ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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tournées d'un sens opposé à celles x b; aussi ne servent - elles pas toutes à - la - fois; ce seront seulement les
gravures x d, si on fait entrer la platine, fig. 5. dans
l'ouverture d, figure 8. savoir la partie e la premiere;
& ce sera entre les gravures du cylindre & les
autres gravures x b de la platine que se fera le broyement
du chiffon, si on fait entrer l'extrémité d de
cette platine la premiere dans l'emplacement du sond
de la cuve destinée à la recevoir. Ces platines ont 7
pouces de large & 2 pouces d'épaisseur, & 2 piés 4
pouces de longueur, & ont de chaque côté x d, x b,
6 ou 8 cannelures. Enfin chaque levier est encore,
retenu près de la cuve par des bandes de fer N N m n,
entre lesquelles ils peuvent se mouvoir de haut en bas
& de bas en haut, suivant le mouvement du cric H
qui soutient une de leurs extrémités; on insere quelques
coins N, que l'on arrête avec un clou pour fixer
les leviers & le cylindre à une hauteur convenable &
très - près des platines. Chaque cuve a aussi une pelle
L, que l'on leve par la poignée K, pour laisser écouler l'eau & la pâte qu'elle contient dans les caisses de
dépôt, par des dalots ou rigoles de bois d'une longueur
convenable.
Jeu d'une des cuves. Si on conçoit que la platine,
fig. 5. est placée dans la cuve, fig. 8. & que le cylindre,
fig. 4. soit placé au - dessus, en sorte que ses tourillons
reposent sur les paliers ou coussinets des leviers;
que le dalot, fig. 2. soit mis en place, & le
chapiteau, fig. 1. par - dessus sa face postérieure sur la
cloison, & l'antérieure sur la face antérieure de la
cuve, remplie d'eau & chargée d'environ 150 livres
de chiffons, que de plus il y ait un robinet qui verse
continuellement l'eau du reservoir dans un des angles
de la cuve, comme en P, & qu'on le voit dans la Pl.
VI. en cet état, le cylindre tournant avec rapidité,
suivant l'ordre des lettres a N 2 3, entraînera l'eau
& les chiffons par le plan le moins incliné a, & les
fera passer entre la platine & le cylindre, pour remonter
vers 2, où ils seront lancés vers la voûte du
chapiteau, d'où ils retomberont dans la cuve par le
plan le plus incliné b, pour rentrer dans la circulation
qui se fait autour de la cloison 3 c 2;la cause de cette
circulation, outre la rotation du cylindre, est la perte
d'eau dans une partie, & l'affluence dans une autre.
Mais comme tous les chiffons ne sont pas jettés vers
la partie B d du chapiteau qui répond au - dessus du
plan incliné b, Pl. VI. d'oùils peuvent retomber dans
la cuve, & qu'une partie continue à se mouvoir avec
le cylindre, c'est pour les arrêter que l'on met dans
l'ouverture 3 4 le chassis de fil de fer, fig. 6. qui laisse
passer l'eau qui y est lancée avec les chiffons, & les
retient; ils s'y accumulent, jusqu'à ce que tombant
par leur propre poids vers 3, entre le chassis & le
cylindre, ils rentrent ainsi dans la circulation; le second
chassis, fig. 7. retient les petites parties des
chiffons que le premier a laissées échapper, & laisse
passer l'eau dans le dalot, fig. 2. d'où elle s'écoule &
se perden passant dans le tuyau, fig. 3. par des canaux
souterreins, ainsi qu'il a été remarqué ci - dessus. C'est
pour suppléer à l'eau qui se perd continuellement, &
dont le renouvellement opere le parfait blanchissage
du chiffon, que l'on en laisse entrer vers P, où est un
robinet par le moyen duquel on peut facilement égaler l'eau qui entre à celle qui sort; c'est cette eau continuellement
remplacée qui, avec la rotation du cylindre,
est la cause de la circulation que l'on voit dans
les cuves, où le chiffon qui y flotte tourne sans cesse
autour de la cloison 23, Pl. V. entrant par a sous le
cylindre, d'où il sort par b, pour aller par 3 c & 2
rentrer de nouveau sous le cylindre, où il est broyé
ou haché à chaque passage entre les dents ou gravures
de la platine & celles du cylindre.
