ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"709"> dans aucune discussion théorique sur l'enchaînement qu'il y a entre ces signes & les choses signifiées.

Suivant une observation généralement connue, l'extrème finesse de l'ouïe est un très - mauvais signe; la dureté d'oreille est beaucoup moins défavorable, il y a même bien des cas où elle est d'un heureux présage, quoiqu'elle soit poussée au degré de surdité. Ce n'est que dans le cas de grande foiblesse & d'affaissement que la diminution ou la perte d'ouïe est un signe mortel, Hippocr. aph. 73. lib. VII. la dépravation de l'ouïe a lieu lorsque l'oreille entend des sons autrement qu'ils ne sont produits, & dans le tems même où il n'y en a point d'excité par les corps extérieurs: c'est ce qui arrive dans le tintemant d'oreille & le bourdonnement; voyez ces mots, & dans quelques especes de délire où le malade croit entendre des personnes qui parlent, ou le son des instrumens, sans que pourtant ces objets soient réels; ce vice de l'ouïe peut alors être regardé comme un signe de délire présent ou prochainement futur.

Le bourdonnement & le tintement d'oreille sont dans les maladies aiguës des signes avant - coureurs de la mort. Coac. proenot. cap. v. n°. 5. Waldscrichd a remarqué que ces mêmes signes étoient très - fâcheux dans les nouvelles accouchées. Les tintemens d'oreille joints à des douleurs de tête, vertige, engourdissement des mains, lenteur de la voix sans fievre, font craindre, suivant cet auteur & Hippocrate, la paralysie, ou l'épilepsie, ou la perte de mémoire; les ébranlemens de la tête avec tintement d'oreille annoncent une hémorrhagie par le nez, ou l'éruption des regles, sur - tout s'il y a une chaleur extraordinaire répandue le long de l'épine du dos, ibid. cap. iv. n°. 8. on doit s'attendre au délire & à l'hémorrhagie du nez lorsque ce tintement se rencontre avec l'obscurcissement de la vûe & une pesanteur à la racine du nez, ibid. cap. v. n°. 6. En général, remarque Hippocrate, de insom. cap. xij. 11. la lesion de l'ouïe, de même que celle de la vûe, dénotent l'affection de la tête. (m)

Ouïes (Page 11:709)

Ouïes, s. f. (Musiq.) les ouvriers nommert ainsi les deux ouvertures qui sont sur la table des violes, & de quelques autres instrumens de Musique. Ces ouvertures, qu'on pourroit appeller écheia, ont différentes figures, & ce sont les endroits par où sort le son harmonieux; mais quand il s'agit de poche de violon, de basse de violon, on appelle ordinairement leurs ouvertures des esfes, parce qu'elles ont la figure d'une f. (D. J.)

OVILIA ou SEPTA (Page 11:709)

OVILIA ou SEPTA, (Hist. anc.) c'étoit un endroit du champ de Mars dans l'ancienne Rome, qui fut d'abord fermé & entouré de barrieres comme un parc de brebis, d'où lui est venu le nom d'Ovilia. Dans la suite, cet endroit fut environné de murailles de marbre, & l'on y pratiqua des galeries où l'on se promenoit; on y plaça aussi un tribunal d'où l'on rendoit la justice.

C'étoit dans l'enceinte de ce lieu que le peuple donnoit les suffrages pour l'élection des magistrats. Voyez Champ de Mars.

On montoit à l'Ovilia non par des degrés, mais par des especes de ponts destinés à cet usage. Chaque curie, chaque tribu, chaque centurie (selon que l'assemblée étoit par centurie, par tribus ou par curies), avoit son pont particulier. De - là vint l'espece de proverbe, de ponte dejiciendus, pour dire qu'une personne devoit être privée du droit de suffrage. Voyez Comitia.

OUILLE (Page 11:709)

OUILLE, oleo ou oglio, (Cuisine.) un mets délicieux, ou ragoût composé d'une grande variété d'ingrédiens, & que l'on sert principalement sur les bonnes tables en Espagne.

