ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"740"> blement, & long - tems avant Strabon qui vivoit sous Tibere, le Pactole avoit perdu cette propriété.

Si l'on demande de quelle nature étoit cet or, nous répondrons avec l'auteur du traité sur les fleuves, & le scholiaste de Licophron, que c'étoit des paillettes mêlées le plus souvent avec un sable brillant, & quelquefois attachées à des pierres que les courans d'eau enlevoient de la mine. Au rapport de quelques anciens, de Varron entre - autres, & de Dion Chrysostôme, la quantité de ces paillettes étoit comparable à celui qu'on retire des mines les plus abondantes. Le Pactole, à les entendre, fut la principale source des richesses de Crésus; il en tira la matiere de ces briques d'or d'un si grand prix, dont il enrichit le temple d'Apollon; mais gardons-nous de prendre au pié de la lettre ces témoignages des deux écrivains, qui n'ont consulté qu'une tradition vague des plus exagérées par les Grecs.

Ils apprirent avec admiration qu'un métal que la nature leur avoit refusé, couloit ailleurs dans les sables d'une riviere: singularité frappante, sur - tout pour des hommes épris du merveilleux. De - là vint la gloire du Pactole. Long - tems après la découverte des mines de la Thrace, le pillage du temple de Delphes, & sur - tout les conquêtes d'Alexandre, rendirent l'or plus commun dans la Grece; mais la réputation du Pactole étoit faite, elle subsista sans s'affoiblir, & dure encore, du - moins parmi nos Poëtes, dont le langage est l'asy le de bien des faits proscrits ailleurs.

Rabattons donc infiniment du récit des anciens, pour avoir une juste idée des richesses du Pactole, qui toutefois étoient considérables. Si cette riviere n'avoit que détaché par hasard quelques parcelles d'or des mines qu'elle traversoit, elle n'auroit pas mérité l'attention de Crésus & de ses ayeux, moins encore celle des rois de Perse successeurs de Crésus. Les souverains s'attachent rarement à des entreprises dont la dépense excede le profit. Le soin avec lequel les rois de Lydie ramassoient l'or du Pactole, suffit pour montrer que la quantité en valoit la peine.

Le peu de profondeur du Pactole, & la tranquillité de son cours, facilitoient le travail nécessaire pour en retirer les parcelles de ce métal précieux; ce que les ouvriers laissoient échapper alloit se perdre dans l'Hermus, que les anciens mirent par cette raison au nombre des fleuves qui roalent l'or, comme on y met parmi nous la Garonne, quoiqu'elle ne doive ce foible avantage qu'à l'Ariège, Aurigera, qui lui porte de tems - en - tems quelques paillettes d'or avec ses eaux.

Au reste, celui du Pactole étoit au meilleur titre, car l'auteur du traité des fleuves lui donne le nom d'or darique, monnoie des Perses qui étoit à 23 karats, d'où il résulteroit que l'or du Pactole, avant que d'être mis en oeuvre, n'avoit qu'une 24. partie de matiere hétérogène.

Ajoutons à la gloire du Pactole, que l'on trouvoit dans ses eaux argentines une espece de crystal; que les cygnes s'y plaisoient autant que dans celles du Caystre & du Méandre; & que ses bords étoient émaillés des plus belles fleurs. Si l'on étoit assuré que la pourpre, si connue dans l'antiquité sous le nom de pourpre sardique, se teignît à Sardes & non pas en Sardaigne, on pourroit dire encore à la louange des eaux du Pactole, qu'elles contribuoient à la perfection de ces fameuses teintures. Enfin l'on sait que les habitans de Sardes avoient sous Septime - Sévere établi des jeux publics, dont le prix paroit tout - ensemble faire allusion aux fleuves qui embellissoient les rives du Pactole, & à l'or qu'il avoit autrefois roulé dans son lit: ce prix étoit une couronne de fleurs d'or.

