ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"838"> tournées d'un sens opposé à celles x b; aussi ne servent - elles pas toutes à - la - fois; ce seront seulement les gravures x d, si on fait entrer la platine, fig. 5. dans l'ouverture d, figure 8. savoir la partie e la premiere; & ce sera entre les gravures du cylindre & les autres gravures x b de la platine que se fera le broyement du chiffon, si on fait entrer l'extrémité d de cette platine la premiere dans l'emplacement du sond de la cuve destinée à la recevoir. Ces platines ont 7 pouces de large & 2 pouces d'épaisseur, & 2 piés 4 pouces de longueur, & ont de chaque côté x d, x b, 6 ou 8 cannelures. Enfin chaque levier est encore, retenu près de la cuve par des bandes de fer N N m n, entre lesquelles ils peuvent se mouvoir de haut en bas & de bas en haut, suivant le mouvement du cric H qui soutient une de leurs extrémités; on insere quelques coins N, que l'on arrête avec un clou pour fixer les leviers & le cylindre à une hauteur convenable & très - près des platines. Chaque cuve a aussi une pelle L, que l'on leve par la poignée K, pour laisser écouler l'eau & la pâte qu'elle contient dans les caisses de dépôt, par des dalots ou rigoles de bois d'une longueur convenable.

Jeu d'une des cuves. Si on conçoit que la platine, fig. 5. est placée dans la cuve, fig. 8. & que le cylindre, fig. 4. soit placé au - dessus, en sorte que ses tourillons reposent sur les paliers ou coussinets des leviers; que le dalot, fig. 2. soit mis en place, & le chapiteau, fig. 1. par - dessus sa face postérieure sur la cloison, & l'antérieure sur la face antérieure de la cuve, remplie d'eau & chargée d'environ 150 livres de chiffons, que de plus il y ait un robinet qui verse continuellement l'eau du reservoir dans un des angles de la cuve, comme en P, & qu'on le voit dans la Pl. VI. en cet état, le cylindre tournant avec rapidité, suivant l'ordre des lettres a N 2 3, entraînera l'eau & les chiffons par le plan le moins incliné a, & les fera passer entre la platine & le cylindre, pour remonter vers 2, où ils seront lancés vers la voûte du chapiteau, d'où ils retomberont dans la cuve par le plan le plus incliné b, pour rentrer dans la circulation qui se fait autour de la cloison 3 c 2;la cause de cette circulation, outre la rotation du cylindre, est la perte d'eau dans une partie, & l'affluence dans une autre.

Mais comme tous les chiffons ne sont pas jettés vers la partie B d du chapiteau qui répond au - dessus du plan incliné b, Pl. VI. d'oùils peuvent retomber dans la cuve, & qu'une partie continue à se mouvoir avec le cylindre, c'est pour les arrêter que l'on met dans l'ouverture 3 4 le chassis de fil de fer, fig. 6. qui laisse passer l'eau qui y est lancée avec les chiffons, & les retient; ils s'y accumulent, jusqu'à ce que tombant par leur propre poids vers 3, entre le chassis & le cylindre, ils rentrent ainsi dans la circulation; le second chassis, fig. 7. retient les petites parties des chiffons que le premier a laissées échapper, & laisse passer l'eau dans le dalot, fig. 2. d'où elle s'écoule & se perden passant dans le tuyau, fig. 3. par des canaux souterreins, ainsi qu'il a été remarqué ci - dessus. C'est pour suppléer à l'eau qui se perd continuellement, & dont le renouvellement opere le parfait blanchissage du chiffon, que l'on en laisse entrer vers P, où est un robinet par le moyen duquel on peut facilement égaler l'eau qui entre à celle qui sort; c'est cette eau continuellement remplacée qui, avec la rotation du cylindre, est la cause de la circulation que l'on voit dans les cuves, où le chiffon qui y flotte tourne sans cesse autour de la cloison 23, Pl. V. entrant par a sous le cylindre, d'où il sort par b, pour aller par 3 c & 2 rentrer de nouveau sous le cylindre, où il est broyé ou haché à chaque passage entre les dents ou gravures de la platine & celles du cylindre.

