ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"941"> Hyppolite expirant, & entendant une voix qui lui parloit (c'étoit la voix de Diane sa protectrice), s'écrie dans Euripide, « ô divine odeur! car j'ai senti, déesse immortelle, que c'étoit vous qui me parliez ».

On employoit aussi des parfums sur les tombeaux pour honorer la mémoire des morts; ainsi Antoine recommande de répandre sur ses cendres du vin, des herbes odoriférantes, & de mêler des parfums à l'agréable odeur des roses.

Sparge mero cineres, & odoro perlue nardo Hospes, & adde rosis balsama puniceis.

Anacréon avoit dit long - tems auparavant, ode 4, « à quoi bon répandre des essences sur mon tombeau? Pourquoi y faire des sacrifices inutiles; parfume - moi plutôt pendant que je suis en vie; mets des couronnes de roses sur ma tête ». (D. J.)

Parfum (Page 11:941)

Parfum, (Critique sacrée.) l'usage des parfums étoit recherché des Hébreux & des Orientaux. Moïse donne la composition de deux especes de parfums, dont l'un devoit être offert au seigneur sur l'autel d'or, & l'autre étoit destiné à oindre le grand - prêtre & ses fils, de même que le tabernacle & tous les vases destinés au service divin. La loi défendoit sous peine de la vie à quelque homme que ce fût, de se servir du premier de ces parfums pour son usage. Il étoit composé de hacte, d'onix, de galbanum, & d'encens par égale portion; oequalis ponderis erunt omnia, Exod. xxx. 34. Le parfum d'onction étoit fait de myrrhe, de cinnamome, de canne aromatique, de casse, & d'olive, Exod. xxx. 31. Il étoit également défendu de l'employer à d'autres usages qu'à celui de sa destination, & d'en faire pour soi, ou pour les autres. Voyez Onction huile d'. (Critique sacrée.)

Mais les Hébreux avoient d'autres parfums pour leurs usages profanes, tels que ceux qui étoient dans les trésors du roi Ezéchias; ostendit eis aromata & cellam odoramentorum, & unguenti optimi, Is. xxxix. 2. Judith se parfuma pour paroître devant Holopherne. Le corps du roi Asa fut exposé sur un lit de parade avec beaucoup de parfums: posuerunt eum super lectum suum plenum aromatibus & unguentis meretriciis. Enfin, les Hébreux aimoient tellement les parfums, que c'étoit pour eux une grande mortification de s'en abstenir, & qu'ils ne s'en privoient que dans des tems de calamités. Il paroît par l'Ecriture, que les hommes & les femmes en usoient indifféremment. Les parfums qu'ils employoient pour embaumer leurs morts d'un rang eminent, étoient apparemment composés des mêmes drogues que ceux des Egyptiens, dont les Hébreux avoient pris l'usage des embaumemens. L'usage des parfums pour les morts, fit naître aux vivars l'idée de les employer pour la sensualité. Les femmes chez les Hébreux les prodiguoient sur elles en tems de noces; c'est ainsi que se conduisit Ruth pour plaire à Boz, & Judith pour captiver les bonnes graces d'Holopherne.

Parfum (Page 11:941)

Parfum, en Médecine & en Pharmacie. Ces compositions n'exhalent pas toujours une bonne odeur; il y en a d'agréables & de desagréables.

On les divise en parfums liquides & en parfums secs. Les liquides sont comme les eaux de senteur, les cassolettes. Les secs sont comme les pastilles, les baies de genievre qu'on fait brûler dans les chambres des malades, dans les hopitaux pour corriger le mauvais air.

On parfume les chambres avec l'eau de fleur d'orange, le vinaigre, l'esprit de sel ammoniac, l'espritde - vin mis dans une phiole à long col sur un réchaud, pour en répandre plus aisément la vapeur.

