ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"707"> posé un couvercle composé de plusieurs pieces d'assemblages, qui a le même usage que le panneau d'un soufflet, & chaque couvercle est formé avec un tel artifice qu'en s'écartant l'un de l'autre, ils se voutent en - dehors pour augmenter la capacité de la bouche, tandis qu'une de leurs pieces qui joue sur une espece de geuou, tient fermées les ouvertures des ouies, & ne les ouvre que pour donner passage à l'eau que l'animal a respiré, ce qui se fait dans le tems que le couvercle s'abat & se resserre: il y a deux muscles qui servent à soulever le couvercle, & trois qui servent à l'abattre & à le resserrer. On vient de dire que l'assemblage qui compose lacharpente des convercles, les rend capables de se vouter en dehors; il ne reste plus que deux circonstances à ajouter: la premiere est que la partie de ce couvercle, qui aide à former le dessous de la gorge, est plié en éventail sur de petites lames d'os, pour servir, en se déployant, à la dilatation de la gorge dans l'inspiration de l'eau: la seconde, que chaque couvercle est revétu par - dehors & pardedans d'une peau qui lui est fort adhérente. Ces deux peaux s'unissant ensemble, se prolongent au - delà de la circonsérence du couvercle d'environ deux à trois lignes, & vont toujours en diminuant d'épaisseur. Ce prolongement est beaucoup plus ample vers la gorge que vers le haut de la tête. Il est extremément souple pour s'appliquer plus exactement à l'ouverture sur laquelle il porte, & pour la tenir fermée au premier moment de la dilatation de la bouche pour la respiration.

