ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"635"> pû calciner: on écume ensuite le métal fondu, en sorte qu'il ne reste plus de scories; & lorsqu'il est refroidi au point qu'un papier ne s'y emflamme plus, on le puise avec une cuillere, & on le verse dans le rable, dont on a couvert le fond d'une feuille de papier pour garantir le coutil. Pendant cette opération, un ouvrier appuie sur le rable pour empêcher que la pesanteur du métal ne le fasse couler avant qu'il en soit suffisamment rempli.

On connoît qu'il est tems de tirer la table d'étain, lorsqu'on s'apperçoit qu'il commence à grener, c'est - à - dire lorsqu'il se forme de petits grains à sa surface, comme lorsqu'il commence à se figer; au contraire, le plomb doit être tiré le plus chaud qu'il est possible, sans cependant qu'il puisse enflammer un rouleau de papier que l'on y plongeroit.

Pour tirer la table d'étain ou de plomb, on conduit le rable, rempli de métal fondu, le long de la table couverte de coutil, soit en le tirant en marchant à - reculons, ou en le poussant en marchant devant soi, & en appuyant sur le rable. Lorsqu'il est arrivé au bas de la table, on laisse tomber par terre ou dans une auge, qui est placée vis à - vis, le reste du métal.

Par cette opération le métal fondu que le rable contient, s'attache à la table, & y forme une feuille plus ou moins épaisse, selon que l'on a tiré le rable plus ou moins vîte, ou que la table est moins ou plus inclinée.

Les tables ainsi tirées, on les laisse refroidir. On ébarbe ensuite celles d'étain, dont les bords sont entourés d'un grand nombre d'aiguilles, qui blesseroient les ouvriers sans cette précaution: on les roule pour s'en servir, ainsi qu'il sera dit ci apres On continue de même jusqu'à ce que la fonte soit épuisée.

Les plus grandes tables que l'on fasse de cette maniere sont de 16 piés de long, sur 3 piés de large, ou seulement de 18 pouces. Si les tuyaux sont de deux pieces, ainsi que cela se pratique ordinairement, lorsque les tuyaux ont une certaine grandeur; on conçoit bien par conséquent que la table & le rable doivent être d'une grandeur proportionnée.

Lorsque le coutil dont la table est couverte est neuf, les tables qui sont coulées dessus sont ordinairement défectueuses, soit parce que l'humidité du coutil cause de petits bouillons, ou parce que les petits poils qui les rendent velues font le même effet, on est obligé de couper les tables, & de les remettre à la sonte.

Après queles tables ont été coulées, ainsi qu'il a été dit, on les forge, on plane sur un tas avec le marteau, représenté fig 62. Ce marteau est rond, plan par une de ses extrémités pour planer, & un peu convexe par l'autre pour forger. L'effet de ces deux opérations est d'écrouir le métal, & par conséquent en le rendant plus roide, le rendre plus propre à soutenir la forme que l'on lui donne dans l'emploi qu'on en fait. On saura aussi que l'étain est très dur à forger, au lieu que le plomb est très - doux.

Après que les tables sont forgées & planées, on les étend sur un établi qui doit être bien uni, en les frappant avec une batte. Voyez Batte, & la fig. 65. Les tables de plomb ainsi étendues sont bruntes avec le brunissoir d'acier, fig. 64. voyez Brunissoir. Après cette opération elles sont entierement achevées: celles d'étain au contraire demandent un peu plus de travail. Après qu'elles sont etendues sur l'établi avec la batte, on les rabotte avec la galere, voyez Galere, & la fig. 63. qui la représente. Cette gaiere est un rabot dont la semelle est de fer, & dont le fer est presque à - plomb. La raison de cette disposition est que si le fer étoit oblique, il mordroit trop, & emporteroit la piece; au lieu qu'il faut qu'il ne fasse que racler un peu fort, & emporter des copeaux légers. Par cette opération on égalise les tables d'épaisseur, ce qui s'acheve avec le racloir des ébénistes. Voyez Racloir. Cette opération se fait des deux côtés de la table d'étain; car pour celles de plomb, on ne les rabote que quand elles sont plus épaisses à un endroit qu'à l'autre; & le côté raboté des tables de plomb se met toujours en dedans du tuyau.

On doit observer aussi que pour raboter l'étain, on doit graisser un peu la semelle de la galere; & que pour le plomb on doit le mouiller avec de l'eau, & en remettre souvent; car plus le plomb est mouillé, plus la galere emporte de forts copeaux.

Après toutes ces opérations, on polit les tables d'étain en cette maniere. On prend de l'eau & du savon; on met de l'eau sur la table, & on la frotte avec le savon: on brunit ensuite avec le brunissoir, qui doit être très - poli: on enduit pour cela une planche de sapin de potée & d'huile; on frotte le brunissoir dessus jusqu'à ce qu'il soit bien poli; on l'essuie avec un morceau de serge, & on brunit ensuite la table d'étain en la frottant dans toute son étendue avec le brunissoir.