Parfum céphalique. Prenez styrax calamite, benjoin, de chacun un gros & demi; gomme de genievre, encens, de chacun un gros; gérofle, canelle, de chacun deux scrupules; feuilles de laurier, de sauge, de marjolaine, de romarin, de chacun demi - gros. Faites une poudre de tous ces ingrédiens que vous jetterez sur les charbons ardens, afin que le malade en reçoive la fumée par le nez.

On en peut faire de pareils pour remplir d'autres indications, pour provoquer les regles, la salivation, &c.

Parfum (Page 11:941)

Parfum, (Tireurs d'or.) on nomme de la sorte une composition de divers ingrédiens, dont quelques tireurs d'or & d'argent se servent pour donner le fumage au fil d'argent, afin de le faire passer pour fil d'or, ou fil surdoré; le parfum est défendu par les réglemens.

PARFUMÉ (Page 11:941)

PARFUMÉ, adj. terme qui se dit des choses qui ont reçu l'impression de quelque parfum, comme des gants parfumés, des peaux parfumées. Les François tiroient autrefois d'Espagne & d'Italie des peaux de boucs & de chevres toutes parfumées, dont ils fabriquoient des gants, des bourses, des poches, & autres ouvrages semblables. A présent on ne peut plus les souffrir à cause de leur odeur trop violente, & on en fait assez peu de cas.

PARFUMER (Page 11:941)

PARFUMER, v. act. se dit de l'action par laquelle on donne l'impression de quelque parfum à quelque corps capable de le recevoir. On parfume des peaux, des gants, de la poudre, de la pomade, des savonnettes, des pâtes, pastilles, essences, &c. avec le musc, l'ambre gris, la civette, &c.

Les pays où on sait le mieux parfumer, sont l'Espagne & l'Italie.

Parfumer un vaisseau (Page 11:941)

Parfumer un vaisseau, (Marine.) c'est faire brûler du goudron & du genievre, & jetter du vinaigre entre les ponts d'un vaisseau; les bâtimens & les hommes seront parfumés. (Q)

PARFUMEUR (Page 11:941)

PARFUMEUR, s. m. marchand & ouvrier tout ensemble, qui fait, vend, & employe toutes sortes de parfums, de la poudre pour les cheveux, des savonnetes, de la pâte pour les mains, des pastilles, eaux de senteur, essences, gants parfumés, sachets de senteur, pots pourris, &c. Voyez tous ces mots à leur article.

Le métier de Parfumeur étoit fort en vogue chez les anciens grecs & les anciens romains.

A Paris, les maîtres Gantiers composent une communauté considérable; leurs anciens statuts sont du mois d'Octobre 1190, sous le regne de Philippe Auguste, confirmés depuis par le roi Jean, le 20 Décembre 1357, & encore le 27 Juillet 1582 sous Henri I I I. Les statuts dont la communauté se sert présentement, ont été renouvellés, confirmés, & augmentés par Louis XIV. au mois de Mars 1656, par lettres patentes enregistrées au parlement le 13 Mai suivant. Par tous ces statuts, ordonnances, lettres patentes, &c. les maîtres sont qualifiés marchands maîtres Gantiers Parfumeurs.

En qualité de gantiers, ils ont droit de vendre & de faire toutes sortes de gants & mitaines, de tous les cuirs qui se peuvent commodément employer.

Comme parfumeurs, ils peuvent appliquer & mettre sur les gants, & débiter toutes sortes de parfums, & même vendre en détail des cuirs de toute espece, peaux lavées, parfumées, blanches, & autres propres à faire des gants.

Suivant ces statuts, aucun ne peut être reçu marchand gantier parfumeur, qu'après quatre ans d'apprentissage, servi les maîtres pendant trois autres en qualité de compagnon, & fait chef - d'oeuvre.

Les fils de maîtres sont exempts de ces formalités, leur suffisant de faire une légere expérience.

La veuve d'un maître a droit de tenir boutique, & de faire travailler tant qu'elle reste en viduité; mais il ne lui est pas permis de faire d'apprentif.

