ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"175"> chats; savoir, le patriarchat de Rome, le patriarchat de Constantinople, le patriarchat d'Aléxandrie, le patriarchat d'Antioche, & le patriarchat de Jérusalem. (D. J.)

PATRIARCHAL (Page 12:175)

PATRIARCHAL, en terme de Blason, une croix patriarchale est une croix dont la fleche ou le fût est traversé deux fois, les traverses où les bras inférieurs étant plus courts que les supérieurs. Les croix de cette espece appartiennent aux patriarches, comme la triple croix au pape.

PATRIARCHAT (Page 12:175)

PATRIARCHAT, étendue de pays soumise à la jurisdiction d'un patriarche. Voyez Patriarche.

Ce nom a été donne à ce qu'on appelloit anciennement diocèse, c'est - à - dire plusieurs provinces qui ne faisoient qu'un corps sous une ville plus considérable qui étoit gouvernée par un même vicaire. L'Eglise s'étant établie suivant la forme de l'empire, a de même fait un corps des églises de ces provinces sous la jurisdiction de l'évêque de la principale ville, appellé exarque ou patriarche. Voyez Exarque & Patriarche.

Il y avoit en Orient cinq dioceses de cette nature: l'Egypte sous l'evêque d'Alexandrie, l'Orient proprement dit sous celui d'Antioche, l'Asie sous celui d'Ephese; le Pont & la Thrace qui, dans les premiers tems, n'avoient pas d'evêques qui euffent une jurisdiction sur tout le diocese. Depuis la ville de Bysance ayant été érigée en ville royale, & nommee Constantinople, devint la capitale d'abord du diocese de l'hrace, ensuite du Pont & de l'Asie même; & on attribua aussi à l'évêque de Jérusalem, par honneur pour la ville qui avoit été le berceau de la religion chretienne, quelques provinces de la Palestine. Ensorte qu'il y eut quatre patriarchats en Orient: celui de Constantinople qui eut le second rang, celui d'Alexandrie, celui d'Antioche & celui de Jérusalem. En Occident, il n'y avoit que celui de Rome qui, selon Ruffin, s'étendoit sur les provinces suburbicaires, c'est - à - dire sur dix provinces du continent d'Itahe & de quelques iles adjacentes, depuis il s'étendit sur l'Illyrie, la Macedoine, & quelques parties de l'Occident, mais jamais il ne s'est étendu sur tout l'Occident; car le primat de Carthage qui avoit sous lui plus de 500 chaires épiscopales, étoit regardé comme le patriarche de toute l'Afrique.

Le patriarchat d'Alexandrie avoit sous lui les provinces de l'Egypte, de la Pentapole, de la Lybie & de la Marmarique. On ne sait sur quel fondement le P. Morin y ajoute toute l'Afrique, ni pourquoi M. de Valois en retranche la Pentapole qui faisoit partie de l'Egypte, sur laquelle le second concile general étend & fixe la jurisdiction du patriarche d Alexandrie, solam AEgyptum regat.

Celui d'Antioche ne s'étendoit pas sur toute l'Asie, comme l'a prétendu le P. Morin, mais dans son origine il étoit borné à la seule ville d'Antioche, ensuite sur la Cilicie, & enfin sur les quinze provinces qui formoient l'Orient proprement die: on voit par les actes du second concile oecuménique, tenu à Constantinople, que l'église d'Antioche n'avoit sous sa jurisdiction ni le Pont, ni l'Asie, ni la Thrace. C'est encore sans raison que M. de Valois soustrait à la jurisdiction du patriarchat d'Antioche quelques - unes desquinze provinces, qui composoient le comte d'Orient, par exemple, la Phénicie, la Palestine, la Cilicie & l'île de Chypre: il est constant par l'histoire ecclésiastique que l'évêque d'Antioche etoit patriarche de toutes ces provinces.

