ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"840"> ple. La figure 5 est la couverte vue par - dessus, & la fig. 7, la même couverte vue par - dessous.

Comme les reglemens prescrivent aux fabriquans de mettre une marque particuliere à leurs papiers, & que d'ailleurs il est d'usage de marquer les papiers, soit d'une aigle éployée, d'une couronne ou grappe de raisin, &c. & même outre le nom du fabriquant, d'y ajouter le millésime: voici comment ces marques se forment.

On prend du fil de laiton ou d'argent de la grosseur de celui des dressées; on le ploye & contourne de maniere qu'il suive exactement les contours du dessein ou des caracteres que l'on veut représenter. On soude ensemble avec la soudure d'argent & au chalumeau les parties de ces contours qui se touchent, ou on en fait la ligature avec du fil plus fin, on applique ensuite ces filigrames sur la forme, en sorte que les empreintes se trouvent sur le milieu de chaque demi - feuille de papier où elles paroissent aussi - bien que l'impression des chaînettes & transfils, fils de dressées, en regardant le jour à - travers; on attache toutes ces marques sur le tamis ou toile de la forme, avec des crins de cheval ou du fil de laiton ou d'argent très - délié.

Passons maintenant à l'attelier de la fabrication du papier que la Planche X. représente. La matiere que nous avons laissée dans les caisses de dépôt est transportée dans les cuves à ouvrer par les manouvriers de la manufacture: pour cela ils se servent de brouettes de fer, sur lesquelles sont posés des vaisseaux de bois, tels que celui que la fig. 6, Pl. XII. représente, que l'on nomme bacholle. La cuve à ouvrer, fig. 1. & fig. 6. est de bois; elle a 5 piés de diametre, deux & demi de profondeur, reliée avec deux ou trois bandes de fer, & posée sur des chantiers. Elle est percée en h H d'un trou circulaire de 10 pouces de diametre, auquel on adapte en - dedans de la cuve une espece de chaudron de cuivre rouge, dont les rebords sont cloués en - dehors d'environ 20 ou 24 pouces de longueur, sur 15 ou 18 de diametre vers la culasse X: dans le chaudron qui sert de fourneau, & où on fait un feu de charbon suffisant; on fait entrer une grille de fer H h, fig. 6, sur laquelle on fait le feu. Le dessous de cette grille sert de cendrier; ainsi cette sorte de fourneau que les ouvriers nomment pistolet, est entierement submergé par l'eau que la cuve contient, & qu'il échauffe au point convenable. La partie de la grille qui déborde hors la cuve, est soutenue par une barre de fer K, comme on voit dans la vignette. On voit aussi auprès de la cuve la pelle arrondie qui sert à dégager le cendrier, & à porter le charbon dans le fourneau; on voit aussi à côté un crochet ou fourgon servant au même usage.

Chaque cuve qui est ronde, est entourée de planches G L D B E K, fig. 6, qui la rendent presque quarrée à sa partie supérieure. Ces planches qui sont un peu inclinées vers la cuve pour y rejetter l'eau qui y tombe, sont rebordées par des tringles de bois de deux pouces de haut, qui empêchent la pâte de se répandre dehors. La place B où se met l'ouvrier fig. prem. est appellée la nageoire de l'ouvrier; elle a environ 20 pouces de large; les côtés ont six pouces; les planches qui forment cette espece de caisse, descendent jusqu'au rez - de - chaussée; leur sommet se trouve un peu plus haut que la ceinture de l'ouvreur, fig. prem. chaque cuve est traversée par une planche M d, percée de trous, dont l'extrémité M repose sur les rebords des planches qui entourent la cuve. Cette planche qu'on nomme drapeau de cuve, est un peu convexe sur le milieu de sa largeur; elle a aussi en e une entaille pour recevoir l'extrémité e de la regle a e qu'on nomme planchette, qui est élégie en e, de la moitié de son épaisseur, tant pour que sa sur<cb-> face supérieure affleuré celle du drapeau, que pour qu'elle ait un point d'appui qui l'empêche de glisser de a vers e. L'extrémité a de la planchette est soutenue par un petit chevalet a dans l'entaille supérieure duquel elle entre de toute son épaisseur. Enfin, il y a en F un morceau de bois cloué au - dedans de la chaudiere & percé de plusieurs trous, dans l'un desquels on plante un petit morceau de bois f e fig. prem. qu'on appelle égouttoir, sur lequel un des longs côtés de la forme repose dans une situation inclinée; l'eau retombe à - travers les trous du drapeau dans la cuve. On voit à côté en A B la presse en profil, que la figure 5. représente en perspective, & dont on voit le plan en A A, figure 6.