A la tête de la communauté, il y a quatre maîtres [p. 942] & gardes jurés, préposés pour tenir la main à l'exécution de ses reglemens, & vaquer aux affaires qui la concernent. Chaque juré demeure deux ans en charge; en sorte que tous les ans les deux plus anciens en doivent sortir, pour faire place aux nouveaux qui s'élisent devant le procureur du roi au châtelet, par la plus grande & saine partie de la communauté. Les maîtres Gantiers - Parfumeurs ont leur confrairie dans l'église des Innocens: sainte Anne est leur patrone. Cette confrairie fut établie le 20 Juillet 1426, par lettres patentes données à Paris par Henri, roi d'Angleterre, se disant aussi roi de France, dans les troubles arrivés sous le regne de Charles VII.

Quant aux instrumens dont les Parfumeurs se servent comme parfumeurs, ils n'en ont point qui leur soient particuliers. Il en est de même des termes dont ils font usage dans leurs opérations: c'est toujours composer, mélanger; ainsi il est aisé de voir que ceux dont on a donné l'explication dans cet article, leur appartiennent comme gantiers, & non comme parfumeurs.

PARFUMOIR (Page 11:942)

PARFUMOIR, s. m. c'est un petit coffre de bois garni à son entrée d'une grille qui soutient en l'air ce qu'on veut parfumer. Au bas de ce coffre est une petite ouverture, par laquelle on passe une chauffrette pleine de feu, où l'on met brûler les pastilles. Voyez nos Planches.

PARGA (Page 11:942)

PARGA, (Géog. mod.) ville des états de Venise, sur la côte d'Albanie, vis - à - vis de l'île de Corfou, avec un port commode. Elle est habitée par des Grecs & des Albanois, & est située sur un rocher. Long. 38. 22. lat. 39. 28. (D. J.)

PARHELIE (Page 11:942)

PARHELIE, s. m. (Physiq.) est un faux soleil ou météore, sous la forme d'une clarté brillante, qui paroît à côté du soleil, & qui est formé par la réflexion de ses rayons sur un nuage qui lui est opposé d'une certaine maniere. Voyez Météore.

Ce mot est grec, composé de PARA, juxta, proche, & H(LIOS2, sol, soleil.

Les parhelies sont ordinairement accompagnés de couronnes ou cercles lumineux: leurs couleurs sont semblables à celles de l'arc - en - ciel; le rouge & le jaune du côté qui regarde le soleil, le bleu & le violet de l'autre côté. Voyez Arc - en - ciel.

Néanmoins on voit quelquefois des cercles entiers sans aucun parhelie, & des parhelies sans cercles.

Leur figure n'est pas aussi parfaitement ronde que celle du soleil; on leur remarque souvent des angles, ils ne brillent pas non plus tant que le soleil, quoique leur lumiere ne laisse pas d'être quelquefois aussi grande que celle de cet astre. Lorsqu'il en paroît plusieurs à la fois, quelques - uns ont moins d'éclat, & sont plus pâles que les autres.

Garcaeus, dans son livre des météores, a compilé une histoire exacte des parhelies d'après tous les auteurs qui en parlent; & on voit par cette histoire que les parhelies sont assez communs.

M. de la Hire observa à Paris en 1689 deux de ces parhelies, & M. Cassini autant en 1693. MM. Gray en 1700, Halley en 1702, & Maraldi en 1721, ont décrit ceux qu'ils ont vus, & l'on pourroit en indiquer plusieurs autres. Les quatre parhelies que Scheiner vit à Rome, sont d'autant plus remarquables, que Descartes & Huighens entreprirent d'en donner l'explication. Les sept soleils qu'Hévelius observa à Danzic en 1661, doivent être regardés comme un phénomene bien surprenant.

Les parhelies sont quelquefois doubles, triples, &c.

En l'année 1629 on vit à Rome un parhelie de cinq soleils; & en 1666 on en vit un autre de six soleils à Arles.

Les cercles des parhelies different tant en nombre qu'en grandeur: ils ont cependant tous le même diametre, lequel est égal au diametre apparent du soleil. Il se trouve des cerclés qui ont le soleil dans leur centre: ces cercles sont colorés, & leur diametre est de 45 degrés & même de 90. Plus les couleurs de ces cercles sont vives, plus la lumiere du véritable soleil paroît foible.

