ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"127"> des rubans, galons, &c. nous commencerons par démontrer cette opération.

Ourdir une chaîne, n'est autre chose que de rassembler une certaine quantité de fils, sur une machine ressemblante à un grand dévidoir, & les disposer de façon, qu'on puisse les prendre les uns après les autres, lorsqu'il est question de les passer en lisses ou autre endroit, sans qu'ils soient croisés dans toute la longueur de la chaîne. La quantité de fils de chaque piece de rubans ou galons, est proportionnée à la largeur de ce même ruban ou galon.

Lorsque les fils sont portés sur l'ourdissoir, ils sont rapporchés ou contenus d'une main, & attachés de l'autre à une cheville de l'ourdissoir sur laquelle ils viennent se ranger côte à côte. Il s'en forme une poignée qui descend en ligne spirale, & environne tout l'ourdissoir de ses tours également espacés. L'ouvrier qui ourdit, doit avoir soin de ménager par l'insertion de ses doigts, les séparations des fils qui doivent aider au jeu de la chaîne, ainsi qu'il est démontré dans la premiere Planche; c'est ce qui s'appelle encroiser, ou enverger les fils.

La figure premiere de cette Planche, est un ourdissoir 1; 2. arbre tournant avec six aîles; 3. traverses qui maintiennent les ailes; 4. les ailes; 5. les fils attachés à une cheville, & distribués sur l'ourdissoir jusqu'à ce qu'ils arrivent sur une autre cheville; 6. la lanterne de l'ourdissoir; 7. le blin ou ploc, servant à conduire les fils qui s'ourdissent du haut en - bas, & du bas en - haut, au moyen d'une échancrure qui entre dans le pilier du batis de l'ourdissoir, & d'une double corde, dont un bout s'enroule sur l'arbre de l'ourdissoir, au - dessous de la lanterne; & l'autre est attaché à une piece fivée sur le pilier, de façon que quand la corde s'enroule, le blin monte, & lorsqu'elle se déroule il descend. Les fils qu'on ourdit sont arrêtés de façon qu'ils ne peuvent monter ni descendre, qu'en conformité du mouvement du blin qui les retient en ce sens, & leur laisse seulement la liberte de s'enrouler sur l'ourdissoir; 8. ouvrier qui ourdit; 9. manivelle attenante à une roue cavée, sur laquelle passe une corde qui enveloppe l'ourdissoir, au moy en de laquelle on le fait tourner; 10. banque pour porter les rochets sur lesquels est divisee la soie qu'on veut ourdir; 11. l'curdisseur & l'ourdissoir en ouvrage.

Du retors. La façon de retordre est très - étendue; c'est par elle qu'on fait les millerets, les cordonnets à deux, trois boucles; les grains d'épinard, les grains d'orge, &c. en un mot, tous les colifichets destinés à l'ajustement des dames.

La figure 2. représente un rouet destiné à toutes les opérations; 1. la selle du rouet; 2. les montans; 3. trou de la petite roue; 4. trou de la traverse qui porte le croissant; 5. la grande roue; 6. la petite roue; 7. l'axe qui traverse la petite roue; 8. la fusée de l'axe; 9. le dessus des montans; 10. l'épaisseur des deux montans; 11. le croissant faillé pour recevoir les molettes; 12. la traverse & son tourillon pour retenir le croissant dans les deux montans; 13. une mollette; 14. le crochet de la mollette; 15. les deux tenons pour tenir la traverse attachée aux montans; 16. les deux petits tenons servant au même usage; 17. les deux traverses du pié de biche; 18. les deux joues du pié de biche; 19. poignée pour appuyer la main du tourneur; 20. manivelle pour tourner le rouet; 21. petite plaque de cuivre qu'on met entre la mollette & la piece qui la porte pour éviter que le feu n'y prenne par le continuel frottement.

Du lissage ou lecture des desseins. Cette opération étant une des plus importantes de la Passementerie, il s'agit d'expliquer la façon de lire les desseins, c'est - à - dire, de les incorporer dans les corda<cb-> ges & hautes - lisses, de façon qu'avec la marche simplement, l'ouvrier fasse lever les fils de la chaîne qui doivent former la figure dans le galon ou ruban.

La figure 3. indique un galon fabriqué, dont le dessein représenté par la figure 4. n'en montre que la moitié. L'autre moitié est formée dans la fabrication, par le retour de l'ouvrier sur ses pas, c'est - à - dire, en venant finir au même endroit par où il a commencé; ce qui est appellé en terme de l'art répétition de retour.

La figure 5. indique un dessein translaté, différent de celui de la figure 4. qui est au naturel. On appelle dessein transtaté, le même dessein porté de dessus un papier reglé bien serré, tel que celui de la figure 4. sur un autre papier beaucoup plus grand dans ses quarres, & sur lequel la figure est plus étendue, quoique cependant elle ne contienne que les mêmes quarrés, mais plus grands: le dessein est appellé patron.

