ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"211"> tantin partit d'Antioche, en 350, pour aller contre Maxence, il assembla toutes ses troupes, & leur déclara que ceux d'entre les soldats qui n'avoient pas reçu le baptême, eussent à le recevoir sur le champ, ou à se retirer & à quitter son service. Ceux qui prirent ce dernier parti, peuvent, dit cet auteur, avoir été appellés pagani, payens: car paganus, en latin, signifie proprement un homme qui ne porte point les armes, & est opposé à miles, soldit. Dans la suite ce même nom peut avoir été étendu à tous les Idolâtres. Peut - être encore, ajoute - t - il, ce mot vient - il de pagus, village, parce que les paysans sont restés plus long - tems attachés à l'idolatrie que les habitans des villes. Voyez Idolatrie.

Payens (Page 12:211)

Payens, s. m. pl. terme de Potiers, ce sont deux pieces de bois qui ont diverses hoches ou entailles de distance en distance, sur lesquelles l'ouvrier pose ses piés de chaque côté lorsqu'il tourne quelque vase, ou quelques autres ouvrages de poterie, sur la girelle de la grande roue. (D. J.)

PAYER (Page 12:211)

PAYER, v. act. (Gram. & Com.) action par laquelle on s'acquitte de ce qu'on doit, on se libere d'une dette. Voyez Dette.

Payer le prix d'une chose achetée, c'est en donner le prix convenu.

Payer comptant, c'est payer sur le champ & dans le moment que la marchandise est livrée.

Payer en papier, c'est donner en payement des lettres ou billets de change, des promesses ou autres semblables effets, sans donner aucun argent ou marchandise.

Payer en marchandises, c'est donner de la marchandise au lieu d'argent ou de papier, pour se décharger d'une dette qu'on a contractée.

Se Payer par ses mains, c'est se payer par soi - même sur les deniers ou effets qu'on a entre les mains, appartenans à son débiteur. Diction. de Com.

Payer (Page 12:211)

Payer, se dit des choses inanimées qui doivent un certain droit & pour lesquelles on l'acquitte: l'eau - de - vie paye tant par pipe à l'entrée de Paris. Id. ibid.

PAYERNE (Page 12:211)

PAYERNE, (Géog. mod.) Paterniacus en latin du moyen âge; petite ville de Suisse au canton de Berne, sur la Broye, dans une belle campagne, cheflieu d'un gouvernement du même nom. Les Bernois l'enleverent au duc de Savoie en 1536. On lit sur une des portes de Payerne l'inscription suivante: Jovi. O. M. genio loci, fortunoe reduci, Appius Augustus, dedicat. Long. 25. 30. lat. 47. 10. (D. J.)

PAYEUR (Page 12:211)

PAYEUR, s. m. (Commerce.) celui qui paye ou qui s'acquitte des sommes qu'il doit.

On appelle bon payeur celui qui acquitte ponctuellement ses dettes, lettres de change, billets, promesses, &c. & au contraire mauvais payeur, celui qui refuse ou fait difficulté de payer, qui souffre des protêts, des assignations, ou qui laisse obtenir centre lui des sentences pour gagner du tems. Dictionnaire de Com.

Payeur des rentes (Page 12:211)

Payeur des rentes, (Finance.) officier préposé à l'hôtel - de - ville pour l'acquit des rentes constituées sur la ville.

PAYS (Page 12:211)

PAYS, s. m. (Gram.) ce mot désigne un espace indéterminé; il se dit encore de différentes portions plus ou moins grandes de la surface de la terre.

Il se prend aussi quelquefois en figures, & l'on dit, les modernes ont découvert dans les sciences bien des pays inconnus aux anciens.

Pays, iles (Page 12:211)

Pays, iles, (éog. mod.) les îles pays sont des îles de la mer des Indes, au sud des îles Mariannes. Elles ne furent connues de nom qu'en 1696; & nous ne les connoissons que par une lettre du P. le Clain jésuite, inserée dans les lettres édifiantes, t. I. p. 114. & suiv.

