ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"633"> tage, en maniere de julep. Quelquefois on ajoute du lait sur la fin de l'ébullition. Si le malade a besoin d'une nourriture plus abondante, rafraichissante & humectante, on fait bouillir de l'orge avec un poulet, ou avec du veau; ou bien après avoir laissé bouillir long - tems l'orge dans de l'eau, on y ajoute du bouillon de viande, on le passe, & on le prend avec la crême d'orge. (D. J.)

Orge perlé (Page 11:633)

Orge perlé, (Agricult.) c'est de l'orge dépouillé de sa premiere enveloppe. Cet orge ne differe de l'orge mondé, qu'en ce qu'il a passé deux ou trois fois par le moulin, pour y être broyé & rendu plus petit. On choisit l'orge perlé le plus blanc, & celui au côté duquel on voit de la fleur attachée. On fait quelquefois l'orge perlé avec le millet; & d'autres fois avec le froment: de quelque maniere qu'on le fasse il est très - nourrissant.

Cet orge ainsi préparé n'est peut - être pas fort différent de ce que les anciens appelloient crimnus: car KRIMNON, selon Galien, est la partie la plus grossiere de la farine, laquelle se trouve la plus grosse, quand on a brisé l'orge qui a échappé à la meule, & que l'on passe au travers d'un crible dont les trous sont grands. Les Allemands en font des bouillies, tantôt avec de l'eau, tantôt avec du lait, & quelquefois avec du bouillon de viande.

Orge (Page 11:633)

Orge, grain d', (Tisserander. Imprim.) on appelle futaine a grains d'orge, une sorte de futaine ouvragée, sur laquelle le tisserand a relevé des façons assez semblables au grain de l'orge. Les Ciseleurs appellent grain d'orge, de petits ciselets dont la pointe est ronde & fort aigue. Les Imprimeurs donnent aussi le nom de grain d'orge, aux caracteres en lozange, qui leur servent à imprimer les notes du plain chant qui doivent être breves.

Orge (Page 11:633)

Orge, (Géog. anc.) fontaine de Gaule dans la province Narbonnoise. Pline, l. XVIII. ch. xxij. dit qu'il croissoit dans son eau une herbe dont les boeuss étoient si friands, qu'ils y plongeoient la tête pour en attraper. Cette fontaine a presque conservé son nom, car on la nomme aujourd'hui sorque. Voyez Sorque. (D. J.)

ORGEADE (Page 11:633)

ORGEADE, s. f. (Diete.) hordeatum, est un remede liquide, composé avec de l'orge que l'on fait cuire jusqu'à ce qu'il creve. On y ajoute quelquefois d'autres ingrédiens, comme des semences froides, des amandes & autres choses semblables.

ORGEAT (Page 11:633)

ORGEAT, s. m. (Diete.) dans le langage ordinaire des Limonadiers & de l'office, ce mot signifie la même chose qu'émulsion en langage de Pharmacie. Voyez Émulsion.

L'orgeat peut seulement différer de l'émulsion, en ce que étant uniquement destiné à flatter le goût, on se propose plutôt de le rendre agréable que salutaire. C'est pourquoi il est ordinairement plus sucré, plus fort ou chargé, & plus parfumé que l'émulsion. On fait entrer aussi dans la composition de l'orgeat environ un huitieme d'amandes ameres; au lieu que dans l'émulsion on n'emploie que les amandes douces. Mais on peut avancer avec confiance, qu'excepté peut - être le cas d'inflammation actuelle de l'estomac & des intestins, l'orgeat le plus agréable est aussi salutaire qu'une émulsion plus fade, & qu'ainsi on peut accorder aux malades l'innocente consolation d'une boisson plus gracieuse, dans les cas ordinaires où l'émulsion des boutiques est indiquée. Voyez Émulsion. (b)

Orgeat (Page 11:633)

Orgeat, sirop d', (Pharmacie & Mat. med.) prenez amandes douces mondées, une livre; amandes ameres, demi - once ou une once; sucre blanc, environ demi - livre: pilez les amandes avec ce sucre dans un mortier de marbre avec le pilon de bois, versant peu - à - peu suffisante quantité d'eau commune pour faire une émulsion très - chargée: passez & exprimez. Vous devez avoir environ une livre & demie de liqueur. Mettez votre colature dans un vaisseau d'argent, de porcelaine ou d'étaim, avec une livre & demie de sucre, que vous ferez fondre au bain - marie; ajoutez au sirop refroidi, deux gros de bonne eau de fleur d'orange.

