ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"639"> percée comme celle de tous les piés des tuyaux, se place sur le sommier pour en recevoir le vent & le porter à l'anche: on conçoit, bien par conséquent, qu'il est nécessaire que la boîte s'applique exactement contre la bague du tuyau; ensorte qu'il n'y ait aucune ouverture, puisque sans cela le vent qui vient du sommier dans la boîte au lieu de passer par l'anche, passeroit par les ouvertures, au lieu de redescondre dans la partie conique de la boîte, si la bague en s'appliquant exactement aux parois de la même boîte, ne lui fermoient exactement le passage.

Une attention que l'on doit avoir, est que la languette que nous avons dit être élastique, ne touche point l'anche dans sa partie inférieure lorsqu'elle n'est point comprimée, mais cependant elle doit en être très - peu éloignée.

La construction des jeux d'anches étant expliquée, nous allons faire entendre la formation du son dans ces sortes de tuyaux, en faisant usage des principes établis ci - devant. L'air condensé ou le vent poussé par les soufflets dans le sommier, entre dans la boîte du tuyau d'anche par l'ouverture de son pié, on peut regarder cette boîte comme la chambre des tuyaux de bois, puisqu'elle fait le même effet, il s'y condense & fait effort en tous sens pour sortir, mais il ne le peut que par l'anche, puisque nous avons dit que la boîte étoit exactement fermée; ainsi il ouvrira davantage l'anche en écartant la languette, il se fera alors une explosion subite de l'air contenu dans la chambre ou boîte; mais comme la languette qui est élastique a été écartée de son point de repos, elle fera effort pour s'y remettre; mais après y être revenue, elle ne s'y arrêtera pas, elle continuera jusqu'à ce qu'elle soit appliquée sur la face de l'anche, puisqu'il est connu que les corps élastiques fixes par une de leurs extrémités oscillent comme un pendule. Dans l'instant où la languette sera appliquée sur l'anche, l'air qui vient continuellement dans la boîte s'y condensera de nouveau; mais dans le meme tems, la languette s'écartera de l'anche étant ramenée à son point de repos par sa force élastique, il se fera une seconde explosion, & la languette sera relevée comme la premiere fois, ensuite sa force élastique la ramenera contre l'anche; ainsi alternativement & d'autant plus fréquemment, que la languette sera plus courte ou qu'elle sera plus élastique, ou que le vent sera plus fort; cet effet est le même que celui du tremblant fort que l'on peut regarder comme une anche sans tuyau. Voyez Tremblant fort.

Ainsi on voit que le son du tuyau dépend de plusieurs causes variables; c'est ce qui fait que jusqu'à présent personne n'a donné le vrai diapason des anches, faute de discerner les trois causes dans un seul effet. Nous allons essayer de donner une regle certaine pour trouver le diapason, en supposant les deux dernieres causes constantes.

Tirez la ligne A B, fig. 50. n°. 2. à discrétion; divisez cette ligne en autant de parties égales qu'il y a de touches au clavier, ou que le jeu dont vous cherchez le diapason, doit avoir de tuyaux; élevez sur les points de division, autant de perpendiculaires, dont vous marquerez le pié des noms ut, re, mi, fa, &c. selon la suite des touches du clavier.

Ensuite, construisez une anche d'une grandeur & grosseur quelconque que vous monterez d'une languette convenable; vous pousserez ou tirerez la rasette jusqu'à ce que le son que l'anche rend soit le plus sonore, le plus plein & le plus agréable qu'il est possible, sans vous inquiéter du ton qu'elle rendra; ce ton étant trouvé, cherchez son unisson au clavecin; ce sera, par exemple, le sol de l'octave des basses; démontez le tuyau sans déranger la ra<cb-> sette, & mesurez avec un compas la distance de la rasette à l'extrémité de la languette, ou la longeur de la partie vibrante de celle - ci que vous porterez sur la ligne E a que je suppose être la perpendiculaire correspondante au sol, & y ferez une marque.

Construisez ensuite une autre anche, mais beaucoup plus petite que vous monterez, langayerez & ferez parler le mieux qu'il sera possible, ainsi qu'il a été dit; cherchez son unisson au clavecin, ce sera, par exemple, le mi de l'octave des dessus; mesurez exactement la longueur de la partie vibrante de la languette de cette anche que vous porterez sur la ligne perpendiculaire correspondante, que je suppose F x, où vous ferez un point. Par les deux marques faites sur les perpendiculaires E a, F x, tirez la ligne C D, elle coupera toutes les autres perpendiculaires aux points y y y y, &c. les parties de ces perpendiculaires interceptées entre leur pié & la ligne C D, seront la longueur de la partie vibrante des languettes d'anches qui rendront les sons correspondans aux touches que les perpendiculaires représentent. Cette méthode qui est certainement ingénieuse, est autant exacte que le peut être une chose où des causes physiques incommensurables concourent à former l'effet; de cette nature est, par exemple, l'élasticité des languettes, de l'égalité de laquelle il est très - difficile de s'assurer.