La même quantité de chiffons qui ont été cinq ou
six heures à être effilochés, demeurent aussi six ou
sept heures sous les cylindres rafineurs.
Les ouvriers qui veillent à la conduite des moulins,
& qu'on appelle gouvernaux, ont soin de charger
les cuves à cylindres, d'y laisser entrer la quantité
d'eau convenable; on fait l'essai de la pâte en
en délayant ou étendant une certaine quantité dans
un bassin à moitié plein d'eau: on la bat avec un bâton
fendu en quatre par une de ses extrémités.
Voici la matiere dont le papier doit être formé, parvenue
à son point de perfection, soit en se servant
de l'un ou l'autre moulin; ils ont chacun leurs avantages
particuliers: car si d'un côté les moulins à cylindres
expédient cinq ou six fois plus vîte l'ouvrage,
il arrive que les noeuds de fil des coutures échappent
fort souvent à l'action des gravures du cylindre &
de la platine, ce qui forme de grains sur le papier,
& augmente le travail des éplucheuses; au lieu que
dans les moulins à maillets, ces mêmes noeuds sont
écrasés, en sorte qu'ils ne forment point d'éminences
sensibles sur la surface du papier, où alors on les
laisse.
Mais avant d'expliquer comment on ouvre le papier,
il faut expliquer l'art de fabriquer les formes sur
lesquelles on le leve; c'est l'ouvrage du formaire qui
a emprunté son nom de ses ouvrages. Ce travail est
représenté, & une forme de grand raisin dans la Pl.
IX. de papeterie.
Une forme, fig. 6. & 8. est composée d'un chassis
E F G A, e f g h de bois de chêne que l'on a laissé
tremper long - tems dans l'eau, après avoir été débité
& séché à plusieurs reprises, pour lui faire perdre
entierement sa seve, & faire qu'il soit moins sujet à
se dejetter. La grandeur de ce chassis prise en dedans
est d'environ deux lignes plus grande sur toutes les
faces que la grandeur du papier à la fabrication duquel
on le destine, & dont la grandeur est fixée par
le tarif que l'on trouvera à la fin de cet article. Ainsi
dans l'exemple de la fig. 6. qui est une forme pour
le papier dénommé grand raisin, dont les réglemens
fixent la grandeur E F à 22 pouces 8 lignes, & la
hauteur G E à 17 pouces, le chassis, non compris
l'épaisseur des bois, aura 2 lignes de plus sur chaque
face, ce qui fera pour la largeur mesurée en - dedans,
23 pouces, & pour la hauteur aussi mesurée en - dedans 17 pouces 4 lignes. Les bois qui forment ce
chassis ont environ 8 lignes de large sur 4 lignes d'épaisseur;
les longs côtés G H, E F, sont un peu
convexes dans leur milieu, & les petits côtés E G,
F H, au contraire un peu concaves.
Les longs côtés du chassis sont percés de vingt
trous pour recevoir les extrémités d'autant de barres
de sapin M N, m n, fig. 8. dont les extrémités terminées
en boulon, comme on voit en F, fig. 3. entrent
dans les trous dont on a parlé. Ces barres E de sapin
qu'on appelle pontuseaux, sont formées à leur partie
supérieure en vive arrête C D, comme le tranchant
d'un couteau; c'est sur le tranchant des pontuseaux
que reposent les fils de laiton qui forment le tamis
ou le grillage de la forme, & dont on voit l'empreinte
sur tous les papiers en regardant le jour à - travers.
Il n'entre aucune sorte de colle dans la fabrication
d'une forme; mais toutes les pieces en sont assemblées
& clouées les unes aux autres, soit avec de
petites chevilles de bois, ou avec des clous d'épingles
de laiton: le fer à cause de la rouille doit en
être banni. Pour tisser la tamis ou toile de la forme;
l'ouvrier, après avoir choisi la sorte de fil de laiton
dont elle doit être formée, l'avoir fait recuire &
couper par tronces aussi longues que le chassis, travaille
à les redresser par un moyen fort simple & ingénieux,
& qui, s'il étoit plus connu, seroit pratiqué
dans d'autres professions que celle du formaire.
