ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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ple. La figure 5 est la couverte vue par - dessus, & la
fig. 7, la même couverte vue par - dessous.
Comme les reglemens prescrivent aux fabriquans
de mettre une marque particuliere à leurs papiers,
& que d'ailleurs il est d'usage de marquer les papiers,
soit d'une aigle éployée, d'une couronne ou
grappe de raisin, &c. & même outre le nom du fabriquant,
d'y ajouter le millésime: voici comment
ces marques se forment.
On prend du fil de laiton ou d'argent de la grosseur
de celui des dressées; on le ploye & contourne
de maniere qu'il suive exactement les contours du
dessein ou des caracteres que l'on veut représenter.
On soude ensemble avec la soudure d'argent & au
chalumeau les parties de ces contours qui se touchent,
ou on en fait la ligature avec du fil plus fin,
on applique ensuite ces filigrames sur la forme,
en sorte que les empreintes se trouvent sur le milieu
de chaque demi - feuille de papier où elles paroissent
aussi - bien que l'impression des chaînettes & transfils,
fils de dressées, en regardant le jour à - travers;
on attache toutes ces marques sur le tamis ou toile
de la forme, avec des crins de cheval ou du fil de
laiton ou d'argent très - délié.
Passons maintenant à l'attelier de la fabrication
du papier que la Planche X. représente. La matiere
que nous avons laissée dans les caisses de dépôt est
transportée dans les cuves à ouvrer par les manouvriers
de la manufacture: pour cela ils se servent de
brouettes de fer, sur lesquelles sont posés des vaisseaux
de bois, tels que celui que la fig. 6, Pl. XII.
représente, que l'on nomme bacholle. La cuve à ouvrer,
fig. 1. & fig. 6. est de bois; elle a 5 piés de
diametre, deux & demi de profondeur, reliée avec
deux ou trois bandes de fer, & posée sur des chantiers.
Elle est percée en h H d'un trou circulaire
de 10 pouces de diametre, auquel on adapte en - dedans de la cuve une espece de chaudron de cuivre
rouge, dont les rebords sont cloués en - dehors d'environ
20 ou 24 pouces de longueur, sur 15 ou 18 de
diametre vers la culasse X: dans le chaudron qui
sert de fourneau, & où on fait un feu de charbon
suffisant; on fait entrer une grille de fer H h, fig. 6,
sur laquelle on fait le feu. Le dessous de cette grille
sert de cendrier; ainsi cette sorte de fourneau que
les ouvriers nomment pistolet, est entierement submergé
par l'eau que la cuve contient, & qu'il échauffe au point convenable. La partie de la grille qui déborde
hors la cuve, est soutenue par une barre de
fer K, comme on voit dans la vignette. On voit
aussi auprès de la cuve la pelle arrondie qui sert à
dégager le cendrier, & à porter le charbon dans le
fourneau; on voit aussi à côté un crochet ou fourgon
servant au même usage.
Chaque cuve qui est ronde, est entourée de planches
G L D B E K, fig. 6, qui la rendent presque
quarrée à sa partie supérieure. Ces planches qui sont
un peu inclinées vers la cuve pour y rejetter l'eau
qui y tombe, sont rebordées par des tringles de bois
de deux pouces de haut, qui empêchent la pâte de se
répandre dehors. La place B où se met l'ouvrier fig.
prem. est appellée la nageoire de l'ouvrier; elle a environ
20 pouces de large; les côtés ont six pouces;
les planches qui forment cette espece de caisse, descendent
jusqu'au rez - de - chaussée; leur sommet se
trouve un peu plus haut que la ceinture de l'ouvreur,
fig. prem. chaque cuve est traversée par une planche
M d, percée de trous, dont l'extrémité M repose
sur les rebords des planches qui entourent la cuve.