Ce pere dit, qu'étant arrivé à la bourgade de Gui<cb-> vam, dans l'ne de Samal, la derniere & la plus méridionale des Pintados orientaux, il y trouva vingt - neuf des habitans de ces îles Pays, que les vents d'est qui regnent sur ces mers depuis le mois de Décembre jusqu'au mois de Mai, y avoient jettés, à 300 lieues de leur pays. Ils s'étoient embarqués sur de petits vaisseaux au nombre de trente - cinq personnes, pour passer à une île voisine, qu'il leur fut impossible de gagner, ni aucune autre de leur connoissance, à cause d'un vent violent qui les emporta en l'autre mer, où ils voguerent deux mois sans pouvoir prendre terre, jusqu'à ce qu'enfin ils se trouverent à la vûe de la bourgade de Guivam, où un guivamois qui étoit au bord de la mer, leur servit de guide, & les fit entrer au port le 28 Décembre 1696. La structure de leur petit vaisseau, & la forme de leurs voiles qui sont les mêmes que celles des iles Mariances, firent juger que les îles Pays n'étoient pas fort éloignées de ces dernieres.

Ceux qui échouerent à la bourgade de Guivam, étoient à demi - nus. Le tour & la couleur de leur visage approchoit du tour & de la couleur du visage des habitans de, Philippines, quoique leur langue fut fort différente. Les hommes & les femmes n'avoient qu'une espece de ceinture sur les reins & les cuisses, & sur les épaules une grosse toile liée pardevant, & pendant négligemment par - derriere. La femme de la bande qui paroissoit la plus considérable, avoit plusieurs anneaux & plusieurs colliers qu'on jugeoit être faits d'écailles de tortue. Ils n'avoient aucune connoissance de la divinité, ni des idoles; tout leur soin étoit de chercher à boire & à manger, quand ils avoient faim ou soif; ils ne connoissoient aucum métal, & leurs cheveux qu'ils laissent toujours croître, leur tomboient sur les épaules. (D. J.)

Pays - Bas, les (Page 12:211)

Pays - Bas, les, (Géog. mod.) contrée d'Europe composée de dix - sept provinces, situées entre l'Allemagne, la France & la mer du nord. Les dix - sept provinces sont les duchés de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg, de Gueldres, le marquisat d'Anvers, les comtés de Flandres, d'Artois, de Hainaut, de Hollande, de Namur, de Zéelande, de Zutphen, les seigneuries de Frise, de Malines, d'Utrecht, d'Overissel & de Groningue; l'archevêché de Cambrai & l'éveché de Liege y sont encore enclaves. Huit de ces provinces qui sont vers le nord, ayant sécoué la domination espagnole, formerent une république qui est aujourd'hui la plus puissante de l'Europe, & qu'on connoît sous le nom de Provinces - Unies. Voyez Provinoes - Unies.

On a vérifié dans le conseil espagnol en 1663, que l'Espagne, depuis Charles V. c'est - à - dire en moins de 150 ans, avoit dépensé plus de 1873 millions de livres, à 28 livres le marc, pour conserver les Pays - Bas, indépendamment des revenus du pays qui y ont été consumés. Si à ces revenus du pays l'on ajoute ce qu'il en a coûté depuis 1663 jusques en 1715, on trouvera que l'Espagne auroit gagné plus de 1900 millions, ou 100 millions de livres de rente annuelle, à 28 livres le marc, à abandonner les Pays - Bas, lorsque Charles V. alla fixer son séjour en Espagne. (D. J.)

Pays réunis (Page 12:211)

Pays réunis, (Géog. mod) nom que l'on donne à un grand nombre de siefs, divisés en fiefs relevant des évêchés de Metz, Toul & Verdun; en fiefs compris dans la basse Alsace, & en fiefs mouvans des comtés de Chini.

