ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"784"> veau qu'on avoit consumé dans le feu & de tiges de feves. On purifioit aussi les bergeries & les troupeaux avec de la fumée de sabine & de soufre; ensuite on offroit en sacrifice à la déesse du lait, du vin cuit & du millet. La fête se terminoit par des feux de paille, & les jeunes gens sautoient par - dessus au son des flûtes, des timbales & des tambours. Ovide qui décrit au long toutes ces cérémonies, liv. IV. des fastes, ajoute qu'à pareil jour, Remus & Romulus avoient jetté les premiers fondemens de Rome. Cependant Manilius & Solin assurent que la premiere construction de cette ville se fit en automne. Quoi qu'il en soit, les palilies étoient fixées au mois d'Avril, & l'on en faisoit aussi la solemnité dans les villes, mais avec moins d'appareil qu'à la campagne, où on les croyoit très - salutaires pour écarter loin des bestiaux les loups & les maladies.

PALILICIUM (Page 11:784)

PALILICIUM, s. m. (Astronom.) est le nom d'une étoile fixe de la premiere grandeur dans l'oeil du taureau. On l'appelle aussi aldebaran, & ce dernier nom est aujourd'hui plus en usage. Voyez Aldebaran & Taureau. Voyez aussi Ascension & Déclinaison, vous y trouverez l'ascension droite & la déclinaison de cette étoile pour le milieu de ce siecle.

Pline donne le nom de palilicium aux hyades, dont palilicium est une étoile. Voyez Hyades. Chambers. (O)

PALIMBUAN, ou PALEMBAN (Page 11:784)

PALIMBUAN, ou PALEMBAN, (Géograph. mod.) ville capitale d'un royaume de même nom, dans l'île de Sumatra, sur sa côte orientale. Long. 122. 45. lat. mérid. 3. 8.

PALINDROME (Page 11:784)

PALINDROME, s. m. (Belles Lettres.) sorte de vers ou de discours qui se trouve toujours le même, soit qu'on le lise de gauche à droite, soit qu'on le lise de droite à gauche. Voyez Retrograde.

Ce mot est grec, PALINDROMOS2, retro currens, courant en arriere, formé des mots PALIN, de nouveau, & DROMOS2, course.

On en cite pour exemple un vers attribué au diable.

Signa te, signa temerè me tangis & angis Roma tibi subitò motibus ibit amor.

Mais des gens oisifs ont rafiné sur lui en composant des vers dont les mots séparés, & sans enjamber les uns sur les autres, sont toujours les memes de gauche à droite, ou de droite à gauche. Tel est l'exemple que nous en fournit Cambden.

Odo tenet mulum, madidam mappam tenet anna, Anna tenet mappam madidam, mulum tenet odo.

PALINDROMIE (Page 11:784)

PALINDROMIE, s. f. (Médec. anc.) PALINDROMI/A, de PALIN, de rechef, & DRE/MW, courir, terme employé par Hippocrate & autres médecins grecs, pour signifier le retour ou reflux contre nature, des humeurs morbifiques, vers les parties intérieures & nobles du corps. Le remede est de les attirer de nouveau aux parties extérieures, d'en corriger la nature, & de les évacuer. (D. J.)

PALINGENESE (Page 11:784)

PALINGENESE, secret pour ramener des choses détruites à leur premier état; on s'en sert non - seulement à l'égard des corps destitués d'organes, mais encore à l'égard des plantes, & même des animaux.

A l'égard des corps destitués d'organes, les Chimistes prétendent que par leur art, on peut faire revenir un corps qu'on a détruit par le feu, & lui rendre sa premiere forme. Olaüs Borrichius dit que du vif - argent, qu'il avoit tourmenté durant un an entier par plusieurs feux, jusqu'à le réduire en eau, turbith, cendre, reprit sa premiere forme par l'attraction du sel de tartre. Il assure encore que le plomb étant reverberé en mercure, fondu en verre, réduit en ceruse, brûlé en litarge, reprend pareillement sa premiere forme dans un moment, quand on lui applique avec adresse un sel lixiviel. Cela ne peut se faire par ce moyen, mais bien par toute matiere grasse. M. Boyle a reconnu que le nitre se restitue, & se révivifie de maniere qu'après l'avoir fait passer par une longue suite d'opérations, il s'est à la fin retrouvé en son entier poids pour poids.

