ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"768"> le titre xviij. de l'Ordonnance de 1669. (A)

Paisson (Page 11:768)

Paisson, s. m. terme de Gantier & de Peaussier, morceau de fer ou d'acier délié qui ne coupe pas, fait en maniere de cercle, large d'un demi - pié ou environ, & monté sur un pié de bois, servant à déborder & à ouvrir le cuir pour le rendre plus doux: les Gantiers disent paissonner, pour signifier étendre & tirer une peau sur le paisson. (D. J.)

PAITA (Page 11:768)

PAITA, (Géog. mod.) petite ville de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Quito, avec un port qui ne peut guère passer que pour une baie. Long. 296. 56. lat. 5. 12.

La ville de Paita est située dans un canton fort stérile, dont le terrein n'est composé que de sable & d'ardoise. Elle ne contient qu'environ deux cens familles; les maisons n'y sont que d'un étage, & n'ont que des murs de roseaux refendus & d'argille, & des toîts de feuilles séches: cette maniere de bâtir, toute légere qu'elle paroît, est assez solide pour un pays où la pluie est un phénomène rare.

L'amiral Anson prit cette ville en 1741, avec cinquante soldats, la brûla, & partit avec un butin considérable qu'il enleva aux Espagnols. (D. J.)

PAITRE (Page 11:768)

PAITRE, v. act. (Gramm.) il se dit des animaux, c'est l'action de se nourrir des substances végétales éparses dans les campagnes. Les moutons paissent aux prés, les chevres aux collines, les cochons aux forêts.

Paitre l'oiseau (Page 11:768)

Paitre l'oiseau, (Fauconnerie) la maniere de le faire est de le laisser manger par poses, & lui cacher quelquefois la chair de peur qu'il ne se débatte; on lui fait plumer de petits oiseaux comme il faisoit aux bois; la bonne chair est un peu de la cuisse ou du cou d'une vieille geline; les entrailles aussi lui dilatent le boyau.

PAITRIN (Page 11:768)

PAITRIN, s. m. (Boulang.) vaisseau dans lequel on paitrit & l'on fait la pâte. Les paitrins des Boulangers sont des especes de huches ou coffres de bois à quatre ou six piés, suivant sa grandeur; car il y en a où l'on peut paitrir jusqu'à vingt & vingt - quatre boisseaux de farine à - la - fois. Dans les petits paitrins, c'est - à - dire dans ceux qui ne peuvent contenir que sept ou huit boisseaux; le couvercle est attaché avec des couplets, & se leve sur le derriere comme aux bahus. Pour les grands, ils ont un couvercle coupé en deux, qui se tire à coulisse, par le moyen d'une piece de bois à rainure qui traverse la largeur du paitrin, & qui étant mobile, s'ôte & se remet à volonté; près du paitrin se placent deux tables, l'une qu'on appelle le tour, ou table à tourner, & l'autre la table à coucher. (D. J.)

PAITRIR (Page 11:768)

PAITRIR, v. n. (Boulang.) faire de la pâte pour en former ensuite du pain ou des pâtisseries, en les mettant cuire au four; l'on commence toujours à paitrir la pâte destinée à faire du pain avec les mains; mais souvent, lorsque l'ouvrage est difficile, & qu'il y a beaucoup de farine, on l'acheve avec les piés, quelquefois nuds, & quelquefois pour plus de propreté, enfermés dans un sac. Cette maniere de paitrir aux piés se fait assez souvent dans les paitrins mêmes s'ils sont grands & solides, mais plus souvent encore sur une table placée à terre, où l'on étend la pâte qu'on veut achever aux piés. Les Pâtissiers en France paitrissent sur une espece de dessus de table mobile, qui a des bords de trois côtés, qu'ils appellent un tour, & quelquefois sur une table ordinaire. Savary. (D J.)

PAITRISSEUR (Page 11:768)

PAITRISSEUR, s. m. (Boulang.) celui qui paitrit dans la boulangerie où l'on fait du biscuit de mer. Les Boulangers sont pour ainsi dire de deux ordres, savoir les paitrisseurs & les gindres ou maîtres de pelle; ceux - ci sont seuls chargés d'en former les galettes; les autres ne font seulement que paitrir la pâte & de la dresser en galettes: dans chaque boulangerie il y a deux paitrisseurs & un gindre.

PAIX (Page 11:768)

PAIX, s. f. (Droit nat. politique. & moral.) c'est la tranquillité dont une société politique jouit; soit au - dedans, par le bon ordre qui regne entre ses membres; soit au - dehors, par la bonne intelligence dans laquelle elle vit avec les autres peuples.