Pays des ténebres (Page 12:211)

Pays des ténebres, (Géog. mod.) contrée de la grande Tartarie, dans la partie la plus septentrionale de cette région. On lui a donné le nom de ténebres, à cause que pendant une partie de l'hiver les grands brouillards qu'il y fait, empêchent que le soleil n'y paroisse. Il s'y trouve beaucoup d'hermines, & de [p. 212] renards. Les habitans vivent presque comme des bêtes, & ne reconnoissent ni lois, ni rois, ni chefs. (D. J.)

PAYSAGE (Page 12:212)

PAYSAGE, s. m. (Peinture.) c'est le genre de peinture qui représente les campagnes & les objets qui s'y rencontrent. Le paysage est dans la Peinture un sujet des plus riches, des plus agréables & des plus féconds. En effet, de toutes les productions de la nature & de l'art, il n'y en a aucune que le peintre paysagiste ne puisse faire entrer dans la composition de ses tableaux. Parmi les styles différens & presqu'infinis dont on peut traiter le paysage, il faut en distinguer deux principaux: savoir le style héroïque, & le style pastoral ou champêtre. On comprend sous le style héroïque, tout ce que l'art & la nature présente aux yeux de plus grand & de plus majestueux. On y admet des points de vûes merveilleux, des temples, des sépultures antiques, des maisons de plaisance d'une architecture superbe, &c. Dans le style champêtre au contraire, la nature est représentée toute simple, sans artifice, & avec cette négligence qui lui sied souvent mieux que tous les embellissemens de l'art. Là on voit des bergers avec leurs troupeaux, des solitaires ensevelis dans le sein des rochers, ou enfoncés dans l'épaisseur des forêts, des lointains, des prairies, &c. On unit fort heureusement le style héroïque avec le champêtre.

Le genre du paysage exige un coloris où il y ait de l'intelligence, & qui fasse beaucoup d'effet. On représente quelquefois dans des paysages des sites incultes & inhabités, pour avoir la liberté de peindre les bisarres effets de la nature livrée à elle - même, & les productions confuses & irrégulieres d'une terre inculte. Mais cette sorte d'imitation ne sauroit nous émouvoir que dans les momens de la mélancholie, où la chose imitée par le tableau peut sympathiser avec notre passion. Dans tout autre état le paysage le plus beau, fut - il du Titien & du Carrache, ne nous intéresse pas plus que le feroit la vûe d'un canton de pays affreux ou riant. Il n'est rien dans un pareil tableau qui nous entretienne, pour ainsi dire; & comme il ne nous touche gueres, il ne nous attache pas beaucoup. Les peintres intelligens ont si bien senti cette vérité, que rarement ils ont fait des paysages deserts & sans figures. Ils les ont peuplés, ils ont introduit dans ces tableaux un sujet composé de plusieurs personnages, dont l'action fût capable de nous émouvoir, & par conséquent de nous attacher. C'est ainsi qu'en ont usé le Poussin, Rubens & d'autres grands maîtres, qui ne se sont pas contentés de mettre dans leurs paysages un homme qui passe son chemin, ou bien une femme qui porte des fruits au marché; ils y placent ordinairement des figures qui pensent, afin de nous donner lieu de penser; ils y mettent des hommes agités de passions, afin de reveiller les nôtres, & de nous attacher par cette agitation. En effet, on parle plus souvent des figures de ces tableaux, que de leurs terrasses & de leurs arbres. La fameuse Arcadie du Poussin ne seroit pas si vantée si elle étoit sans figures. Voyez sur ce paysage, l'article du Poussin, au mot Paysagiste. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PAYSAGISTE (Page 12:212)

PAYSAGISTE, s. m. (Peinture.) peintre de paysage. Voyez Paysage.

Les écoles italiennes, flamandes, & hollandoises sont celles qui ont produit le plus grand nombre d'excellens artistes en ce genre de peinture.

Les sites de l'Albane sont agréables & piquans. Le Bassan se fit admirer par la vérité qui regnoit dans ses paysages; il suivit toujours l'étude de la nature qu'il sut exprimer, après l'avoir connue dans les lieux champêtres qu'il habitoit. Peu de peintres ont mieux touché le feuillage que le Bolognese. Borzoni (François - Marie) né à Gènes en 1625, & mort dans la même ville en 1679, a fait aussi connoître ses lens en ce genre par ses neuf grands paysages peints à huile, qu'on voit dans le vestibule du jardin de l'Infante.

