ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"673"> orties en mâle & en femelle. L'ortie mâle porte sur des piés qui ne fleurissent point, des capsules pointues, formées en ser de pique, brulantes au toucher, qui contiennent chacune une semence ovale applatie, luisante. L'ortie femelle ne porte que des fleurs, & ne produir aucun fruit; ce qui est une maniere de parler usitée seulement chez le vulgaire: car les Botanistes appellent propre ent fleurs mâles celles qui ne sont point suivies de graines, & leurs semelles celles qui en sont suivies.

Cette plante croit presque par tout en abondance, particulierement aux lieux incultes & sabloneux, dans les hayes, dans les sossés, contre les murailles, dans les bois mêmes & dans les jardins; elle fleurit en Juin, & la graine mûrit en Juillet & Août. Ses feuilles se flétrissent ordinair ement tous les ans en hiver; mais sa racine ne périt point, & repousse de nouvelles feuilles des le premier printems. On fait usage en médecine de ses racines, de ses feuilles & de ses semences. On peut aussi faire de la toile de ses tiges, comme l'on en fait de celles de chanvre. L'ortie commune varie quelquefois pour la couleur de ses tiges, de ses racines & de ses feuilles; on l'appelle alors ortie rouge, ortie jaune ou panachée.

La petite ortie, ou l'ortie griesche, est nommée urtica urens minor, par C. B. P. 232, & par Tournesort. Inst. R. H. 535. Sa racine est simple, assez grosse, blanche, garnie de petites fibres, annuelle. Elle pousse des tiges hautes d'un demi pié, assez grosses, quarrées, dures, cannelées, rameuses, piquantes, moins droites que celle de la précédente. Ses feuilles naissent opposées deux à deux, plus courtes & plus obtuses que celles de la grande ortie, profondément dentelées le long des bords, fort brulantes au toucher, d'un verd - brun enfoncé, attachées à de longues queues. Ses fleurs sont à étamines disposées par petites grappes en forme de croix dans les aisselles des feuilles, de couleur herbeuse, les unes mâles ou stériles, les autres femelles ou stériles, toutes sur le même pied. Lorsque ces dernieres sont passées, il leur sucede de petites capsules formées à deux feuillets appliqués l'un coutre l'autre, qui enveloppent chacune une semence menue, oblongue, applatie, luisante, roussâtre. Cette plante croît frequemment le long des maisons, parmi les décombres des bâtimens, dans les jardins potagers, où elle se renouvelle tous les ans de graine, ne pouvan endurer la rigueur de l'hiver. L'herbe est sur tout d'usage en Médecine.

L'ortie romaine, autrement l'ortie grecque, ou l'ortie mâle, est nommée urtica urens, pilulas ferens, prima Dioscoridis, semine lini, par C. B. P. 232, & par Tournefort, I. R. H. 535. Ses feuilles sont larges, pointues, profondément dentelées en leur bord, couvertes d'un poil rude, brillant & brûlant. Ses fleurs naissent des aisselles des feuilles vers les sommités de la tige & des branches, semblables à celles des deux especes précédentes. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des globules ou pilules vertes, qui sont autant de petits fruits ronds gros comme des pois, tout hérissés de piquan, attachés à de longs pédicules, composés de plusieurs capsules qui s'ouvrent en deux parties, & renferment enacune une semence ovale, pointues, applatie, lisse, glissante & douce au toucher comme de la graine de lin. Cette plante croît aux pays froids, comme aux pays chauds, dans les hayes, dans les prés, dans les bois taillis & ombrageux, est plus rare que les deux autres, & on la feme pour le plaisir dans les jardins; elle fleurit en été, & sa graine mûrit en Juillet & Août; elle ne soutient point l'hiver, & périt tous les ans. Sa semence est sur - tout en usage.

J'ai répété continuellement, que les feuilles d'orties piquantes sont chargées de pointes aiguës qui penetrent la peau quand on les touche, & causent de la chaleur, de la douleur & de l'enflure. On croyoit autrefois que ces symptômes devoient s'attribuer aux piquans qui restoient dans la blessure qu'ils faisoient, mais le microscope a découvert quelque chose de bien plus étonnant dans cette plante. Il montre que ces piquans sont formés pour agir de la même maniere que les aiguillons des animaux. En effet chacun de ces piquans est un corps roide, creux, & terminé dans une pointe très - aiguë, avec une ouverture à son extrémité. Au fond de cette pointe est une vésicule pellucide contenant une liqueur limpide, qui lors qu'on touche le moins du monde, coule à l'extrémité; & si cette liqueur entre dans la peau, elle produit les accidens ci - dessus mentionnés par la pointe de ses sels, de - là vient que les feuilles d'ortie, quand elles ont été un peu séches au soleil, ne piquent presque point du tout. (D. J.)

Ortie (Page 11:673)

Ortie, (Méd.) On emploie indifféremment en médecine trois especes d'ortie; la grande ortie piquante, ou ortie commune; la petite ortie ou ortie grieche; & l'ortie romaine, ortie grecque, ou ortie mâle.

