ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Le changement qui ossifie insensiblement toutes les parties molles, est encore produit par de fréquens & violens exercices, par l'application des astringens, par le desséchement & par la vieillesse. Ce changement est suivi de roideur dans les parties qui étoient auparavant mobiles, & les effets qui en résultent, varient autant que les parties elles - mêmes sujettes à ces accidens. Il est totalement impossible de changer l'état d'une partie ossifiée; mais quelquefois à la faveur des fomentations laxatives, mucilagineuses, humectantes, onctueuses, tiédes, jointes à une douce friction de la partie, on vient à bout de lui procurer un certain degré de flexibilité.

Ce degré de flexibilité est tres - peu de chose, & ne réussit qu'à l'égard de quelques muscles externes; car il n'est point de moyen d'empécher l'ossification des parties solides internes; ainsi l'a voulu l'auteur de la nature. Tous les observateurs nous parlent d'ossifications, je ne dis pas seulement de membranes & de cartilages, mais de visceres & de vaisseaux. On a trouvé le cerveau, la dure - mere, le conduit auditif, l'oesophage, le coeur, le péricarde, les poumons, les reins, la rate, le foie, le pancréas, l'épiploon, l'artere carotide, l'aorte ossifiés. J'avois rassemblé plus de deux cens observations choisies sur ce sujet; mon recueil a péri dans un naufrage avec mes autres manuscrits physiologiques. (D. J.)

OSSIFRAGE (Page 11:689)

OSSIFRAGE. Voyez Orfraie.

Ossifrage, pierre (Page 11:689)

Ossifrage, pierre (Hist. nat.) lapis ossifragus; nom donné par quelques auteurs à la substance nommée plus communément ostéocolle. Voyez cet article.

OSSIFRAGNE (Page 11:689)

OSSIFRAGNE. Voyez Orfraie.

OSSIGI (Page 11:689)

OSSIGI, (Géog. anc.) ancienne ville d'Espagne dans la Betique. La contrée qui renfermoit cette ville est nommée dans Pline, liv. III. ch. j. Ossigitania; on oroit qu'Ossigi est présentement Mégibar, au royau ne de Jaen, entre Anduxar & Lixaarez. (D. J.)

OSSILAGO (Page 11:689)

OSSILAGO, s. f. (Myth.) déesse qui donnoit aux os des enfans de la force & de la vigueur.

OSSILEGIUM (Page 11:689)

OSSILEGIUM, (Littér.) ce mot latin signifioit proprement les os calcinés que le feu n'avoit point entierement consumé, & que l'on tiroit des cendres du bucher; ensuite on les enfermoit dans des urnes. Ce pieux devoir de tirer du bucher les os du defunt, étoit rendu par les parens, qui éteignoient le reste du feu avec du vin; & les petites urnes dans lesquelles on mettoit les os calcinés, se nommoient ossuaria. (D. J.)

OSTEOCOPE (Page 11:689)

OSTEOCOPE, s. m. (Médec.) se dit de certaines douleurs aiguës dans lesquelles il semble à ceux qui en sont attaqués qu'on leur brise les os.

Ce mot vient du grec O)S2E/ON, os, & de KO/PTEIN, couper, rompre, briser.

Elle vient d'une humeur acre qui picote la membrane dont les os sont revétus. Ceux que l'ostéocope affecte le plus ordinairement sont les scorbutiques & les vérolés.

OSSONOBA (Page 11:689)

OSSONOBA, (Géog. anc.) ancienne ville d'Espagne dans la Lusitanie. Ptolomée la nomme Ossonaba, & la met au pays des Turditains. Rodericus Carus croit que c'est présentement Estonbar; Colmenar pense que c'est le petit village nommé Estoi, & que la ville de Faro s'est formée des ruines d'Ossonaba; ce dernier paroît avoir raison. (D. J.)

OSSU, UE (Page 11:689)

OSSU, UE, adj. qui a de gros os. Cet homme est ossu.

OSSUNA ou OSSONA (Page 11:689)

OSSUNA ou OSSONA, (Géog.) les François disent Ossune ou Ossone; petite ville d'Espagne dans l'Andalousie avec titre de duché. Elle est à 6 lieues de Hardalès, 5 d'Exija. Longit. 12. 30. lat. 37. 8. (D. J.)