Tout a changé de face; à peine le Pactole est - il connu de nos jours: Smith, Spon, Whéeler, & d'autres voyageurs modernes n'en parlent que comme d'une petite riviere, qui n'offre rien aujourd'hui de particulier, & peut - être nous serions nous borné à le dire séchement, sans les recherches de M. l'abbé Barthélemi, dont nous avons eu le plaisir de profiter. (D. J.)

PACTOLIDES (Page 11:740)

PACTOLIDES, (Mythol.) nymphes qui habitoient les bords du Pactole. Voyez Pactole.

PACTYA (Page 11:740)

PACTYA, (Géog. anc.) ville de Thrace. Ptolomée, liv. I. ch. xj. la met dans la Propontide, & Sophian l'appelle Panido. Ce fut depuis la ville de Cardie jusqu'à celle de Pactye, que Miltiade voulant mettre à couvert des invasions ordinaires le Chersonnese où il s'étoit établi avec titre de souverain, fit bâtir une muraille qui fut en divers tems tantôt abattue, tantôt relevée, & enfin rétablie par Dercyllide, général lacédémonien, que ceux du pays avoient fait venir d'Asie. (D. J.)

PACY (Page 11:740)

PACY, (Géog. mod.) ville de France en Normandie, sur l'Eure, à 3 lieues de Vernon. Long. 19. 3. lat. 19. 1.

PADAN (Page 11:740)

PADAN, s. m. (monnoie du Mogol.) un padan de roupies vaut cent mille courons de roupies, & un couron cent mille lacks, un mille vaut cent mille padans.

PADANG (Page 11:740)

PADANG, (Géog. mod.) ville des Indes dans l'île de Sumatra, sur la côte occidentale, au midi de Priaman. Elle est sur une riviere. Long. 113. 40. lat. 5. 10. (D. J.)

PADELIN (Page 11:740)

PADELIN, (Verrerie.) c'est le grand pot, ou le creuset où l'on met la matiere à vitrifier.

PADERBORN (Page 11:740)

PADERBORN, (Géog. mod.) ancienne ville d'Allemagne en Westphalie, capitale d'un petit état souverain possédé par son évêque suffragant de Mayence, prince de l'empire qui réside ordinairement à Neuhaus. Paderborn est sur un ruisseau nommé Pader, à 16 lieues N. O. de Cassel, 17 E. de Munster, 15 S. O. de Minden, 154 N. O. de Vienne. Long. 26. 28'. lat. 51. 46'.

L'évêché de Paderborn a été fondé par Charlemagne, & l'empereur Henri II. en a augmenté le temporel. Il est assez fertile quoique ce soit un pays de montagnes. On y trouve des mines de fer, & l'on compte plusieurs villes dans son district.

Ferdinand de Furstemberg, évêque de Munster & de Paderborn, a donné les antiquités de cette ville en 1672, sous le titre de Monumenta paderbornensia. Les allemands curieux peuvent consulter cet ouvrage, qui intéresse peu les étrangers.

Thierri de Niem, natif de Paderborn, dans le xiv. siecle, devint sous - secrétaire du pape Urbin VI. & mourut vers l'an 1417. On a de lui 1°. une histoire du schisme, qui est assez médiocre; 2°. un journal du concile de Constance, qui est assez partial; 3°. un traité des droits des empereurs aux investitures des évêques. Le style de cet auteur est dur & desagréable; mais on trouve plus de fidélité dans sa narration, qu'on ne l'attendroit d'un écrivain qui s'étoit attaché à la cour de Rome. (D. J.)

PADINATES (Page 11:740)

PADINATES, (Géog. anc.) peuples d'Italie, selon Pline. Cluvier & le P. Hardouin ont pensé qu'ils demeuroient vers l'embouchure du Panaro dans le Pô, dans l'endroit où est aujourd'hui le bourg de Bodeno.