Les petits carreaux représentés sur le patron, figure 6. indiquent la quantité de cordes qui doivent composer le dessein. Les grands carreaux qui en contiennent douze petits en hauteur, & dix en travers, sont appellés dixaines. De façon que le dessein ou patron, figure 6. contenant huit dixaines, de dix carreaux en travers, exige quatre - vingt cordes de rames pour former la figure 3 ou échan illon du galon. Les dixaines contenues dans le même partron, en hauteur qui sont au nombre de six, indiquent un pareil nombre de retours. Le retour n'est autre chose que partie de la poignée de quatre - vingt cordes attachees ensemble a un levier, pour donner l'extension aux cordes qui y sont attachées. Ces cordes sont passées dans les hautes - lisses, ainsi qu'il est représenté, par exemple, dans le patron, figure 6. La premiere corde à gauche qui est marquée, est passée dans la premiere maille de la haute - lisse. Les deux autres qui sont au - dessous & en blanc, sont laissées. La quatrieme qui est marquée, est prise & passée dans la premiere maille à gauche de la quatrieme haute - lisse; les quatre autres en blanc sont laissées. La neuvieme marquée & passée dans la premiere maille de la neuvieme haute - lisse; la dixieme & onzieme blanche laissées. La douzieme enfin prise, ce qui compose le premier cours du premier retour, ainsi des autres.

Si le patron ne contient que quatre - vingt cordes, les hautes - lisses n'ont besoin que de quatre - vingt mailles chacune, quoiqu'elles ne soient pas toutes employées; attendu que les cordes vuides ne sont point passées. Toute la dixaine en travers, contenant huit grands carreaux, compose un retour, lequel étant fini de passer, les cordes sont arrêtées & liées, pour commencer le second retour de la même façon que le premier. Le nombre des marches doit être conforme à celui des hautes - lisses: toutes les cordes du rame sont attachées d'un côté aux mailles du corps dans lesquelles les fils sont passés, & de l'autre côté aux bâtons de retour. Les bâtons de retour sont faits pour faire bander la partie des cordes de rames qui est attachée à un fil de fer qui forme une espece d'arcade liée à ce même bâton, au moyen d'une corde qui vient répondre à côté de la main droite de l'ouvrier quand il travaille. La partie de co des attachée au bâton je retour étant bandée; lorsque l'ouvrier enfonce une marche pour faire lever la haute - lisse, toutes les cordes bandées qui sont passées dans les mailles de cette même lisse, doivent nécessairement lever, ainsi des autres.

Les douze marches qui donnent le mouvement aux douze hautes - lisses étant passées, on tire un autre retour qui fait partir le précédent, & conséquemment bander d'autres cordes de rames; après quoi on recommence les douze marches jusqu'à la [p. 128] fin, ainsi des autres. Outre les marches des hauteslisses, qui ne sont destinées uniquement que pour la figure, il y a encore quatre marches plus ou moins, qui sont destinées dans les rubans façonnés, à faire lever simplement une partie de la chaîne pour faire le corps de l'étoffe.

Dans les galons où il y a du glacé, c'est - à - dire, des parties assez larges de dorures, pour qu'elles ayent besoin d'être liées par un nl de la couleur de la dorure; on passe dans les hautes - lisses deux rames pour la figure, & une corde simplement pour le glacé. Les parties de glacés sont marquées sur le patron, ainsi qu'il est démontré dans la figure 6. c'est - à - dire, trois carreaux blancs & un noir. Voyez aussi la figure 7. pour la façon de passer les rames 1. pour le glacé, & 2. pour la figure.

La figure 8. fait voir l'ouvrier qui passe son patron pardevant; 1,2. deux cordes qui suspendent la planche 3. sur laquelle il est assis; 4. le patron attaché au battant; 5. le porte rames de derriere, à - travers duquel passent les cordes de rames qui forment le retour; 6. les cordes renversées sur le porte - rames; 7. la main gauche de l'ouvrier passée dans les hauteslisses, suivant les pris & les laissés que fait son patron, & qui reçoit de cette main la rame que lui présente la main droite. Il ramene cette rame en retirant sa main avec elle: cette rame ainsi passée, sera mise en son lieu sur le porte - rames de devant, ainsi que les autres qui lui succederont.

La figure 9. fait voir la façon de passer le patron par - derriere, façon la plus commode; 1. 2. marquent les cordes qui suspendent la planche 3. sur laquelle l'ouvrier est assis; 4. la traverse où est attaché le porte - rames de derriere; 5, 6. les rames en un trousseau attendant que l'ouvrier les prenne à mesure pour les passer; 7. la main droite de l'ouvrier; 8. espece de pierre sur le devant du porte - rames, où sont attachées toutes les rames de glacé qui sont passées sur les trois derniers rouleaux dudit porte - rames; 9. autre pierre où sont attachées les rames de figure qui sont passées sur les six premiers rouleaux.

La figure 10. représente un homme qui nomme les rames que l'ouvrier doit prendre par la lecture qu'il lui fait du patron, ce qui ne se pratique guere.

