d'un accord singulier.

Van - Uden (Lucas) né à Anvers en 1595, mort vers l'an 1660, est mis au rang des célebres paysagistes. Une touche légere, élégante & précise, caractérise sa maniere; ses ciels ont un éclat brillant, ses sites sont agréables & variés, la vûe se perd dans les lointains qu'il a su représenter: on croit voir les arbres agités par le vent, & des figures élégamment dessinées, donnent un nouveau prix à ses tableaux.

Bergem (Nicolas) est un des grands paysagistes hollandois; il plait sur - tout par des effets piquans de lumiere, & par son habileté à peindre les ciels.

Breenberg (Bartholomé) a orné ses paysages de belles fabriques qu'il avolt dessinées pendant son séjour en Italie: ses petites figures sont d'un svelte admirable.

Griffier (Jean) s'est particulierement attaché à rendre ses paysages brillans, en y représentant les plus belies vûes de la Tamise.

Poélemburg (Corneille) a souvent orné les fonds de ses paysages des ruines de l'ancienne Rome; son pinceau est doux & moëlleux; le transparent de son coloris se fait singulierement remarquer dans la beauté de ses ciels.

Potter (Paul) a rendu avec beaucoup d'art les différens effets que peut faire sur la campagne l'ardeur & l'éclat d'un soleil brûlant; les animaux y sont peints avec la derniere vérité, & le grand fini de ses paysages les a fait rechercher avec une sorte d'avidité; cependant ils ne disent rien à l'esprit, parce qu'il n'y a placés qu'une ou deux figures, & ses sites sont pauvres, parce qu'il n'a peint que les vûes de la Hollande, qui sont plates & très - peu variées.

Ruysdall (Jacob) né à Harlem en 1640, est un des fameux paysagistes du pays. Il s'est attaché a représenter dans ses tableaux des marines ou des tempêtes; ses sites plaisent, son coloris est vigoureux, & ses figures sont communément de la main de Van - Ostade.

Wauwermans orna ses paysages de chasses, d'al<cb-> tes, de campemens d'armées, d'attaques de village, de petits combats, & d'autres sujets dans lesquels il pouvoit placer des chevaux qu'il dessinoit parfaitement. Ses tableaux sont précieux par le tour spirituel des figures, par la fonte des couleurs, par un pinceau flou & séduisant, par l'entente du clair obscur, enfin par un précieux fini.

Les paysages de Van - Everdin (Adrien) sont recherchés en Hollande par la liberté de la touche, & par le goût de ce maitre.

Zacht - Leeven (Herman) né à Roterdam en 1609, mort à Utrecht en 1685, a fait des paysages très piquans par le choix des sites, par la beauté de son coloris, & par l'art avec lequel il a représente des lointains légers, qui semblent fuir & s'échapper à la vûe.

Enfin tous les Vanderveldes se sont plus ou moins distingués dans les paysages; on aime les petites figures naïves dont ils les ont ornés.

Quant à ce qui regarde les artistes de la Grande - Bretagne, comme rien n'est si riant que les campagnes de l'Angleterre, plus d'un peintre y fait un usage heureux des aspects charmans qui s'y présentent de toutes parts. Les tableaux de paysage y sont fort à la mode & fort bien payés, ensorte que ce genre y est cultivé avec un grand succès. Il n'y a pas beaucoup d'artistes flamands ou hollandois qui soient fort supérieurs aux peintres de paysages qui jouissent aujourd'hui en Angleterre de la premiere réputation. (Le chevalier de Jaucourt.)

PAZZY (Page 12:213)

PAZZY, (Géog. mod.) ville de la Romanie, près de Gallipoli, avec un évêché suffragant d'Héraclée; elle est sur la mer. Long. 44. 34. lat. 40. 30. (D.J.)

P E

PE (Page 12:213)

PE, s. m. en terme de Vannier, c'est un montant d'osier, autour duquel on passe l'osier dans les ouvrages de mandrerie.

(Page 12:213)

écaffé, c'est un que les Vanniers appellent ainsi, parce qu'il est fort mince & applati par un bout, par lequel il doit environner le moule de la piece.

(Page 12:213)

taillé, est parmi les Vanniers un fort aigu par un bout, & qui se pique dans le fond d'un ouvrage de vannerie.

PEAGE (Page 12:213)

PEAGE, s. m. (Hist. rom.) les Romains pour fournir aux dépenses de l'état, imposerent un tribut général sur toutes les marchandises que l'on transportoit d'un lieu en un autre, & que l'on appelloit portorium, ce qui revient à notre péage.