Cette planche qu'on nomme drapeau de cuve, est un
peu convexe sur le milieu de sa largeur; elle a aussi
en e une entaille pour recevoir l'extrémité e de la
regle a e qu'on nomme planchette, qui est élégie en
e, de la moitié de son épaisseur, tant pour que sa sur<cb->
face supérieure affleuré celle du drapeau, que pour
qu'elle ait un point d'appui qui l'empêche de glisser
de a vers e. L'extrémité a de la planchette est soutenue
par un petit chevalet a dans l'entaille supérieure
duquel elle entre de toute son épaisseur. Enfin, il y
a en F un morceau de bois cloué au - dedans de la
chaudiere & percé de plusieurs trous, dans l'un desquels
on plante un petit morceau de bois f e fig. prem.
qu'on appelle égouttoir, sur lequel un des longs côtés
de la forme repose dans une situation inclinée;
l'eau retombe à - travers les trous du drapeau dans la
cuve. On voit à côté en A B la presse en profil, que
la figure 5. représente en perspective, & dont on voit
le plan en A A, figure 6.
Chaque presse (il y en a autant que de cuves à
ouvrer) sont éloignées de trois piés du bord L D de
la cuve, avec laquelle un des montans ou jumelles
est joint par des planches L A ou m, fig. prem. qui entrent
à coulisse dans la rainure du poteau l qui soutient
un des angles des planches qui entourent la
cuve, & entre deux tasseaux cloués sur la face d'un
des montans de la presse, comme on voit en M b,
fig. 6. Ces planches forment ce que l'on appelle la
nageoire du coucheur élevée d'environ deux piés au - dessus
du rez - de - chaussée. Ces presses sont composées
de deux montans ou jumelles A b, a b, de 12
piés de long, éloignées l'une de l'autre de trois pïés
& demi, qu'on élégit quarrément sur onze pouces
de gros, environ huit piés de long, laissant le bois
en grume par les deux extrémités: ce qui forme
des renforts qui servent d'embrevement au seuil & à
l'écrou. Le seuil c d e a deux piés de large, sur 15
ou 18 pouces d'épaisseur; sa surface supérieure n'est
élevée au - dessus du terrein que d'environ 2 ou 3 pouces;
il est entouré de pierre de taille, dans lesquelles
on a pratiqué des gouttieres pour écouler les eaux
qui sortent du papier lorsqu'on le presse. L'écrou de
bois d'orme a 18 pouces de gros & 5 piés 4 pouces
de long, & est assemblé avec les jumelles avec tenons
à renfort & boulons à vis C, D. Il y a depuis
la face inférieure de l'écrou, jusqu'à la face supérieure
du seuil, 5 piés 4 pouces.
Aux faces intérieures opposé es des montans, sont
pratiquées deux rainures, dont on voit le plan fig.
6, en A A. Ces rainures reçoivent les tenons du
plateau G H, suspendu à la tête de la vis P X, par
un boulon de fer qu'on appelle moine, dont la tête
appuie sous la planche N de bois de cormier, ou
autre bois dur, sur laquelle lors de la pression, se
fait le frottement de la vis qui est de noyer, & dont
la tête a 14 pouces de gros. Cette tête P, est entourée
de deux frettes de fer, dont l'inférieure porte
une rondelle dentée en rochet, dans les dents de laquelle
s'engage le pié de biche 3, 4, qu'on appelle
acotay, dont l'usage est d'empêcher la vis de rétrograder
lorsqu'on fait une pressée; l'extrémité 4 de
l'acotay est entaillée pour embrasser l'arrête de la jumelle
a b, sur laquelle il appuie; cette jumelle est
revétue d'une bande de fer L 5, pour la conserver,
& le long de laquelle l'acotay descend à mesure que
la vis fait baisser le plateau G H; l'autre extrémité
3 de l'acotay ou pié de biche est fourchue pour embrasser
dessus & dessous l'épaisseur de la rondelle
dentée; ce qui empêche le pié de biche de manquer
l'engrenage; l'acotay est porté dans son milieu sur
un morceau de bois K cloué sur le plateau qu'on
nomme par cette raison porte - acotay. Il est aussi percé
en 2 d'un trou, dans lequel passe la corde 2. 1.
qui embrasse l'extrémité 1, du ressort. Ce ressort
n'est autre chose qu'un bâton fléxible cloué sur le
milieu de la face postérieure du plateau. Enfin, il y
a un autre trou vers l'extrémité 4, dans lequel passe
la corde par laquelle l'acotay est suspendu au piton
L.
