ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"873"> siere sont des lames qui ont différentes figures, non seulement sur des aîles de papillons de différentes especes, mais aussi sur divers endroits d'une même aîle. On a donné fort improprement à ces lames le nom de plumes, sans doute parce qu'elles sont placées sur des aîles: le nom d'écaille leur convient mieux. Elles sont plus ou moins alongées; elles tiennent à l'aîle par un pédicule: l'autre bout est arrondi, ou échancré, ou dentelé plus ou moins profondément; cependant il y a de ces molécules de poussiere qui ressemblent mieux à des poils qu'à des écailles, car ils ont une tige longue, déliée & divisée par le bout en 2 ou 3 filets. Toutes les lames des aîles des papillons sont régulierement alignées, & se recouvrent en partie les unes les autres, comme les écailles de poissons. Si on enleve les écailles de l'aîle d'un papillon, elle devient transparente, & elle perd ses couleurs; on y voit des nervures, & il paroît que sa substance a quelque rapport avec les taies des crustacées.

Le corps des papillons a la forme d'une olive, plus ou moins allongée; il est composé d'anneaux qui sont souvent cachés sous les grands poils & sous les plumes qu'ils portent; mais outre ces poils ou ces plumes, ils sont couverts d'écailles semblables à celles des aîles: le corcelet est placé au - devant du corps; les aîles|& les jambes y tiennent. Tous les papillons ont chacun 6 jambes, mais il y en a qui ne se servent que des 4 dernieres pour marcher ou pour se soutenir: les 2 premieres, une de chaque côté, au lieu d'avoir un pié terminé par des crochets comme les 4 autres, l'ont que des poils au bout du pié; elles sont souvent appliquées contre le corps du papillon, & cachées entre de longs poils.

Les yeux des papillons sont placés de chaque côté de la tête, où ils forment une portion de sphere saillante, qui n'est que la moitié d'une sphere, ou un peu plus ou un peu moins de la moitié; ils sont plus ou moins gros à proportion de la tête. L'enveloppe extérieure de ces yeux est une sorte de cornée luisaute; on y voit souvent des couleurs variées comme celles de l'arc - en - ciel, sur un fond noir, brun, gris, &c. On reconnoit à l'oeil simple que la cornée est pointillée; mais par le moyen du microscope, toute la surface de la cornée paroit un réseau à mailles régulierement symétrisé, & le milieu de chaque maille au lieu d'être vuide comme dans un vrai réseau, est relevé en bosse comme une petite lentille: chaque lentille est encadrée dans une maille de matiere papareille à la sienne, & de figure rectiligne à 4 côtés dans quelques yeux, & à 6 dans d'autres. Il est vraissemblable que ces lentilles sont des vrais cristallins, & même il y a quelqu'apparence qu'ils sont accompagnés de tout ce qui est nécessaire à un oeil complet. Les yeux des mouches, des scarabées, & de divers autres insectes, ne different en rien d'essentiel de ceux des papillons. On a calculé qu'il y avoit 3181 cristallins sur une cornée d'un scarabé, plus de 8000, sur celle d'une mouche; on en a compté 17325 sur chaque cornée d'un papillon: ce papillon auroit donc eu 34650 yeux.

Tous les papillons, & la plupart des autres insectes aîlés, ont sur la tête deux cornes auxquelles on a donné le nom d'antennes; elles sont mobiles sur les bases, & elles se courbent en defférens sens, parce qu'elles ont grand nombre d'articulations. Les antennes des papillons sont implantées sur le dessus de la tête, près du bord extérieur de chaque oeil.

On peut diviser les papillons en 6 classes, par des caracteres tirés de la forme des antennes. Celles de la premiere classe ont un diametre assez égal depuis leur origine jusqu'à leur extrémité, & elles sont terminées par une grosse tête, assez semblable à celle d'une masse d'armes: les naturalistes les ont appellées en latin antennoe clavatoe. M. de Reaumur les a nommées antennes à masses ou à boutons. Un grand nombre de papilllons qui se posent pendant le jour sur des fleurs, ont de ces antennes.

Celles de la seconde classe sont communément plus courtes, par rapport à la longueur du corps du papillon, que celles de la classe précédente; elles augmentent insensiblement de diametre depuis leur origine jusque tout auprès de leur extrémité; là elles diminuent tout - à - coup de grosseur, & se terminent par une pointe, d'où sort une espece de petite houpe composée de quelques filets. M. de Reaumura donné à ces antennes le nom d'antennes à massue: des papillons qui se soutiennent en volant au - dessus des fleurs sans qu'on les voye jamais s'appuyer dessus, & qui font un bourdonnement continuel avec leurs aîles, ont de ces antennes en massue.

Les antennes de la troisieme classe different de celles de la seconde, en ce qu'elles sont plus larges qu'épaisses, au lieu que les autres sont plus épaisses que larges; leur extrémité forme une pointe plus longue, & n'a point de bouquet de poils: d'ailleurs elles sont contournées, & ressemblent à des cornes de bélier. Il y a des papillons communs dans les prairies, qui ont de ces antennes en cornes de bélier.

