ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"645"> dit qu'un jet a trois lignes, cela signifie trois lignes de diametre, & le même jet de trois lignes en aura pour son orifice, ou superficie, neuf lignes & un septieme qu'on néglige. Voyez Ajutage. (K)

ORIFICIEN (Page 11:645)

ORIFICIEN, senatus - consulte, (Jurisprud.) ainsi appellé du nom du consul Orificius qui le fit passer au sénat. Il portoit que les enfans succéderoient à leur mere preférablement à tous autres, soit cognats ou agnats de leur mere. Les empereurs Arcadius & Théodosius étendirent cette disposition aux petitsenfans.

ORIFLAMME (Page 11:645)

ORIFLAMME, s. f. (Hist. de France.) nos anciens historiens font ce mot masculin, & écrivent tantôt oriflamme, tantôt oriflambe, tantôt auriflamme, tantôt auriflambe ou oriflande: étendard de l'abbaye de Saint - Denis; c'étoit une espece de gonfanon ou de banniere, comme en avoient toutes les autres églises; cette banniere étoit faite d'un tissu de soie couleur de feu, qu'on nommoit cendal ou saint vermeil, qui avoit trois fanons, & étoit entouree de houppes de soie. L'oriflamme de Saint - Denis étoit attachée au bout d'une lance, d'un fust, d'un bâton, que Raoul de Presles nomme le glaive de l'oriflamme.

Louis le Gros, prince recommandable par la douceur de ses moeurs, & par les vertus qui font un bon prince, est le premier de nos rois qui ait été prendre l'oriflamme à Saint - Denis en 1124, lorsqu'il marcha contre l'empereur Henri V. Depuis lors, ses successeurs allerent prendre en grande cérémonie cette espece de banniere à Saint - Denis, lorsqu'ils marchoient dans quelque expédition de guerre; ils la recevoient des mains de l'abbé, &, après la victoire, l'orislamme étoit rapportée dans l'eglise de Saint - Denis, & remise sur son autel. C'etoit un chevalier qui étoit chargé de porter l'oriflamme à la guerre; & cet honneur appartint pendant longtems au comte de Vexin, en sa qualité de premièr vassal de Saint Denis.

Il est assez vraissemblable qu'il y avoit deux oriflammes, dont l'une restoit toûjours en dépôt à Saint - Denis, & que, lorsqu'il se présentoit une occasion de guerre, on en faisoit une seconde toute semblable; on consacroit cette derniere, & on la levoit de dessus l'autel avec de grandes cérémonies. Si on la conservoit exempte d'accidens pendant le cours de la guerre, on la rapportoit dans l'église; quand on la perdoit, on en faisoit une autre sur l'original, pour l'employer dans l'occasion.

Guillaume Martel seigneur de Bacqueville, est le dernier chevalier qui fut chargé de la garde de l'oriflamme le 28 Mars 1414, dans la guerre contre les Anglois; mais il fut tué l'année suivante à la bataille d'Azincourt, & c'est la derniere fois que l'oriflamme ait paru dans nos armées, suivant du Tillet, Sponde, dom Félibien, & le pere Simplicien. Cependant, suivant une chronique manuscrite, Louis XI. prit encore l'oriflamme en 1465, mais les historiens da tems n'en disent rien.

Les Bollandistes dérivent le mot oriflamme du celtique & tudesque flan, fan ou van, qui signifie une banniere, un étendard, & d'où l'on a fait flanon ou fanon, qui veut dire la même chose; la premiere syllabe ori vient du latin aurum, c'est donc à dire étendard doré, parce qu'il étoit enrichi d'or.

Le lecteur peut consulter Galant, traité de l'oriflamme; Borel, du Tillet, & les mémoires des Inscriptions. (D. J.)

ORIGAN (Page 11:645)

ORIGAN, s. m. (Hist. nat. Bot.) origanum, genre de plante à fleur monopétale, labiée, dont la levre supérieure est relevée, arrondie & divisée en deux parties, & l'inférieure en trois. Le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences ar<cb-> rondies & renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les fleurs naissent dans des épis écailleux qui forment des bouquets au haut des branches & des tiges. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Tournefort compte quatorze especes de ce genre de plante, dont il faut me borner ici à ne décrire que la sauvage commune: origanum sylvestre, spicis laxis, erectis, consertis, paniculatis, II. Cliff. 305<-> Elle a ses racines menues, ligneuses, fibreuses, traçantes obliquement en terre. Elles poussent plnsieurs tiges qui s'élevent à la hauteur de deux ou trois piés, dures, quarrées, velues. Ses feuilles sortent opposées des noeuds des tiges; les plus grandes ressemblent à celles du calament vulgaire, & les plus petites à celles de la marjolaine; elles sont velues, odorantes, d'un goût âcre & aromatique. Ses fleurs naissent comme en parasol aux sommités des tiges, dans des épis grêles & écailleux, qui composent de gros bouquets; chacune de ces fleurs est en gueule, ou en tuyau découpé par le haut en deux levres de couleur incarnate. Lorsque les fleurs sont passées, il leur succede des semences très - menues, presque rondes, enfermées dans une capsule oblongue qui a servi de calice à la fleur.