A l'égard des Plantes, écoutons M. Digby, (De la végét. des Plantes, part. II. p. 64.) grand admirateur des miracles de la palingénésie. « Nous pouvons, dit - il, ressusciter une plante morte, la rendre immortelle, & en la faisant revivre du milieu de ses cendres, lui donner une espece de corps glorifié, & tel, pour ainsi dire, que nous espérons voir le nôtre après la résurrection. Quercetan, médecin du roi Henri IV. nous raconte une histoire admirable d'un certain polonois, qui lui faisoit voir douze vaisseaux de verre, scellés hermétiquement, dans chacun desquels étoit contenue la substance d'une plante différente; savoir dans l'un étoit une rose; dans l'autre une tulipe, & ainsi du reste. Or il faut observer qu'en montrant chaque vaisseau, on n'y pouvoit remarquer autre chose, sinon un petit amas de cendres qui se voyoit dans le fond; mais aussitôt qu'il l'exposoit sur une douce & médiocre chaleur, à cet instant même il apparoissoit peu - à - peu l'image d'une plante qui sortoit de son tombeau ou de sa cendre; & dans chaque vaisseau les plantes & les fleurs se voyoient ressuscitées en leur entier, selon la nature de la cendre, dans laquelle leur image étoit invisiblement ensevelie. Chaque plante ou fleur croissoit de toutes parts en une juste & invisible grandeur, sur laquelle étoient dépeintes ombratiquement leurs propres couleurs, figures, grandeurs, & autres accidens pareils; mais avec telle exactitude & naïveté, que le sens auroit pû ici tromper la raison, pour croire que c'étoit des plantes & des fleurs substantielles & véritables. Or des qu'il venoit à retirer le vaisseau de la chaleur, & qu'il l'exposoit à l'air, il arrivoit que la matiere & le vaisseau venant à se refroidir, l'on voyoit sensiblement que ces plantes ou fleurs commençoient à diminuer peu - à - peu, tellement que leur teint éclatant & vif, venant à pâlir, leur figure alors n'étoit plus qu'une ombre de la mort, qui disparoissoit soudain, & s'enveloppoit de rechef sous les cendres. Tout cela, quand il vouloit approcher les vaisseaux, se réitéroit avec les mêmes circonstances. Athanase Kircher à Rome m'a souvent assuré pour certain qu'il avoit fait cette même expérience, & me communiqua le secret de la faire, quoique je n'aye jamais pû y parvenir, après beaucoup de travail ». Voici ce secret, qu'on nomme secret impérial, à cause que l'empereur Ferdinand III. qui l'avoit acheté d'un chimiste, le donna au P. Kircher, qui en a publié le procédé dans son mundus subterraneus. Lib. XII. sect. 4. c. v. exper. 1.

1. Prenez quatre livres de graines de la plante que vous desirez faire renaître de ses cendres; cette graine doit être bien mûre. Pilez - la dans un mortier; mettez le tout dans un vaisseau de verre, qui soit bien propre, & de la hauteur de la plante dont vous avez pris la graine; bouchez exactement le vaisseau, & le gardez dans un lieu tempéré.

2. Choisissez un soir, où le ciel soit bien pur & bien serain, & exposez votre graine pilée à la rosée de la nuit dans un large plat, afin que la graine s'impregne fortement de la vertu vivifiante qui est dans la rosée.

3. Avec un grand linge bien net, attaché à quatre pieux dans un pré, ramassez huit pintes de cette même rosée, & la versez dans un vaisseau de verre qui soit propre.

4. Remettez vos graines imbibées de la rosée dans leur vaisseau, avant que le soleil se leve, parce qu'il [p. 785] feroit évaporer la rosée; posez ce vaisseau, comme auparavant, dans un lieu tempéré.