La figure 11. démontre un porte - rames de devant garni de ses neuf rouleaux & de ses grilles 1. 2. 3. 4. qui sont de menues ficelles qui entourent les porterames, & dont on ne voit ici que quelques rangées. Ces grilles peuvent être reculées ou avancées, suivant la nécessité; elles servent à passer entre elles les différentes courses de rames, qui, sans cette précaution, se confondroient ensenible sur le porte - rames; au lieu que par cet arrangement, chaque rame se trouve comme dans sa cellule particuliere. Ce qui non - seulement fait éviter la confusion, mais aide encore beaucoup au jeu de rames.

La figure 12. montre l'action de passer une rame dans la maille ou boucle de la haute - lisse.

Figure 13. montre un échantillon de galon d'or ou d'argent, tel qu'il sort de dessus le métier.

Figure 14. montre le dessein de l'échantillon ci - dessus sur papier réglé.

Figure 15. montre le dessein translaté, ou disposé à être lû.

Du métier battant pour les livrées. Le métier battant qui est démontré, figure 16. est le même que celui qui sert à différens ouvrages de retour; il n'y a de différent que les alonges des potenceaux ou de la cantre pour les soies qui forment le velours.

Ces alonges sont des pieces qui supportent une quantité de roquetins chargés de soie des différentes couleurs des livrées qu'on se propose de faire. Ces roquetins sont quelquefois au nombre de cent cin<cb-> quante, rangés par huit sur chaque broche qui traverse lesdites alonges. Chaque roquetin a son poids particulier; ce poids doit être modére, & il faut le diminuer à mesure que chaque roquetin l'employe. L'usage de ces roquetins est de porter chaque branche de velours séparément, laquelle est toujours également tendue. Au lieu que si les mêmes branches étoient sur un seul rouleau, celles qui ne travaillent pas souvent lâcheroient, tandis que celles qui travaillent beaucoup ne pourroient pas supporter la force du poids.

La façon de faire les galons de livrée est la même que celle de faire des velours ciselés. Voyez l'article Velours ciselé. Les retours forment la figure, & ne font lever que la quantité de branches de velours indiquée par le dessein sur laquelle on passe un fer, dont un côté est armé d'un tranchant qui coupe toute la soie dont il étoit couvert, ce qui forme le velours.

La figure 17. représente 1. les alonges garnies de roquetins; 2. la traverse du métier, sur laquelle sont appuyées les alonges; 3. les supports ou piés des alonges; 4. les poids des roquetins; 5. les branches de velours qui sortent de dessus les roquetins; 6. les potenceaux qui portent les ensouples de fond; 7. les poids de ces mêmes ensouples; 8. dessus des potenceaux portant les roquetins de lisiere & de fond; 9. quantité de fils de laiton tournés en ligne spirale, dont chaque boucle arrête une branche de velours, & les tient toutes à égale hauteur.

La figure 18. montre, 1. les cables sortans des atcades, 2, 3, 4, & qui forment par leurs ornemens différentes figures ou ornemens sur la livrée du roi.

La figure 19. représente un autre galon; 1, 2, les couteaux pour couper le velours; 3, 4, 5, lisiere du galon.

La figure 20. représente un autre galon garni de six couteaux.

La fig. 21. est le métier du rubanier battant; 1. les quatre piliers; 2. les deux barres de long & leurs écharpes; 3. le chassis qui les couronne; 4. le chevalet garni de ses poulies; 5. 6. le banc posé sur les deux piés du siege sous lequel sont enchâssées les marches; 6. le pont qui sert à couvrir les tetards des marches; 7. la poitriniere & son rouleau; 8. les bretelles attachées d'un bout à la poitriniere, & de l'autre à la traverse du haut du métier, servans à soutenir l'ouvrier; 9. le bandage servant à donner plus de poids au battant; 10. le battant garni de son peigne; 11. le porte - rame de devant & ses rouleaux; 12. le porte - rame de derriere, aussi garni de ses rouleaux; 13. les deux potenceaux portans les ensouples sur lesquels sont enroulées les soies de la chaîne. Le potenceau à la gauche de l'ouvrier reçoit dans ses mortoises un châssis où sont enchassés les retours, ordinairement au nombre de vingt, tous traversés par une broche de fer. Chaque retour, ou bâton de retour, a à un de ses bouts, une quille pour le faire lâcher lorsqu'on ne veut plus qu'il agisse. Au potenceau à droite sont attachés plusieurs rouleaux sur lesquels glissent les tirans des retours. 14. La planchette mobile qui est emmortoisée au pilier de derriere à droite, & qui sert par sa mobilité à recevoir sous son côté le retour, & le tenir bandé pendant qu'il travaille; 15. les deux travers de lames garnis de vingt - six lames, qui servent par leur mouvement qu'elles reçoivent des marches, à hausser ou baisser les hautes - lisses; 16. les hautes - lisses au nombre de vingt - quatre ou vingt - six; 16 bis, les fuseaux ou aiguilles de plomb ou de fer, suspendues sur les poulies du chatelet; 17. l'ensouple de devant avec sa roulette & son chien; 18. & 19. la passette à passer en peigne les soies de la chaîne; 20. les marches au nombre de vingt - six; 21. les boutons & tirans des retours; 22. les rames

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