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ORPHIQUE, vie (Page 11:663)
ORPHIQUE,
Orphée, dit Eschyle dans Aristophane, nous a montré les cérémonies, & nous a enseigné à nous abstenir de tout meurtre. Horace exprime la même idée encore plus élégamment:
Sylvestres homines sacer interpresque deorum Coedibus & victu foedo deterruit Orpheus.
Platon, après avoir raisonné dans le VI. livre de ses lois, de la brutalité de plusieurs peuples, & de l'usage que quelques - uns avoient encore d'immoler des hommes, ajoute que les anciens Grecs tout au contraire n'auroient pas osé tuer un boeuf; & qu'alors on ne sacrifioit point d'animaux aux dieux. Les gâteaux, dit - il, les fruits trempés dans le miel, & telles autres offrandes pures étoient ce qu'on leur présentoit. On s'abstenoit de la chair, & c'eût été un acte impie que d'en manger, ou de souiller de sang les autels. Alors se forma parmi nous, continue - t - il, une sorte de vie, nommée vie orphique, où l'usage des choses inanimées étoit libre & permis, au lieu que l'usage de celles qui avoient eu vie, étoit défendu.
Cette pratique d'austérité mérite le nom d'orphique, & parce qu'Orphée en étoit l'instituteur, &
parce que le même Orphée, le plus ancien des sages,
pouvoit avoir donné son nom à tous ceux qui
faisoient profession de vertu & de lettres. C'est ce
que l'on voit clairement dans un passage d'Euripide;
car Thésée, à - peu - près contemporain d'Orphée,
reprochant à son fils Hippolite le peu de rapport qu'il
y a entre l'action infame dont il le croit coupable,
& l'austere sagesse dont ce jeune homme faisoit profession:
On trouve dans ce passage les trois points qui constituoient la vie orphique, savoir la religion, l'abstinence de ce qui avoit eu vie, & la science.
Les livres d'Orphée, qui justifioient sa science, sont cités par tous les anciens auteurs. Euripide, dans un choeur de son Alceste, après avoir dit que la nécessité est insurmontable, ajoute que les livres d'Orphée n'indiquent aucun remede contre ce mal. C'est de l'étude de ces livres & de leur intelligence,
En un mot, Orphée fut une espece de réformateur, qui, à l'aide de la poésie & de la musique, ayant adouci des hommes féroces, donna naissance à une secte distinguée par son attachement à l'étude de la religion, & par une austérité de vie, dont la pratique éloignant les hommes des plaisirs sensuels, si funestes à la vertu, les portoit à une haute perfection. Témoin l'Hippolite d'Euripide, qui, libre de toute passion, aima mieux perdre la vie, que de manquer au secret qu'il avoit promis.
Il fait lui - même au commencement de la piece
une peinture charmante de la vie orphique sous l'allégorie
d'une prairie, conservée contre tout ce qui
peut en altérer la fraîcheur, dans laquelle il vient
de cueillir la couronne qu'il offre à Diane.
Il la termina en effet par une action de vertu, & fit voir en sa personne ce que la justice peut sur une ame, qui ayant reçu de la naissance de grandes dispositions au bien, les a nourries par la pratique d'un vie pure, qu'on appelloit alors & qu'on a appellé depuis la vie orphique. (D. J.)
Orphiques (Page 11:663)
ORPHITIEN (Page 11:663)
ORPHITIEN, senatus consulte, (Jurisprud.) voyez
au mot
ORPIMENT ou ORPIN (Page 11:663)
ORPIMENT ou ORPIN, (Hist. nat. Minéralog.) en latin auripigmentum, sandaracha, risigallum, realgar, arsenicum flavum, arsenicum rubrum, &c. substance minérale d'un jaune plus ou moins vif, en feuillets luisans comme ceux du talc, composé d'arsenic, & d'une quantité tantôt plus tantôt moins grande de soufre, qui lui donne la couleur, soit d'un jaune de citron, soit d'un jaune orangé, soit d'un rouge vif comme le cinnabre que l'on y remarque. L'orpiment naturel est un minéral très - rare, cependant on le trouve soit en masses, soit en petites venules, soit attaché à la surface des fentes des mines en Hongrie, en Turquie, à Kremnitz, à Neusol & Coronsay.
Quelques auteurs ont confondu l'orpiment, dont on vient de donner la description avec l'arsenic jaune, ou l'orpiment factice, qui est un produit de l'art, comme nous le ferons voir dans cet article, mais il differe de ce dernier par la beauté de sa couleur & même par son tissu; celui de l'orpiment naturel est communément par lames ou feuillets, tandis que l'orpiment factice n'a jamais ce tissu. Aussi les Peintres donnent - ils la préférence à l'orpiment natu<pb-> [p. 664]
L'orpiment étoit le seul arsenic que connussent les
anciens, il ne paroît point qu'ils eussent connoissance
de l'arsenic que nous connoissons dans différens
états. Comme à l'article
L'arsenic est un demi - métal d'un gris luisant, àpeu près comme le fer, mais composé d'un amas de lames ou de feuillets. Il perd son éclat & se noircit à l'air, il se dissout dans tous les dissolvans & les liqueurs, il entre en fusion dans le feu, & il s'y dissipe sous la forme d'une fumée blanche, épaisse, accompagnée d'une odeur d'ail très - forte, c'est surtout à cette odeur que l'on peut reconnoître sa présence: c'est un poison très - violent.