OST (Page 11:689)

OST, s. m. (Lang. franç.) Ce terme est fort commun dans nos anciens auteurs françois. Villehardouin, pag. 102. « Et ils respondirent que il nel poient faire par le commun de l'ost non, & cil en parleroient à cils de l'ost». Nos anciennes coutumes se servent de ce terme; elles font mention du service de l'ost, que le vassal doit en armes & chevaux, selon la condition de son fief, dit Raqueau. On ne peut pas douter que nos peres n'aient fait ost du latin hostis, dont les auteurs de la basse latinité se sont servi pour exprimer une armée. Ainsi on lit dans Grégoire de Tours, lib. II. Quo consitio accepto, hostem patrioe redire jubet ad propria. Et dans le ch. xxxvij. du même livre, sed quohiam pars hostium per territorium Turonicum transibat.

OSTABARES (Page 11:689)

OSTABARES, (Géog.) petite contrée de France dans la basse - Navarre, & qui n'a aucune ville. Ce n'est en effet qu'une vallée où le Bidouze, ruisseau, prend sa source. Le bourg d'Ostabac qui est sur la route de S. Jean - pié - de - port, donne le nom d'Ostabarès à ce petit pays. (D. J.)

OSTADE (Page 11:689)

OSTADE, s. f. (Commerce.) e pece d'étoffe ancienne & grossiere. Henri Erienne parle de manches de deux paroisses, moitié ostade, moitié velours; velours d'un pourpoint de trois paroisses, le corps de demi ostade, le bout des manches de cuir, le bas de velours.

OSTAGE (Page 11:689)

OSTAGE. Voyez Otage.

OSTAGER (Page 11:689)

OSTAGER, s. m. (Jurisprudence.) est le débiteur forain qui est arrêté prisonnier pour sureté de ce qu'il doit, on l'appelle ostager parce qu'il est retenu par forme d'ostage. Voyez le glossaire de Lauriere, au mot ostager. (A)

OSTALRIC (Page 11:689)

OSTALRIC, (Géog.) petite ville d'Espagne dans la Catalogne sur la riviere de Tordera, à 5 lieues de Girone, 8 de Barcelone, & à 4 de la mer. Long. 20. 20. lat. 41. 44. (D. J.)

OSTARDE (Page 11:689)

OSTARDE. Voyez Outarde.

OSTEITE ou OSTEOLITE (Page 11:689)

OSTEITE ou OSTEOLITE, (Hist. nat.) Voyez Osteocolle.

OSTENDE ou OOSTENDE (Page 11:689)

OSTENDE ou OOSTENDE, (Géog.) forte & considérable ville maritime des Pays bas dans la Flandre autrichienne, au quartier de Bruges, avec un bon port. Elle est sur la mer, à 4 lieues de Bruges, 3 de Nieuport, 6 de Dunkeique, & 3 de Bruxelles. Long. selon Cassini, 20. 21. 33". lat. 51. 10. 36".

Ostende n'étoit qu'un petit village en 814. Il devint bourg en 1072. Des pêcheurs l'entourerent d'une pallissade en 1372. Philippe le Bon l'environna de murailles en 1445. Enfin Ostende fut régulierement fortifiée en 1583 par le prince d'Orange, lorsqu'il étoit maître de Gand & de Bruges. Les Etats - Généraux l'ont cédée à l'empereur par le traité de Barriere conclu en 1715.

Entre les événemens qui regardent cette ville, il n'en est point de plus fameux que son siége par les Espagnols. Il leur en couta plus de 80 mille hommes, & les assiégés, dont la garnison fut renouvellée plusieurs fois, perdirent au - delà de 50 mille hommes. Le siege dura plus de trois ans; car il commença le 5 Juillet 1601, & Ambroise Spinola prit la place le 14 Septembre 1604. Tout le monde ne sait pas les beaux vers que Grotius composa sur cette malheureuse ville avant la capitulation; les voici.