La même quantité de chiffons qui ont été cinq ou six heures à être effilochés, demeurent aussi six ou sept heures sous les cylindres rafineurs.

Les ouvriers qui veillent à la conduite des moulins, & qu'on appelle gouvernaux, ont soin de charger les cuves à cylindres, d'y laisser entrer la quantité d'eau convenable; on fait l'essai de la pâte en en délayant ou étendant une certaine quantité dans un bassin à moitié plein d'eau: on la bat avec un bâton fendu en quatre par une de ses extrémités.

Voici la matiere dont le papier doit être formé, parvenue à son point de perfection, soit en se servant de l'un ou l'autre moulin; ils ont chacun leurs avantages particuliers: car si d'un côté les moulins à cylindres expédient cinq ou six fois plus vîte l'ouvrage, il arrive que les noeuds de fil des coutures échappent fort souvent à l'action des gravures du cylindre & de la platine, ce qui forme de grains sur le papier, & augmente le travail des éplucheuses; au lieu que dans les moulins à maillets, ces mêmes noeuds sont écrasés, en sorte qu'ils ne forment point d'éminences sensibles sur la surface du papier, où alors on les laisse.

Mais avant d'expliquer comment on ouvre le papier, il faut expliquer l'art de fabriquer les formes sur lesquelles on le leve; c'est l'ouvrage du formaire qui a emprunté son nom de ses ouvrages. Ce travail est représenté, & une forme de grand raisin dans la Pl. IX. de papeterie.

Une forme, fig. 6. & 8. est composée d'un chassis E F G A, e f g h de bois de chêne que l'on a laissé tremper long - tems dans l'eau, après avoir été débité & séché à plusieurs reprises, pour lui faire perdre entierement sa seve, & faire qu'il soit moins sujet à se dejetter. La grandeur de ce chassis prise en dedans est d'environ deux lignes plus grande sur toutes les faces que la grandeur du papier à la fabrication duquel on le destine, & dont la grandeur est fixée par le tarif que l'on trouvera à la fin de cet article. Ainsi dans l'exemple de la fig. 6. qui est une forme pour le papier dénommé grand raisin, dont les réglemens fixent la grandeur E F à 22 pouces 8 lignes, & la hauteur G E à 17 pouces, le chassis, non compris l'épaisseur des bois, aura 2 lignes de plus sur chaque face, ce qui fera pour la largeur mesurée en - dedans, 23 pouces, & pour la hauteur aussi mesurée en - dedans 17 pouces 4 lignes. Les bois qui forment ce chassis ont environ 8 lignes de large sur 4 lignes d'épaisseur; les longs côtés G H, E F, sont un peu convexes dans leur milieu, & les petits côtés E G, F H, au contraire un peu concaves.