On croit que l'ortie en latin urtica, a été ainsi nommée du mot latin urere, bruler, parce que cette plante est courte, d'un poil fin, aigu & roide, qui étant appliquée à la peau fait éprouver un sentiment de brulure, & excite en effet de la chaleur, de la rougeur, de la démangeaison & des pustules. Ces accidens sont passagers, & on peut les adoucir chez ceux qui sont très - délicats ou très - impatiens, en frottant legerement la partie avec de l'huile d'olive, d'autres disent le suc de tabac, une feuille d'ortie pilée, ou le suc exprimé de la même plante: mais ce dernier secours a quelque chose de mystérieux, d'ociulte, capable d'ébranler la confiance des personnes raisonnables, & celles qui sont versées dans ces matieres peuvent conjecturer avec vraissemblance qu'un suc purement extractif quelconque, feroit ici tout aussi - bien que le suc d'ortie. Au reste cet effet de l'ortie appliquée à la peau, a été procuré à dessein par les anciens Médecins & par quelques modernes, & mis au rang des ressources thérapeutiques ou des remedes. Ce secours est connu dans l'art sous le nom d'urtication. Voyez Urtication.

Les feuilles & les racines d'ortie ont un goût fade, gluant & legérement stiptique. Le suc de ces parties dépuré par le repos ou à l'aide d'une courte ébullition, est employé fort communément à la dose de deux jusqu'à quatre onces dans le crachement de sang, l'hémorragie habituelle du nez, & le flux trop abondant des hémorrhoïdes. On le donne aussi pour les fleurs blanches, mais ordinairement avec beaucoup moins de succès.

L'infusion théïforme des feuilles d'ortie est d'ailleurs recommandée contre le rhumatisme, la goutte, la gravelle, &c. & sa décoction pour boisson ordinaire pour les fievres malignes, la petite - verole & la rougeole; ses feuilles pilées & réduites en cataplasme, & appliquées sur le côté contre la plurésie, &c. mais tous ces éloges sont peu confirmés par l'expérience, & l'ortie est peu employée dans tous ces cas.

On emploie aussi quelquefois cette plante réduite sous forme de cataplasme pour les affections inflammatoires extérieures, & c'est encore - là un secours peu usité.

La semence d'ortie qui est peu ou point employée dans les prescriptions magistrales, entre dans [p. 674] quelques compositions officinales, telles que le sirop de guimauve composé, l'onguent martiatum, &c.

Ortie puante (Page 11:674)

Ortie puante, (Botan.) genre de plante nommée par Tournefort galeopsis. Voyez ce mot.

Les deux principales especes de ce genre de plante, sont la grande & la petite ortie puante.

La grande ortie puante, galeops procerior, foetida, sulcata, J. R. H. 185, pousse une racine qui rampe sur terre, & donne quelques fibres grêles qui sortent de ses noeuds. Ses tiges sont hautes d'une coudée ou d'une coudée & demie, quarrées, velues, creuses, branchues. Ses feuilles sont deux - à - deux, opposées, un peu plus larges que celles de la grande ortie ordinaire, pointues, couvertes d'un duvet mol, dentelées à leur bord, portées sur de longues queues, mêmes celles qui naissent des tiges. Ses fleurs naissent à l'extrémité des tiges & des rameaux, disposées par anneaux écartés, & forment des épis longs & grêles: elles sont d'une seule piece, en gueule, purpurines; la levre supérieure est creusée en cuilleron, & marquée en - dessus de lignes blanches; & l'inférieure est partagée en trois, dont le segment du milieu est obtus, long, large, réfléchi des deux côtés, & les deux autres sont petits & courts. Les étamines sont purpurines, & répandent une odeur fétide & forte. Le calice est découpé en cinq parties, court, évasé; il en sort un pistil attaché à la partie postérieure de la fleur en maniere de clou, & comme accompagné de quatre embryons qui se changent en autant de graines oblongues, d'une grandeur médiocre, noires quand elles sont mûres, cachées dans le fond du calice. Toute cette plante a une odeur fétide & fort désagréable: elle est d'usage. Elle vient communément aux environs de Paris. Cette ortie a une odeur fétide de bitume, avec un goût d'herbe un peu salé & astringent. On met cette plante au rang des vulnéraires, & on emploie l'huile dans laquelle on a macéré ses feuilles & ses fleurs pour la brûlure.

La petite ortie puante, galeopsis palustris betonicoe folio, flore variegato, J. R. H. 185, jette une racine noueuse, rampante, inégale & bosselée. Ses tiges sont hautes de deux ou trois coudées, un peu rougeâtres, velues, rudes, quarrées, creuses. Ses feuilles naissent des noeuds, opposées, étroites, pointues, velues, molles, traversées en - dessous par une côte rougeâtre, un peu rudes, dentelées à leurs bords, d'une odeur forte, d'une saveur un peu amere. Ses fleurs sont disposées en épi & par anneaux, d'une seule piece, en gueule, purpurines, ayant les lévres panachées: leur calice est court, partagé en cinq quartiers: les graines sont au nombre de quatre, noires, luisantes, presque triangulaires. Cette plante vient naturellement dans les forêts humides, & sur le bord des ruisseaux.

