ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"637"> en forme de lame très - mince, qui s'épanouit après sa sortie, & va frapper contre la levre supérieure où il se partage, ainsi que nous l'avons dit ci - dessus; mais ce mouvement de l'air peut être regardé comme une suite infiniment rapide d'explosion, suivant ce que nous avons dit à l'article Tremblans doux & Tremblans forts, auxquels nous renvoyons à cet égard, & ce que nous dirons plus bas à l'article de la formation du son dans les jeux d'anche.

La partie d'air qui entre dans le tuyau, n'y entre donc, pour ainsi dire, que par secousses ou explofions; ainsi elle frappe l'air contenu dans le tuyau de la même maniere, & le condense par degré. Cet air résiste par son inertie jusqu'au point où faisant effort pour se rétablir, sa masse du côté de E, où nous avons supposé le tuyau ouvert, ne fait plus assez de résistance pour le laisser condenser davantage; alors il se fait une explosion subite de cet air par l'ouverture du tuyau: cette explosion est suivie d'une autre d'autant plus rapidement que le tuyau est plus court, puisque la masse d'air que contient le tuyau, & qui résiste par son inertie, est moins considérable. C'est la raison pour laquelle les plus grands des tuyaux rendent des sons plus graves que les petits, puisqu'il est connu que ladifférence des uns & des autres ne vient que de la fréquence de leurs vibrations plus ou moins grande dans un même tems.

Quant aux tuyaux bouchés, on observe qu'ils descendent à l'octave, ou presque à l'octave du son qu'ils rendent étant ouverts; nous supposerons pour un instant qu'ils descendent exactement à l'octave; nous expliquerons ensuite la raison pour laquelle ils n'y descendent pas exactement. On conçoit bien que le tuyau ne peut parler que par la bouche, puisque son extrémité supérieure est fermée, c'est ce qui a fait donner le nom de bouche à la partie qui en porte le nom.

Ceux qui ont voulu expliquer ce phénomene, se sont contentés de dire, que l'air qui circule dans le tuyau ayant deux fois plus de chemin à faire, devoit par conséquent faire descendre le son à l'octave par analogie à une corde, qui étant double d'une autre, & également tendue, descend en effet à l'octave. Voyez Monocorde. Mais comme ils n'avoient pas expliqué pourquoi une corde double & également tendue descend à l'octave; ce qui n'étoit qu'une comparaison, qui, en Physique ne conclut point, & qu'on ne voit pas clairement, qu'à cause que l'air qui anime le tuyau fait deux fois plus de chemin, le son doive descendre à l'octave; il s'ensuit que leur explication est défectueuse, d'autant plus qu'il est connu que les différences des tons, quant au grave & à l'aigu, ne viennent que de la fréquence des vibrations des parties élastiques de l'air. Nous allons tâcher d'expliquer ce phénomene, en suivant les principes que nous avons établis, en expliquant la formation du son dans les tuyaux ouverts.

L'air condensé par les soufflets se divise de même au sortir de la lumiere; une partie entre dans le tuyau, & c'est cette partie seulement que nous allons considérer; elle condense l'air contenu dans sa capacité en le poussant vers E, où il se trouve un obstacle invincible, qui est le tampon qui ferme le tuyau. Cet air lorsqu'il est condensé, autant qu'il le peut être, eu égard à son inertie, & à l'obstacle qui empêche ses explosions par la partie supérieure du tuyau, réagit contre celui qui le condense, & le repousse vers la bouche du tuyau: mais comme dans les corps élastiques l'action qui les comprime est égale à la réaction qui les rétablit, ainsi qu'il est expliqué aux articles Elasticité & Ressort; il suit que les explosions de l'air contenu dans le tuyau par la bouche, doivent être deux fois moins fréquentes; ainsi le tuyau baissera de ton & descendra à l'octave.

Cependant on observe que les tuyaux fermés ne descendent point exactement à l'octave du ton qu'il rendent étant ouverts; que l'inrervalle des deux sons qu'ils rendent étant ouverts & bouchés, est toujours moindre que l'octave; c'est la seconde partie du phénomene qui reste à expliquer.

Cet effet vient de deux causes, dont la premiere est certaine. La premiere, c'est que le chemin que l'air parcourt dans le tuyau depuis qu'i est sorti de la lumiere, jusqu'à ce qu'il sorte par la bouche du tuyau, n'est pas exactement double de celui qui sort de la lumiere, & va frapper contre le tampon qui le ferme, puisque cet air sort en rasant la languetre qui forme la levre supérieure du tuyau; ainsi son chemin est double, moins la hauteur de la bouche, & par conséquent le son ne doit point descendre exactement à l'octave.

On ne doit point insister sur ce que nous feignons de croire, que l'air parcourt deux fois la longueur du tuyau, après avoir établi le contraire; mais puisque la force élastique peut être considérée comme étant acquise, après que le corps élastique a parcouru un certain espace avec une vitesse déterminée, cette supposition nous étoit permise.

