ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"842"> mise ou bloc de bois L vis - à - vis de la vis M N, à laquelle un plateau est également suspendu: un seul ouvrier suffit pour serrer ces presses, le degré de compression n'étant pas considérable & suffisant seulement pour redresser les porces blanches, c'est - à - dire séparées des flautres par le leveur. Après que les porces ont été pressées, des ouvriers qu'on appelle étendeurs de porces, les étendent sur des cordes dans l'étendoir supérieur qui regne au - dessus du grand bâtiment, & dont on voit l'élévation & le profil, Pl. VI. & VII. c'est ce que fait l'ouvrier, fig. 1. vignette Pl. XII. qui représente les deux étendoirs, supposés de plain - pié; D D la sellette sur laquelle pose le drapan léger sur lequel la porce est posée; C C poteaux garnis de morceaux de bois dans les entailles desquels on place les extrémités des perches, dans les trous desquels les cordes sont passées & tendues. Là l'étendeur de porce prend 3 ou 4, ou 5 feuilles à la fois sur son ferlet, outil de bois que la fig. 5. même Planche représente, avec lequel il place sur les cordes les feuilles de papier, ce qu'on appelle étendre en page. On fait état que dans l'étendoir supérieur, on peut y étendre à la fois en page la quantité de 3660 rames, & dans l'étendoir inférieur & les deux aîles qui servent de supplément, la quantite de 1213 rames, feuille à feuille au sortir de la colle, comme nous dirons plus bas.

Après que le papier en page est sec, & qu'il a été recueilli & remis en porces, on le porte à la colle; c'est la manoeuvre & l'attelier des colleurs que la Pl. XI. représente. F porte du fourneau ou du cendrier; L fourneau de mâçonnerie, sur lequel est monté la cuve K, de 5 piés de diametre & 3 de profondeur dans lequel on fait cuire la colle, que l'on met dans le panier E suspendu à une corde par quatre chaînes de fer. La corde est, après avoir traversé la voûte, entortillée sur le treuil horisontal M N, placé dans l'étage supérieur qui sert de magasin pour les colles & autres ustensiles. Ce treuil a comme une espece de devidoir semblable à l'engin des moulins à vent, sur lequel s'enroule une autre corde par le moyen de laquelle on enleve avec facilité le panier E pour le placer ou le déplacer dans la chaudiere K.

Après que la colle, qui est faite avec les rognures des peaux que les Tanneurs - Mégissiers & Parcheminiers, préparent ou emploient, que l'on jette dans le panier, fig. 7. on la laisse couler par le robinet G dans la cuve ou bassine H, d'où l'ouvrier, fig. 1. la retire avec les bassins C pour la filtrer à - travers la passoire qui est une piece d'étoffe de laine, posée sur un chassis 1, 2, 3, 4, garni de cordes lâches, ce qui forme une espece de chausse à - travers de laquelle se fait la filtration; on voit en D ce chassis qu'on appelle couloir, dont la largeur est de 18 pouces & la longueur entre les deux traverses de deux piés, & les cordes sur lesquelles repose la passoire dans laquelle on exprime le résidu à la fin de la filtration.

La colle est reçue dans un grand vaisseau A de cuivre rouge (ainsi que tous les autres vaisseaux de cet attelier), & auquel on a donné le nom de poissonniere, la longueur est d'environ six piés, la largeur de trois, & la profondeur de deux; il est posé sur une grille de fer, & ceint par deux ou trois bandes du même métal.

La colle, avant d'être employée à coller le papier, est encore filtrée de même, pour entrer dans les cuves ou mouilloirs u, fig. 2, de cuivre rouge, ayant trois piés de diametre, & environ 20 pouces de profondeur, posé sur un trépié de fer de huit pouces d'élevation, sur lequel on place le couloir & la passoire, que l'on ôte ensuite, & sous lequel on met une poëllée de charbon allumé t, pour entretenir la colle dans un degré convenable. Le mouilloir est placé à côté d'une presse a b, ensorte que la colle superflue qui s'écoule des porces collées f sur la table de la presse, coule dans la gouttiere ou canelure qui environne cette table, & rentre dans le mouilloir par le goulot s, vers lequel toutes les parties de la rigole sont inclinées.