PADISCHAH (Page 11:740)

PADISCHAH, s. m. (Hist. mod.) en langue turque veut dire empereur ou grand roi. C'est le titre que le grand seigneur donne au roi de France seul, à l'exclusion de tous les autres princes de l'Europe, & même de l'empereur d'Allemagne. La raison qu'on en apporte, c'est qu'il regarde le roi de France comme son parent, & le nomme en conséquence padischah, titre qu'il prend lui - même dans les actes qu'il souscrit. Les Turcs fondent cette parenté sur ce [p. 741] qu'une princesse du sang de France qui alloit à Jérusalem, fut prise par des corsaires, présentée à Soliman, devint sultane favorite, & obtint du sultan qu'il qualifieroit le roi de padischah, & donneroit à ses ambassadeurs le pas sur tous les ministres étrangers.

Le prince Démétrius Cantimir qui rapporte cette histoire, ne balance pas à la traiter de fable; & en effet il ne s'en trouve aucune trace ni dans les historiens, ni dans les généalogistes. Vican observe que ce titre, qu'il écrit podeshair, fut obtenu par surprise par les François; mais il s'est fondé sur la tradition populaire dont nous venons de parler. Il suffit de penser que le grand seigneur accorde ce titre au roi en considération de sa puissance, du rang qu'il tient dans le monde, & de la bonne intelligence qui regne entre la cour de France & la porte Ottomane.

PADOEI (Page 11:741)

PADOEI, (Géog. anc.) peuples de l'Inde, selon Hérodote, liv. III. ch. lxix. qui dit qu'ils se nourrissoient de chair crue. Tibulle fait aussi mention de ces peuples, liv. IV. éleg. I. v. 145.

Ultima vicinus Phoebo tenet arva Padoeus.

PADOLIM (Page 11:741)

PADOLIM, (Hist. nat. Botan.) plante des Indes orientales, qui produit une fleur blanche, ainsi qu'un fruit assez agréable qui ressemble à un concombre.

PADOU (Page 11:741)

PADOU, s. m. (Rubanier.) espece de ruban fait de soie & de fleuret, qui sert à border des jupes, robes & autres habillemens de femmes. Les Tailleurs en emploient aussi dans plusieurs ouvrages de leur métier.

Il y a des padous de toute sorte de couleurs, & même de plusieurs largeurs, qui sont distingués par des numeros 2. 3. & 5.

Le n°. 2 a 9 lignes de largeur.

Le n°. 3 est large de 15 lignes.

Le n°. 5 est d'un pouce & demi.

Le dernier numero qui n'est désigné par aucun chisre, a au moins trois pouces & demi de largeur: c'est le plus large de tous les padous. Les padous contiennent ordinairement 24 aunes la piece.

PADOUE (Page 11:741)

PADOUE, (Géog. mod.) ancienne & célebre ville d'Italie, capitale du Padouan, qui est une contrée de l'état de Venise, avec une université fondée par Charlemagne, & un évêché suffragant d'Aquilée.

Padoue se nomme en latin Patavium, & en italien Padoua. Les Romains lui accorderent le droit de bourgeoisie, & le pouvoir de choisir ses sénateurs. Elle fut ruinée par Attila. Narcès l'ayant rétablie, les Lombards la détruisirent. Cependant elle jouissoit de sa liberté du tems de Charlemagne & de ses successeurs; mais la république de Venise s'empara de Padoue & du Padouan au commencement du xv. siecle, & depuis ce tems - là les Venitiens en sont restés les maîtres.

Quoique Padoue se trouve dans le terroir le plus fertile de l'Italie, elle est triste, sale, mal peuplée, mal bâtie, mal pavée. Elle est sur les rivieres de la Brenta & de Bachiglione, à 8 lieues S. E. de Vicence, 86 S. O. de Venise, 90 N. de Rome. Long. suivant Cassini, 29. 36. lat. 45. 28.

Cette ville toute pauvre qu'elle est, a produit de tout tems des gens de lettres illustres. Thomasini vous en instruira dans son Parnasse padouan. Il a lui - même donné deux ouvrages latins estimés, l'un sur l'hospitalité, & l'autre sur les tableaux votifs.