Les feuilles de petite ortie puante sont ameres & fétides; leur suc ne change presque point le papier bleu: elle paroissent contenir un sel essentiel ammonical, enveloppé dans beaucoup d'huile. On donne à cette plante les mêmes vertus qu'à la précédente. (D. J.)

Orties de mer (Page 11:674)

Orties de mer, poissons - fleurs, urticoe, (Hist. nat. Ichtiolog.) insectes de mer dont il y a un grand nombre d'especes qui different entr'elles par la forme, par la couleur & par la nature de leur substance. Les anciens auteurs, tels qu'Aristote, Pline, &c. prétendoient que la plûpart des orties de mer restoient toujours attachées aux rochers, comme les plantes marines. M. de Réaumur a reconnu qu'elles avoient toutes un mouvement progressif. Il les a divisées en deux classes; la premiere comprend toutes les especes d'orties qui restent toujours appliquées contre les rochers; la seconde classe renferme les orties erran<cb-> tes, c'est - à - dire, celles que l'on trouve flottantes. M. de Réaumur a donné a celles - ci le nom de gelée de mer. La plûpart des orties de la premiere classe, se mouvent avec une telle lenteur, qu'on ne peut reconnoître leur mouvement progressif, qu'en marquant l'endroit où la partie de l'ortie la plus alongée est à une certaine heure, & celui où cette même partie se trouve quelque tems après; elles parcourent à peine la longueur d'un pouce en une heure. Rondelet dit qu'on a donné à ces corps marins le nom d'orties, parce qu'ils causent une dé mangeaison cuisante, & semblable à celle que l'on ressent quand on touche la plante qui porte le même nom. M. de Réaumur n'a pas éprouvé cet effet dans les especes d'orties de mer qu'il a eu occasion de voir sur les côtes du Poitou & d'Aunis.

Il n'est guere possible de déterminer la figure de ces orties de mer, parce qu'elles changent très - souvent de forme; la figure exterieure de leur corps approche de celle d'un cône tronqué, dont la base est appliquée contre les rochers: cette base qui paroît souvent circulaire, est aussi elliptique, ou de figure irréguliere; quelquefois le cône est perpendiculaire à sa base, & d'autresfois oblique. Sa hauteur diminue ou augmente à mesure que la base a plus ou moins d'étendue; la surface supérieure est ordinairement convexe; il y a au milieu de cette surface une ouverture que l'ortie rend plus ou moins grande à sa volonté: pour prendre une idée plus juste de ce méchanisme, on peut comparer l'ortie à une bourse à jetions; elle se ferme de même; mais l'extérieur ne forme point de plis comme la bourse. Plus l'ouverture est grande, & plus on voit de parties intérieures. Si l'ortie replie en - dehors la partie qui correspond au contour d'une bourse, la surface intérieure se trouve alors à l'extérieur, & l'on voit toutes les cornes de cet insecte, qui ressemble dans cet état à une fleur épanouie, ce qui lui a fait donner le nom de poisson - fleur. Les contours varient non seulement dans les différentes especes d'orties de mer, mais encore dans les individus de la même espece. Il y en a de verdâtres, de blanchâtres, d'autres de couleur de rose, ou d'un brun de différentes teintes. Il y a quelques orties dont toute la surface est d'une seule couleur; d'autres ont plusieurs couleurs par taches ou par raies qui sont distribuées ou régulierement, ou irrégulierement. Les orties vertes ont ordinairement une bande bleue qui a une ligne de largeur, & qui s'étend tout autour de leur base. Les orties de mer paroissent sensibles lorsqu'on les touche. Elles se nourrissent de la chair de petits poissons & de différens coquillages qu'elles font entrer tout entier dans l'ouverture dont nous avons parlé plus haut, & qu'elles élargissent à mesure de la grosseur du coquillage; alors elles rétrecissent cette ouverture, & sucent l'animal de la coquille bivalve ou autre; ensuite elles rejettent la coquille par la même ouverture. Les orties sont des animaux vivipares; car les petites sortent du corps de leur mere aussi - bien formées qu'elle.

Les orties que M. de Réaumur appelle gelée de mer, différent à tous égards de celles dont nous venons de parler; elles sont d'une substance très - molle, qui a ordinairement la couleur & toujours la consistance d'une vraie gelée: si on en prend un morceau avec les doigts, la chaleur seule de la main suffit pour dissoudre cette substance, comme une gelée de bouillon qu'on mettroit sur le feu. Ces gelées sont de vrais animaux dont il y a plusieurs especes très - différentes les unes des autres par leur conformation. Les individus de la même espece ont exactement la même figure: il y a de ces gelées qui sont d'une couleur verdâtre, semblable à celle de la mer; d'autres ont tout - au - tour de leur circonférence

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