La presse des colleurs est composée de deux montans comme a b ou A B, A B, fig. 4, qui est l'élevation de la presse: les montans des jumelles de 10 piés de long sont élegis sur 7 ½ pié, & équaris à 10 pouces, ce qui forme des renforts où le seuil C & l'écrou P, trouvent un point d'appui fixe: le seuil a 1 pié d'épaisseur sur 15 pouces de large: l'écrou a 15 pouces de gros; l'un & l'autre 5 piés 2 pouces de long, ce qui fait que les jumelles sont éloignées l'une de l'autre de trois piés & demi: sur le feuil C de la presse pose un tasseau D qui soutient la table E de la presse, de 8 pouces d'épaisseur, dont la surface supérieure est élevée au - dessus du rez - de - chaussée d'environ deux piés & demi: cette table est assemblée à fourchette & doubles tenons embrevés dans les jumelles, & est entourée d'une rainure d'un demi pouce de large, sur environ autant de profondeur; l'espace renfermé en - dedans de la rainure a 18 pouces de large, & 27 ou 28 pouces de long. C'est sur cette table que l'on pose les porces F au sortir du mouilloir: on met entre les porces, vers un des angles, de petits morceaux de bois 3, 6, 9; on colle ordinairement 12 porces à la fois; & c'est pour pouvoir les reconnoître & les séparer que l'on met les petits morceaux de bois. Sur les 12 porces où pose un drapan G H, sur lequel, par le moyen de la vis N R, on fait descendre le plateau K L, qui est suspendu en M, à la tête de la vis que l'on tourne avec un levier, comme la figure 3 le fait voir.

Avant de plonger les porces dans la colle contenue dans le mouilloir, on y fait fondre une certaine quantité d'alun & de couperose, & le colleur, fig. 2, ayant pris une des porces en page x, telle qu'elle a été retirée de l'étendoir, & apportées sur la sellette y, & la tenant de la main gauche, une des trois palettes, fig. 6, en - dessous, il plonge cette porce dans la colle, que le mouilloir u contient, observant d'écarter avec la main droite les pages de cette porce, afin que la colle puisse s'introduire entre elles, & il submerge entierement le côté 3 de la porce, en plongeant sa main dans la colle. Ensuite il enleve cette porce de la main gauche 2, & la tient suspendue verticalement sur le mouilloir, où elle s'égoutte un peu, ce qui fait rassembler les pages; alors il présente l'extrémité 3 de la porce sur une des palettes, fig. 6, de bois de sapin, capables, par conséquent, de flotter sur la colle; il laisse porter la porce sur cette palete, & prenant la troisieme, il l'applique sur la porce, qui se trouve saisie entre deux palettes, qu'il comprime de la main droite, & ayant lâché l'extrémité 2 de la porce qu'il tient de la main gauche, il en écarte les pages, & plonge la main dans la colle, comme il a fait de la main droite sur l'autre extrémité; il releve ensuite de la main droite la porce qu'il tient entre deux palettes, comme fait voir la fig. 5, & l'ayant suspendue pour laisser égoutter & rassembler les pages qu'il avoit écartées pour y laisser introduire la colle, il prend de la main gauche la troisieme palette, avec laquelle & les deux autres il transporte la porce collée sur la table de la presse, & continue de la même maniere jusqu'à ce qu'il ait passé dans le mouilloir 12 porces; alors en pressant, comme fait l'ouvrier, fig. 3, il fait sortir le superflu de la colle, qui retombe dans le mouilloir par le goulot s, ainsi qu'il a été dit ci - dessus. Cette opération demande beaucoup d'attention; car par une trop forte compression, on feroit sortir presque toute la colle. Une rame de grand raisin double, qui pese 35 à 38 livres, prend environ deux livres & demie de [p. 843] colle, c'est - à - dire, qu'elle pese cette quantité de plus après avoir été collée & séchée, qu'avant de passer par cette opération.