Cette plante croît non - seulement dans les pays chauds, mais aussi dans les pays froids, comme en Allemagne, en Angleterre, en France. On la trouve aux lieux champêtres, montagneux, secs, exposés au soleil; & elle se plaît principalement sur les collines & les montagnes. Elle fleurit en été.

Au reste, l'origan sauvage varie beaucoup & par ses feuilles, & par ses fleurs. Tragus observe que ses fleurs sont de trois sortes; l'une ponceau, l'autre rouge - blanchâtre, & la derniere toute blanche. Il y en a qui prétendent que celui d'Espagne & d'Italie vaut mieux que le nôtre, & je crois qu'ils ont raison.

Le petit origan, ou la petite marjolaine sauvage, origanum sylvestre, humile, de nos Botanistes, a sa racine ligneuse, roussâtre, fibreuse. Elle pousse une petite tige, ordinairement unique, ronde, roussâtre, un peu rude, haute de six à sept pouces, laquelle se divise au sommet en plusieurs rameaux, qui soutiennent des fleurs en maniere de parasol, mêlées de bleu & de purpurin; elles sont garnies de feuilles opposées, petites, oblongues, velues, un peu fermes, assez souvent disposées sans ordre, d'une odeur aromatique & suave, comme celle de l'origan vulgaire.

Quand les fleurs sont passées, il leur succede des semences très - menues, arrondies, de bonne odeur, & d'un goût âcre. Cette plante se trouve dans les forêts: on peut la substituer à la précédente; elle fleurit dans le même tems. (D. J.)

Origan (Page 11:645)

Origan, (Pharm. & Mat. méd.) grand origan, marjolaine sauvage ou bâtarde, marjolaine d'Angleterre, & petit origan ou petite marjolaine sauvage.

Ces plantes possedent à - peu - près les mêmes vertus que la marjoiaine, à laquelle on peut les substituer.

La poudre de leurs feuilles & de leurs fleurs sechées est un assez bon errhin. Voyez Errhin.

On emploie principalement ces plantes pour l'usage extérieur. On les fait entrer dans les demi - bains, les pédiluves, & sur - tout dans la composition des vins aromatiques, qu'on applique aussi - bien que leur marc sur les membres attaqués de paralysie, d'oedeme, &c.

Les feuilles d'origan entrent dans l'eau générale & le sirop d'armoise; les sommités fleuries dans l'eau [p. 646] vulnéraire & l'huile de petits chiens; les fleurs dans le sirop de sthaecas, &c. (b)

ORIGÈNE (Page 11:646)

ORIGÈNE, hexaples d', (Critiq. sacrée.) c'est ainsi qu'on nomme différentes versions des livres sacrés, rassemblés par Origène en plusieurs colonnes.

Pour comprendre ce que c'étoit que les hexaples d'Origène, il faut savoir qu'outre la traduction des Septante, l'Ecriture avoit depuis été traduite en grec par d'autres interpretes. La premiere de ces versions (ou plutôt la deuxieme en comptant les Septante), étoit celle d'Aquila. La troisieme, étoit celle de Symmaque. La quatrieme, étoit celle que Théodotion donna sous Commode. La cinquieme, fut trouvée à Jéricho. La sixieme, fut découverte à Nicopolis.

Origène entreprit de réduire toutes ces versions en un corps avec le texte hébreu, ensorte qu'on pût aisément & d'un coup d'oeil confronter ces versions & ce texte. Pour cela il mit d'abord en huit colonnes le texte hébreu en caracteres hébreux, puis le même texte en caracteres grecs; & ensuite les versions dont nous avons parlé. Tout cela se répondoit verset par verset, ou phrase par phrase, vis - à - vis l'une de l'autre, chacune dans sa colonne. Les versions étoient placées en cet ordre: Aquila, Symmaque, les Septante, Théodotion, la cinquieme, & la sixieme; ces dernieres marquées chacune par chiffre de leur nombre. Dans les Pseaumes, il y avoit une neuvieme colonne pour la septieme version. Origène appella cet ouvrage hexaples, E\CAPLA, c'est - à - dire septuples, ou ouvrage à six colonnes, parce qu'il n'avoit égard qu'aux six premieres versions greques.

Il faut encore savoir qu'Origène ne rassembla d'abord en un volume que quatre versions, en les mettant en quatre colonnes, l'une à côté de l'autre, dans la même page; ce qui fit donner à cette édition le nom de tétraple. La premiere de ces colonnes étoit la version d'Aquila; dans la seconde, celle de Symmachus; dans la troisieme, les Septante; & dans la derniere, celle de Théodotion.