Baronius prétend que l'église de Jérusalem ne fut érigée en patriarchat qu'au cinquieme concile général en 549, mais il est constant que ce fut au concile de Chalcédoine en 451, où Maxime d'Antioche & Juvenal de Jérusalem ayant eu une vive dispute sur l'étendue de leur jurisdiction respective, les peres du concile déciderent ainsi: Antiochienbsium sanctissima ecclesia duas Phenicias & Arabiam sub propria potestate habeat. Sanctissima vero Christi resurrectio ibidem tres Palestinas habeat. Jusqu'aux croisades, le patriarchat de Jérusalem ne fut composé que des trois Palestines, & des métropoles de Césarée, de Scythoples & de Petra; & depuis les croisades, le pape Innocent II. y ajouta la premiere Phénicie, au lieu de la troisieme Palestine qu'on n'avoit pu reconquérir sur les Sarrasins.

Le patriarchat de Constantinople ne comprenoit d'abord que la Thrace & le Pont, mais la faveur des empereurs, jointe à l'ambition des évêques, en éten dit bientôt la jurisdiction au - delà de ses bornes, tant en Europe qu'en Asie, car il se soumit la Thessalie, la Macédoine, la Grece, l'Epire, l'Illyrie, la Bulgarie, & piesque tout ce qui etoit en Europe de l'empire d'Orient. Les papes reclamerent souvent contre ces innovations & ces démembremens, mais presque toujours sans succes, & ç'a été un des principaux sujets de division entre l'Eglise latine & l'Eglise greque.

Au reste, quoique ces cinq grands patriarchats s'étendissent sur un grand nombre de provinces, tant en Orient qu'en Occident, il ne faut pas croire que toutes les eglises du monde dépendissent de leur jurisdiction, puisqu'il y en avoit plusieurs qui étoient autocéphales, qui se gouvernoient par leurs conciles principaux ou nationaux, & dont les métropolitains etoient ordonnes par les évêques de la province.

Enfin l'établissement du plus ancien des patriarchats ne remonte pas plus haut que la fin du iij. siecle: car les actes du premier concile de Nicée, tenu en 325, sont le premier monument où il soit fait mention du patriarchat de Rome, & l'institution de tous les autres est certainement postérieure. Thomassin, diseipline de l'Eglise, Dupin, de antiq. eccles. discipl.

PATRIARCHE (Page 12:175)

PATRIARCHE, s. m. (Hist. & Théolog.) chez les Hebreux, on donne ce nom aux premiers hommes qui ont vécu, tant avant qu'après le déluge, auparavant Moise, comme Adam, Enoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Lévi, Simon & les autres fils de Jacob, & les chefs des douze tribus. Les Hébreux les nomment princes des tributs ou chefs des peres, Rosché abot.

Ce nom vient du grec W=ATRIARXHS2, qui signifie chef de famille. La longue vie & le grand nombre d'enfans étoient une des benédictions que Dieu répandoit sur les patriarches.

Depuis la destruction de Jérusalem, les juifs disperses ont encore conservé ce titre parmi eux; du - moins ceux de Judée dans les premiers tems l'ont donné au chef qu'ils elurent, ceux d'au - delà de l'Euphrate ayant donne au leur celui de prince de la captivité. Le premier gouvernoit les juifs qui demeuroient en Judée, en Syrie, en Egypte, en Italie & dans les provinces de l'empire romain. Le second avoit sous sa conduite ceux qui habitoient la Babylonie, la Chaldée, l'Assyrie & la Perse.

Ils mettent une grande différence entre les patriarches de la Judée & les princes de la captivité de Babylone, appellant ceux - ci rabbana & les autres rabban, nom qui n'est qu'un diminutif du premier. Ils soutiennent que les princes de la captivite descendoient de David en ligne masculine, au lieu que les patriarches n'en sortoient que par les femmes, & qu'au reste, ceux - ci ont commencé cent ans avant la ruine du temple, & qu'ils ont toujours joui d'une grande autorité, même pour le civil. Mais outre que les Ammoreens, princes très - jaloux de leur pouvoir, ne l'auroient pas souffert, Joseph & Philon ne disent mot de ces prétendus patriarches; les rabbins eux - mêmes sont partagés sur le nombre de ces patriarches dont la dignité fut abolie dans le cinquieme siecle; ensorte que presque tout ce qu'ils en racontent est destitué de preuves solides. Basnage, Hist. des Juifs, [p. 176] tom. II. liv. IV. c. iij. Calmet, Dictionn. de la Bible, tom. III. lettre F, pag. 137.