On ignore dans quel tems les Romains ont commencé d'exiger des droits sur les marchandises en passant sur leurs terres, parce qu'ils ont été longtems sans avoir ni commerce, ni liaisons avec leurs voisins. On ne sait point encore si Ancus - Martius, qui a ouvert le premier le port d'Ostie, y établit un droit sur les marchandises qui y seroient apportées; il faut pourtant que les péages eussent été établis sous les rois, puisque Plutarque, Denis d'Halicarnasse, & Tite - Live, ont remarqué que Publicola abolit les péages, ainsi que plusieurs autres charges dont le peuple étoit opprimé. Mais la république ayant étendu sa domination de toute part, elle fut obligée, pour soutenir plusieurs guerres, de conserver ce qu'elle avoit acquis, & par l'ambition d'augmenter ses conquêtes, de rétablir non - seulement ces anciens subsides, mais même d'en imposer de nouveaux sur tout ce que, l'on portoit à Capoue, à Pouzolles, & dans le camp qui avoit autrefois été affranchi de toutes sortes de droits. Ainsi Rome & toute l'Italie se virent accablés de péages, jusqu'au tems où Cecilius Metellus, étant préteur, les abolit, selon le témoignage de Dion Cassius, par une loi agréable au peuple, mais mal [p. 214] reçue par les sénateurs, & par la plûpart des grands qui harssoient Meteilus.

Cet affranchissement subsista néanmoins dans l'Italie juiqu'à la destruction de la république & de la liberté; car au rapport de Suctone, Jules - César renouveila tous ces lubsides, qu Auguite ne manqua pas de confirmer. Il est vrai que si nous en croyons Tacite, Néron eut quelque envie d'eteindre le tribut appellé portorium, mais cette envie ne dura guere, il l'étouffa presque dans sa naissance.

Au reste, on comprend aisément que portorium étoit originairement un tribut imporé sur tout ce qui entroit dans les ports de la répubsique; a portu, portorium d ctum. (D.J.)

Péage (Page 12:214)

Péage, s. m. (Jurtsprud.) est un droit qui se paye au roi, ou à quelqu'autre personne, par permmion du roi, pour le passage des personnes, bestiaux, marchandises, sur un pont, chemin, ou riviere, ou à l'entree de quelque ville, bourg, ou autre lieu.

Les péages reçoivent dilferens noms, selon l'objet particulier pour lequel ils se perçoivent, comme barrage, pontonage, passage, travers: on appelle aussi le peage billete ou branchiete, à cause du billot ou branche d'arbre où l'on attache la pancarte.

Le roi peut seul établir des péages, & les seigneurs hauts - justiciers n'ont pas ce droit; & si quelques-uns ont des péages dont on ne rapporte pas le titre primitif, c'est que la longue possession fait présumer qu'il y en a eu originairement une concession du roi, & tous ceux qui ne sont pas établis de l'autorite du roi, doivent être abolis.

L'ordonnance des eaux & forêts, tit. des péages, a supprimé tous les droits de cette espece qui ont été étaplis depuis cent ans sans titre; & à l'egard de ceux qui étoient - établis avant les cent ans, par titres légitimes, & dont la posiession n'aura pas été interrompue, elle a ordonné que les seignears propriétaires justifieroient de leur droit & possession.

L'article 5. de ce même titre rejette les droits de péage, même avec titre & possession, si les seigneurs qui les levent ne sont obliges à aucune depense pour l'entretien des chemins, bacs, ponts, & chaussées.

Celui qui a droit de péage dans un lieu, ne peat, sans permission du roi, transrerer le bureau de son péage en un autre endroit, ni établir de nouveaux bureaux sans permission.

Les seigneurs qui ont droit de péage sont obligés d'avoir une pancarte contenant le tarif du droit, & de la faire mettre en un lieu apparent, afin que le fermier ne puisse exiger plus grand droit qu'il n'est dit, & que les passans ne puilsent pretendre cause d'ignorance du péage.

Il y a un bureau du conseil établi pour l'examen & la représentation des titres des proprietaires des droits de péages, passages, pontonages, travers, & autres qui se perçoivent sur les ponts, chausiees, chemins, rivieres navigables, & ruisseaux y affluans, dans toute l'étendue du royaume.

Les droits de péage ont été etablis, dans l'origine, pour l'entretien des ponts, ports, passages, & chemins, & même pour y procurer aux marchand, & voyageurs la sureté de leurs personnes & effets: c'est pourquoi ancienenment, lorsque quelqu'un étoit volé sur un chemin où le seigneur haut justicier avoit droit de péage, ce seigneur etoit tenu de rembourser la perte; cela fut ainsi jugé par arrêt donné à la Chandeleur 1254 contre le sieur de Crevecoeur; & en 1269 contre le seigneur de Vicilon; en 1273 contre le comte de Bretagne; & en 1285 contre celui d'Artois.