5. Quand vous aurez amassé assez de rosée, il faut la filtrer, & puis la distiller, afin qu'il n'y reste rien d'impur. Les feces qui restent seront calcinées pour en tirer un sel qui fait plaisir à voir.

6. Versez la rosée distillée & imbue de ce sel sur les graines, & puis rebouchez le vaisseau avec du verre pilé & du borax. Le vaisseau en cet état est mis pour un mois dans du fumier neuf de cheval.

7. Retirez le vaisseau, vous verrez au fond la graine qui sera devenue comme de la gelée; l'esprit lera comme une petite peau de diverses couleurs, qui surnage au - dessus de toute la matiere. Entre la peau & la substance limonneuse du fond, on remarque une espece de rosée verdâtre, qui représente une moisson.

8. Exposez durant l'été ce vaisseau bien bouché de jour au soleil, & de nuit à la lune. Lorsque le tems est brouillé & pluvieux, il faut le garder en un lieu sec & chaud, jusqu'au retour du beau tems. Il arrive quelquefois que cet ouvrage se perfectionne en deux mois, & quelquefois il y faut un an. Les marques du succès, c'est quand on voit que la substance limonneuse s'enfle & s'éleve, que la petite peau ou l'esprit diminue tous les jours, & que toute la matiere s'épaissit. Lorsqu'on voit dans le vaisseau, par la réflexion du soleil, naître des exhalaisons subtiles, & se former de legers nuages, ce sont les premiers rudimens de la plante naissante.

9. Enfin de toute cette matiere, il doit se former une poussiere bleue; de cette poussiere, lorsqu'elle est élevée par la chaleur, il se forme un tronc, des feuilles, des fleurs, & en un mot on apperçoit l'apparition d'une plante qui sort du milieu de ses cendres. Dès que la chaleur cesse, tout le spectacle s'évanouit, toute la matiere se dérange & se précipite dans le fond du vaisseau pour y former un nouveau chaos. Le retour d'une nouvelle chaleur ressuscite toujours ce phénix végétal caché sous les cendres.

Pour les animaux, rapportons d'abord à ce sujet un passage de Gaffarel, dans ses curiosités inouies, pag. 100. « M. du Chêne (c'est le même qu'on vient de citer sous le nom de Quercetan), dit - il, un des meilleurs chimistes de notre siecle, rapporte qu'il a vû un très - habile polonois, médecin de Cracovie, qui conservoit dans des phioles la cendre de presque toutes les plantes; de façon que, lorsque quelqu'un par curiosité, vouloit voir par exemple, une rose dans ces phioles, il prenoit celle dans laquelle la cendre du rosier étoit gardée, & la mettant sur une chandelle allumée, &c.... A présent, continue - t - il, ce secret n'est plus si rare, car M. de Claves, un des excellens chimistes de notre tems, le fait voir tous les jours. D'ici on peut tirer cette conséquence, que les ombres des trépassés, qu'on voit souvent paroître aux cimetieres, sont naturelles, étant la forme des corps enterrés en ces lieux, ou leur figure extérieure, non pas l'ame, ni des fantômes batis par les démons, ni des génies, comme quelques - uns ont cru. Il est certain que ces apparitions peuvent être fréquentes aux lieux où il s'est donné des batailles; & ces ombres ne sont que les figures des corps morts, que la chaleur ou un petit vent doux, excite & éleve en l'air... Voici quelque chose de plus réel, si tant est qu'on puisse compter sur la vérité du fait ». C'est que le P. Schots rapporte du chimiste françois, qu'on a déja nommé, de Claves, qui faisoit voir à qui vouloit, la résurrection non - seulement des végétaux, mais celle d'un moineau. Non solum in vegetalibus se proestitisse, sed etiam in passerculo se vidisse, pro certo quidam mihi narravit. Et sunt qui publico scripto confirmarunt, quod hoc ipsum Claveus Gallus, quasi publicè pluribus de - monstraverit. M. Digby a fait encore davantage: d'animaux morts, broyés, pilés, il en a tiré de vivans de la même espece. Voici comment il s'y prenoit, & c'est la derniere sorte de palingénésie dont nous ferons mention. « Qu'on lave des écrevisses pour en ôter la terre fretée, qu'on les cuise durant deux heures dans une suffisante quantité d'eau de pluie; gardez cette décoction; mettez les écrévisses dans un alambic de terre, & les distillez jusqu'à ce qu'il ne monte plus rien; conservez cette liqueur, calcinez ce qui reste au fond de l'alambic, & le réduisez en cendres par le réverbératoire, desquelles cendres vous tirerez le sel avec votre premiere décoction; filtrez ce sel, & lui ôtez toute son humidité superflue; sur ce sel, qui vous restera fixe, versez la liqueur que vous avez tiré par distillation, & mettez cela dans un lieu humide, comme dans du fumier, afin qu'il pourrisse, & dans peu de jours vous verrez dans cette liqueur de petites écrévisses se mouvoir, & qui ne seront pas plus grosses que des grains de millet. Il les faut nourrir avec du sang de boeuf jusqu'à ce qu'elles soient devenues grosses comme une noisette; il les faut mettre ensuite dans une auge de bois remplie d'eau de riviere avec du sang de boeuf, & renouveller l'eau tous les trois jours. De cette maniere, vous aurez des ecrévisses de la grandeur que vous voudrez » Recueil des secrets, pag. 74, 76. Voilà bien des expériences; mais peut - on s'en promettre une réussite constante, ou même fréquente? C'est ce que j'ai peine à croire; je juge même que la derniere est absolument impossible.