Patriarche (Page 12:176)

Patriarche, terme d'hiérarchie ecclèsiastique. C'est un évêque qui a le gouvernement immédiat d'un diocèse particulièr, & qui étend son pouvoir sur un département de plusieurs provinces ecclésiastiques. Voy. Diocese.

Les patriarches sont par rapport aux métropolitains, ce que les métropolitains sont par rapport aux évêques. Voyez Evêque & Métropolitain.

Les critiques ne sont pas d'accord sur le tems auquel on doit rapporter l'institution des patriarches. Le pere Morin & M. de Marca, soutiennent qu'ils sont de droit divin & d'institution apostolique; mais ce sentiment n'est pas fondé. Il paroît au contraire, que l'autorité patriarchale n'est que d'institution ecclésiastique; lelle a été inconnue dans le tems des apôtres & dans les trois premiers siecles; on n'en trouve aucune trace dans les anciens monumens. S. Justin, S. Irenée, Tertullien, Eusebe n'en parlent point. D'ailleurs, la supériorité des patriarches sur les autres évêques & même sur les métropolitains, est trop éclatante pour avoir demeuré si long - tems ignorée, si elle eût existé. Enfin, quand le concile de Nicée, can. 6. accorde la dignité de patriarche à l'évêque d'Aléxandrie, il ne dit pas qu'elle doive sa naissance à l'autorité apostolique; il ne l'établit que sur l'usage & la coutume.

D'autres disent que les Montanistes furent les premiers qui décorerent de ce titre les chefs de leur église: que les Catholiques le donnerent ensuite à tous les évêques, & qu'ensuite on le réserva aux seuls cvêques des grands siéges. Socrate & le concile de Chalcédoine le donnent à tous les évêques des villes capitales des cinq diocèses d'Orient. Il fut aussi donné à S. Léon dans le concile de Chalcédoine; enfin, on l'a restraint aux évêques des cinq principaux siéges de l'Eglise: Rome, Constantinople, Aléxandrie, Antioche & Jérusalem. Ce nom a été peu usité en Occident, & donné quelquefois à des métropolitains & à de simples évêques, comme les rois Goths & Lombards le donnerent à l'évêque d'Aquilée, & comme on le donna vers le tems de Charlemagne à l'archevêque de Bourges, qui n'a rien conservé des droits de cette dignité que celui d'avoir un official primatial auquel on appelle des sentences rendues par l'ossicial métropolitain. Les Maronites, les Jacobites, les Nestoriens, les Arméniens & les Moscovites ont aussi des patriarches, ainsi que les Grecs schismatiques.

Voici quels étoient autrefois les principaux droits des patriarches; aussi - tôt après leur promotion ils s'écrivoient réciproquement des lettres, qui contenoient une espece de prosession de foi, afin d'unir toutes les Eglises par l'union des grands siéges. C'est dans le même esprit qu'on récitoit leurs noms dans les diptiques sacres, & qu'on prioit pour eux au milieu du sacrifice; on ne terminoit les affaires importantes que par leur avis. Dans les conciles écuméniques, ils avoient un rang distingué, & quand ils ne pouvoient y assister en personne, ils y envoyoient leurs légats; c'étoit à eux qu'il appartenoit de sacrer tous les métropolitains qui relevoient de leur siége. Le concile de Nicée donne même à l'évêque d'Aléxandrie le droit ce consacrer tous les évêques de son ressort, suivant l'usage de l'Eglise romaine: on appelloit des jugemens des métropolitains au patriarche; mais il ne prononçoit sur ces appellations, quand les causes étoient importantes, que dans le concile avec les prélats de son ressort. Les canons de ces conciles devoient êrre observés dans toute l'étendue du patriarchat. Le huitieme concile général, can. 17. confirme deux droits des plus considérables attachés à la dignité des patriarches, l'un de donner la plénitude de puissance aux métropolitains en leur envoyant le pallium; l'autre de les convoquer au concile universel du patriarchat, afin d'examiner leur conduite & de leur faire leur procès. Mais le quatrieme concile de Latran sous le pape Innocent III. diminua les droits des patriarches, en les obligeant à recevoir le pallium du saint siége, & à lui prêter en même - tems serment de fidélité, à ne donner le pallium à un métropolitain de leur dependance, qu'après avoir reçu leur serment d'obéissance au pape; & enfin en ne leur permettant de juger des appellations des métropolitains, qu'à la charge de l'appel au saint siége. Thomassin, Discipl. de l'Eglise, part. II. liv. I. c. iv. Dupin, des antiq. ecclés. discipl.