Hobbes a prétendu que les hommes étoient sans cesse dans un état de guerre de tous contre tous; le sentiment de ce philosophe atrabilaire ne paroît pas mieux fondé que s'il eût dit, que l'état de la douleur & de la maladie est naturel à l'homme. Ainsi que les corps physiques, les corps politiques sont sujets à des révolutions cruelles & dangereuses, quoique ces infirmités soient des suites nécessaires de la foiblesse humaine, elles ne peuvent être appellées un état naturel. La guerre est un fruit de la dépravation des hommes; c'est une maladie convulsive & violente du corps politique, il n'est en santé, c'est - à - dire dans son état naturel que lorsqu'il jouit de la paix; c'est elle qui donne de la vigueur aux empires; elle maintient l'ordre parmi les citoyens; elle laisse aux lois la force qui leur est nécessaire; elle favorise la population, l'agriculture & le commerce; en un mot elle procure aux peuples le bonheur qui est le but de toute société. La guerre au contraire dépeuple les états; elle y fait regner le désordre; les lois sont forcées de se taire à la vûe de la licence qu'elle introduit; elle rend incertaines la liberté & la propriété des citoyens; elle trouble & fait negliger le commerce; les terres deviennent incultes & abandonnées. Jamais les triomphes les plus éclatans ne peuvent dédommager une nation de la perte d'une multitude de ses membres que la guerre sacrifie; ses victoires mêmes lui font des plaies profonde que la paix seule peut guérir.

Si la raison gouvernoit les hommes, si elle avoit sur les chefs des nations l'empire qui lui est dû, on ne les verroit point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre, ils ne marqueroient point cet acharnement qui caractérise les bêtes féroces. Attentifs à conserver une tranquillité de qui dépend leur bonheur, ils ne saisiroient point toutes les occasions de troubler celle des autres; satisfaits des biens que la nature a distribués à tous ses enfans, ils ne regarderoient point avec envie ceux qu'elle a accordés à d'autres peuples; les souverains sentiroient que des conquêtes payées du sang de leurs sujets, ne valent jamais le prix qu'elles ont coûté. Mais par une fatalité déplorable, les nations vivent entre elles dans une défiance réciproque; perpétuellement occupées à repousser les entreprises injustes des autres, ou à en former elles - mêmes, les prétextes les plus frivoles leur mettent les armes à la main, & l'on croiroit qu'elles ont une volonté permanente de se priver des avantages que la Providence ou l'industrie leur ont procurés. Les passions aveugles des princes les portent à étendre les bornes de leurs états; peu occupés du bien de leurs sujets, ils ne cherchent qu'à grossir le nombre des hommes qu'ils rendent malheureux. Ces passions allumées ou entretenues par des ministres ambitieux, ou par des guerriers dont la profession est incompatible avec le repos, ont eu dans tous les âges les effets les plus funestes pour l'humanité. L'histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes & cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres. L'épuisement seul semble forcer les princes à la paix; ils s'apperçoivent toujours trop tard que le sang du citoyen s'est mêlé à celui de l'ennemi; ce carnage inutile n'a servi qu'à cimenter l'édifice chimérique de la gloire du conquérant, & de ses guerriers turbulens; le bonheur de ses peuples est la pre<pb-> [p. 769] miere victime qui est immolée à son caprice ou aux vûes intéressées de ses courtisans.

Dans ces empires, établis autrefois par la force des armes, ou par un reste de barbarie, la guerre seule mene aux honneurs, à la considération, à la gloire; des princes ou des ministres pacifiques sont sans cesse exposés aux censures, au ridicule, à la haine d'un tas d'hommes de sang, que leur état intéresse au desordre. Probus guerrier doux & humain, est massacré par ses soldats pour avoir décelé ses dispositions pacifiques. Dans un gouvernement militaire le repos est pour trop de gens un état violent & incommode; il faut dans le souverain une fermeté inaltérable, un amour invincible de l'ordre & du bien public, pour résister aux clameurs des guerriers qui l'environnent. Leur voix tumultueuse étouffe sans cesse le cri de la nation, dont le seul intérêt se trouve dans la tranquillité. Les partisans de la guerre ne manquent point de prétextes pour exciter le desordre & pour faire écouter leurs voeux intéressés: « c'est par la guerre, disent - ils, que les états s'affermissent; une nation s'amollit, se dégrade dans la paix; sa gloire l'engage à prendre part aux querelles des nations voisines, le parti du repos n'est celui que des foibles ». Les souverains trompés par ces raisons spécieuses, sont forcés d'y céder; ils sacrifient à des craintes, à des vûes chimériques la tranquilité, le sang & les trésors de leurs sujets. Quoique l'ambition, l'avarice, la jalousie, & la mauvaise foi des peuples voisins ne fournissent que trop de raisons légitimes pour recourir aux armes, la guerre seroit beaucoup moins fréquente, si on n'attendoit que des motifs réels ou une nécessité absolue de la faire; les princes qui aiment leurs peuples, savent que la guerre la plus nécessaire est toujours funeste, & que jamais elle n'est utile qu'autant qu'elle assure la paix. On disoit au grand Gustave, que par ses glorieux succès il paroissoit que la Providence l'avoit fait naître pour le salut des hommes; que son courage étoit un don de la Toute - Puissance, & un effet visible de sa bonté. Dites plûtôt de sa colere, répartit le conquérant; si la guerre que je fais est un remede, il est plus insupportable que vos maux.

