ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"671"> propre à faire embrasser d'un coup d'oeil toute l'étendue des vûes grammaticales, qu'à les exposer en détail: & peut - être que les principes dogmatiques s'accommoderont plutôt de la division que j'ai indiquée au mot Méthode, en esquissant les livres élémentaires qu'exige celle que j'y expose. (N. E. R. M.)

ORTHON (Page 11:671)

ORTHON, (Géog.) grande riviere d'Asie dans la Tartasie. Elle a sa source dans le pays des Mongules, vers les 45d. 40'. de latitude, & court du Sud - Sud - Est au Nord - Nord - Ouest. Elle vient ensuite se jetter dans la Selinga, à 50d. de latitude. C'est sur ses bords que le kam des Kalcka - Mongules fait ordinairement son séjour. C'est encore aux environs de cette riviere que le kutuchta, ou grand - prêtre des Mongules de l'Ouest, se tient à - present. Il étoit autrefois accoutumé de camper vers Norzinskoi & aux bords de la riviere d'Amur; mais depuis que les Russes se sont établis en ces quartiers, il ne passe plus en - deçà de Selingiskoi. C'est aux environs de la riviere d'Orthon, & même vers la Selinga du côté de Selingiskoi, qu'on trouve abondamment la rhubarbe: & tout ce que la Russie en fournit aux pays étrangers vient des environs de cette ville. Comme cette racine est fort estimée en Europe, le trésor de la Sibérie n'a pas manqué de s'emparer de ce commerce qui pourroit être fort avantageux à la Russie, s'il étoit fidelement administré. Car la rhubarbe croît en si grande abondance dans le territoire de Selingiskoi, qu'on dit que le trésor de Sibérie en vend jusqu'à dix mille livres à la fois. (D. J.)

ORTHOPNÉE (Page 11:671)

ORTHOPNÉE, s. f. (Médec.) respiration courte, laborieuse, bruyante, laquelle ne se peut faire que la tête & le thoax élevés. Ces attaques sont différentes les unes des autres & périodiques.

Le mot orthopnoea, O)RQO/PNOIA, orthopnée, vient de O)RQO/S2, droit ou élevé, & de PNE/W, respirer; en effet, c'est une maladie dans laquelle on est obligé d'avoir le cou dans une situation droite & élevé pour respirer. La nécessité de cette posture vient de la grande difficulté de la respiration: dans toute autre siruation, le malade risqueroit d'être suffoqué.

Cette difficulté de respirer a pour cause ordinaire l'étroitesse des poumons & de leurs vaisseaux, occasionnée par une inflammation, ou par quelque humeur contenue dans les cavités de ce viscere. Galien dit, comm. II. in Proreht. qu'Hippocrate & tous les autres Médecins entendent par l'orthopnée, cette espece de dyspnée dans laquelle les malades se sentent suffoqués, lorsqu'ils sont couchés à plat, & ne peuvent toutefois se tenir la poitrine élevée, sans avoir quelque appui sous leur dos. La trachée artere, continue - t - il, qui commence au larynx, & qui se distribue dans les poumons, se dilate ainsi que le cou, lorsque la poitrine est dans une posture elevée. Toutes ses branches dispersées dans la substance des poumons, partagent en même tems cette dilatation, & la capacité intérieure de ce viscere en est nécessairement augmentée.

De - là vient qu'il y a dans la péripneumonie, & dans toutes les affections nommées asthmatiques, une orthopnée. Elle arrive aussi nécessairement dans l'esquinancie violente, & lorsque les muscles internes du larynx, étant enflammés, gênent le passage de la respiration. Dans cette maladie, l'étroitesse des parties étant augmentée par la situation horisontale, la respiration se fait avec plus de peine.

Galien expliquant, comm. IV. in lib. de ratione vict. in acut. ce qu'Hippocrate entend par orthopnée seche, dit que c'est une sorte de dyspnée dans laquelle le malade ne tousse ni ne crache, mais respire avec tant de peine, qu'il risqueroit d'être suffoqué s'il étoit couché horisontalement. Nous lisons, lib. VII. Epid. que la soeur d'Harpalide, grosse de quatre ou cinq mois, fut tourmentée d'une toux seche, d'une orthopnée, & de tems à autre d'une suffocation si dangereuse, qu'elle étoit obligée de se tenir toûjours assise sur son lit. & de dormir dans cette posture; que cette indisposision dura environ deux mois, au bout desquels elle guérit par des crachats d'une grande quantité de matiere cuite & blanchâtre; & qu'elle fut dans la suite heureusement délivrée d'une fille.

L'orthopnée peut naître de toute maladie capable d'affecter quelque partie de la poitrine, sur - tout le coeur, les grosses arteres, & les ponons. Entre ces maladies, on peut compter l'inflammation du poumon, les tubercules, les vomiques, les différentes matieres polypeuses, plâtreuses, pituiteuses, purulentes, toute tumeur inflammatoire, érésipélateuse, suppurante, skirrheus, dans le larynx, dans les poumons, dans la poitrine, l'adhérence des poumons avec la plevre, &c. Ces causes notables se manifestent seulement dans la dissection des cadavres; on tâchera néanmoins pendant la vie d'adoucir les maux de ce genre, dont l'orthopnée résulte infailliblement.