On voit aussi, par un arrêt de la Toussaint 1295, que le roi - faisoit rembourser de même le détroussement fait en sa justice.

Mais quand le meurtre ou vol arrivoit avant soleil levé, au après soleil couché, le roi ou autre seigneur nlen etort pas responsaple.

Cetie garantie n a plus lieu depuis que les seigneurs n'ont plus la liberte de mettre sous les armes leurs vassaux & sujets, & que le roi a établi des marechaunées pour la surese des chemins.

Quelques coutumes prononcent une amende au pront du seigneur contre ceux qui ont fraude le péage; cela depend des titres & de la possession.

Les péages sont droits domamaux & non d'aides & de subsides. Voyez les coûtumes d'Anjou, Maine, Lodunois, Touraine, Bourbonnois, la Marche; le Gloss. de Lauriere au mot peage; des Pommiers sur l'article 154. de la coutunme de Bourbonnois. (A)

PEAGER (Page 12:214)

PEAGER, s. m. (Jurisprud.) est celui qui fait la recette du droit de péage. Voyez ci devant Péage. (A)

PEAKS (Page 12:214)

PEAKS, (Hist. mod. Commerce.) les sauvages de la Virginie se servent au lieu de monnoie, de différentes parties de coquilles polies, & formées en petits cylindres percés, d'une couleur brune ou blanche, de la longueur de quatre ou cinq lignes, & enfiles. Il y a de ces cylindres qu'ils nomment runtis; les roenokes sont des tragmens de petoncles. Les Anglois reçoivent le peak brun, qui est le plus cher, sur le pie de 18 sols ou pennys, la verge ou l'aune.

PEAN ou PAEAN (Page 12:214)

PEAN ou PAEAN, s. m. (Belles Lettres.) c'étoit originairement un cantique en l'honneur d'Apollon & de Diane, qui renouvelloit le souvenir de la victoire remportee sur le serpent Python par ce dieu, dont W=AIAN étoit aussi l'un des surnoms, emprunté de la force de ses rayons ou de ses traits, exprimée par le verbe W=AIEIN siapper. Ces cantiques étoient caracterites par cette exclamation I)H W=AIAN qui en etoit comme le refrain, & qui signifie proprement decoche tes fleches, Apollon. On les chantoit pour se rendre ce dieu favorable dans les maladies contagieuses, que l'on regardoit comme des effets de sa colere.

Cette notion des péans est relative à toutes les étymologies qu'on donne de ce nom, Festus le faisant venir de PAIEIN, frapper. Hesychius de PAIW, QERAW=EUW je guéris; & d'autres de cette exclamation IH PAI, IH PAI, courage, mon fils, que Latone répétoit à Apollon pendant qu'il combattoit le serpent Python.

Dans la suite on sit de ces peans ou cantiques pour le dieu Mars, & on les chantoit au son de la flûte en marchant au combat. Il y en a divers exemples dans Thucidide & dans Xenophon, sur quoi le scholiaste du premier observe, qu'au commencement d'une action l'on invoquoit dans ces peans le dieu Mars; au lieu qu'après la victoire, Apollon devenoit le seul objet du cantique. Mais enfin, ces cantiques ne sarent plus renfermés dans l'invocation de ces deux divinités; ils s'étendirent à celle de quantité d'autres & dans Xenophon, hist. groec. lib. IV. Les Lacédémoniens entonnent un pean à l'honneur de Neptune.

On en sit même pour illustrer les grands hommes; Athenée parle de ceux où l'on célébroit les louanges de Lysandre le Lacédémonien, & qu'on chantoit à Samos, & celles de Cratere le Macédonien qu'on chantoit à Delphes. Aristote honora d'un pareil cantique l'eunuque Hermias son ami; & il fut, dit - on, mis en justice pour avoir prodigué à un mortel un honneur qui n'étoit dû qu'aux dieux. Ce pean nous reste encore aujourd'hui, & Jules - César Scaliger ne le trouve point inférieur aux odes de Pindare; mais Athenée qui nous a conservé ce cantique d'Aristote, ne tombe point d'accord que ce soit un véritable pean, parce que l'exclamation IH PAIAN qui devroit le caracteriser ne s'y rencontre en aucun endroit; au lieu qu'elle ne manque point dans les peans composés en l'honneur de Ptolomée, fils de Lagus, roi d'Egypte, d'Antigone, & de Démetrius Poliorcete. Nous sommes redevables au même Athenée de la

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