Les variétés produites par cette cause sont quelquefois si considérables, qu'il arrive qu'une anche rend un son beaucoup plus grave que celui d'une autre anche, quoique sa languette soit plus courte, selon notre diapason, ce devroit être tout le contraire; en ce cas, le meilleur remede est de diminuer l'épaisseur de la languette, ou en mettre une autre, si elle se refuse à toutes les corrections. On doit être assuré qu'un jeu d'anche ne sera parfait, qu'autant qu'il suivra exactement le diapason que nous avons prescrit.

On trouvera les diametres proportionnels des anches en cette maniere; on mettra sur la perpendiculaire a E le diametre de l'anche qui a donné cette ligne, & sur la perpendiculaire x F celui de l'autre anche; on tirera par les points une ligne C D qui interceptera dans les perpendiculaires des lignes qui seront prises pour diametres des anches correspondantes: enfin, on ajoutera à chacun une longueur convenable pour que la rasette ait dequoi se placer & remonter, & que l'on puisse assurer l'anche dans sa noix.

Lorsque les tuyaux d'anche sont grands, on les fait de deux pieces, celle d'en - bas qui reçoit la grande s'appelle tube, voyez Tube. Cette disposition n'ôte ni n'ajoute rien à la perfection du tuyau, elle est seulement une commodié pour le facteur, en ce que de trop grands tuyaux ne sont pas maniables.

Les jeux dont un orgue complet est composé, sont la montre de seize piés ou de huit; si l'orgue n'a point de seize pié, alors c'est le jeu qu'on appelle le huit piés ouver. qui en tient lieu, le bourdon de seize piés & la bombarde qui est à l'unisson, le plus grand tuyau de ces jeux sonnant l'ut grave de l'octave des basses a seize piés de long.

Les jeux sonnant le huit piés ou l'unisson du clavecin, & dont le plus grand tuyau a huit piés, sont le bourdon de huit ou quatre piés bouché; car, ainsi qu'il a été dit, les tuyaux bouchés n'ont que la moitié de ceux qui étant à l'unisson seroient ouverts.

Le huit piés ouvert, la trompette, le cromorne & la voix humaine.

Le jeu qui est à la quinte du huit piés est le gros nazard.

Ceux qui sonnent le quatre piés ou l'octave du clavecin, sont le prestant sur lequel on fait la parti<pb-> [p. 640] tion de l'orgue, la flûte, le clairon, la voix angélique.

Le jeu qui sonne la tierce au - dessus du ceux - ci s'appelle double tierce.

Celui qui sonne la quinte au dessus est le nazard, qui sonne par conséquent l'octave au - dessus du gros nazard.

Le jeu à la quarte de celui - ci s'appelle quarte de nazard; son plus grand tuyau a deux piés.

La doublete est à l'unisson de ce jeu, & sonne par conséquent le deux piés.

La trompetre de récit qui n'a que les deux octaves de dessus & quelquefois deux octaves & quinte, sonne le huit piés; la flûte allemande n'a aussi que les deux mêmes octaves, par conséquent elle sonne l'unisson des dessus du huit piés ou du quatre piés.

Le grand cornet, le cornet de récit, le cornet d'écho qui n'ont ordinairement que deux octaves ou deux octaves & quinte, sont composés des dessus des cinq jeux suivans, bourdon, flûte, nazard, quarte de nazard, tierce.

La fourniture & la cymbale sont composées comme les cornets, mais avec certe différence que quoiqu'elle occupe toute l'étendue du clavier, elle n'est cependant composée que des octaves aiguës, des jeux qui composent les cornets, lesquelles octaves se répetent, ainsi qu'il est expliqué à l'article Cymbale & Fourniture.

La tierce sonne l'octave au - dessus de la double tierce; ce jeu a quatre octaves.

Le larigot, le plus aigu des jeux de l'orgue, sonne l'octave au - dessus du nazard, & la quinte de la doublette ou des deux piés.

L'intervalle du plus grave son de l'orgue qui est l'ut grave de l'octave des basses du bourdon ou de la montre de trente - deux piés, au plus aigu, qui est l'ut en haut du larigot, est de huit octaves & quin te, mais des sons aussi graves que ceux de l'octave du trente - deux piés, ne s'entendent presque pas au - dessous de l'F ut fa, aussi onsupptime ordinairement les derniers tuyaux, qui par leurs volumes causent un embarras tres considérable; ceci renverse le préjugé des gens peu instruits, qui s'imaginent que le plus gros tuyau d'un orgue est celui qui fait le plus de bruit.

Dans l'énumération des jeux que nous venons de faire, nous n'avons point marqué quels sont les jeux d'anches; cette omission est amplement réparée à l'article Jeux où leur matiere est expliquée, & à leurs articles séparés: nous dirons seulement ici que ces jeux sont la bombarde, la trompette. le cromorne, la voix humaine, la voix angélique & la trompette de récit. Voyez tous ces articles.