L'autre cause de cet effet que nous avons dit être moins certaine, est la vitesse du vent qui est beaucoup moindre dans les tuyaux bouchés, que dans les tuyaux ouverts; mais il semble que cette cause doit produire en effet tout le contraire, puisque l'air contenu dans le tuyau étant condensé plus lentement, il semble que ses explosions doivent être moins fréquentes, ce qui feroit baisser le ton plus bas que l'octave. Mais peut - être l'effet observé n'est produit que par le plus de la force de la premiere cause ci - devant expliquée sur la seconde; c'est ce qu'on peut se proposer d'éclaircir par des expériences.

Nous expliquerons la formation du son dans les jeux d'anches, après en avoir expliqué la facture.

On a entendu comment on fabrique les tuyaux de bois, reste à expliquer comment on fabrique ceux d'étain ou de plomb.

Les tables d'étain ou de plomb étendues sur l'établi, sont coupées de la grandeur & forme nécessaires. Les pieces destinées à faire les corps des tuyaux, sont de forme parallelogramme A B 43, fig. 31. On divise l'extrémité inférieure 34, qui doit former le bas du tuyau en quatre parties égales aux points 1 x 2, & les deux parties du milieu 1 x, x 2, chacune en deux également aux points b c. Au point x on éleve la perpendiculaire x y, sur laquelle on prend x a qui doit contenir un quart, plus un huitieme de la largeur 34 qui est le périmetre du tuyau, ou la distance 62: du point a, comme centre & rayon, la huitieme partie de la ligne 34 on décrit l'arc m y n, qui forme la partie supérieure de la levre supérieure. On tire ensuite les deux perpendiculaires m b, n c. Voyez l'article Bouche, & Bouche en pointe. On arrondit ensuite le tuyau sur un moule qui est un cylindre de bois, si les tuyaux sont cylindriques, & un cône de même matiere, si les tuyaux ont cette figure, on arrondit le tuyau en frappant sur la table d'étain ou de plomb avec une batte; ensorte que les deux arrêtes A 3, B 4 se rejoignent. Le tuyau étant ainsi arrondi, on retire le moule, & on blanchit le tuyau dedans & dehors. Voyez Blanc. On le gratte avec la pointe à gratter; & on le soude. Voyez Soudure.

Lorsque les tuyaux sont grands comme ceux de la montre de 16 piés, dont le plus grand tuyau [p. 638] porte trois piés de circonférence, on les fait de deux pieces qui ont chacune la iongueur du tuyau, & la moitié de sa circonférence de large: ainsi on n'en fond les tables d'étain que de la largeur nécessaire.

Après que les tuyaux sont soudés, on les arrondit une seconde fois, ensorte qu'ils n'ayent plus aucune bosse; ce qui est assez difficile, sur - tout pour l'étain, principalement quand les tuyaux sont épais & grands. Quant aux petits, on les arrondit en tenant le tuyau à la main, en le tournant sur le mandrin que l'on tient entre les jambes, ou qui est fixé sur l'établi au moyen d'un valet, & le frappant doucement avec une batte legere.

Les corps des tuyaux étant préparés, on forme leurs piés c d e, fig. 31, n° 2. Le pié du tuyau est un cône plus ou moins alongé, dont on trouve le tour en cette maniere. On trace sur une table d'étain ou de plomb, selon que le corps du tuyau est de l'une ou de l'autre de ces deux matieres, un arc de cercle, qui développé, soit égal à la circonsérence du tuyau. Le rayon du cercle est le côté e d du cône, qui doit servir de pié: du centre de l'arc, dont nous avons parlé, on tire à ses deux extrémités, deux rayons; on coupe la table suivant ces traits, ensorte qu'il en reste un secteur de cercle, qui est le cône développé qu'il ne s'agit plus que d'arrondir, ce qui se fait sur un mandrin de figure conique; on le blanchit & on le soude, ainsi que l'on a fait le corps du tuyau.

Quoique la longueur des piés des tuyaux soit fort indifférente, on observe cependant de les faire pour les tuyaux de montre de grandeur symmétrique, & proportionnée à celle du tuyau, ce qui fait que l'aspect en est plus agréable, ainsi que nous dirons en parlant de la montre. Après que le pié est arrondi, on y trace la levre inférieure a de la bouche, par un arc de cercle de 60 degrés ou environ; on ramene en dedans du tuyau le segment que cet arc a formé, ensorte qu'après qu'il est applati il forme une corde à la base du cône ou pié. Cette corde doit être égale au côté du quarré inscriptible au cercle de la base, ensorte que le cône étant vu de ce côté, a la forme d'un .

Le pié du tuyau étant formé, on soude à sa base le biseau a D, qui a la même figure de la lettre , ou grand segment de cercle. On ne soude le biseau au pié que par sa partie circulaire; celle qui sert de corde au segment s'applique vis - à - vis la levre inférieure, ensorte cependant qu'il reste entredeux une petite fente à laquelle nous avons donné le nom de lumiere. C'est par cette fente que l'air poussé dans le pié du tuyau par les soufflets, passe dans le corps du tuyau. On soude ensuite le corps sur le pié, & le tuyau est entiérement achevé.