PATRIARCHIES (Page 12:176)

PATRIARCHIES est le nom qu'on donne à Rome aux cinq Eglises principales, qui representent les cinq anciens patriarchats; savoir, S. Jean de Latran qui représente le patriarchat de Rome; S. Pierre, de Constantinople; S. Paul, celui d'Aléxandrie; Ste Marie - Majeure, celui d'Antioche; & S. Laurent bors des murs, celui de Jérusalem. Les évêques pourvûs des titres de ces églises, marchent dans les cérémonies publiques après le pape & les cardinaux, & précedent le gouverneur de Rome & les autres prélats. Il n'est pas permis même aux cardinaux de celébrer la messe au grand autel de ces églises sans une dispense du pape, portée dans une bulle que l'on attache au coin de l'autel. Dupin, des antiq. ecclés. discipl.

PATRICE, Patriciat, Patricien (Page 12:176)

PATRICE, Patriciat, Patricien, s. m. (Jurisprud.) sont des titres d'honneur & de dignité qui ont été la source de la noblesse chez plusieurs peuples.

L'institution du titre de patrice vient des Athéniens, chez lesquels au rapport de Denis d'Halicarnassé, le peuple fut séparé en deux classes, l'une qu'il appelle E)UW=ATRI/DAS2, patricios; l'autre DHMOTIKOU/S2, c'est - à - dire populaires, le menu peuple.

On composa la classe des patriciens de ceux qui étoient distingués par la bonté de leur race, c'est - à - dire dont la famille n'avoit aucune tache de servitude ni autre, & qui étoient les plus considérables d'entre les citoyens, soit par leur nombreuse famille ou par leurs emplois, & par leurs richesses. Thésée leur attribua la charge de connoître des choses appartenantes au fait de la religion & au service de Dieu, d'enseigner les choses saintes; il leur accorda aussi le privilege de pouvoir être élûs aux offices de la république, & d'interpréter les lois.

Solon ayant été élû pour réformer l'état qui étoit tombé dans la confusion, voulut que les offices & magistratures demeurassent entre les mains des riches citoyens; il donna pourtant quelque part au menu peuple dans le gouvernement, & distingua les citoyens en quatre classes. La premiere composée de ceux qui avoient 500 minots de revenu, tant en grains que fruits liquides. La seconde, de ceux qui en avoient 300, & qui pouvoient entretenir un cheval de service, c'est pourquoi on les appella chevaliers; ceux qui avoient 200 minots formoient la troisieme classe, & tout le reste étoit dans la quatrieme.

Romulus, à l'imitation des Athéniens, distingua ses sujets en patriciens & plébéïens; après avoir créé des magistrats, il établit au - dessus d'eux le sénat auquel il donna l'inspection des affaires publiques; il composa cette compagnie de cent des plus distingués & des plus nobles d'entre les citoyens. Chacune des trois tribus eut la faculté de nommer trois sénateurs, & chacune des 30 curies qui formoit chaque tribu fournit aussi trois personnes habiles & expérimentées; Romulus se reserva seulement le droit de nommer un sénateur qui eût la premiere place dans le sénat.

Les membres de cette auguste compagnie surent appellés senatores à senectute, parce que l'on avoit

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