Lorsque la table est bien également brunie, on écrase du blanc - d'Espagne que l'on seme dessus; on frotte ensuite avec un morceau de serge jusqu'à ce que la table soit bien éclaircie: alors elle est entierement achevée de polir. On se doute bien qu'on ne polit ainsi que le côté qui doit se trouver en - dehors du tuyau; car polir le dedans seroit un travail superflu, & même on ne polit que l'étain qui doit servir à faire les tuyaux de montre, c'est - à - dire ceux qui paroissent au - dehors.

Le cuivre dont on se sert dans la fabrique des orgues, est du laiton réduit en table de différentes épaisseurs, & en fil.

Le fer sert à faire les pattes des rouleaux d'abrégé, & à divers autres usages que nous expliquerons ciaprès, en spécifiant de quelles matieres sont les différentes parties de l'orgue.

Après avoir parlé des matieres dont un orgue est composé, & avoir expliqué leur apprêt, nous allons traiter de l'emploi qu'on en fait, en expliquant les différentes parties qui composent un orgue.

Le fût d'orgue ou buffet, est un ouvrage de menuiserie fait de bois de vauge ou d'Hollande, si l'on veut, divisé en plusieurs parties. Les parties saillantes arrondies I N, fig. I. Pl. d'orgue, s'appellent tourelles; les parties K L M N plates, entre les tourelles, s'appellent plates - faces; leur forme & grandeur sont arbitraires: en effet, elles sont autant variées qu'il y a d'orgues dans le monde; on observe cependant que le nombre des tourelles soir impair, & on en place une dans le milieu, & deux aux extrémités. On eurichit ce bafiet d'autant d'ornemens de sculpture que l'on veut, comme par exemple, de figures, de termes, ou de cariatides qui soutiennent les tourelies sur leurs épaules ou leur rête; de différens grouppes d'enfans placés au dessus des tourelles, qui tiennent divers instrumens de musique dont ils paroistent jouer; enfin de tous les différens ornemens que l'imagination peut fournu, & qui sont compatibles avec le licu où l'orgue doit être placé. Celui qui est représenté dans la premiere Planche est un des plus simples que l'on puisse faire; mais nous avons préferé de le faire de la sorte, à le charger d'ornemens, parce qu'il s'est trouvé plus convenable pour nos explications; c'est même la raison pour laquelle nous l'avons représenté comme coupé en deux, afin qu'on pût voir quelques - unes des parties intérieures de l'orgue.

Dans les grandes orgues d'églises, il y a ordinairement au - devant du buffet de l'orgue, un autre petit [p. 636] buffet ou petit orgue, qu'on appelle positif, pour le distinguer de l'autre buffet qu'on appelle grand orgue. Ce positif est ordinairement à trois tourelles, & le grand orgue à cinq, sept, neuf, ou davantage, auquel cas le positif est à cinq. La figure C D F E, qui est le plan du positif, fait voir sa situation par rapport au grand orgue; & c'est entre ces deux buffets que se place l'organiste.

La situation des orgues dans les églises est sur un lieu élevé, comme par exemple, sur quelque tribune, au - devant du balustre de laquelle, le positif avance en saillie.

Derriere la face du buffet d'orgue sont placés horizontalement deux sommiers a b c, au - dessus desquels sont placés les faux sommiers d e l g, percés d'autant de trous qu'il y en a dans le sommier. Ces trous, autravers desquels passent les tuyaux dont le pié répond sur le sommier, servent à les maintenir dans la siiuation verticale qu'ils ont tous. Voyez l'article Sommier, où sa construction & son usage sont expliqués fortaulong, & les fig. 2. jusqu'à 14. qui en font voir tous les développemens. Nous dirons seulement ici que les gravures ou conduits K L, fig. 2. sont horizontaux, & que leur direction est perpendiculaire à la face du fût d'orgue, que les registres M N, fig. 10. croisent en angles droits les gravures, & par conséquent qu'ils sont paralelles à la face du buffet. Le nombre des gravures est égal à celui des touches du clavier. On saura aussi qu'il y a autant de sommiers qu'il y a de claviers; ainsi si un orgue a deux, trois, quatre, cinq claviers, le nombre des sommiers est le même, & ils sont placés dans le buffet ainsi que nous dirons ci - après.

Des claviers. Les claviers des orgues n'ont ordinairement que quatre octaves, auxquelles on ajoute quelquefois un d la ré en haut & un a mi la en bas. Voyez l'article Clavier; ou leur facture & usage est expliqué, & les fig. 15, 16, 17, 18, 19.

Des abrégés. Les claviers communiquent aux sommiers par des abrégés, ainsi leur nombre est égal à celui des claviers. Voyez Abregé. Il en faut pourtant excepter le clavier & le sommier du positif qui communiquent l'un à l'autre par le moyen des bascules, appellées par cette raison, bascules du positif, & des pilotis. Voyez ces mots à leurs articles; & celui des cornets qui communiquent ordinairement par des bascules brisées, voyez Bascules brisées.