Lorsque les tuyaux de plomb sont bouchés, ils le sont par une plaque de même métal soudée sur le haut du corps, ensorte qu'il soit exactement fermé. Voyez Plaque, & la fig. 32 B, qui représente un tuyau de cette espece. Les tuyaux à cheminée ne différent de ceux - ci, qu'en ce qu'au milieu de la plaque qui ferme le tuyau, il y a un trou sur lequel on soude un petit tuyau de la même matiere que celui qui le compose, & qui est ordinairement le plomb. Voyez l'article Cheminée, & la figure 32 c, qui représente un tuyau à cheminée.

Ces deux especes de tuyaux sont toujours garnis d'oreilles, au moyen desquelles on les accorde. Voyez l'article Oreiles.

Les longueurs & grosseurs relatives des tuyaux se reglent sur le diapason. Voyez Diapason. Ensorte que plus les sons qui les rendent sont aigus, plus les tuyaux sont courts, ainsi qu'il est expliqué à cet article. On désigne un orgue par la longueur en piés de son plus grand tuyau, sonnant ut, double octave au - dessous de la clé de C sol ut. Ainsi on dit un orgue de 32 pieds, lorsque ce tuyan en a 32; un de 16 pieds, lorsqu'il en a 16; un orgue de 8 pieds, lorsqu'il en a 8; un orgue de 4 pieds, lorsqu'il en a 4. Ce sont - là toutes les dénominations qu'on peut donner aux orgues.

De la fabrique des jeux d'anches. Tous les jeux d'anches sont semblables pour ce qui regarde les anches, ils ne différent que pour la forme & la grandeur de leur tuyau. Nous expliquerons ces différences, après avoir expliqué ce qui regarde la fabrique des anches. Une anche est composée de trois parties principales; l'anche proprement dite, qui donne le nom à l'assemblage des trois pieces dont nous allons parler, de la languette, du coin de la noix, & de la rasette ou régulateur. Voyez tous ces mots à leurs articles.

L'anche est un demi - cylindre de cuivre fermé par une de ses extrémités, ainsi que les figures A & C, fig. 53, Pl. IX. le font voir. On donne cette forme aux anches en les étampant dans les gravures de l'étampoir. Voyez Étampoir, & la fig. 54 qui le représente. La languette, représentée en B, fig. 53, est une petite lame de laiton très - mince, & fort élastique, que l'on applique sur la face de l'anche, ensorte qu'elle ferme exactement toute l'ouverture. On place les deux pieces dans le trou de la noix représentée en A; cette noix a un épaulement, qui sert à soutenir l'anche dans la situation verticale. Ces noix sont de plomb & fondues dans un moule de cuivre de deux pieces, dans lequel on place une cheville quiforme le trou dans le tems de la fonte, ce qui épargne la peine de les percer après qu'elles sont fondues. On observe aussi de ménager un petit trou à la partie de la noix opposée à l'épaulement pour y faire passer la rasette, ainsi que l'on peut voir à la figure 44, & dans la figure 53 A, où le point noir représente le trou par où doit passer la rasette; ou ferme le vuide qui reste dans le trou de la noix, après que l'anche y est placée avec un petit coin de bois D, de figure conique. Ce coin est la moitié d'un cône coupé sur le triangle par l'axe: on applique la face triangulaire de ce cône sur la languette, & sa face convexe s'applique contre celle du trou, ensorte que l'ouverture est exactement fermée, ce qui produit en même tems l'avantage d'affermir l'anche & sa languette dans le corps de la noix.

Les tuyaux des jeux d'anches sont tous de figure conique, excepté celui du cromorne, & ordinairement d'étain. Leur fabrique est la même que celle des tuyaux de mutation ci - devant expliqués, à cette différence qu'on les roule sur un mandrin conique.

Avant de monter les anches sur les noix, on soude ces dernieresà la partie inférieure des tuyaux, qui est toujours le sommet du cône, & sur leur corps on soude l'anneau D, fig. 44, qu'on appelle bague. (Voyez Bague,) dont l'usage est de servir de guide à la rasette, qui passe par un petit trou fait à cet anneau, ainsi qu'on le voit dans la même figure, & le tuyau est entiérement achevé lorsque larasette y est placée.

La rasette est un fil de fer recourbé, comme on voit en Ff, fig. 53. La partie f de la rasette s'applique sur la languette, fig. 44; ensorte qu'en haussant ou baissant la tige de la rasette, sa partie f puisse glisser le long de la languette; ce mouvement sertià accorder l'anche.

La partie inférieure du tuyau C D fig. 44. se place dans une boîte, voyez Boite placée au - dessous.

Cette boîte est composée comme les tuyaux de mutation; d'un corps A qui est cylindrique & d'un pié conique, B, dont l'extrémité inférieure qui est

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.