La matiere des parhelies se trouve dans notre atmosphere. Les raisons que nous en avons données dans l'article Halo, concluent pour les parhelies, les cercles colorés qui les accompagnent n'étant autre chose que des couronnes. Ajoutons - y 1°. que suivant les observations exactes des plus habiles physiciens, le tems n'est jamais parfaitement serein lorsque les parhelies paroissent; mais l'air se trouve alors chargé d'un brouillard transparent. 2°. Il est rare de voir ces parhelies de deux endroits en même - tems, quoiqu'ils soient tout proches les uns des autres. 3°. On les voit d'ordinaire en hiver, lorsqu'il fait froid ou qu'il gele un peu, tant qu'il regne en même tems un petit vent de nord. 4°. Lorsque les parhelies disparoissent, il commence aussi à pleuvoir ou à neiger, & on voit alors tomber une espece de neige oblongue faite en maniere d'aiguilles. Cependant M. Halley croit que la cause des parhelies est plus élevée que les nuées ordinaires, parce qu'elles paroissent couvertes lorsqu'il survient quelques nuées.

Hevélius, fameux astronome, a observé en 1674 une sorte de parhelie différent des précédens; au lieu d'être à côté du véritable soleil, il se trouvoit perpendiculairement au - dessus, & cela un peu avant le coucher de cet astre. Les couleurs n'étoient pas non plus celles qu'on remarque ordinairement. Le parhelie & le soleil étoient séparés par une nuée. Ce phénomene fut suivi d'une forte gelée qui couvrit la mer Baltique d'une glace épaisse. M. Cassini en a vu de la même nature en 1693. Il y a aussi des paraselenes. Voyez Paraselene. Article de M. Formey, qui la tiré de l'essai de Physique de Muskenbroek.

PARHOMOLOGIE (Page 11:942)

PARHOMOLOGIE, s. f. (Rhétor.) PAROMOLOGI/A, c'est la même figure qu'on appelle autrement concession, dans laquelle on cede quelque chose à son adversaire pour avoir plus de droit de nier ce qui est véritablement important. Je n'en citerai qu'un exemple tiré de Cicéron: Sume hoc ab judicibus, nostrâ voluntate; neminem illi propiorem cognatum quam te fuisse, concedimus: officia tua nonnulla in illum extitisse, stipendia vos unâ fecisse aliquandiù nemo negat; sed quid contra testamentum dicis, in quo scriptus hie est? (D. J.)

PARI (Page 11:942)

PARI, s. m. (anal. des Jeux.) lorsque deux joueurs A, B, jouent l'un contre l'autre, & que l'espérance du joueur A est à celle du joueur B en raison de m à n, le pari pour le joueur A est aussi au pari pour le joueur B en raison de m à n; or le nombre m n'est autre chose que le nombre des cas qui peuvent faire gagner le joueur A, & n est le nombre des cas qui peuvent faire gagner B. Par exemple, si un joueur A veut amener 12 avec deux dés, on a m= 1, & n = 35, parce qu'il n'y a qu'un cas qui puisse amener 12, & 35 qui ameneront autre chose. Voyez . Ainsi pour parier but à but, c'est - à - dire avec un avantage égal, suivant les regles ordinaires des jeux, il faut que la mise du joueur B soit à celle du joueur A comme 35 est à 1.

De même, si on parie d'amener en six coups un doublet avec deux dés, il est clair que le nombre des coups possibles est (36)6, & que le nombre des coups où il n'y apoint de doublets est (30)6; d'où il s'ensuit que le pari doit être comme (36)6 - (30)6, c'est - à - dire, comme 6 - 1 est à 1.

Au reste, ces regles doivent être modifiées dans certains cas, où la probabilité de gagner est fort petite, & celle de perdre fort grande. Sur quoi voyez l'article Jeu. (O)

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