L'abrégé du grand orgue est placé dans l'intérieur entre le clavier & les sommiers; sa planche est adossée à la face du buffet, en sorte que les targettes qui descendent de l'abrégé au clavier, & celles qui montent de l'abrégé au sommier soient toutes dans un même plan paralelles à la face du fût d'orgue: l'abrégé du clavier de pédales est entre ce clavier & le clavier du grand orgue; quelquefois il est double, c'est - à - dire que les rouleaux de cet abrégé font mouvoir les rouleaux d'un autre abrégé qui communique par ses targettes ou fil de fer, aux soupapes des sommiers des pédales.

Le vent sorti des soufflets (voyez Soufflets), est porté aux laies des sommiers par de grands tuyaux de bois, qu'on appelle porte - vents: il ne peut en sortir que lorsque l'on baisse une touche du clavier, qui fait ouvrir la soupape correspondante; alors il entre dans la gravure du sommier: cependant il ne fera parler aucun tuyau, si aucun des registres n'a du vent. Ainsi l'on voit qu'il est nécessaire d'avoir quelque machine qui puisse ouvrir ou fermer les registres à volonté. La méchanique qui accomplit cette indication s'appelle mouvement, voyez Mouvement, quoiqu'il y ait bien d'autres parties mobiles dans l'orgue.

Il faut bien remarquer que les tuyaux qui cou<cb-> vrent un sommier sont rangés dans deux directions; l'une, selon celle du registre; la suite des tuyaux prise en ce sens, constitue ce qu'on appelle un jeu, & que leur nombre est égal à celui des touches du clavier; que la suite des tuyaux étant prise dans le sens de la gravure, n'est composée que d'un tuyau de chaque jeu; ainsi sur la même gravure répondent tous les ut des différens jeux; sous une autre gravure tous les des différens jeux, &c.

On a entendu ci devant comment le vent porté des soufflets dans la laie entre dans une gravure; on peut entendre à présent qu'il ne fera parler qu'un seul tuyau d'un seul jeu, s'il n'y a qu'un seil registre d'ouvert; qu'il fera parler deux tuyaux de deux jeux différens, s'il y a deux registres ouverts, ainsi du reste.

De la fabrique des jeux de l'orgue. Premierement des jeux qui se font de bois. Tous les tuyaux de bois qui entrent dans la composition d'un orgue sont tous semblables; ils ne different les uns des autres que par leur grandeur, que l'on regle sur le diapason, voyez Diapason. Un tuyau de bois, tel que celui qui est représenté, fig. 30. Pl. d'orgue, est composé de quatre planches de bois d'Hollande assemblées, à rainure & languettes, ainsi que la fig. 52. le fait voir. Ces quatre planches sont fortement collées, & d'une épaisseur proportionnée à la grandeur du tuyau: elles doivent former un quarré parfait dans leur intérieur, que l'on ferme par le bas par une piece de bois quarrée 22, percée en son milieu d'un trou pour recevoir le pié A, qu'on appelle contre biseau, parce qu'elle est opposée au biseau C, qui est une autre planche qui traverse le tuyau, & qui est ébiselée en - dessous, comme la figure le fait voir. La piece 3 s'appelle levre inferieure, & le petit vuide qui est entre le biseau & la levre inférieure s'appelle lumiere; l'ouverture 34 entre la levre inférieure & la supérieure 4 5, taillée en biseau, qu'on appelle bouche, doit être le quart de la largeur b b fig. 30. n°. 1. On forme la levre supérieure o par deux traits de scie x y x y, qui vont en diminuant de profondeur de y en x; on enleve avec le ciseau tout le bois superflu, en sorte que cette levre b x x b soit un quarré parfait, & qu'elle aille en biseau 5 4, comme le profil le fait voir. Cette opération se fait avant que de coller le tuyau, que l'on ferme par le haut avec un tampon E F, qui est une piece de bois quarrée couverte de peau de mouton, le côté velu en - dehors afin de fermer exactement l'ouverture; ce tampon a un manche ou poignée F, pour pouvoir le retirer ou enfoncer facilement dans le tuyau pour accorder.

Reste maintenant à expliquer la formation du son dans les tuyaux soit ouverts ou fermés: nous commencerons par celle des tuyaux ouverts, en supposant seulement que le son ne consiste que dans les ondulations élastiques des parties de l'air, ainsi que cela est universellement reconnu; que l'air est un corps qui peut être plus ou moins condensé, & qu'il a une force d'inertie, voyez l'article Air. L'air chassé par les soufflets, & qui est chargé de tout leur poids, entre dans le tuyau D E par le pié A placé dans le sommier, passe dans la chambre B, sort ensuite par la lumiere 3 c, ensuite se partage en deux parties; l'une sort hors du tuyau & se perd en F, l'autre entre dedans, passe par D vers E, où nous supposerons que le tuyau est ouvert.

L'air qui vient des soufflets dans le sommier est beaucoup plus condensé que l'air extérieur, en vertu de son élasticité, fait effort en tout sens pour se dilater, mais il ne le peut que par l'ouverture du pié A; ainsi il sort par cette ouverture & agit sur l'air contenu dans la chambre B, qu'il condense à son tour; celui - ci condensé fait effort pour se rétablir, mais il ne peut se dilater qu'en sortant par la lumiere

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