Les antennes de la quatrieme classe sont terminées par une pointe aiguë, assez semblable à celle des antennes de la troisieme classe; mais elles en different en ce que peu au - dessus de leur origine elles prennent subitement une augmentation de grosseur qu'elles conservent dans la plus grande partie de leur étendue, c'est - à - dire jusques assez près de leur bout, où elles se contournent un peu pour se terminer en une pointe, qui quelquefois porte elle - même une autre pointe composée de plusieurs filets ou poils extrémement déliés. Plusieurs especes de très - gros papillons ont de ces antennes, qui sont grosses aussi, mais courtes à proportion de la longueur du corps de l'insecte; M. de Reaumur les a nommées antennes prismctiques, parce que la plus grande partie de leur étendue est une espece de prisme, qui a pour base un secteur de courbe.

Les antennes de la cinquieme classe sont toutes ce les qui ont une figure conique très - alongée, dont la base tient à la tête de l'insecte, ou celles qui au moins ne sont pas plus grosses près de leur extrémité que dans le reste de leur étendue. M. de Réaumur les a nommés antennes à filets coniques & grénés, parce qu'elles sont formées par une file de grains plus ou moins gros & plus ou moins ronds: ces antennes sont aussi plus ou moins longues.

Les antennes de la sixieme classe ressemblent à des plumes, aussi les a - t - on appellées antennes en plumes. Elles sont composées d'une tige qui diminue de grosseur depuis son origine jusqu'à son extrémité; cette tige a sur deux côtés opposés des branches latérales: celles qui sont environ au milieu de la tige ont plus de longueur que celles qui se trouvent à l'origine; celles de l'etrémité sont les plus courtes de toutes: ces branches sont inclinées vers la pointe de la tige. En les voyant au microscope, on les trouve semblables aux barbes d'une plume. Les antennes en plumes sont plus belles sur les mâles que sur les femeles; elles sont plus fournies de barbes qui se soutiennent mieux, & qui sont plus longues. Le grand paon de nuit a des antennes en plumes.

Plusieurs especes de papillons ont une trompe avec laquelle ils sucent les fleurs; cet organe manque aux autres, ou au - moins ils n'ont point de trompe apparente. Dans les papillons qui en sont pourvus, elle est placée entre les deux yeux, & roulées comme un ressort de montre; il y en a de courtes qui ne forment qu'un tour & demi, ou deux tours de spirale; les plus longues font plus de huit ou dix tours; mais ce rouleau est en partie caché dans la [p. 874] tête. Lorsque le papillon s'est posé sur une fleur pour la sucer, il déroule sa trompe & la fait entrer dans la fleur jusqu'au fond du calice, il la retire hors de la fleur, & l'y replonge jusqu'à sept ou huit fois avant de quitter la fleur, où il ne trouve sans doute plus de nourriture abondante pour passer à une autre fleur. On voit des papillons qui insinuent leur trompe dans les fleurs en se soutenant en l'air par le moyen de leurs aîles sans s'appuyer sur la fleur.

Il y a des papillons qui volent pendant la nuit, ou à l'entrée de la nuit, & qui viennent se brûler aux lumieres des chandelles pendant les soirées chaudes de l'été; on les appelle phalenes ou papillons nocturnes; ils sont en bien plus grand nombre d'especes que les papillons qui restent tranquilles pendant la nuit, qui ne volent que le jour, & que l'on nomme papillons diurnes. Pourquoi donc ces phalenes, qui semblent fuir la lumiere du jour, viennent - elles à celles des chandelles? M. de Réaumur a soupçonné que c'est peut - être pour chercher leurs femelles, qu'elles peuvent reconnoître à quelque signe lumineux, qui n'est sensible qu'à leurs yeux: plusieurs de ces phalenes volent aussi pendant le jour dans les bois, & l'on croit que c'est pour s'approcher de leurs femelles qui sont cachées sous des feuilles.

Les papillons diurnes ont des antennes à bouton, en massue, ou en corne de bélier; celles des phalenes sont prismatiques, à filets coniques ou en plumes. M. de Réaumur a trouvé une trompe dans tous les papillons diurnes qu'il a observés; mais il n'en a point vu dans plusieurs genre de phalenes. Parmi celles qui sont pourvues d'une trompe sensible, les unes l'ont longue & applatie; les autres l'ont plus courte & plus arrondie. La figure & le port des aîles sont des caracteres propres à faire distinguer plusieurs genres de papillons.

La classe des papillons à antennes en masse ou bouton comprend plus d'especes que les deux autres classes de papillons diurnes prises ensemble; c'est pourquoi M. de Réaumur a divisé les papillons à antennes, à masse ou bouton en cinq classes, qui avec celle des antennes, en massue, & celles des antennes en corne de bélier, font en tout sept classes de papillons diurnes.