Area parva ducum, totus quam respicit orbis, Celsior una malis, & quam damnare ruinoe, Nunc quoque fata timent; alieno in littore resto. Tertius annus abit: toties mutavimus hostem, Soevit hyems pelago, morbisque furentibus oestas: Et minimum est quod fecit iber. Crudelior armis, In nos orta lues: nullum est sine funere funus: Nec perimit mors una semel. Fortuna, quid hoeres? Quâ mercede tenes mistos in sanguine manes? [p. 690] Quis tumulos moriens hos occupet, hoste perempto Quoeritur, & sterili tantum de pulvere pugna est. Ces vers surent traduits en françois par Duvair, par Nicolas Rapin & par Malherbe; mais aucune de ces traductions ne vaut l'original. (D. J.)

Ostende (Page 11:690)

Ostende, compagnie d, (Com. marit.) fameuse compagnie des Pays - bas autrichiens qui se forma en 1718, & dont personne un peu instruit des affaires de comme e, n'ignore le sort.

Rien n'étoit mieux conçu que le plan de cette société. Le fonds fut arrêté à six millions de florins argent de change, divisé en 6 mille actions, de mille florins chacune. Les directeurs fixés au nombre de 8, furent choisis parmi les plus riches & les plus habiles négocians du pays, pour rester seulement six ans en direction. Le principal établissement aux Indes devoit être à Sandraspatan, frontiere des royaumes de Gingi & de Carnate, sur la côte de Coromandel, & l'empereur du Mogol avoit permis à la compagnie de bâtir un fort dans ses états. Le retour des marchandises devoit aborder à Bruges ou à Ostende, & être vendu dans une de ces deux villes.

Cette société formée dans l'espérance assurée d'obtenir la concession du prince, arma d'abord quelques vaisseaux pour l'Orient. Son crédit augmentant, elle multiplia le nombre de ses vaisseaux, elle en envoya cinq en 1720, six autres en 1721, & fit une vente en 1722, qui la mit en état de continuer son commerce avec succès. En 1723 elle eut son octroi gratis de l'empereur pour trente ans, avec les privileges les plus nobles & les plus amples qu'aucune compagnie de commerce ait encore reçue de son souverain. Non - seulement L. M. I. firent pour trois années la remise des droits d'entrée & de sortie, mais elle y ajouta un don gratuit de 300 mille écus pour favoriser ses premier commencemens. Aussi - tôt après l'enregistrement des lettres patentes, les livres furent ouverts pour les souscriptions, & elles furent remplies en un seul jour; sur la fin du même mois elles gagnoient déja 12 à 15 pour cent.

Ces brillans avantages causerent la chute de cette compagnie; car en même tems qu'ils enflerent le coeur de toutes les personnes qui y étoient intéressées, ils augmenterent la jalousie des compagnies hollandoises des Indes orientales & occidentales, qui ne pouvant plus voir de si puissans & de si voisins compétiteurs, prêts à partager leur commerce, demanderent aux Etats - Généraux la liberté de le maintenir par la force, assurés du succès de leur requête, du soutien de l'Angleterre, & tout au - moins de la neutralité de la France.

Lorsque l'empereur gagna la bataille de Belgrade, on ne fut point inquiet des conquêtes qui pouvoient en être la suite; mais quand on le vit disposé à soutenir la compagnie d'Ostende, on en fut alarmé: la France même défendit à ses sujets de s'intéresser dans cette compagnie. Ce fut bien pis après l'expédition des lettres - patentes, revêtue de toutes les graces qui pouvoient leur donner du poids; alors les puissances maritimes ne garderent plus de ménagement; elles menacerent l'empereur de la guerre la plus opiniâtre, & leurs menaces devinrent l'objet de l'agitation de l'Europe en 1725; enfin, comme tout étoit prêt à s'armer, l'empereur prit le parti qu'impose la nécessité, celui de céder à la force, & de suspendre son octroi. On comprend bien que l'inaction de la compagnie d'Ostende depuis ce tems - là jusqu'à ce jour 1760, est une suppression réelle sous un nom plus adouci; & les négocians des Pays - bas autrichiens ne sauroient encore s'en consoler.