Les longs côtés du chassis sont percés de vingt trous pour recevoir les extrémités d'autant de barres de sapin M N, m n, fig. 8. dont les extrémités terminées en boulon, comme on voit en F, fig. 3. entrent dans les trous dont on a parlé. Ces barres E de sapin qu'on appelle pontuseaux, sont formées à leur partie supérieure en vive arrête C D, comme le tranchant d'un couteau; c'est sur le tranchant des pontuseaux que reposent les fils de laiton qui forment le tamis ou le grillage de la forme, & dont on voit l'empreinte sur tous les papiers en regardant le jour à - travers. Il n'entre aucune sorte de colle dans la fabrication d'une forme; mais toutes les pieces en sont assemblées & clouées les unes aux autres, soit avec de petites chevilles de bois, ou avec des clous d'épingles de laiton: le fer à cause de la rouille doit en être banni. Pour tisser la tamis ou toile de la forme; l'ouvrier, après avoir choisi la sorte de fil de laiton dont elle doit être formée, l'avoir fait recuire & couper par tronces aussi longues que le chassis, travaille à les redresser par un moyen fort simple & ingénieux, & qui, s'il étoit plus connu, seroit pratiqué dans d'autres professions que celle du formaire. C'est cette opération que fait l'ouvrier, fig. 2. de la vignette: il tient de la main droite le dressoir c, ou a b c, fig. 2. au bas de la planche, c'est un morceau [p. 839] de bois dont la longueur a b est d'environ 5 ou 6 pouces; & la largeur de deux ou trois, formé, comme la figure le fait voir, pour pouvoir le tenir commodément. Le dessous du dressoir qui s'applique sur la table, doit être imperceptiblement convexe plutôt que d'être concave, afin que le fil que le dresseur presse entre cet instrument & l'établi, y soit comprimé: alors tenant le fil de laiton de la main gauche qu'il conduit le long de ce fil en l'éloignant de la droite, avec laquelle il promene en long le dressoir sur le fil c d qu'il veut dresser, & qui sert au dressoir comme de rouleau; il imprime à ce fil un mouvement de rotation qui tord & détord le fil alternativement, & auquel la main gauche doit céder insensiblement, en sorte que l'on sent tourner le fil entre les doigts à mesure qu'ils glissent vers d en s'éloignant de l'établi, au plan duquel le fil doit être tenu parallele. Par cette opération toutes les parties du fil se remettent dans la direction de l'axe vrai, & il est redressé; ce qu'on connoît lorsqu'étant posé librement sur un plan qu'il déborde d'un pouce ou deux; si on fait tourner cette partie entre les doigts, le reste du fil qui pose sur la table, tourne sur lui - même sans déplacer, ce qui est la marque d'une parfaite rectification.

Les longs côtés du chassis sont percés dans leur face supérieure d'autant de trous qu'il y a de pontuseaux dans la forme, & deux de plus. Les premiers répondent vis - à - vis les tranchans des pontuseaux, & servent à fixer avec de petites chevilles de bois les extrémités des chaînettes qui regnent le long des vives arrêtes des pontuseaux, & qui lient ensemble tous les fils qui composent la trame ou tamis de la forme. Ces petites chevilles traversent aussi les tenons des pontuseaux; ce qui affermit leur assemblage. Les quatre autres trous qui sont vers les extrémités des longs côtés, servent de même à fixer par une petite cheville de bois un fil de laiton O P o p, qu'on appelle transfil, qui est fortement tendu dans le milieu du vuide qui est entre un des peties côtés & le pontuseau le plus prochain.

Pour tisser la forme, le chassis étant préparé, comme il vient d'être expliqué, le formaire prend un nombre de petites bobines ou fuseaux A B, fig. 3, de la grandeur que la figure fait voir, chacun de ces fuseaux est chargé d'une quantité de fil de laiton recuit, convenable, & beaucoup plus fin que celui qui forme la toile de la forme, & ayant tordu ou commis ensemble les extrémites de ces fils, comme on voit en C, il fait entrer cette partie dans un des trous N, fig. 6, qui sont à l'extrémité des pontuseaux, où il arrête ce commencement de chaînette avec une cheville de bois; il en fait autant aux extrémités de chaque pontuseau, le long du côté G H du chassis. Ainsi il faut 40 fuseaux seulement pour les chaînettes qui regnent le long des pontuseaux. Il en faut encore deux autres pour chaque transfil O P, qui sont fixées en P: on voit tous ces fuseaux fig. 6, le long de la ligne K L.