Chaque presse (il y en a autant que de cuves à ouvrer) sont éloignées de trois piés du bord L D de la cuve, avec laquelle un des montans ou jumelles est joint par des planches L A ou m, fig. prem. qui entrent à coulisse dans la rainure du poteau l qui soutient un des angles des planches qui entourent la cuve, & entre deux tasseaux cloués sur la face d'un des montans de la presse, comme on voit en M b, fig. 6. Ces planches forment ce que l'on appelle la nageoire du coucheur élevée d'environ deux piés au - dessus du rez - de - chaussée. Ces presses sont composées de deux montans ou jumelles A b, a b, de 12 piés de long, éloignées l'une de l'autre de trois pïés & demi, qu'on élégit quarrément sur onze pouces de gros, environ huit piés de long, laissant le bois en grume par les deux extrémités: ce qui forme des renforts qui servent d'embrevement au seuil & à l'écrou. Le seuil c d e a deux piés de large, sur 15 ou 18 pouces d'épaisseur; sa surface supérieure n'est élevée au - dessus du terrein que d'environ 2 ou 3 pouces; il est entouré de pierre de taille, dans lesquelles on a pratiqué des gouttieres pour écouler les eaux qui sortent du papier lorsqu'on le presse. L'écrou de bois d'orme a 18 pouces de gros & 5 piés 4 pouces de long, & est assemblé avec les jumelles avec tenons à renfort & boulons à vis C, D. Il y a depuis la face inférieure de l'écrou, jusqu'à la face supérieure du seuil, 5 piés 4 pouces.

Aux faces intérieures opposé es des montans, sont pratiquées deux rainures, dont on voit le plan fig. 6, en A A. Ces rainures reçoivent les tenons du plateau G H, suspendu à la tête de la vis P X, par un boulon de fer qu'on appelle moine, dont la tête appuie sous la planche N de bois de cormier, ou autre bois dur, sur laquelle lors de la pression, se fait le frottement de la vis qui est de noyer, & dont la tête a 14 pouces de gros. Cette tête P, est entourée de deux frettes de fer, dont l'inférieure porte une rondelle dentée en rochet, dans les dents de laquelle s'engage le pié de biche 3, 4, qu'on appelle acotay, dont l'usage est d'empêcher la vis de rétrograder lorsqu'on fait une pressée; l'extrémité 4 de l'acotay est entaillée pour embrasser l'arrête de la jumelle a b, sur laquelle il appuie; cette jumelle est revétue d'une bande de fer L 5, pour la conserver, & le long de laquelle l'acotay descend à mesure que la vis fait baisser le plateau G H; l'autre extrémité 3 de l'acotay ou pié de biche est fourchue pour embrasser dessus & dessous l'épaisseur de la rondelle dentée; ce qui empêche le pié de biche de manquer l'engrenage; l'acotay est porté dans son milieu sur un morceau de bois K cloué sur le plateau qu'on nomme par cette raison porte - acotay. Il est aussi percé en 2 d'un trou, dans lequel passe la corde 2. 1. qui embrasse l'extrémité 1, du ressort. Ce ressort n'est autre chose qu'un bâton fléxible cloué sur le milieu de la face postérieure du plateau. Enfin, il y a un autre trou vers l'extrémité 4, dans lequel passe la corde par laquelle l'acotay est suspendu au piton L. [p. 841]

Sur le seuil c d de la presse, est un chantier V où posent de niveau deux ou trois pieces de bois T u, T u, T u, qu'on nomme poulains, sur lesquels on pose une forte planche Q qu'on appelle drapan, sur laquelle on couche entre des étoffes de laine les feuilles de papier, à mesure qu'elles sont fabriquées.