Il auroit bien fait de ne pas oublier dans son recueil Sperone, Speroni, poëte de Padoue, mort en 1688 à l'âge de 84. ans. Il mit au jour une tragédie intitulée Canacée, qui peut passer pour une des meilleures pieces dramatiques écrites en italien. Cependant l'action de cette tragédie révolta les beaux esprits d'Italie, parce que Canacée y commet un inceste avec son frere; mais on a été obligé de condamner la délicatesse italienne, quand on a lu la défense que l'auteur écrivit pour justifier le choix de son sujet; car la destinée de Canacée est semblable à celle de Phedre.

L'article de Pignorius (Laurent) méritoit, dans le parnasse de Thomasini quelques détails choisis, parce qu'il se distingua, comme antiquaire, dans le xvij. siecle. Il mourut de la peste en 1631 à l'âge de 60 ans. On a de lui un traité complet de servis, eorumque apud veteres ministeriis.

Enfin pourquoi Thomasini obmet - il dans sa liste la fameuse Andreini (Isabelle), née à Padoue sur la fin du xvj. siecle? Ce fut une des plus belles, des plus spirituelles & des meilleures comédiennes qu'ait eu l'Italie. Elle parloit bien le françois & l'espagnol, chantoit à ravir, & jouoit admirablement des instrumens. Pour completer son éloge, elle s'illustra par de charmantes poésies imprimées plusieurs fois à Milan & à Venise, & les académiciens de Pavie se firent un honneur d'agréger cette illustre virtuosa à leur corps. Comme belle & excellente actrice, elle charmoit sur le théâtre & les yeux & les oreilles en même tems. La France vouloit se la procurer, lorsqu'elle mourut d'une fausse couche à Lyon en 1604, dans la quarante - deuxieme année de son âge. Tout le Parnasse en fut en pleurs.

Mais Padoue tirera toujours sa plus grande gloire d'avoir été la patrie d'Asconius Pedianus & de Tite - Live.

Asconius Pedianus le jeune, excellent grammairien, vivoit sous l'empire d'Auguste, & fut ami particulier de Virgile & de Tite - Live son compatriote. C'est à lui que l'on attribue sur diverses harangues de Cicéron, plusieurs remarques qu'il avoit écrites pour ses enfans, & qui lui acquirent beaucoup d'estime. Nous avons perdu une partie de cet ouvrage. Servius expliquant dans la troisieme églogue ces vers:

Dic quibus in terris, & eris mihi magnus Apollo; Tres pateat coeli spatium non amplius ulnas. Asconius Pedianus, ajoute - t - il, assure avoir ouï dire à Virgile même, que ces paroles donneroient la torture à tous les grammairiens.

Pline cite Asconius entre les auteurs dont il s'étoit servi pour composer le huitieme livre de son histoire naturelle. La famille Ascania étoit illustre à Padoue, & fut surnommée Pediana. Elle avoit produit des hommes de mérite, entr'autres Asconius Gabinus Modestus, qui fut proçonsul, & qui eut l'administration des finances.

Tite - Live naquit à Padoue l'an de Rome 685, & mourut l'an 770 de la fondation de cette ville. Gronovius a donné une excellente édition de ses oeuvres, Amst. 1693, trois vol. in - 8°. & M. Crevier, Paris, 1733, in - 4°. Je me propose de parler ailleurs du mérite de cet excellent historien. Cependant Asinius Pollion prétendoit que le style de Tite - Live se ressentoit de son pays, & qu'on voyoit bien qu'il étoit né à Padoue. Si ce jugeinent n'est point une injustice de la part de ce fameux romain, il faut avouer que nos plus fins critiques modernes seroient fort embarrassés de découvrir cette patavinité du sty le de Tite - Live, & qu'ils sont bien éloignés de se connoître en langue latine.

« Mais que de choses ne pourrois - je pas dire sur le mérite particulier de cet illustre auteur! N'avez - vous jamais lu qu'un citoyen de Cadix, charmé de la réputation & de la gloire de ce grand homme, vint des extrémités du monde pour le voir, le vit, & s'en retourna. Il faut être sans goût, sans littérature, sans émulation, peu s'en

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