Le formaire, fig. prem. vignette, place le chassis de la forme dans une situation inclinée; il le tient en cet état par le moyen de deux vis, fourchettes ou mains de fer a b, que la figure 4, fait voir plus en grand; l'extrémité inférieure terminée en vis entre dans des trous pratiqués à l'établi, & une des fourches supérieures est taraudée pour recevoir une vis, par le moyen de laquelle il comprime entre les fourchettes les petits côtés du chassis qu'il incline à volonté: les choses en cet état, les transfils tendus, & tous les fuseaux attachés le long du côté inférieur G H de la forme, & les fils de ces fuseaux écartés l'un de l'autre en forme d'V consonne; savoir le fuseau A, fig. 3, entre deux pontuseaux postérieurement au plan de la toile, & l'autre B antérieurement au même plan; le formaire alors prend un des fils de la dressée, & le couche de toute sa longueur dans les V que forment les fils des fuseaux. Ensuite commençant par une des extrémités, il fait faire au fuseau dont le fil est fixé en P, un tour par - dessous le transfil O P, fig. 6, en sorte que le fil de dressée ou de trame demeure lié au transfil; il prend ensuite de chaque main un des fuseaux A B, fig. 3, & tord l'un sur l'autre par un demi - tour les fils dont les fuseaux sont chargés; en sorte que le fuseau B, prend la place du suseau A, & forme un nouvel V destiné à recevoir un nouveau fil de trame m m; il continue de faire la même opération le long du fil de trame, vis - à - vis de la vive arrête de chaque pontuseau, & finit par faire au transfil qui est à l'autre extrémité, la même opération qu'il a faite au premier. Alors il prend un nouveau fil de dressée, & l'étend dans les nouveaux V que les fils des fuseaux forment, & continue comme il vient d'être expliqué, en étendant parallelement les uns aux autres de nouveaux fils de dressées K L, jusqu'à ce que la toile ou tamis soit entierement formé.

Il y a environ 28 ou 30 fils de dressées paralleles les uns aux autres dans l'étendue d'un pouce; ce qui fait en tout 520 fils de dressée pour la forme de grand raisin, haute de 17 pouces 4 lignes, en supposant 30 fils par pouce.

Pour achever la forme, il ne reste plus qu'à tendre fortement les chaînettes le long des vives arrêtes des pontuseaux, & de fixer par de petites chevilles de bois leurs extrémités, après que les fils qui les forment ont été commis ensemble, dans les trous du côté supérieur E F de la forme, & à coudre le tamis sur les pontuseaux par un fil de laiton très - délié, qui passant sur les chaînettes, repasse dans les trous dont chaque pontuseau est percé, lesquels sont éloignés l'un de l'autre d'environ six lignes. Ensuite, tant pour recouvrir les extrémités K & L des fils de trame ou de dressée, le long des petits côtés ou de la hauteur de la forme, que pour contenir les chevilles qui assurent les chaînettes aux extrémités des pontuseaux; on attache avec des clous d'épingle de laiton de petites lames de laiton connu sous le nom de laiton gratté, le long du pourtour du chassis H G E F: on voit en K cette bande de laiton non encore clouée sur toute la longueur du côté G E de la forme. Ces lames embrassent les côtés du chassis qui sont perpendiculaires à ceux sur lesquels elles sont clouées; ce qui en fortifie l'assemblage, & en cet état la forme est achevée. La figure 6 est la forme vue par - dessus du côté de la vive arrête des pontuseaux, & la fig. 8, la forme vue par - dessous du côté des pontuseaux dont on voit toute l'épaisseur.

A chaque paire de formes (car on travaille avec deux, comme il sera dit plus bas), on adapte un chassis, fig. 5 & 7, dont les feuillures reçoivent la forme, comme le cadre d'un tableau en reçoit la toile. Ce chassis est nommé couverte, & doit s'emboîter avec facilité sur les deux formes égales; le bois dont les chassis sont formés à environ 8 à 9 lignes de large sur 4 ou 5 d'épaisseur, refeuillé comme le prosil m l k, m l k, fig. 3, le fait voir la partie l m l m, qui s'applique sur le dessus de la forme, recouvre intérieurement d'environ deux lignes, le vuide du chassis de la forme; ce qui fait que la feuillè de papier que l'on y fabrique est de la grandeur fixée par les reglemens, quoique le tamis de la forme soit de 4 lignes plus long & plus large que les dimensions marquées par le tarif; en sorte que la largeur de la couverte mesurée intérieurement de A à B, est de 22 pouces 8 lignes, & sa hauteur de A en C, aussi mesurée intérieurement, est de 17 pouces, qui sont les dimensions fixées par le tarif pour le papier grand raisin, dont la forme nous sert d'exem<pb->

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