Remarquez qu'on n'a employé dans la préparation de ce sirop, que deux livres de sucre, sur une livre & demie de liqueur; tandis que la proportion du sucre aux liqueurs aqueuses, pour la - consistence sirupeuse, ou le point de saturation, est de deux parties de sucre contre une de liqueur Mais dans le sirop d'orgeat, l'eau est occupée en partie par la matiere émulsive, en sorte que la dose de sucre que nous avons prescrite peut être même plus que suffisante pour charger cette liqueur au point de saturation; mais il vaut mieux employer trop de sucre, que de n'en point employer assez. L'excès n'a d'autre inconvénient que de laisser du sucre inutile dans le vaisseau où on le fait fondre. Ce sucre superflu se sépare d'ailleurs fort aisément en versant le sirop par inclination, au lieu que la trop petite proportion de sucre rend encore plus sujette à s'altérer cette préparation qui y est dejà fort portée de sa nature.

Orgeat (Page 11:633)

Orgeat, sirop d'. Le sirop d'orgeat est ainsi appellé, parce qu'on demande dans les pharmacopées une décoction d'orge au lieu de l'eau commune. Mais cette décoction nuit à l'agrément, sans ajouter à la vertu. Aussi tous les artistes, qui savent évaluer d'après la pratique les lois dictées par la spéculation, se gardent bien d'employer de la décoction d'orge à la préparation du sirop d'orgeat; & il n'est pas aisé de décider, si cette infidélité est plus blâmable chez le ministre, que la charlatanerie ou la routine chez le législateur.

Une once de sirop d'orgeat étendue dans huit ou dix onces d'eau, fait une émulsion ordinaire. Ce sirop sert donc à préparer une émulsion sur le champ. Or, comme l'émulsion préparée avec le sirop d'orgeat, a exactement les mêmes vertus que l'émulsion tiree immédiatement des semences émulsives, à cela près seulement qu'elle est nécessairement très - sucrée; on peut user sans scrupule dans la plupart des cas de la commodité que fournit le sirop d'orgeat. Voyez Émulsion. (b)

ORGÉNOMESCI (Page 11:633)

ORGÉNOMESCI, (Géog. anc.) anciens peuples d'Espagne qui faisoient partie des Cantabres, selon Pline, l. IV. ch. xx. Le pere Hardouin leur donne la côte d'Asturée, depuis Santilane, jusqu'à l'Asta qui coule à Oviedo. (D. J.)

ORGEOLET ou ORGUEIL (Page 11:633)

ORGEOLET ou ORGUEIL, s. m. (Chirurgie.) maladie des paupieres. Petite tumeur circonscrite, renitente, qui vient sur le bord des paupieres, tout auprès des cils. Elle s'échauffe, devient rouge, & se termine par suppuration. On l'appelle orgeolet, parce qu'elle est à - peu - près de la grosseur d'un grain d'orge. C'est une espece de clou ou de furoncle, qui vient originairement de l'obstruction des glandes sébacées; aussi en arrive - t - il plus familierement à ceux qui ont eu des inflammations aux paupieres. Ce bouton est sans danger, il parcourt ordinairement en 15 Jours ses différens tems. Une mouche couverte d'emplâtre dyachileon gommé accélere la suppuration. Si l'inflammation excitoit beaucoup de douleur, il faudroit bassiner l'oeil plusieurs fois par jour avec une décoction émolliente. Il est rare qu'on soit obligé d'aider par une très - petite incision avec la pointe d'une lancette, la sortie de l'humeur. Cette petite opération d'ailleurs n'a aucun inconvénient, & si elle n'est pas faite prématurement, elle peut empêcher le pus de s'épaissir & de former un durillon, difficile à résoudre à la circonférence du bouton. (Y) [p. 634]

ORGIASTES (Page 11:634)

ORGIASTES, s. m. pl. (Hist. anc.) nom qu'on donnoit aux prêtresses de Bacchus, ou aux bacchantes qui présidoient aux orgies. Voyez Orgies.