Fabrique de papier. Les bras nuds jusqu'au coude, l'ouvreur, figure 1. Pl. X. après avoir brassé & délayé dans l'eau chaude de sa cuve, la quantité de matiere & de qualité convenable à la sorte de papier qu'il veut faire, & dont il a toujours une provision en réserve dans la bachole g qui est à côté de lui; prend une des deux formes, garnie de sa couverte, par le milieu des petits côtés, & appuyant avec les pouces il fait joindre la couverte sur la forme, il la plonge obliquement à quatre ou cinq pouces de profondeur dans la cuve, en commençant par le long côté qui est tourné vers lui; après l'immersion il la releve de niveau, par ce moyen il prend sur sa forme comme dans un filet de pêcheur, un grand nombre des parties de la matiere qui flotte & est délayée dans la cuve; l'eau s'écoule à - travers le tamis de la forme, le surperflu de la pâte par - dessus les bords de la couverte, & la feuille de papier est faite. C'est de la quantité de matiere que la cuve contient relativement à la même quantité d'eau & de la quantité qu'il en laisse sur sa forme, que dépend le plus ou le moins d'épaisseur de papier; les parties fibreuses de la matiere s'arrangent sur le tamis de la forme à mesure que l'eau s'écoule à - travers, & l'ouvreur favorise cet arrangement par de petites secousses en long & en large de la forme, pour faire souder les unes aux autres les parties de cette pâte; ensuite ayant posé sa forme sur la planchette a e, ensorte qu'elle y soit en équilibre, les longs côtés croisées en angles droits par la planchette, il ôte la couverte ou cadre volant, & lance en glissant cette forme du côté du coucheur, qui ayant étendu auparavant sur le drapan Q une piece d'étoffe de laine qu'on appelle flautre qui est de serge, leve de la main gauche cette forme pour en faire reposer un des longs côtés sur l'égoutoir s, pendant cette opération, l'ouvreur, fig. 1. applique sa couverte ou cadre volant sur une autre forme, & recommence à lever dans la cuve une autre feuille de papier; le coucheur prend la forme qui est appuyée sur l'égouttoir, & l'ayant retournée sens - dessus - dessous de la main gauche & amenée devant lui, il la reprend de la main droite par le milieu du long côté qui s'applique sur l'égouttoir, & avec la main gauche qu'il met sur le milieu du côté opposé, il s'incline, applique & appuie la feuille de papier sur la flautre ou étoffe de laine qui couvre le drapan Q. S'étant relevé & ayant retourné la forme, il la glisse & lance le long du drapan de la cuve M d, fig. 6. ensorte qu'elle arrive vis - à - vis de la nageoire de l'ouvreur, qui la reprend & y applique la couverte, après avoir lancé le long de la planchette la seconde forme du côté du coucheur, qui du même tems la releve sur l'égouttoir pour la laisser égoutter.

Pendant que cette forme égoutte, & que l'ouvreur leve une nouvelle feuille de papier sur la forme que le coucheur lui a renvoyé; celui - ci prend une flautre F sur la planche B C qui est entre les jumelles de la presse & l'étend sur la feuille de papier qu'il a couchée sur la premiere flautre; c'est cet instant que la vignette représente. L'ouvreur leve sur la seconde forme la premiere qui est sur l'égouttoir, & le coucheur étend une flautre:ces différentes opérations qui s'exécutent avec beaucoup de célérité se réiterent, jusqu'à ce que toutes les flautres au nombre de deux cens soixante soient employées, ce qui compose une porce ou demi rame.