Il arrive quelquefois que dans les maladies aiguës, putrides, varioleuses, scarlatines, l'orthopnée annonce une crise; alors il faut aider la respiration par la saignée, par une abondante boisson antiphlogistique, par la dérivation de la matiere qui lese la respiration.

L'orthopnée qui procede d'une surabondance d'humeurs visqueuses, pituiteuses, cacochymes, scorbutiques, &c. exige l'évacuation de ces humeurs, & leur correction par les résineux, les balsamiques, & les pectoraux appropriés.

Quand l'orthopnée vient par métastase dans le rhumatisme, la goutte arthritique, les maladies de la peau, la suppression de quelqu'humeur morbifique, il s'agit de procurer la dérivation aux parties ordinaires, ou former des émonctoires artificiels.

L'orthopnée qui doit sa naissance à la sympathie dans les maux de nerfs, dans la passion hystérique & hypocondriaque, requiert qu'on appaise les spasmes, & qu'on facilite la respiration par les anodins, les nervins, & les adoucissans. (D. J.)

ORTHOSIADE (Page 11:671)

ORTHOSIADE, (Géog. anc.) ancienne ville de Phénicie située au bord de la mer, vis - à - vis de l'île d'Arade, pas loin de Tripoli. Il en est fait mention au liv. des Machabées, c. xv. V. 35 & 37. Strabon, Pline & Ptolomée parlent d'un autre Orthosiade, qui étoit une ville d'Asie dans la Carie. (D. J.)

ORTHUS (Page 11:671)

ORTHUS, (Mythol.) voilà le nom du chien fidele de Géryon tué par Hercule. Il falloit que ce chien en valût plusieurs à tous égards, puisqu'Hésiode n'a pas dédaigné de rapporter fort au long sa généalogie & sa parenté. Il étoit fils de Cerbere, ce cruel gardien des enfers, & de l'effroyable hydre de Lerne. Tous trois étoient nés de Typhon, le plus impétueux des vents, & d'Echidne, nymphe monstrueuse, moitié femme & moitié vipere. Hériode nous conte, en de très - beaux vers, toutes ces sornettes. Que veut - il donc nous apprendre par cette absurde fiction? Je l'ignore, & ce n'est pas à le chercher que je me casserai la tête. (D. J.)

ORTI (Page 11:671)

ORTI, (Géog.) ville d'Italie dans le patrimoine dc S. Pierre, avec un évêché suffragant du pape, & uni à celui de Citta - Castellana. Elle est près du Tibre, à 34 milles de Rome, 9 de Citta - Castellana, & à 14 de Viterbe. On croit que c'est l'Hortanum de Pline. Long. 30. 2. lat. 42. 22. (D. J.)

ORTIE (Page 11:671)

ORTIE, urtica, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur sans pétales, & composée d'étamines, soutenues par un calice; cette fleur est stérile. Les [p. 672] embryons naissent sur des individus qui ne portent point de fleurs, & ils deviennent dans la suite chacun une capsule composée de deux pieces qui renferme une semence. Dans quelques especes les capsules sont réunies en forme de boucle; enfin il y en a d'autres dont les embryons deviennent un fruit qui ressemble à une pince entre les branches, de laquelle on trouve une semence. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Ortie - morte (Page 11:672)

Ortie - morte, lamium. Genre de plante à fleur monopétale, labiée, dont la levre supérieure est en forme de cuilliere, & l'inférieure en forme de coeur, & divisée en deux parties; elles aboutissent toutes les deux à une sorte de gorge frangée. Le pistil sort du calice qui est fait en tuyau & partagé en cinq parties. Il est attaché comme un clou à la partie posterieure de la fleur, & entouré de quatre embryons. Ils deviennent dans la suite autant de semences triangulaires, renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Entre les orties mortes connues des Botanistes sous le nom de lamium, il y en a quatre especes employées dans les boutiques; savoir, la blanche, la rouge, la jaune & la puante.

L'ortie morté à fleur blanche, lanium vulgare album, sive archangelica flore albo, J. R. H. 183, a ses racines nombreuses & fibreuses. Elle s'étend beaucoup par un grand nombre de rejettons qui rampent obliquement sur terre, presque comme la mente. Ses tiges sont hautes d'un pied ou d'une coudée, quarrées, grosses, cependant foibles, creuses, un peu vélues, branchues, & entrecoupées de quelquess noeuds, purpurins vers la terre dans les lieux exposés au soleil.

Ses feuilles sont deux à deux & opposées, semblables à celles de l'ortie commune; mais celles du haut des tiges sont couvertes d'un duvet court, & non piquant.

Ses fleurs naissent des noeuds & par anneaux autour des tiges; elles sont assez grandes, d'une seule piece, en gueule, blanches, & plus pâles en dehors que jaunes. La levre supérieure ou le casque est creusé en maniere de cuillere garnie de poils, renfermant en dedans quatre petites étamines, deux plus longues, & deux plus courtes. La levre inférieure est échancrée en coeur; elles sont terminées l'une & l'autre en maniere de gorge, bordée d'un feuillet.