Annibal Carrache ne se distingua pas seulement par un gout de dessein sier & correct, il sut aussi s'occuper du paysage, & y excella; ses arbres sont d'une forme exquise, & d'une touche très - légere. Les tableaux du Giorgion sont d'un goût supérieur pour les couleurs & les oppositions. Le Guaspre a montré un art particulier à exprimer les vents, à donner de l'agitation aux feuilles des arbres, enfin à représenter des bourasques & des orages. Le Lorrain, à force d'études, devint un grand paysagiste dans l'expression des objets inanimés, mais manquant de talens pour peindre les figures, la plûpart de celles qu'on voit dans ses ouvrages, sont d'autres artistes. Le Mola a des sites du plus beau choix, & sa maniere de feuiller les arbres est charmante. Le Mutien prit beaucoup en ce genre de la maniere flamande, car les Italiens n'ont pas autant recherché l'art du feuiller que les Flamands; il accompagna donc ses tiges d'arbre de tout ce qu'il croyoit les devoir rendre agréables, & y jetter de la variété; mais les plus grands paysagistes qu'on connoisse sont sans doute le Titien & le Poussin.

La plume du Titien, aussi moëlleuse qu'elle est expressive, l'a servi heureusement lorsqu'il a dessiné des paysages. Indépendamment de sa belle façon de feuiller les arbres sans aucune maniere, & d'exprimer avec vérité les différentes natures de terrasses, de montagnes, & de fabriques singulieres, il a encore trouvé le secret de rendre ses paysages intéressans, par le choix des sites & la distribution des lumieres: tant de grandes parties ont fait regarder le Titien comme le plus grand dessinateur de paysages qui ait encore paru.

Le Poussin a su de plus agiter nos passions dans ses paysages comme dans ses tableaux d'histoire. Qui n'a point entendu parler, dit l'abbé Dubos, de cette fameuse contrée qu'on imagine avoir été durant un tems le séjour des habitans les plus heureux qu'aucune terre ait jamais portés. Hommes toujours occupés de leurs plaisirs, & qui ne connoissoient d'autres inquiétudes ni d'autres malheurs que ceux qu'essuient dans les romans, ces bergers chimériques dont on veut nous faire envier la condition.

Le tableau dont je parle représente le paysage d'une contrée riante; au milieu l'on voit le monument d'une jeune fille morte à la fleur de son âge; c'est ce qu'on connoit par la statue de cette fille couchée sur le tombeau, à la mamere des anciens; l'inscription sépulchrale n'est que de quatre mots latins: je vivois cependant en Arcadie, & in Arcadiâ ego. Mais cette inscription si courte fait faire les plus sérieuses réflexions à deux jeunes garçons, & à deux jeunes filles parées de guirlandes de fleurs, & qui paroissent avoir rencontré ce monument si triste en des lieux, où l'on devine bien qu'ils ne cherchoient pas un objet affligeant. Un d'entr'eux fait remarquer aux autres cette inscription en la montrant du doigt, & l'on ne voit plus sur leurs visages, à - travers l'affliction qui s'en empare, que les restes d'une joie expirante. On s'imagine entendre les réflexions de ces jeunes personnes sur la mort qui n'épargne ni l'âge, ni la beauté, & contre laquelle les plus beureux climats n'ont point d'asyle. On s'imagine ce qu'elles vont se dire de touchant, lorsqu'elles seront revenues de leur premiere surprise, & l'on l'applique à soi - même, & à ceux à qui l'on s'intéresse.

La vûe du paysage qui représente le déluge, & qui orne le palais du Luxembourg, nous accable de l'évenement qui s'offre à nos yeux, & du boulversement de l'univers. Nous croyons voir le monde expirant, tant il est vrai que le Poussin a aussi - bien

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