La figure 7 de la même Planche fait voir plus en grand le panier que l'on met dans la chaudiere, & dans lequel on fait cuire la colle, par le moyen duquel on retire de la chaudiere les parties inutiles de la colle qui n'ont pas pu fondre. Ce panier, qui est d'osier, entre dans une cage de fer suspendue à la corde du treuil par quatre chaînes; on y voit aussi la croix de fer qui contient les parties de cette cage, & les empêche de se rapprocher du centre lorsque le panier est suspendu.

Après l'opération de coler le papier, succede celle de l'étendre feuille à feuille, que la Pl. XII. déja citée, représente: pour cela les femmes employées à cet ouvrage, portent aux étendoirs les porces que les coleurs leur délivrent, & les étendent feuille à feuille sur les cordes en cette maniere; l'ouvriere, fig. 2, tient un ferlet ou T de bois, fig. 5, dont la traverse est aussi longue que le papier a de hauteur, & appliquant cette traverse sur le milieu de la largeur de la feuille de papier, une autre ouvriere, fig. 3, leve une demi - seuille, qu'elle jette sur le ferlet où elle se trouve ployée en deux parties égales, & avec lequel l'ouvriere, fig. 2, l'enleve de dessus la porce, & la place sur une des cordes de l'étendoir.

Comme les perches dans les trous desquelles les cordês sont placées sont à différentes élevations, cet attelier doit être pourvu de bancs, selles, sellettes de différente élevation, tant pour poser les drapans ou ais, sur lesquels les porces sont apportées, que pour exhausser les ouvrieres.

La fig. 4 de la même planche fait voir l'élevation, le plan & le prosil d'une des croisées des grilles qui ferment les fenêtres des étendoirs; A C K E, chassis dormant, dont les cotés G K A C, ainsi que la traverse dormante D F ont une rainure dans laquelle glissent les quatre guichets, comme on voit par le prosil qui est à côté: le chassis dormant a aussi des barreaux fixes, assemblées dans les trois traverses, & espacées tant plein que vuide, comme on voit par le plan; la moitie G H B A de la croisée est fermée, c'est - à - dire, que l'on a poussé les guichets mobiles auprès du montant du milieu, comme le fait voir la partie A B du plan, ensorte que les barreaux des guichets répondent vis - à - vis des intervalles de ceux du chassis dormant: la partie supérieure K H E F de l'autre moitié est ouverte, c'est - à - dire, que les barreaux & les vuides du guichet & du chassis dormant, répondent vis - à - vis les uns des autres, comme la partie B C du plan le fait voir: enfin la partie inférieure du même côté est aussi ouverte, le guichet ayant été ôté pour laisser voir les barreaux f c, f c, du chassis dormant à découvert; ces barreaux, qui sont en deux parties, sont assemblés dans une entre - toise e, qui est elle - même assemblée dans les montans du chassis dormant; on voit à côté le guichet séparé composé de deux emboîtures f f, c c, de deux montans f c, f c, d'une entretoise e, de deux barreaux qui s'assemblent dans les emboîtures & l'entretoise. Les emboîtures reçoivent aussi les extrémités des montans dans lesquels l'entretoise est assemblée; on voit à côté le profil ou la coupe du guichet.