Paix, Traité de (Page 11:769)

Paix, Traité de, (Droit Politique.) Les conventions qui mettent fin à la guerre, sont ou principales ou accessoires. Les conventions principales sont celles qui terminent la guerre, ou par elles - mêmes comme un traité de paix, ou par une suite de ce dont on est convenu, comme quand on a remis la fin de la guerre à la décision du sort, ou au succès d'un combat, ou au jugement d'un arbitre. Les conventions accessoires sont celles qu'on ajoute quelquefois aux conventions principales pour les confirmer & en rendre plus sûre l'exécution. Tels sont les ôtages, les gages, les garanties.

La premiere question qui se présente ici, c'est, si les conventions publiques, les traités de paix sont celles que les peuples doivent regarder comme les plus sacrées & les plus inviolables, rien n'est plus important au repos & à la tranquillité du genre humain. Les princes & les nations n'ayant point de juge commun qui puisse connoître & décider de la justice de guerre, on ne pourroit jamais compter sur un traité de paix, si l'exception d'une crainte injuste avoit ici lieu ordinairement, je dis ordinairement: car dans les cas où l'injustice des conditions d'un traité de paix est de la derniere évidence, & que le vainqueur injuste abuse de sa victoire, au point d'imposer au vaincu les conditions les plus dures, les plus cruelles, & les plus insupportables, le droit des nations ne sauroit autoriser de semblables traités, ni imposer aux vaincus l'obligation de s'y soumettre soigneusement. Ajoutons encore, que bien que le droit ordonne qu'à l'exception du cas dont nous venons de parler, les traités de paix soient observés fidellement, & ne puissent pas être annullés sous le prétexte d'une contrainte injuste, il est néanmoins incontestable que le vainqueur ne peut pas profiter en conscience des avantages d'un tel traité, & qu'il est obligé par la justice inférieure, de restituer tout ce qu'il peut avoir acquis dans une guerre injuste.

Une autre question, c'est de savoir si un souverain ou un état doit tenir les traités de paix & d'accommodement qu'il a faits avec des sujets rébelles. Je réponds,

1°. Que lorsqu'un souverain a réduit par les armes les sujets rébelles, c'est à lui à voir comment il les traitera.

2°. Mais s'il est entré avec eux dans quelque accommodement, il est censé par cela seul leur avoir pardonné tout le passé; de sorte qu'il ne sauroit légitiment se dispenser de tenir sa parole, sous prétexte qu'il l'avoit donnée à des sujets rébelles. Cette obligation est d'autant plus inviolable, que les souverains sont sujets à traiter de rébellion une désobéissance ou une résistance, par laquelle on ne fait que maintenir ses justes droits, & s'opposer à la violation des engagemens les plus essentiels des souverains; l'histoire n'en fournit que trop d'exemples.

Il n'y a que celui qui a droit de faire la guerre, qui ait le droit de la terminer par un traité de paix: en un mot, c'est ici une partie essentielle de la souveraineté. Mais un Roi prisonnier pourroit - il conclure un traité de paix valable & obligatoire pour la nation? Je ne le pense pas: car il n'y a nulle apparence, & l'on ne sauroit présumer raisonnablement, que le peuple ait voulu conférer la souveraineté à quelqu'un, avec pouvoir de l'exercer sur les choses les plus importantes, dans le tems qu'il ne seroit pas maître de sa propre personne; mais à l'égard des conventions qu'un roi prisonnier auroit faites, touchant ce qui lui appartient en particulier, elles sont valides sans contredit. Que dirons - nous d'un roi chassé de ses états? S'il n'est dans aucune dépendance de personne, il peut sans doute faire la paix.

Pour connoître sûrement de quelles choses un roi peut disposer par un traité de paix, il ne faut que faire attention à la nature de la souveraineté, & à la maniere dont il la possede.

Dans les royaumes patrimoniaux, à les considérer en eux - mêmes, rien n'empêche que le roi n'aliene la souveraineté, ou une partie.

Mais les rois qui ne possedent la souveraineté qu'à titre d'usufruit, ne peuvent par aucun traité aliéner de leur chef, ni la souveraineté entiere, ni aucune de ses parties: pour valider de telles aliénations, il faut le consentement de tout le peuple, ou des états du royaume.

3°. A l'égard du domaine de la couronne, il n'est pas non plus pour l'ordinaire au pouvoir du souverain de l'aliéner.

4°. Pour ce qui est des biens des particuliers, le Souverain a, comme tel, un droit éminent sur les biens des sujets, & par conséquent il peut en disposer, & les aliéner par un traité, toutes les fois que l'utilité publique ou la nécessité la demandent, bien entendu que l'état doit dans ce cas là dédommager les particuliers du dommage qu'ils souffrent au - delà de leur quote - part.

Pour bien interpréter les clauses d'un traité de paix, & pour en bien déterminer les effets, il ne faut que faire attention aux regles générales de l'interprétation, & à l'intention des parties contractantes.

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