L'artere qui sort du coeur se dilate de telle maniere, qu'elle en couvre toute la base. Ensuite se rétrécissant peu - à - peu,elle forme une espece de cone; à l'endroit où elle est ainsi dilatée, elle est garnie en - dedans de plusieurs colomnes charnues qu'on peut considérer comme autant de museles qui font de cet endroit de l'aorte un second coeur, ou du moins comme un second ventricule, lequel joignant sa compression à celle du coeur, double la fore nécessaire à la distribution du sang pour la circulation. Cette artere montant par l'intervalle que les ouies laissent entr'elles, jettent vis - à - vis de chaque paire de côtes de chaque côté une grosse branche qui est couchée dans la gouttiere creusée sur la surface extérieure de chaque côte, & qui s'étend le long de cette gouttiere d'une extrémite à l'autre du seuillet: voilà tout le cours de l'aorte dans ce genre d'animaux; l'aorte, qui dans les autres animaux porte le sang du centre à la circonsérence de tout le corps, ne parcourt de chemin dans céux - ci que depuis le coeur jusqu'à l'extrémité des ouies, où elle sinit. Cette branche fournit autant de rameaux qu'il y a de lames sur l'un & sur l'autre bord de la côte; la grosse branche se termine à l'extrémité de la côte, & les rameaux finissent à l'extrémité des lames, auxquelles chacun d'eux se distribue. Pour peu que l'on soit instruit de la circulation & des vaisseaux qui y servent, on sera en peine de savoir par quels autres vaisseaux on a trouvé un expédient pour animer & nourrir tout le corps, depuis le bout d'en bas des ouies jusqu'à l'extrémité de la queue: cet expédient paroîtra clairement, dès qu'on aura conduit le sang jusqu'à l'extrémité des ouies. Chaque rameau d'arteres monte le long du bordintérieur de chaque lames des deux feuillets posée sur chaque côte;c'est - à - dire, le long des deux tranchans des lames qui se regardent. Ces deux rameaux s'abouchent au milieu de leur longueur; & continuant leur route, parviennent à la pointe de chaque lame. Là chaque rameau de l'extrémité de l'artere trouve l'embouchure d'une veine; & ces deux embouchures, appliquées l'une à l'autre immédiatement, ne faisant qu'un même canal, malgré la différente consistance des deux vaisseaux, la veine s'abat sur le tranchant extérieur de chaque lame, & parvenue au bas de la lame, elle verse son sang dans un gros vaisseau véneux, couché près de la branche d'artere dans toute l'étendue de la gouttiere de la côte; mais ce n'est pas seulement par cet abouchement immédiat des deux extrémités de l'artere & de la veine, que l'artere se décharge dans la veine; c'est encore par toute sa route: c'est ainsi donc que le rameau d'arteres dressé sur le tranchant de chaque lame, jette dans toute sa route sur le plat de chaque lame de part & d'autre une multitude infinie de vaisseaux, qui, partant deux à deux de ces rameaux, l'un d'un côté & l'autre de l'autre, chacun de son côté va droit à la veine, qui descend sur le tranchant opposé de la lame, & s'y abouche par un contact immédiat. Dans ce genre d'animaux le sang passe donc des arteres de leur poumon dans leurs veines d'un bout à l'autre. Les arteres y sont de vraies arteres, & par leur corps, & par leur fonction de porter le sang. Les veines y sont de vraies veines, & par leur fonction de recevoirle sang des arteres, & par la délicatesse extrème de leur consistance. Il n'y a jusque - là rien qui ne soit dans l'économie ordinaire. Mais ce qu'il y a de singulier, c'est l'abouchement immédiat des arteres avec les veines, qui se trouve à la vérité dans les poumons d'autres animaux, sur tout dans ceux des grenouilles & des tortues; mais qui n'est pas si manifeste que dans les ouies des poissons. Voyez la régularité de la distribution qui rend cet abouchement plus visible dans ce genre d'animaux; car toutes les branches d'arteres montant le long des lames dressées sur les côtes, sont aussi droues & aussi également distantes l'une de l'autre que les lames, & en général la direction & les intervalles des vaisseaux tant montant que descendant, est aussi réguliere que s'ils avoient été dressés à la régle & espacés au compas; on les suit à l'oeil & au microscope. Cette distribution est fort singuliere, ce qui suit l'est encore davantage. On est en peine, avons - nous dit, de la distribution du sang, pour la nourriture & la vie des autres parties du corps de ces animaux. Nous avons conduit le sang du coeur par les arteres du poumon dans les veines du poumon; le coeur ne jettant point d'autres aiteres que celles du poumon, que deviendront les autres parties, le cerveau, les organes des sens, & tout le reste du corps? Ce qui suit le fera voir. Ces troncs de veines pleins de sang artériel, sortant de chaque côté par leurs extrémités qui regardent la base du crâne, prennent la consistance & l'épaisseur d'artere, & viennent se réunir deux à deux de chaque. Celle de la premiere côte fournit avant sa réunion des branches qui distribuent le sang aux organes des sens, au cerveau & aux parties voisines, & fait par ce moyen les fonctions qui appartiennent à l'aorte ascendante dans les animaux à quatre piés; ensuite elle se rejoint à celle de la seconde côte, & ces deux ensemble ne sont plus qu'un tronc, lequel coulant le long de la base du crâne, reçoit encore de chaque côté une autre branche formée par la réunion des veines de la troisieme & quatrieme paires de côte, & tout ensemble ne font plus qu'un tronc. Après cela ce tronc, dont toutes les racines étoient veines dans le poumon, devenant artere par sa tunique & par son office, continue son cours le long des vertébres en distribuant le sang artériel à toutes les autres parties, fait la fonction d'aorte descendante, & le sang artériel est distribué également par ce moyen à toutes les parties, pour les nourtir & les animer, & il rencontre par - tout des racines de veines, qui reprennent le résidu, & le portent par plusieurs troncs formés de l'union de toutes ces racines, au réservoir commun, qui doit [p. 708] le rendre au coeur. C'est ainsi que s'acheve la circulation dans ces animaux: voilà comment les veines du poumon deviennent arteres, pour animer & nourrir la tête & le reste du corps; mais ce qui augmente la singularité, c'est que ses veines mêmes des poumons, sortant de la gouttiere des côtes par leur extrémité qui regarde la paroi, conservent la tunique & la fonction des veines, en rapportant dans le réservoir de tout le sang veinal une portion du sang artériel qu'elles ont reçue des arteres du poumon. Comme le mouvement des machoires contribue aussi à la respiration des poissons, il ne sera pas hors de propos de faire remarquer que la supérieure est mobile, qu'elle est composée de plusieurs pieces, qui sont naturellement engagées les unes dans les autres, de telle maniere qu'elles peuvent, en se déployant, dilater & alonger la machoire supérieure. Toutes les pieces qui servent à la respiration de la carpe, montent à un nombre si surprenant, qu'on ne sera pas faché d'en voir ici le dénombrement. Les parties osseuses sont au nombre de 4386; il y a 69 muscles: les arteres des ouies, outre leurs huit branches principales, jettent 4320 rameaux, & chaque rameau jette de chaque lame une infinité d'arteres capillaires tranversales, dont le compte passe de beaucoup tous ces nombres ensemble. Il y a autant de nerfs que d'arteres; les ramifications des premiers suivent exactement celles des autres; les veines, ainsi que les arteres, outre leurs huit branches principales, en jettent 4320, qui sont des simples tuyaux, & qui, à la différence des rameaux des arteres, ne jettent point de vaisseaux capillaires transversaux. Quelque longue que soit la description que nous venons de transcrire, elle est si intéressante, que nous espérons n'avoir pas fatigué le lecteur.