La premiere classe est composée des papillons qui ont les antennes en masse ou bouton, & qui tiennent le plan de leurs aîles perpendiculaire au plan sur lequel ils sont posés; le bord inférieur des aîles de dessous embrasse le dessous du corps; ils se soutiennent & ils marchent sur six jambes, le papillon blanc qui a quelques taches noires, & qui vient de la plus belle des chenilles du chou, est de cette premiere classe.

Les papillons de la seconde classe ne different de ceux de la premiere, qu'en ce qu'ils ne se posent & ne marchent que sur quatre jambes.

Les papillons de la troisieme classe ne different de ceux de la seconde; qu'en ce que les deux premieres jambes sont conformées comme les quatre autres, mais si petites, que l'on a peine à les appercevoir.

La quatrieme classe comprend les papillons qui portent leurs quatre aîles perpendiculaires au plan de position, comme les papillons des trois premieres classes; mais le bord des aîles inférieures de ceux de la quatrieme se recourbe, embrasse, & couvre le dessus du corps: ils ont six véritables jambes: chacune des aîles inférieures a vers le bout extérieur de sa base un long appendice, qui semble former une queue, aussi ces papillons sont appellés papillons à queue: si ce caractere manquoit, les autres suffiroient pour désigner les papillons de la quatrieme classe.

La cinquieme & la derniere des papillons est à antennes à masse ou bouton; elle renferme ceux qui ont six vraies jambes, & dont les aîles sont paralleles au plan de position, ou au moins ne se redressent jamais assez pour que les deux supérieures s'appliquent l'une contre l'autre au - dessus du corps. La forme des aîles & du bouton des antennes peut encore donner des caracteres pour distinguer les papillons de ces cinq premieres classes.

Ceux de la sixieme ont des antennes en massue; ils insinuent leur trompe dans les fleurs en se soutenant en l'air, c'est pourquoi on les appelle éperviers, & on leur a aussi donné le nom de papillons - bourdons, parce qu'ils font du bruit en volant. Quand ils s'appuient, ils ont les aîles paralleles au plan de position; le côté intérieur de leurs aîles est plus court que l'extérieur, & leur corps se termine par de longs poils en forme de queue. Il y a dans cette classe un genre de papillon que l'on peut nommer papillons - mouches, parce que leurs aîles ressemblent en partie à celles des mouches, n'étant pas couvertes en entier de poussiere: la partie qui reste à découvert, est transparente, & a fait donner à ces aîles le nom d'aîles vitrées.

La septieme classe comprend les papillons à antennes en cornes de bélier.

Quoique les especes de phalenes soient beaucoup plus nombreuses que celles des papillons diurnes, M. de Réaumur ne les a divisées qu'en sept classes, mais il a indiqué les caracteres d'un grand nombre de genres pour chacune de ces classes.

La premiere renferme les phalenes à antennes prismatiques; elles doivent toutes avoir des trompes ; il y a de ces phalenes qui ne peuvent se soutenir en l'air sans agiter leurs aîles avec une grande vîtesse; elles font beaucoup de bruit en volant.

Ceux de la seconde classe ont des antennes à filets coniques & une trompe.

Les phalenes de la troisieme classe ne different pas de celles de la seconde classe par les antennes, mais on ne leur trouve point de trompe.

La quatrieme classe comprend des phalenes qui ont des antennes en plumes & une trompe.

Les phalenes de la cinquieme classe ont aussi des antennes en plumes, mais elles manquent de trompe.

La sixieme classe comprend les phalenes dont les femelles n'ont point d'aîles sensibles.

Enfin, la septieme classe renferme tous les papillons dont les aîles ressemblent à celles des oiseaux, & paroissent composées de véritables plumes: ils ont des antennes à filets coniques comme des phalenes, cependant ils ne laissent pas de voler pendant le jour: ils font une classe particuliere, qui doit se trouver à la suite de celles des phalenes.

Les caracteres de genres qui se trouvent dans ces différentes classes sont tirés de la grandeur, de la figure & du port des aîles, de la forme & de la grandeur du corps, de la longueur & de la figure des trompes, de la structure des antennes, & des deux barbes ou cloisons charnues entre lesquelles la trompe est logée, des hupes de poils qui se trouvent sur le corcelet, & même sur le corps. Les différentes especes sont distinguées par les couleurs des papillons, par la distribution de ces couleurs, & par quelques - uns des caracteres précédens.

Mais toute méthode arbitraire pour la division des productions de la nature en classes, genres, &c. est sujette à errer: en voici un exemple bien marqué; le port des aîles qui vient d'être donné comme un des principaux caracteres distinctifs des papillons, n'est pas le même pour le mâle & pour la femelle de certaines especes, de sorte que le mâle se trouveroit dans un genre, & la femelle dans un autre; & ces deux genres seroient bien distingués par les différences qui se trouvent dans le port des aîles de ce mâle & de cette même femelle. Cependant c'est le comble de l'erreur dans une distinction méthodique de rappor<pb->

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