La porce est composée de dix quais, le quai tou<cb-> jours de vingt - six flautres; mais quand les papiers sont d'une certaine grandeur, la porce est composée de moins de quais ou quarterons de feuilles de papier, car il en tient vingt - cinq entre vingt - six flautres.

Après que la porce qui est empilée sur le drapan Q, fig. 6. est remplie & qu'il ne reste plus de flautres F sur la planche B E, fig. 6. & que la derniere feuille de papier est couverte du dernier flautre; les ouvriers après avoir ôté la planche B E, tirent le drapan Q par les poignées qu'on y voit & l'amenent sous le plateau de la presse, en le faisant glisser sur les poulains T u, T u, & la porce dont il est chargé. Là, ils mettent dessus un autre drapan q, fig. 3. & par - dessus, la piece de bois p qu'on appelle mise, sur laquelle en abaissant le plateau de la presse au moyen de la vis, & barrant fortement à trois, & en dernier lieu avec le tour ou cabestant x y z, dont la corde z s'attache à l'extrémité du levier de 15 piés de long qui entre dans les trous qui sont à la tête de la vis; ils compriment fortement la porce, ce qui en exprime l'eau & donne plus de solidité au papier, qu'un troisieme ouvrier appellé leveur retire d'entre les flautres.

Le leveur, fig. 3. après avoir avec le coucheur desserré la porce, remis la mise p sur le billot o, scellé en terre vis - à - vis le milieu de la presse; & après que le coucheur à l'aide de l'ouvreur, a mis le drapan q qui couvre la porce à la place du drapan Q, fig. 5. vis - à - vis de la nageoire du coucheur; le leveur, dis - je, aidé du coucheur, prend le drapan qui porte la porce r qui est sous la presse & le place comme on voit en q sur la mise p; alors ayant remis entre les jumelles de la presse la Planche D E qui repose sur des tasseaux, & dont les extrémités faites en tenons entrent dans les rainures des jumelles; & cet ouvrier ayant mis devant lui une espece de chevalet de peintre t u qu'on appelle piquet, de 14 pouces de large & de 2 piés & demi de long, dont on voit la partie postérieure, fig. 4. sur les chevilles duquel il place une planche dont il mouille l'extrémité supérieure; alors ayant levé la premiere flautre & l'ayant jettée sur la Planche D E de la presse, il leve de dessus la seconde flautre la feuille de papier qu'il étend sur la planche à lever, où l'adhérence que l'humidité occasionne la fait tenir; il continue cette manoeuvre & à placer des feuilles de papier s jusqu'à ce qu'il ait entierement levé la porce r & qu'il en ait rejetté toutes les flautres sur la planche de la presse, où le coucheur les prend à mesure que l'ouvreur lui donne occasion de les employer pour couvrir les nouvelles feuilles de papier qu'il fabrique, & former par ce moyen une nouvelle porce avec les mêmes flautres qui ont servi à former la premiere. Les opérations des deux premiers ouvriers sont nécessairement liées ensemble; mais le leveur peut sans inconvénient aller plus vîte que les deux autres, dont la célérité est telle, qu'ils font par jour seize porces, ce qui fait huit rames de papier, composées chacune de cinq cens feuilles; total 4000 feuilles, non compris dix feuilles qui sont surnuméraires dans chaque porce, ce qui fait 4160 feuilles en tout.

Après que huit porces sont faites, on les presse ensemble, ce qu'on appelle presser en porce blanche M; pour cela on a d'autres presses, dont le seuil K & le sommier P R de 8 piés de long sur 12 pouces de gros, contient deux écrous, ce qui forme deux presses accollées ensemble, les deux montans E F des extrémités, dont on ne voit qu'un seul dans la figure, sont élégis sur 8 pouces de gros, avec renforts au - dessus & au - dessous du sommier & du seuil, le montant du milieu R H est assemblé haut & bas à queue d'arronde, & avec des coins G; la table de ces presses de deux piés de large & à deux piés d'élévation au - dessus du rez - de - chaussée, est soutenue par une

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