Le sang qui est rapporté de toutes ces parties du corps des poissons, entre du réservoir où se dégorgent toutes les veines, dans l'oreillette, de - là dans le coeur, qui par sa contraction le pousse dans l'aorte, & dans toutes les ramifications qu'elles jettent sur les lames de l'ouie, & comme à sa naissance elle est garnie de plusieurs colonnes charnues fort épaisses, qui se resserrent immédiatement après; elle seconde & fortifie par sa contraction l'action du coeur, qui est de pousser avec beaucoup de force le sang dans les rameaux capillaires transversaux situés de part & d'autre sur toutes les lames des ouies. On a déja observé que cette artere & ses branches ne parcouroient de chemin que depuis le coeur jusqu'à l'extrémité des ouies, où elles finissent; ainsi, ce coup de piston redoublé doit suffire pour pousser le sang avec impétuosité dans un nombre infini d'artérioles, si droites & si régulieres, où le sang ne trouve point d'autre obstacle que le simple contact, & non le choc & les reflexions, comme dans les autres animaux, où les arteres se ramifient en mille manieres, sur - tout dans leur derniere subdivision: voilà pour ce qui concerne le sang dans le poumon. Voici comment s'en fait la préparation: les particules d'air qui sont dans l'eau, comme l'eau est dans une éponge, peuvent s'en dégager en plusieurs manieres. 1. Par la chaleur, ainsi qu'on le voit dans l'eau qui bout sur le feu. 2. Par l'affoiblissement du ressort de l'air qui presse l'eau où les parricules d'air sont engagées, comme on le voit dans la machine du vuide. 3. Par le froissement & l'extrème division de l'eau, sur - tout quand elle a quelque degré de chaleur. On ne peut douter qu'il n'y ait beaucoup d'air dans tout le corps des poissons, & que cet air ne leur soit fort nécessaire. Diverses expériences faites dans la machine du vuide le prouvent, & montrent en même tems que l'air qui est mêlé dans l'eau a la principale part à la respiration des poissons; on remarque aussi que lorsque la surface des étangs est gelée, les poissons qui sont dedans meurent plus ou moins vîte, suivant que l'étang a plus ou moins d'étendue ou de profondeur; & quand on casse la glace dans quelque endroit, les poissons s'y présentent avec empressement pour respirer cette eau impregnée d'un nouvel air. Ces expériences prouvent manifestement la nécessité de l'air pour la respiration des poissons. Voyons maintenant ce qui se passe dans le tems de cette respiration. La bouche s'ouvre, les levres s'avancent; par - là la concavité de la bouche est alongée, la gorge s'enfle; les couvercles des ouies, qui ont le même mouvement que les pannaux d'un soufflet, s'écartant l'un de l'autre, se voutent en - dehors par leur milieu seulement, tandis qu'une de leurs pieces qui joue sur une espece de genou tient fermées les ouvertures des ouies, en se soulevant toutefois un peu, sans permettre cependant à l'eau d'entrer, parce que la petite peau qui borde chaque couvercle, fermant exactement l'ouverture des ouies, tout cela augmente & élargit en tous sens la capacité de la bouche, & détermine l'eau à entrer dans sa cavité, de même que l'air entre par la bouche & les narines, dans la trachée artere & les poumons; par la dilatation de la poitrine dans ce même tems, les côtés des ouies s'ouvrent en s'écartant les uns des autres, leur ceintre est élargi, le sternum est écarté en s'éloignant du palais, ainsi tout conspire à faire entrer l'eau en plus grande quantité dans la bouche. C'est ainsi que se fait l'inspiration des poissons; ensuite la bouche se ferme, les levres, auparavant alongées, s'accourcissent, sur - tout la supérieure, qui se plie en évantail, la levre inférieure se colle à la supérieure, par le moyen d'une petite peau en forme de croissant, qui s'abat comme un rideau de haut en bas qui empêche l'eau de sortir, le couvercle s'applatit sur la baie de l'ouverture des ouies. Dans le même tems les côtes se serrent les unes contre les autres, leur ceintre se retrécit, & le sternum s'abat sur le palais; tout cela contribue à comprimer l'eau qui est entrée par la bouche, elle se présente alors pour sortir par tous les intervalles des côtés, & par ceux de leurs lames, & elle y passe comme par autant de filieres; par ce mouvement la bordure membraneuse des couvercles est relevée, & l'eau pressée s'échape par cette ouverture. C'est ainsi que se fait l'expiration dans les poissons; on voit donc par - là que l'eau entre par la bouche, & qu'elle sort par les ouies pat une espece de circulation, entrant toujours par la bouche, & sortant toujours par les ouies, tout au contraire de ce qui arrive aux animaux à quatre piés, dans lesquels l'air en sort alternativement par la même ouverture de la trachée - artere. Il y a encore divers usages des ouies par rapport à la route du sang, & à la préparation qu'il y reçoit, sur lesquels nous renvoyons à la piece d'où cet article est tirée, & qui se trouve dans les mémoires de l'acad. roy. des Sciences, an. 1704. p. 294. édit d'Amst.

Ouïe (Page 11:708)

Ouïe, (Séméiotiq.) les dérangemens qui arrivent dans l'exercice de ce sens sont souvent l'effet d'une maladie plus grave, ou de quelque altération survenue dans toute l'économie animale; cet effet peut servir dans certains cas de signe pour remonter à la connoissance des causes. L'ouïe peut cesser d'être dans l'état naturel, ou par une augmentation excessive, ou par une abolition totale, ou par une dépravation quelconque, la perte absolue ou la très grande diminution de l'ouïe est connue sous le nom particulier de surdité, nous renvoyons à cet article l'exposition des signes que cet état fournit dans le cours des maladies aiguës. Voyez Surdité. Nous allons indiquer en peu de mots les lumieres qu'on peut tirer des autres vices de ce sens sans entrer

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