ORGIES (Page 11:634)

ORGIES, s. f. pl. (Ant. grecq. & rom.) orgia; nom des fêtes de Bacchus, autrement appellées bacchanales & dionysiaques. Mais le nom d'orgies étoit commun à plusieurs autres fêtes, comme à celle des Muses, à celle de Cérès & à celle de Cybelle. Servius dit qu'au commencement on nommoit en grec orgies, toutes sortes de sacrifices, & que ce terme répondoit à celui de cérémonies chez les Romains.

Les orgies, comme fêtes en l'honneur de Bacchus, sont appellées orgia triterica, dans Virgile, parce qu'on les célebroit une fois en trois ans. Le mot triterica le dit, de TRI\S2, trois, & E)T(OS2, année.

Elles prirent naissance en Egypte, où Osiris fut le premier modele du Bacchus grec. Delà elles passerent en Grece, en Italie, chez les Gaulois, & dans presque tout le monde payen. Elles étoient d'abord simples & très - honnêtes; mais elles furent chargées insensiblement de cérémonies ridicules, & finalement les Historiens nous assurent qu'elles furent portées pendant la nuit à de si grands excès & à des débauches si honteuses, que l'an de Rome 564, le sénat se vit obligé de les abolir dans toute l'étendue de l'empire.

Nous pouvons dire aujourd'hui san crainte, que ces fêtes de Bacchus, outre leur licence inexcusable, étoient chargées de folies & d'extravagances: mais il en coûta cher à Panthée, pour avoir autrefois tenu ce propos sur les lieux; car ses tantes mêmes, éprises d'une fureur bacchique, le méconnurent, & le mirent en pieces sur le mont Citheron.

Il y a dans le jardin Justiniani à Rome, un vase de marbre bien précieux, sur lequel on voit une représentation de ces orgies de Bacchus. On pense que ce vase est de la main de Saurus, non seulement par la beauté du travail, mais à cause de la lésardine qui s'y trouve, & qui n'a aucun rapport avec le reste. (D. J.)

ORGIOPHANTES (Page 11:634)

ORGIOPHANTES, s. m. pl. (Hist. anc.) nom des principaux ministres ou sacrificateurs dans les orgies. Ils étoient subordonnés aux orgiastes; car parmi les Grecs, c'étoit aux femmes qu'il appartenoit de présider dans les mysteres de Bacchus.

ORGUES DE MER (Page 11:634)

ORGUES DE MER, tuyaux d'orgues, (Conchiliologie.) Pl. XX. fig. 8. On a donné ce nom à une sorte de vermisseaux de mer à tuyaux; qui vivent en société; parce que ces vermisseaux grouppent ensemble leurs tuyaux, à - peu - près comme ceux de l'instrument de Musique que nous appeilons orgue. Chaque vermisseau a son tuyau séparément: ces tuyaux sont d'un beau rouge pourpré. Voyez Coquille.

ORGUE (Page 11:634)

ORGUE, s. m. (Instrument à vent.) c'est le plus grand & le plus harmonieux des instrumens de cette espece; c'est pourquoi on lui a donné le nom d'orgue, ORGANON, qui signifie l'instrument par excellence.

L'invention des orgues est aussi ancienne, que leur méchanique est ingénieuse.

L'usage de l'orgue n'a commencé dans nos églises qu'après S. Thomas d'Aquin, en l'année 1250.

Le premier que l'on a eu en France fut donné en présent au roi Pepin par Constantin Copronyme en 1267.

On peut distinguer dans cet instrument deux sortes de parties, les intégrantes & les ministrantes. On traitera des unes & des autres dans la description suivante.