Quelque tems après il fit une autre édition, où il ajoute deux autres colonnes; & cette édition portoit tantôt le nom d'hexaple, & tantôt celui d'octaple. Dans celle - ci, la premiere colonne étoit le texte hébreu en lettres hébraïques; dans la seconde, le même texte en lettres greques. Puis venoient les quatre versions de sa tétraple dans le même ordre; dans la septieme, étoit ce qu'on appelloit la cinquieme version greque; & dans la huitieme & derniere, ce qu'on appelloit la sixieme. En quelques endroits il avoit ajouté une neuvieme colonne, où il avoit mis ce qu'on appelloit la septieme version. La cinquieme & la sixieme n'étoient pas de tout le vieux - Testament: ni l'une ni l'autre, par exemple, n'avoit la loi, de sorte qu'elle commençoit par six colonnes. Le nombre s'augmentoit ensuite à mesure que ces versions s'augmentoient. C'est pourquoi aussi tantôt on l'appelle hexaple, & tantôt octaple, selon qu'on envisageoit ses six, cu ses huit colonnes; car c'est la même édition, & il ne faut pas s'y tromper. Quoiqu'en quelques endroits elle en eût jusqu'à neuf, on ne lui donna pourtant jamais le nom d'ennéaple, parce que cette neuvieme étoit en peu d'endroits; quelques - uns même prétendent qu'elle n'étoit qu'aux Pseaumes; on n'y eut aucun égard pour le nom de tout l'ouvrage.

Dans cette édition, Origène changea l'ordre de plusieurs endroits des Septante, où il se trouvoit différent de celui de l'hébreu. Car comme dans cette version il y avoit plusieurs passages transposés, surtout dans Jérémie, son dessein demandoit absolument qu'ils fussent remis dans le même ordre que l'original hébreu pour pouvoir les comparer. Son but, en rassemblant toutes ces versions avec l'original, étoit de faire voir la différence qui se trouvoit entr'elles & l'original, afin d'y changer ce qu'il pouvoit y avoir encore de défectueux, & de faire avec tous ces secours une version plus correcte & plus parfaite pour l'usage des églises greques. Pour en juger, il falloit donc que l'on trouvât en chaque colonne le même passage sous ses yeux, & qu'une ligne ou un verset répondît à l'autre; & puisqu'il se trouvoit des transpositions dans quelques versions, il étoit naturel dans ce plan de les ramener à l'ordre de l'original.

La cinquieme & la sixieme version dont on vient de parler furent trouvées; l'une à Nicopolis près d'Actium en Epire, sous le regne de Caracalla; & l'autre à Jéricho en Judée, sous celui d'Alexandre Severe. Pour la septieme, on ne sait pas d'où elle venoit, ni qui en étoit l'auteur, non plus que ceux des deux autres. La premiere de ces trois contenoit les petits Prophetes, les Pseaumes, le Cantique des cantiques, & le livre de Job. La seconde, les petits Prophetes & le Cantique des cantiques. La troisieme, selon quelques auteurs, n'avoit que les Pseaumes. Mais comme ce qu'on nous dit de ces trois versions est fort incertain, & se contredit même quelquefois, & que d'ailleurs la chose n'est d'aucune conséquence puisqu'elles sont perdues, il n'est pas nécessaire de nous en embarrasser. La figure suivante peut donner une idée juste de la maniere dont Origène avoit disposé le tout dans cette édition.

  I.             II.             III.          IV.             V.         VI.          VII.       VIII.          IX.
Colonne.
I exte hebretf Texte hébreu    Version. gre - Version gre - Version gre Version gre - La cinquieme La sixieme   La sertieine
n lettr es hé - en lettres greque d'Aquila. que de Symmaque des Sep que de Théo - version gre - version gre - version greraiques.
      ques.                         chus.         tante.      dotion.      que.         que.         que.
Origène donna les trois dernieres versions, & celles d'Aquila, de Symmachus & de Théodotion, telles qu'il les rencontra, sans y apporter beaucoup de façon. Mais pour celle des Septante qui étoit dans la cinquieme colonne, comme c'étoit pour elle qu'il publioit toutes les autres, il y apporta tous ses soins pour la donner aussi correcte & aussi achevée qu'il lui étoit possible.

Les exemplaires qu'on en avoit communément alors parmi les Juifs hellénistes & les Chrétiens, & qui se lisoient parmi les uns & les autres dans leurs assemblées publiques, aussi - bien qu'en particulier, étoient pleins de fautes qui s'y étoient glissées insensiblement, & accumulées par la négligence des copistes, dans une si longue suite d'années où cette version avoit passé par tant de mains différentes. Pour lui rendre donc sa pureté naturelle, il prit la peine de collationner plusieurs copies & de les examiner attentivement, pour corriger l'une par l'autre. Ce fut une copie ainsi revûe & corrigée, qu'il mit dans son hexaple à la cinquieme colonne. Elle fut tellement estimée, qu'on la regarda toûjours depuis ce tems - là comme la seule bonne & véritable version des Septante; & toutes les autres qui couroient, sans avoir été revûes & faites sur la sienne, prirent le nom de commune ou vulgaire pour les distinguer de celle - ci.

Cependant Origène ne borna pas là son travail: non - seulement il déchargea son édition des fautes de copistes, mais il voulut encore la perfectionner &

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