Il y a différentes manieres de faire des ouilles; mais pour donner une idée de cet assemblage étrange, nous insérerons ici la recette qui vient d'un maître qui a fait ses preuves.

Prenez de la culote & des langues de boeufs bouillies & séchées, avec des saucisses de Boulogne; faites bouillir le tout ensemble pendant deux heures, & pour - lors ajoutez - y du mouton, du porc frais, de la venaison & du lard, comme aussi des navets, des carotes, des oignons, des choux, de la bourache, de la chicorée blanche, des soucis, de l'oseille & des épinars; ensuite les épices, comme du safran, des clous - de - girofle, du macis & de la noix de muscade, &c.

Cela fait, mettez dans une autre marmite un dindon ou une oie, avec des chapons, faisans, butors, canards sauvages, perdrix, sarcelles, bisets, becasses, cailles & alouettes, & faites - les bouillir dans de l'eau avec du sel. Dans un troisieme vaisseau, préparez une sauce de vin blanc, de consommé, de beurre, de culs d'artichaux, de marrons, de choux - fleurs, de chapelure de pain, de moëlle, de jaunes d'oeufs, de macis & de safran: enfin dressez l'ouille dans un plat proportionné à la quantité des choses dont elle est composée: tirez d'abord de la marmite le boeuf & le veau, ensuite la venaison, le mouton, les langues & les saucisses; dispersez par - tout les racines & légumes; arrangez autour le plus gros gibier, entremêlez du petit, & versez votre sauce sur le tout.

OUJON (Page 11:709)

OUJON, (Géog.) petite ville d'Asie dans la Perse, selon Tavernier, qui lui donne 61d. 35'. de longit. & 32d. 24'. de latit. (D. J.)

OVIPARE (Page 11:709)

OVIPARE, adj. terme d'Histoire naturelle, que l'on applique aux animaux qui se multiplient en faisant des oeafs comme les oiseaux, insectes, &c. Voyez OEuf, Insecte, Animal , &c.

On oppose ce genre d'animaux à ceux qui produisent leurs petits tous vivans, & que l'on appelle vivipare, comme l'homme, les quadrupedes, &c. Voyez Génération.

Ces animaux sont ceux qui pondent des oeufs, lesquels ayant été couvés par la mere, ou mis en fermentation par quelque autre principe de chaleur, produisent enfin des petits: ceux - ci se mettent eux - mêmes au monde, après avoir consumé l'humidité ou l'humeur dont ils étoient environnés, & après avoir acquis un certain volume & des forces suffisantes pour rompre la coque de l'oeuf.

Ce genre, outre les oiseaux, renferme diverses especes d'animaux terrestres, comme les serpens, lésards, tortues, cancres, écrevisses, &c. Voyez Ovaire.

OUI - POU (Page 11:709)

OUI - POU, (Diete.) c'est le nom que les habitans sauvages du Brésil donnent à une espece de fa rine fort nourrissante, qu'ils font avec la racine d'épi & avec celle de manioc. On fait sécher ces racines au feu, après quoi on les ratisse avec des cailloux tranchans, on fait cuire ces raclures dans un pot avec de l'eau jusqu'à ce que le mélange s'épaississe; lorsqu'il est refroidi, son goût est assez semblable à celui du pain blanc de froment. En mêlant cette farine avec du jus de viande, on fait un mets qui ressemble à du ris bouilli. Ces mêmes racines pilées lorsqu'elles sont fraîches donnent un jus blanc comme du lait, qui, exposé au soleil, se coagule comme du fromage, & qui cuit au feu fait un aliment assez agréable. Voyez Cassave.

OUIR (Page 11:709)

OUIR, v. act. (Gram.) entendre, ouir la messe. Assigné pour être oui, ouir à confesse.