Les jeux qu'on appelle de pédale, parce que l'on les touche avec les piés sur le clavier de pédale, sont la pédale de bombarde, jeu d'anche, souvent le seize piés, & dont le ravalement, si elle en a, descend dans le trente - deux piés jusqu'à l'F ut fa.

La pédale de trompette, jeu d'anche, sonne l'unisson des basses & des basses - tailles de la trompette sur le huit pié; si elle a ravalement, elle descend jusqu'à l'F ut fa du seize piés.

La pédale de huit, jeu de mutation est, à l'unisson de celle - ci.

La pédale de clairon sonne l'unisson des basses du clairon, son ravalement descend dans le huit piés.

La pédale de quatre ou pédale de flùte, jeu de mutation, sonne l'unisson des basses de la flûte; son ravalement, si elle en a, descend dans le huit piés.

Les pédales ne différent des jeux, dont ils sont les pédales, qu'en ce qu'ils sont de plus grosse taille & qu'ils descendent plus bas, s'ils sont à ravalement. Voyez leurs articles.

Par tout ce que nous venons de dire, on a en<cb-> tendu la facture d'une orgue.

Nous ajouterons seulement ici, renvoyant pour les détails aux articles particuliers répandus dans ce Dictionnaire, une courte récapitulation qui puisse faire entendre la méchanique de cet instrument, après avoir parlé de l'arrangement relatif des jeux dans le buffet d'orgue.

Tous les jeux sont rangés chacun sur son registre particulier, que nous avons dit être parallele à la face du buffet; ensorte que les plus grands tuyaux soient vers les extrémités, ainsi qu'il est expliqué au mot abrégé; il faut excepter de cette regle tous les tuyaux de montre, & ceux qui par leur volume occupent trop de place; en ce cas, le vent leur est porte par un tuyau de plomb, dont une des extrémités repond au pié du tuyau, & l'autre au trou du sommier où le tuyau auroit dû être placé.

L'orgue ne peut parler que quand les soufflets lui poussent de l'air qui lui sert d'ame; ainsi il est besoin d'avoir un souffleur qui leve alternativement les soufflets en baissant leurs bascules. Voyez Soufflets. Il doit observer de ne point en lever deux à la fois, & apres avoir levé un soufflet, de le laisser tomber doucement sur l'air qu'il contient, qui, tant que le soufflet est tenu élevé n'est point condensé, & par conséquent incapable de résister au poids qui charge la table supérieure, au lieu qu'en lâchant le soufflet par degré, l'air se condense assez pour le pouvoir soutenir; d'ailleurs les secousses causent un battement désagréable dans les tuyaux qui parlent pour lors, dont les auditeurs s'apperçoivent, joint que les soufflets en sont considérablement endommagés.

L'organiste assis en X, fig. 1. sur un siége d'une hauteur convenable, les piés posés sur la barre de fer o b qu'on appelle marche - pié: commence par tirer les jeux? Tirer les jeux, est ouvrir leurs registres au moyen des batons quarrés S R placés à la portée, qui font tourner les rouleaux P Q & tirer la bascule V u qui tire le registre, & fait que ses trous répondent vis - à - vis de ceux de la table & de la chape du sommier, voyez Mouvemens. Quand il a tiré tous les jeux dont il veut se servir, tant ceux de pédales, que ceux du grand orgue ou du positif; aucun tuyau ne parle, quoique les soufflets soient levés & les layes des sommiers remplies de vent, jusqu'à ce qu'en baissant une touche du clavier qui communique aux sous - papes contenues dans la laye par le moyen d'un des rouleaux de l'abregé, il fasse ouvrir cette sous - pape, la sous - pape ouverte laissera passer l'air que la laye contient dans la gravure correspondante; cet air passera ensuite dans les tuyaux dont les registres sont ouveris, & les fera parler; c'est la même chose de toutes les touches, tant du clavier de pédale, que des claviers du grand orgue ou du positif. Voyez les articles Clavier, Abregé, Sommier , &c.

On conçoit bien qu'on peut varier & mélanger des jeux, puisqu'on est maître d'ouvrir ou fermer ceux que l'on juge à propos; mais il y en a par exemple qui ne doivent jamais être seuls, comme la fourniture & la cymbale, d'autres qui ne doivent jamais être ensemble, comme par exemple, la quarte de nazard & le nazard, la même quarte de nazard & le larigot, parce que ces jeux mis ensemble font une quarte. Voyez sur ceci l'art. Jeux, où on trouvera des exemples des différens mélanges ou combinaisons dont les jeux sont susceptibles.

Quant à la maniere d'accorder un orgue, voyez les articles Partition & Accord. Articles de MM. Thomas & Goussier.

Orgue hydraulique (Page 11:640)

Orgue hydraulique, instrument en maniere de buffet d'orgue, fait de métal peint & doré, qui joue par le moyen de l'eau dans une grotte, comme

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