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Sur le seuil c d de la presse, est un chantier V où
posent de niveau deux ou trois pieces de bois T u, T u,
T u, qu'on nomme poulains, sur lesquels on pose
une forte planche Q qu'on appelle drapan, sur laquelle
on couche entre des étoffes de laine les feuilles
de papier, à mesure qu'elles sont fabriquées.
Fabrique de papier. Les bras nuds jusqu'au coude,
l'ouvreur, figure 1. Pl. X. après avoir brassé
& délayé dans l'eau chaude de sa cuve, la quantité
de matiere & de qualité convenable à la sorte de
papier qu'il veut faire, & dont il a toujours une
provision en réserve dans la bachole g qui est à côté
de lui; prend une des deux formes, garnie de sa
couverte, par le milieu des petits côtés, & appuyant
avec les pouces il fait joindre la couverte sur la forme,
il la plonge obliquement à quatre ou cinq pouces
de profondeur dans la cuve, en commençant
par le long côté qui est tourné vers lui; après l'immersion
il la releve de niveau, par ce moyen il
prend sur sa forme comme dans un filet de pêcheur,
un grand nombre des parties de la matiere qui flotte
& est délayée dans la cuve; l'eau s'écoule à - travers
le tamis de la forme, le surperflu de la pâte par - dessus
les bords de la couverte, & la feuille de papier est faite. C'est de la quantité de matiere que la
cuve contient relativement à la même quantité d'eau
& de la quantité qu'il en laisse sur sa forme, que
dépend le plus ou le moins d'épaisseur de papier;
les parties fibreuses de la matiere s'arrangent sur le
tamis de la forme à mesure que l'eau s'écoule à - travers, & l'ouvreur favorise cet arrangement par de
petites secousses en long & en large de la forme,
pour faire souder les unes aux autres les parties de
cette pâte; ensuite ayant posé sa forme sur la planchette
a e, ensorte qu'elle y soit en équilibre, les
longs côtés croisées en angles droits par la planchette,
il ôte la couverte ou cadre volant, & lance en
glissant cette forme du côté du coucheur, qui ayant
étendu auparavant sur le drapan Q une piece d'étoffe
de laine qu'on appelle flautre qui est de serge,
leve de la main gauche cette forme pour en faire reposer
un des longs côtés sur l'égoutoir s, pendant cette
opération, l'ouvreur, fig. 1. applique sa couverte
ou cadre volant sur une autre forme, & recommence
à lever dans la cuve une autre feuille de papier; le
coucheur prend la forme qui est appuyée sur l'égouttoir,
& l'ayant retournée sens - dessus - dessous de la
main gauche & amenée devant lui, il la reprend de
la main droite par le milieu du long côté qui s'applique
sur l'égouttoir, & avec la main gauche qu'il
met sur le milieu du côté opposé, il s'incline, applique
& appuie la feuille de papier sur la flautre ou
étoffe de laine qui couvre le drapan Q. S'étant relevé
& ayant retourné la forme, il la glisse & lance
le long du drapan de la cuve M d, fig. 6. ensorte
qu'elle arrive vis - à - vis de la nageoire de l'ouvreur,
qui la reprend & y applique la couverte, après avoir
lancé le long de la planchette la seconde forme du
côté du coucheur, qui du même tems la releve sur
l'égouttoir pour la laisser égoutter.
Pendant que cette forme égoutte, & que l'ouvreur
leve une nouvelle feuille de papier sur la forme que
le coucheur lui a renvoyé; celui - ci prend une flautre
F sur la planche B C qui est entre les jumelles de
la presse & l'étend sur la feuille de papier qu'il a
couchée sur la premiere flautre; c'est cet instant que
la vignette représente. L'ouvreur leve sur la seconde
forme la premiere qui est sur l'égouttoir, & le coucheur
étend une flautre:ces différentes opérations qui
s'exécutent avec beaucoup de célérité se réiterent,
jusqu'à ce que toutes les flautres au nombre de deux
cens soixante soient employées, ce qui compose une
porce ou demi rame.