Description de l'orgue. L'orgue est composé d'un bufset de menuiserie plus ou moins enrichi de sculpture, qu'on appelle fût, voyez Fut; de deux sommiers sur lesquels sont arrangés les tuyaux; soit d'étain, de plomb ou de bois, d'un ou de plusieurs claviers. On donne le vent aux tuyaux par plu<cb-> sieurs grands soufflets; il est conduit aux sommiers par des tuyaux de bois qu'on appelle porte - vents.

Il paroît par ce que nous venons de dire, que les matieres qui composent un orgue sont le bois, l'étain & le plomb, auxquelles on peut ajouter le cuivre pour la fabrique des anches, & le fer qui sert à deux usages, comme dans toutes sortes de machines.

L'ordre de sinthese demande qu'avant de décrire l'orgue, & d'en expliquer la facture, nous expliquions l'apprêt des différentes matieres qui le composent: nous commencerons par le bois.

Le bois dont on se sert dans la fabrique des orgues, est de deux sortes, par rapport aux différens emplois qu'on en fait. Celui qui est destiné pour faire les tuyaux de bois, les sommiers, les claviers, les abregés, doit être du chêne, connu sous le nom de bois d'Hollande, parce - que c'est les Hollandois qui en font commerce. Le plus parfait ne sauroit être trop bon, principalement pour la fabrique des tuyaux & des sommiers. L'autre sorte de bois dont on se sert dans la fabrique des orgues, est connu sous le nom de bois de vauge; c'est aussi du bois de chêne, mais moins parfait que celui d'Hollande. On s'en sert pour faire le buffet, & quelques parties de l'orgue qui ne demandent point du bois si parfait, comme par exemple, les tables des soufflets, &c.

L'étain dont on se sert dans la fabrique des orgues, est l'étain fin d'Angleterre: on peut cependant, à son défaut, en employer d'autre.

Le plomb est le plomb ordinaire. On réduit ces deux métaux en lames ou feuilles minces, longues & larges autant qu'il est besoin: ce qui se fait de la maniere suivante.

Maniere de couler les tables d'étain ou de plomb qui servent à faire les tuy aux d'orgue. On prépare une table (fig. 49. Pl. X. d'orgue) de bois de chêne aussi longue & aussi large qu'il est besoin; on fait en sorte, au moyen de plusieurs barres clouées à la partie inférieure de la table, qu'elle soit inflexible: sur cette table, qui doit être parfaitement plane, on étend une piece de coutil que l'on attache sur les côtés avec des clous d'épingle, en sorte qu'elle soit bien tendue; sur cette piece de coutil on en met une autre moins parfaite, ou même que l'usage a àdemi - usée, & la table est préparée.

On prépare ensuite le table représenté, fig. 60. Le rable est une caisse sans fond A B C D E F. Le côté A B du rable ne doit point porter sur la table, comme on le voit à la fig. 59. qui représente le rable en situation sur la table; & le côté E D C F doit être plus élevé, afin de compenser l'inclinaison de cette table, que l'on incline plus ou moins, ainsi que l'on voit dans la figure, en la soutenant à une de ses extrémités par un tréteau G, & dans différens points de sa longueur, par des|calles ou chantiers H H I; & pour empêcher la table de couler sur ses appuis, on la retient par la partie supérieure, au moyen d'une corde K qui y est attachée, & qui est liée à un crampon scellé à la muraille de l'attelier.

La table ainsi préparée, & le rable placé dessus à la partie supérieure, on enduit les joints qu'il fait avec la table, d'une ou de plusieurs couches de blancd'Espagne détrempé dans de l'eau, afin de fermer parfaitement toutes les ouvertures que les petites inégalités du coutil pourroient laisser entr'elles & les parties du rable qui s'y appliquent.

Pendant toutes ces préparations, le métal que l'on se propose de couler en table, est en fusion dans une chaudiere de fer, semblable en tout à celle des plombiers. Lorsque c'est de l'étain que l'on veut couler, on jette dans la chaudiere un peu de poixrésine & de suif, tant pour purifier le métal, que pour revivifier les parties que l'ardeur du feu auroit

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.