Après que le papier est séché feuille à feuille dans l'étendoir; on le recueille & on le porte à la salle, où il reçoit les dernieres préparations, qui sont de l'éplucher, le lisser, ployer, compter & mettre en presse, battre & couper. Ce n'est pas que toutes les sortes de papiers passent par toutes ces opérations; mais toutes se pratiquent dans la salle que la Pl. XII. représente: la fig. 1. est une papetiere qui épluche le papier, c'est - à - dire, qui ôte avec un grattoir les noeuds, bosses, fils, ou autres corps hétérogenes qui peuvent s'y trouver: elle se sert pour cela d'un grattoir a, qu'on voit par terre en b, & forme différentes piles du papier sain, & des papiers cassés, ridés ou autrement défectueux. La fig. 2 est une ouvriere papetiere qui lisse une feuille de papier; elle est de bout devant une table, qu'on appelle tholier ou lissoire, le long du bord de laquelle est attachée avec une tringle de bois une peau de basane, que l'on voit pendre en s, comme un tablier, & qu'elle releve & étend sur la table. C'est sur cette peau qu'elle étend la feuille de papier, qu'elle frotte ou lisse en tout sens avec un caillou, dont on voit la figure en a à ses piés, & forme deux piles d e, l'une des papiers lissés, & l'autre des papiers qui n'ont pas encore eu cette préparation. La fig. 3 est une petite fille occupée à ployer le papier en deux: elle se sert d'un morceau de bois dur, formé à - peu - près comme la pierre de la lisseuse, fig. 2, que l'on appelle aussi pierre, avec laquelle en passant le long du milieu de la feuille dont elle a mis les deux extrémités l'une sur l'autre, elle forme le pli: elle a devant elle deux piles e d de papier; la premiere, de papier étendu, & la seconde d, de papier ployé, qui passe ensuite entre les mains de l'ouvriere, fig. 4, qui compte les feuilles de papier par 25, pour en former ce qu'on appelle une main; 20 mains font une rame, qui contient par conséquent 500 feuilles.

La fig. 5 est un ouvrier nommé saleran, qui presse les papiers, sois avant d'être ployés ou après qu'ils le sont, met les mains en rames, qu'il envelope de maculatures ou papier grossier, faites avec le frasin ou traces, qui sont les balayures de différens atteliers, par - dessus lesquelles il passe une ficelle en croix; le papier est alors en état d'être livré & envoyé à sa destination.

Les presses de cet attelier sont très - fortes & sont doubles, c'est - à - dire que le seuil & l'écrou sont communs à deux presses, comme on voit dans la vignette, & la fig. 5, le fait voir. Il y a deux doubles presses accolées parallelement l'une & l'autre, & isolées au milieu de la salle: les deux montans A B, a b, des extrémités de chacune de ces presses ont 12 piés de long, & sont élegis & équarris à 11 pouces sur 9 piés de long, avec renforts, bossages, embrevement dessus l'écrou D d, & sous le seuil, dont la surface supérieure afflure presque le rez de chaussée, où il est scellé, aussi - bien que les bossages des extrémités inférieures des montans ou jumelles: le seuil de deux piés de large & de 18 pouces d'épaisseur a, aussi - bien que l'écrou D d, 8 piés 9 pouces de long; l'écrou de bois d'orme a 18 pouces de haut sur 21 de large; il est percé de trois trous, deux qui sont taraudés pour recevoir les vis qui compriment les piles de papier F f: le troisieme, qui est une mortaise, est entre les deux autres au milieu de la longueur du sommier; elle reçoit le tenon supérieur en queue d'arronde, qui termine le montant du milieu, où il est arrêté par des clés: le tenon inférieur est de même fixé au seuil par des clés qui entrent par - dessous le seuil, & il y a 6 piés de distance depuis sa surface supérieure jusqu'à la surface inférieure de l'écrou, & 3 piés de distance d'un montant à l'autre: les faces opposées des montans sont à rainure, pour recevoir & servir de guides aux plateaux des presses, entre lesquels & le seuil se fait la compression du papier F f qui y est placé: on ne voit dans la figure qu'un seul montant C E des trois qui composent l'autre double presse parallele.

Le bas de la même Planche, fig. 6 & 7, est le profil & le plan d'une machine, par le moyen de laquelle on fait lever un très - gros marteau, qui sert à battre le papier. Cette machine ou marteau est renfermée dans une cage de charpente, dont les bois ont 6 pouces sur 3 d'épaisseur, & consiste en un arbre, sur lequel est fixée une lanterne A de 12 fuseaux. Cette

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