La porce est composée de dix quais, le quai tou<cb->
jours de vingt - six flautres; mais quand les papiers
sont d'une certaine grandeur, la porce est composée
de moins de quais ou quarterons de feuilles de papier,
car il en tient vingt - cinq entre vingt - six flautres.
Après que la porce qui est empilée sur le drapan
Q, fig. 6. est remplie & qu'il ne reste plus de flautres
F sur la planche B E, fig. 6. & que la derniere
feuille de papier est couverte du dernier flautre; les
ouvriers après avoir ôté la planche B E, tirent le
drapan Q par les poignées qu'on y voit & l'amenent
sous le plateau de la presse, en le faisant glisser sur
les poulains T u, T u, & la porce dont il est chargé.
Là, ils mettent dessus un autre drapan q, fig. 3. &
par - dessus, la piece de bois p qu'on appelle mise, sur
laquelle en abaissant le plateau de la presse au moyen
de la vis, & barrant fortement à trois, & en dernier
lieu avec le tour ou cabestant x y z, dont la
corde z s'attache à l'extrémité du levier de 15 piés
de long qui entre dans les trous qui sont à la tête de
la vis; ils compriment fortement la porce, ce qui
en exprime l'eau & donne plus de solidité au papier,
qu'un troisieme ouvrier appellé leveur retire d'entre
les flautres.
Le leveur, fig. 3. après avoir avec le coucheur
desserré la porce, remis la mise p sur le billot o, scellé
en terre vis - à - vis le milieu de la presse; & après que
le coucheur à l'aide de l'ouvreur, a mis le drapan q
qui couvre la porce à la place du drapan Q, fig. 5.
vis - à - vis de la nageoire du coucheur; le leveur, dis - je,
aidé du coucheur, prend le drapan qui porte la
porce r qui est sous la presse & le place comme on
voit en q sur la mise p; alors ayant remis entre les
jumelles de la presse la Planche D E qui repose sur
des tasseaux, & dont les extrémités faites en tenons
entrent dans les rainures des jumelles; & cet ouvrier
ayant mis devant lui une espece de chevalet de peintre
t u qu'on appelle piquet, de 14 pouces de large
& de 2 piés & demi de long, dont on voit la partie
postérieure, fig. 4. sur les chevilles duquel il place
une planche dont il mouille l'extrémité supérieure;
alors ayant levé la premiere flautre & l'ayant jettée
sur la Planche D E de la presse, il leve de dessus la
seconde flautre la feuille de papier qu'il étend sur la
planche à lever, où l'adhérence que l'humidité occasionne
la fait tenir; il continue cette manoeuvre
& à placer des feuilles de papier s jusqu'à ce qu'il
ait entierement levé la porce r & qu'il en ait rejetté
toutes les flautres sur la planche de la presse, où le
coucheur les prend à mesure que l'ouvreur lui donne
occasion de les employer pour couvrir les nouvelles
feuilles de papier qu'il fabrique, & former
par ce moyen une nouvelle porce avec les mêmes
flautres qui ont servi à former la premiere. Les opérations
des deux premiers ouvriers sont nécessairement
liées ensemble; mais le leveur peut sans inconvénient
aller plus vîte que les deux autres, dont la
célérité est telle, qu'ils font par jour seize porces, ce
qui fait huit rames de papier, composées chacune
de cinq cens feuilles; total 4000 feuilles, non compris
dix feuilles qui sont surnuméraires dans chaque
porce, ce qui fait 4160 feuilles en tout.
Après que huit porces sont faites, on les presse ensemble,
ce qu'on appelle presser en porce blanche M;
pour cela on a d'autres presses, dont le seuil K &
le sommier P R de 8 piés de long sur 12 pouces de
gros, contient deux écrous, ce qui forme deux presses
accollées ensemble, les deux montans E F des
extrémités, dont on ne voit qu'un seul dans la figure,
sont élégis sur 8 pouces de gros, avec renforts au - dessus
& au - dessous du sommier & du seuil, le montant
du milieu R H est assemblé haut & bas à queue
d'arronde, & avec des coins G; la table de ces presses
de deux piés de large & à deux piés d'élévation
au - dessus du rez - de - chaussée, est soutenue par une
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