C'est cette opération que fait l'ouvrier, fig. 2. de la
vignette: il tient de la main droite le dressoir c, ou
a b c, fig. 2. au bas de la planche, c'est un morceau
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de bois dont la longueur a b est d'environ 5 ou 6 pouces;
& la largeur de deux ou trois, formé, comme
la figure le fait voir, pour pouvoir le tenir commodément.
Le dessous du dressoir qui s'applique sur la table,
doit être imperceptiblement convexe plutôt que
d'être concave, afin que le fil que le dresseur presse
entre cet instrument & l'établi, y soit comprimé: alors tenant le fil de laiton de la main gauche
qu'il conduit le long de ce fil en l'éloignant de la droite,
avec laquelle il promene en long le dressoir sur le
fil c d qu'il veut dresser, & qui sert au dressoir comme
de rouleau; il imprime à ce fil un mouvement de
rotation qui tord & détord le fil alternativement, &
auquel la main gauche doit céder insensiblement, en
sorte que l'on sent tourner le fil entre les doigts à mesure
qu'ils glissent vers d en s'éloignant de l'établi,
au plan duquel le fil doit être tenu parallele. Par cette
opération toutes les parties du fil se remettent dans
la direction de l'axe vrai, & il est redressé; ce qu'on
connoît lorsqu'étant posé librement sur un plan qu'il
déborde d'un pouce ou deux; si on fait tourner cette
partie entre les doigts, le reste du fil qui pose sur la
table, tourne sur lui - même sans déplacer, ce qui est
la marque d'une parfaite rectification.
Les longs côtés du chassis sont percés dans leur
face supérieure d'autant de trous qu'il y a de pontuseaux
dans la forme, & deux de plus. Les premiers
répondent vis - à - vis les tranchans des pontuseaux, &
servent à fixer avec de petites chevilles de bois les
extrémités des chaînettes qui regnent le long des
vives arrêtes des pontuseaux, & qui lient ensemble
tous les fils qui composent la trame ou tamis de la
forme. Ces petites chevilles traversent aussi les tenons
des pontuseaux; ce qui affermit leur assemblage.
Les quatre autres trous qui sont vers les extrémités
des longs côtés, servent de même à fixer par
une petite cheville de bois un fil de laiton O P o p,
qu'on appelle transfil, qui est fortement tendu dans
le milieu du vuide qui est entre un des peties côtés
& le pontuseau le plus prochain.
Pour tisser la forme, le chassis étant préparé,
comme il vient d'être expliqué, le formaire prend
un nombre de petites bobines ou fuseaux A B, fig. 3,
de la grandeur que la figure fait voir, chacun de
ces fuseaux est chargé d'une quantité de fil de laiton
recuit, convenable, & beaucoup plus fin que
celui qui forme la toile de la forme, & ayant tordu
ou commis ensemble les extrémites de ces fils,
comme on voit en C, il fait entrer cette partie dans
un des trous N, fig. 6, qui sont à l'extrémité des
pontuseaux, où il arrête ce commencement de chaînette
avec une cheville de bois; il en fait autant
aux extrémités de chaque pontuseau, le long du
côté G H du chassis. Ainsi il faut 40 fuseaux seulement
pour les chaînettes qui regnent le long des pontuseaux.
Il en faut encore deux autres pour chaque
transfil O P, qui sont fixées en P: on voit tous ces
fuseaux fig. 6, le long de la ligne K L.