OVISSA (Page 11:709)

OVISSA, (Hist. mod. culte.) c'est le nom sous lequel les habitans du royaume de Benin en Afrique désignent l'Etre suprème. Ils ont, suivant le rapport des voyageurs, des idées assez justes de la divinité, qu'ils regardent comme un être tout - puissant, qui [p. 710] sait tout, qui, quoique invisible, est présent partout, qui est le créateur & le conservateur de l'univers. Ils ne le représentent point sous une forme corporelle; mais comme ils disent que Dieu est infiniment bon, ils se croient dispensés de lui rendre leurs hommages qu'ils réservent pour les mauvais esprits ou démons qui sont les auteurs de tous les maux, & à qui ils font des sacrifices pour les empêcher de leur nuire. Ces idolâtres sont d'ailleurs fort superstitieux, ils croient aux esprits & aux apparitions, & sont persuadés que les ombres de leurs ancêtres sont occupées à parcourir l'univers, & viennent les avertir en songe des dangers qui les menacent; ils ne manquent point à suivre les inspirations qu'ils ont reçues, & en conséquence ils offrent des sacrifices à leurs fétiches ou démons. Les habitans de Bénin placent dans la mer leur séjour à venir de bonheur ou de misere. Ils croient que l'ombre d'un homme est un corps existant réellement, qui rendra un jour témoignage de leurs bonnes & de leurs mauvaises actions; ils nomment passador cet être chimérique, qu'ils tâchent de se rendre favorable par des sacrifices, persuadés que son témoignage peut décider de leur bonheur ou de leur malheur éternel. Les prêtres de Bénin prétendent découvrir l'avenir, ce qu'ils font au moyen d'un pot percé par le fond en trois endroits, dont ils tirent un son qu'ils font passer pour des oracles, & qu'ils expliquent comme ils veulent; mais ces prêtres sont punis de mort lorsqu'ils se mêlent de rendre des oracles qui concernent l'état ou le gouvernement. De plus il est défendu sous des peines très - grieves aux prêtres des provinces d'entrer dans la capitale. Malgré ces rigueurs contre les ministres des autels, le gouvernement a dans de certaines occasions des complaisances pour eux qui sont très - choquantes pour l'humanité; c'est un usage établi à Bénin de sacrifier aux idoles les criminels que l'on réserve dans cette vûe; il faut toujours qu'ils soient au nombre de vingt - cinq; lorsque ce nombre n'est point complet, les officiers du roi ont ordre de se répandre pendant l'obscurité de la nuit, & de saisir indistinctement tous ceux qu'ils rencontrent, mais il ne faut point qu'ils soient éclairés par le moindre rayon de lumiere; les victimes qui ont été saisies sont remises entre les mains des prêtres, qui sont maîtres de leur sort: les riches ont la liberté de se racheter, ainsi que leurs esclaves, tandis que les pauvres sont impitoyablement sacrifiés.

OVISTES (Page 11:710)

OVISTES, s. m. (Hist. nat.) secte de philosophes, qui soutiennent que les femelles de tous les animaux contiennent des ovaires, qui sont comme autant de pépinieres de leurs diverses especes, & dont chaque oeuf fertilisé par le mâle rend un petit animal. Voyez Ovaires & OEuf.

OUKCK (Page 11:710)

OUKCK, (Géog.) ville d'Asie en Tartarie dans le Capschac, sur le Volga, à 15 lieues de Bulgares. Long. 84. lat. 57.

OULANS (Page 11:710)

OULANS, s. m. plur. (Milice polon.) nom d'une troupe de cavalerie légere, composée de Polonois & de Tartares, montés sur des chevaux de ces deux nations; ils font un service pareil à celui des hussarts qu'ils surpassent en bonté, soit par l'armure, soit par la vîtesse de leurs chevaux, qui, quoiqu'à - peu - près de la même taille, leur sont supérieurs en légereté, & beaucoup plus durs à la fatigue.

OULICES, tenons à (Page 11:710)

OULICES, tenons à, (Charpenter.) ce sont des tenons coupés en quarré, & en à bout auprès des paremens de bois pour les revêtir ensuite; & quand l'ouvrage est fini, les tenons faits de cette maniere sont aussi appellés tenons à tournices.