Il est vrai que l'empereur n'étoit pas trop fondé dans ses prétentions. On avoit stipulé dans les trai<cb-> tés d'Utrecht, & dans celui de la Barriere, conclu à Anvers en 1715, qu'il ne posséderoit les Pays - bas espagnols, qu'avec les mêmes droits & les mêmes prérogatives que Charles II. les avoit possédés. Or ce prince ne pouvoit pas établir dans ses domaines une compagnie pour le commerce des Indes; d'où il résulte que son successeur étoit astreint à la même clause; mais quand Charles VI. auroit pu, avec justice, défendre sa compagnie d'Ostende, il est vraissemblable que cet établissement auroit allumé le seu d'une guerre ruineuse, & que sa nouvelle compagnie n'auroit jamais pû se soutenir. (D. J.)

OSTENSIF (Page 11:690)

OSTENSIF, adj. (Gram.) qui peut être montré. Il y a des lettres secrettes qui ne sont que pour celui à qui elles sont adressées; & des lettres ostensives, qu'il faut montrer comme les seules qu'on ait reçues.

OSTENTATION (Page 11:690)

OSTENTATION, s. f. (Morale.) parade de ses qualités, de ses talens, ou de ses actions. Si cette parade est fausse, elle nous rend le jouet de nos folies, & nous couvre de ridicule. Si elle est fondée, mais sans faste injurieux pour les autres, c'est un vernis qui a la propriété d'embellir & de conserver ce qui en est digne. La vertu, faut - il le dire, a quelquefois besoin de se faire valoir pour être remarquée. Cicéron se trouva dans des conjonctures où il lui convenoit de parler de lui - même & de ses services avec quelque ostentation. Elle réussit d'ordinaire dans les républiques, rarement à la cour des rois, ou dans un corps de senateurs aristocratiques. Elle ne sied pas mal à un général couronné de lauriers. Pour faire aimer la belle gloire aux troupes, il y faut mêler un peu de la fausse. La bravoure des soldats est toute dans les yeux ou dans la voix de celui qui les commande. Ils ont besoin pour marcher qu'on leur enfle le coeur de vaines promesses & de magnifiques projets. (D. J.)

OSTEOCOLLE (Page 11:690)

OSTEOCOLLE, s. f. (Hist. nat.) c'est ainsi qu'on nomme une substance fossille, qui ressemble parfaitement à des racines d'arbres pétrifiées. Elle est ordinairement inégale & raboteuse, d'un blanc jaunâtre, cependant dans quelques parties elle est quelquefois blanche comme de la neige, tandis que d'autres parties sont grises ou noirâtres. Cette substance ne se trouve que dans des terreins arides & sablonneux; elle est d'une forme cylindrique; on en trouve depuis la grosseur d'une plume, jusqu'à celle du bras ou de la cuisse. Le tissu de cette substance est moins compacte au centre que vers l'extérieur ou l'écorce: quelques morceaux paroissent avoir leur centre rempli de petits trous comme l'intérieur des os. Les gros morceaux ou racines ont moins de consistance & de solidité que les petits. En général l'ostéocolle est tendre & fragile tant quelle est en terre, ce qui fait qu'on a beaucoup de peine à la tirer en grands morceux, mais elle acquiert de la consistence lorsqu'elle a été exposée à l'air.

Les naturalistes ont été très - embarrassés pour connoître la nature & l'origine de l'ostéocolle, quelques-uns l'ont pris pour une concrétion spathique, d'autres l'ont regardé comme une espece de tuf ou d'inscrustation; d'autres ont cru que c'étoit des ossemens calcinés ou pétrifiés à cause de sa forme & de son tissu. Ferrante Imperato en a très - bien jugé lorsqu'il a dit que c'étoit une racine changée en une pierre tendre & mélée de sable. En effet cela est conforme aux observations & aux expériences les plus récentes qui ont été faites sur l'ostéocolle; elles sont dûes à M. Gleditsch de l'académie de Berlin; il a examiné cette substance qui se trouve très - communément dans la Marche de Brandebourg, & le célebre M. Marggraff en a fait l'analyse chimique. Voyez les mémoires de l'académie royale de Berlin, année 1748.

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