Palingénésie (Page 11:785)

Palingénésie, (Critiq. sacrée.) régénération; ce mot est grec, PALIGGENESIA, ne se trouve que dans deux endroits de l'Ecriture, savoir dans saint Mat. ch. xix. v. 28. & dans l'épître à Tite, ch. iij. v. 5. Dans saint Matthieu il signifie la résurrection, & rien n'empêche de prendre ce mot en ce sens; dans Tite l'ablution de la régénération, TH=S2 PALIGGENESI\O/S2, est la purification par le baptême, qui peut être regardé comme le sceau de la résurrection des morts. Dans les écrivains ecclésiastiques, Eusebe, Polycarpe, Théodoret, W=ALIGGENESIA, veut dire aussi la résurrection. Hésiode appelle W=ALIGGENESI/A, l'âge où tout est renouvellé, c'est l'âge d'or. Le renouvellement de vie du chrétien, est aussi ce que l'on entend par régénération, espece de résurrection dans un sens figuré. (D. J.)

PALINOD (Page 11:785)

PALINOD, s. m. (Poésie.) espece de poésie, chant royal, & ballade, qu'on faisoit autrefois en l'honneur de la vierge à Caen, à Rouen, & à Dieppe; mais il n'y a plus que les écoliers & les poëtes médiocres qui fassent des palinods.

PALINODIE (Page 11:785)

PALINODIE, s. f. (Belles Lettres.) discours par lequel on rétracte ce que l'on avoit avancé dans un discours précédent. De - là vient cette phrase, palinodiam canere, chanter la palinodie, c'est - à - dire faire une rétractation. Voyez Rétractation.

Ce mot vient du grec W=ALEIN, de nouveau, de reches, & AEIDW, chanter. ou ODH, chant, en latin recantatio, ce qui signifie proprement un désaveu de ce qu'on avoit dit: c'est pourquoi tout poëme, & en général toute piece qui contient une rétractation de quelque offense faite par un poëte à qui que ce soit, s'appelle palinodie.

On en attribue l'origine au poëte Stesichore & à cette occasion. Il avoit maltraité Hélene dans un poëme fait à dessein contre elle. Castor & Pollux, au rapport de Platon, vengerent leur soeur outragée en frappant d'aveuglement le poëte satyrique; & pour recouvrer la vûe, Stesichore fut obligé de chanter la palinodie. Il composa en effet un autre poëme, en soutenant qu'Helene n'avoit jamais abordé en Phrygie. Il louoit également ses charmes & sa

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.