On voit par ces propriétés de l'arsenic qu'il est un vrai protée, qui à de certains égards, approche de la nature des sels, tandis que par d'autres il a des caracteres qui conviennent aux métaux & aux demi - métaux, c'est ce qu'on verra encore plus clairement par les détails que nous donnerons de ses effets. M. Brandt, savant chimiste suédois, est le premier qui a fait voir que l'arsenic étoit un demi-métal; avant lui on ne savoit point dans quel rang on devoit le placer. Voyez Acta litteraria Upsaliensia anni 1733.
L'arsenic se trouve sous différentes formes dans le sein de la terre. 1°. Il se trouve tout pur, c'est ce qu'on nomme arsenic natif; alors il n'est combiné avec aucune autre substance du genre minéral; on le reconnoît à sa couleur grise, à la fumée blanche qu'il répand dans le feu, & à son odeur d'ail: cet arsenic exposé au feu se sublime entierement sans laisser aucun résidu. On le trouve aussi tout pur sous la forme d'un crystal blanc & transparent, semblable à du verre blanc; enfin on le trouve encore tout pur sous la forme d'une poudre blanche ou d'une farine.
2°. L'arsenic se trouve combiné avec du soufre, & alors il est ou jaune citron, ou d'un jaune orangé, ou d'un rouge quelquefois aussi vif que celui d'un rubis; alors on le nomme arsenic jaune, orpiment, risigallum; sa couleur plus ou moins rouge vient du plus ou du moins de soufre avec lequel il est combiné. On a trouvé que l'arsenic d'un jaune de citron pouvoit contenir un dixieme de soufre, & que l'arsenic rouge en contenoit un cinquieme. Wallerius donne le nom d'orpiment à de l'arsenic jaune, renfermé dans une pierre talqueuse ou par feuillets comme le mica; il paroît que cela ne change point la nature de cette mine.
3°. L'arsenic se trouve dans une pierre noire, mêlée de bitume, que l'on nomme pierre arsenicale, il paroît qu'il y est tout pur, puisque cette pierre cassée est luisante comme du plomb fraîchement coupé. Les Allemands l'appellent fliegen stein, pierre aux mouches, parce qu'on la pulvérise, on la mêle avec de l'eau & du sucre, & on la met sur une assiette, & ces insectes vont en manger, ce qui les fait périr. C'est à cette mine d'arsenic que l'on donne quelquefois le nom de cobalt écailleux ou cobalt testacè, parce qu'elle a la forme d'écailles. En général il faut observer que les mineurs d'Allemagne, peu exacts dans leurs dénominations, donnent le nom de cobalt à presque toutes les mines d'arsenic.
4°. L'arsenic se trouve dans la pyrite blanche, que les Saxons nomment mispikkel ou pyrite arsenicale. Cette mine est composée d'un assemblage de
5°. L'arsenic se trouve dans une mine que les Allemands appellent kupfernikkel, qui est d'un rouge semblable à celui du cuivre, & que l'on doit nommer mine d'arsenic d'un rouge cuivreux.
6°. Il se trouve mêlé ou combiné avec de la terre que l'on nomme terre arsenicale; on peut la reconnoître à la fumée qu'elle répand dans le feu & à son odeur d'ail.
Voilà les principales mines de l'arsenic; mais
outre cela, il se trouve dans un nombre infini de
mines des autres métaux, & sur - tout dans les mines
d'argent, dans les mines de cuivre, dans les
mines de plomb, de fer & d'étain; il joue aussi bien
que le soufre le principal rôle dans la minéralisation
des métaux, c'est - à - dire qu'il leur fait prendre
des formes tout - à - fait étrangeres. C'est ainsi que
l'arsenic combiné avec de l'argent le change en
crystaux rouges & transparens, que l'on nomme
mine d'argent rouge. Il fait prendre à l'étain une
forme cry stallisée, voyez
L'arsenic est très - volatil, & il s'éleve très - facilement sous la forme de vapeurs dans les souterreins des mines; c'est à lui que sont dûes en partie les effets funestes des exhalaisons minérales. Voyez cet article. Toutes ces propriétés de l'arsenic l'ont fait regarder comme un générateur des métaux & comme un mercure coagulé. Le célebre Henckel dit avoir obtenu de l'argent en traitant un mélange de craie & d'arsenic. Les Alchimistes ont cherché la pierre philosophale dans cette substance, & lui ont attribué des vertus tout - à - fait extraordinaires.
Pour séparer l'arsenic des substances auxquelles
il est joint dans le sein de la terre, on calcine ces
substances dans un fourneau de réverbere, que Kunckel a décrit le premier, & la fumée qui s'en éleve
est reçue dans une cheminée horisontale, qui est
faite de planches & soutenue par des piliers: cette
cheminée a quelquefois plusieurs centaines de piés
de longueur, on en peut voir la représentation dans
celle des
Quand on a recueilli l'arsenic qui s'étoit amassé
dans la cheminée qui vient d'être décrite, on porte
cette poudre dans un autre attelier représenté au
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