OUPORUM (Page 11:710)

OUPORUM, (Géog. anc.) ancienne ville de la Liburnie dans ses terres, selon Ptolomée, l. II. c. xvij. Quelques - uns conjecturent que c'est présen<cb-> tement Obroazo en Dalmatie. (D. J.)

OURAGAN (Page 11:710)

OURAGAN, s. m. (Physiq.) vent très - violent, qui s'éleve promptement & qui se dissipe bientôt après. Voyez Vent.

Il y a différentes sortes d'ouragans ou de tourbillons, distingués par les noms de prester, typho, vortex ou vorbex, exhydria & ecnephis.

Le prester est un vent violent qui lance des éclairs, il s'observe rarement, & ne va presque jamais sans ecnephis. Séneque dit que c'est un typho ou trombe. Voyez Trombe.

L'ecnephis est un vent impétueux qui s'élance d'un nuage. Il est fréquent dans la mer d'Etiopie, principalement vers le cap de Bonne - Espérance; les marins l'appellent travados.

L'exhydria est un vent qui sort avec violence d'un nuage, & est accompagné d'une grande pluie: il ne paroît guere différer que par le degré de force de l'ecnephis, qui ne va guere non plus sans ondée.

Le typho ou vortex est proprement le tourbillon ou l'ouragan, c'est un vent impétueux qui tourne rapidement en tout sens, & semble balayer autour de lui. Il souffle fréquemment de haut en - bas; les Indiens l'appellent orancan, les Turcs oliphant. Il est fréquent dans les mers orientales, principalement vers Siam, la Chine, &c. & rend la navigation de ces mers très - dangereuse. Chambers.

« Les premiers navigateurs qui ont approché du cap de Bonne - Espérance ignoroient les effets de ces nuages funestes, qui semblent se former tranquillement, & qui tout - d'un - coup lancent la tempête. Près de la côte de Guinée, il se fait quelquefois trois ou quatre de ces orages en un jour, ils sont causés & annoncés par de petits nuages noirs, le reste du ciel est ordinairement fort serein, & la mer tranquille; c'est principalement aux mois d'Avril, de Mai & de Juin qu'on éprouve ces tempêtes sur la mer de Guinée.

Il y a d'autres especes de tempêtes, que l'on appelle proprement des ouragans, qui sont encore plus violentes que celles - ci, & dans lesquelles les vents semblent venir de tous côtés ». Il y a des endroits dans la mer où l'on ne peut pas aborder, parce qu'alternativement il y a toujours ou des calmes, ou des ouragans de cette espece; les plus considérables sont auprès de la Guinée à 2 ou 3 degrés latitude nord.

« Lorsque les vents contraires arrivent à - la - fois dans le même endroit comme à un centre, ils produisent ces tourbillons; mais lorsque ces vents trouvent en opposition d'autres vents qui contrebalancent de loin leur action, alors ils tournent autour d'un grand espace, dans lequel il regne un calme perpétuel, & c'est ce qui forme les calmes dont nous parlons, & desquels il est souvent impossible de sortir. Ces endroits de la mer sont marqués sur les globes de sénex, aussi - bien que les directions des différens vents qui regnent ordinaitement dans toutes les mers ». Hist. nat. gén. & partic. tome I.

OURAN ou URAN SOANGUR (Page 11:710)

OURAN ou URAN SOANGUR, (Hist. mod.) est le nom d'une certaine secte de magiciens de l'île Grombocannose dans les Indes orientales.

Ce nom renferme les mots d'homme & de diable; ces magiciens ayant la réputation de se rendre invisibles quand il leur plaît, & de se transporter où ils veulent pour faire du mal: aussi le peuple les craint fort, & les hait mortellement, & quand il peut en attraper quelqu'un, il le tue sans miséricorde.

Dans l'histoire de Portugal in - folio, imprimée en 1581, il est parlé d'un roi de l'île Grombocannose, qui fit présent à un officier portugais, nommé Brittio, de douze de ces ourans; cet officier s'en servit

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