Les sommets des étamines sont bordés de noir, & représentent en quelque sorte un 8 de chiffre. Leur pistil est un filet fourchu placé entre les étamines; il s'éleve du fond du calice, & est attaché à la partie postérieure en maniere de clou. Le calice est ample, évasé en tuyau, cannelé, partagé en cinq segmens, oblongs, étroits, terminés par cinq petites épines pointues, mais qui ne font point de mal. Le pistil est accompagné au fond du calice de quatre embryons, qui se changent ensuite en autant de graines angulaires, unies ensemble, cachées dans une capsule qui servoit de calice à la fleur.

L'odeur de cette plante est un peu forte; on la trouve le long des haies, des chemins, des murailles, dans les décombres, les buissons, & assez dans les jardins qui ne sont pas bien cultivés.

L'ortie morte à fleur rouge, ou à fleur purpurine, lamium folio oblongo, flore purpureo, J. R. H. 183, ne differe de la précédente que par sa couleur purpurine.

L'ortie morte à fleur jaune, lamium luteum, folio oblongo, C. B. P. 231. Galeopsis, sive urtica iners flore luteo, I. R. H. 185, a ses fleurs d'une seule piece en gueule & jaunes.

L'ortie morte puante, est nommée par Tournefort, lamium purpureum, foetidum, folio subrotundo, sive galeopsis dioscoridis, J. R. H. 183. Sa racine est menue, fibreuse, non rempante; ses tiges sont nombreuses, quarrées, creuses, presque lisses, assez hautes, branchues près la terre, ensuite garnies d'une ou de deux paires de feuilles, presques nues vers le sommet, & hautes d'un demi - pié. Ses fleurs sont au sommet des branches en grand nombre, & par anneaux, d'une seule piece en gueule, petites, purpurines, ayant la levre inférieure marquée de taches d'un noir fonce.

Les calices des fleurs sont courts, évasés, cannelés, sans pédicules, partagés en cinq parties; ils contiennent dans leur fond quatre graines oblongues, triangulaires, brunes & luisantes quand elles sont mûres. Ses feuilles ressemblent à celles de l'ortie, mais elles sont plus petites & plus courtes, molles, crénelées à leur bord, portées sur des queues d'un demi pouce. Toute cette plante a une odeur fétide & désagréable; elle vient dans les haies & sur les masures, dans les décombres & dans les lieux incultes des jardins. (D. J.)

Ortie morte (Page 11:672)

Ortie morte, (Mat. méd.) ortie blanche, ortie qui ne pique point. Les Médecins modernes recommandent cette plante pour les fleurs blanches, les maladies du poumon, les tumeurs & les duretés de la rate, & sur - tout pour arrêter les hémorrhagies de la matrice, & pour consolider les playes. L'expérience journaliere fait voir que ces vertus sont en effet très - réelles, quant aux fleurs blanches & aux pertes des femmes. On fait macérer ses sommités fleuries dans de l'eau bouillante en guise de thé, & on donne un ou deux verres de cette infusion deux ou trois fois le jour. On en fait des bouillons, ou bien on fait une conserve de ses feuilles, dont on prend une once tous les jours.

L'ortie morte à fleurs rouges ne differe de la précédente que par la couleur de ses fleurs. On dit qn'elle est utile comme la précédente, mais elle est moins employée. L'ortie morte puante est aussi quelquefois substituée aux deux autres, mais rarement. On en recommande d'ailleurs la décoction contre la dissenterie. On dit encore qu'étant pilée & appliquée extérieurement, elle est propre à dissiper toutes sortes de tumeurs, & même à appaiser les inflammations, déterger les ulceres putrides, & faire cicatriser les playes. Geoffroi, mat. méd. C'est encore ici une des mille plantes exaltées par tous les Botanistes, & que personne n'emploie. (B)

Ortie piquante (Page 11:672)

Ortie piquante, (Botan.) Entre les neuf especes d'ortie piquant que distingue M. de Tournefort, il nous convient de décrire ici la grande, la petite, & la romaine ou la grecque.

La grande ortie piquante ou l'ortie commune, en anglois the common stinging - nettle, est nommée urtica urens maxima, C. B. P. 232. J. R. H. 534. Urtica vulgaris major. J. B. 3. 445. Raii hist. 160.

Sa racine est menue, fibrée, serpentante au loin, de couleur jaunâtre. Elle pousse des tiges à la hauteur de trois piés, quarrées, cannelées, trouées, couvertes d'un poil piquant, creuses, rameuses, revêtues de feuilles opposées deux à deux, oblongues, larges, pointues, dentelées en leurs bords, garnies de poils fort piquans & brûlans, attachées à des queues un peu longues. Ses fleurs naissent aux sommités des tiges & des rameaux dans les aisselles des feuilles, disposées en grappes branchues, composées chacune de plusieurs étamines soutenues par un calice à quatre feuilles de couleur herbeuse; ces fleurs ne laissant aucune graine après elles.

Ainsi l'on distingue comme dans le chanvre, les

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