Le formaire, fig. prem. vignette, place le chassis
de la forme dans une situation inclinée; il le tient
en cet état par le moyen de deux vis, fourchettes
ou mains de fer a b, que la figure 4, fait voir plus
en grand; l'extrémité inférieure terminée en vis entre
dans des trous pratiqués à l'établi, & une des
fourches supérieures est taraudée pour recevoir
une vis, par le moyen de laquelle il comprime entre
les fourchettes les petits côtés du chassis qu'il
incline à volonté: les choses en cet état, les transfils
tendus, & tous les fuseaux attachés le long du
côté inférieur G H de la forme, & les fils de ces
fuseaux écartés l'un de l'autre en forme d'V consonne;
savoir le fuseau A, fig. 3, entre deux pontuseaux
postérieurement au plan de la toile, & l'autre
B antérieurement au même plan; le formaire
alors prend un des fils de la dressée, & le couche
de toute sa longueur dans les V que forment les fils
des fuseaux. Ensuite commençant par une des extrémités,
il fait faire au fuseau dont le fil est fixé en
P, un tour par - dessous le transfil O P, fig. 6, en
sorte que le fil de dressée ou de trame demeure lié
au transfil; il prend ensuite de chaque main un des
fuseaux A B, fig. 3, & tord l'un sur l'autre par un
demi - tour les fils dont les fuseaux sont chargés; en
sorte que le fuseau B, prend la place du suseau A,
& forme un nouvel V destiné à recevoir un nouveau
fil de trame m m; il continue de faire la même
opération le long du fil de trame, vis - à - vis de la
vive arrête de chaque pontuseau, & finit par faire
au transfil qui est à l'autre extrémité, la même opération
qu'il a faite au premier. Alors il prend un nouveau
fil de dressée, & l'étend dans les nouveaux V
que les fils des fuseaux forment, & continue comme
il vient d'être expliqué, en étendant parallelement
les uns aux autres de nouveaux fils de dressées K L,
jusqu'à ce que la toile ou tamis soit entierement
formé.
Il y a environ 28 ou 30 fils de dressées paralleles
les uns aux autres dans l'étendue d'un pouce; ce qui
fait en tout 520 fils de dressée pour la forme de grand
raisin, haute de 17 pouces 4 lignes, en supposant 30
fils par pouce.
Pour achever la forme, il ne reste plus qu'à tendre
fortement les chaînettes le long des vives arrêtes des
pontuseaux, & de fixer par de petites chevilles de
bois leurs extrémités, après que les fils qui les forment
ont été commis ensemble, dans les trous du
côté supérieur E F de la forme, & à coudre le tamis
sur les pontuseaux par un fil de laiton très - délié,
qui passant sur les chaînettes, repasse dans les trous
dont chaque pontuseau est percé, lesquels sont éloignés l'un de l'autre d'environ six lignes. Ensuite, tant
pour recouvrir les extrémités K & L des fils de trame
ou de dressée, le long des petits côtés ou de la
hauteur de la forme, que pour contenir les chevilles
qui assurent les chaînettes aux extrémités des
pontuseaux; on attache avec des clous d'épingle de
laiton de petites lames de laiton connu sous le nom
de laiton gratté, le long du pourtour du chassis H
G E F: on voit en K cette bande de laiton non encore
clouée sur toute la longueur du côté G E de la
forme. Ces lames embrassent les côtés du chassis
qui sont perpendiculaires à ceux sur lesquels elles
sont clouées; ce qui en fortifie l'assemblage, & en
cet état la forme est achevée. La figure 6 est la forme
vue par - dessus du côté de la vive arrête des pontuseaux,
& la fig. 8, la forme vue par - dessous du
côté des pontuseaux dont on voit toute l'épaisseur.
A chaque paire de formes (car on travaille avec
deux, comme il sera dit plus bas), on adapte un
chassis, fig. 5 & 7, dont les feuillures reçoivent la
forme, comme le cadre d'un tableau en reçoit la
toile. Ce chassis est nommé couverte, & doit s'emboîter
avec facilité sur les deux formes égales; le
bois dont les chassis sont formés à environ 8 à 9 lignes
de large sur 4 ou 5 d'épaisseur, refeuillé comme
le prosil m l k, m l k, fig. 3, le fait voir la partie
l m l m, qui s'applique sur le dessus de la forme, recouvre
intérieurement d'environ deux lignes, le
vuide du chassis de la forme; ce qui fait que la feuillè
de papier que l'on y fabrique est de la grandeur fixée
par les reglemens, quoique le tamis de la forme soit
de 4 lignes plus long & plus large que les dimensions
marquées par le tarif; en sorte que la largeur
de la couverte mesurée intérieurement de A à B,
est de 22 pouces 8 lignes, & sa hauteur de A en C,
aussi mesurée intérieurement, est de 17 pouces, qui
sont les dimensions fixées par le tarif pour le papier
grand raisin, dont la forme nous sert d'exem<pb->
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