ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"661"> montagnes ne sont qu'une extension des Pyrénées. (D. J.)

ORPAILLEURS (Page 11:661)

ORPAILLEURS, (Hist. nat.) c'est ainsi qu'on nomme en France ceux qui s'occupent à retirer par le lavage les paillettes d'or qui se trouvent dans le sable de certaines rivieres qui en charrient, telles que le Rhône, l'Ariége, &c. Voyez la maniere dont on fait ce travail dans l'article Or. ( - )

ORPHANUS LAPIS (Page 11:661)

ORPHANUS LAPIS, (Hist. nat.) nom donné par quelques anciens naturalistes, à une pierre laiteuse & de couleur de vin, que l'on croit être le girasol ou une fausse opale: on dit qu'il s'en trouve en Hongrie. Voyez Girasol.

ORPHE (Page 11:661)

ORPHE, orpheus veterum, s. m. (Hist. nat. Icht.) poisson de mer qui ressemble au pagre par le nombre & par la position des nageoires, & par sa couleur rouge pourprée. Voyez Pagre. Les dents de la mâchoire supérieure se trouvent entre celles de la mâchoire inférieure quand la bouche est fermée; les yeux sont grands; l'anus est fort petit, & il n'est apparent que lorsqu'on presse le ventre. L'orphe vit de poisson, & il prend son accroissement en très peu de tems. Rondelet, Hist. des poiss. part. I. l. V. chap. xxv. Voyez Poisson.

ORPHEE (Page 11:661)

ORPHEE, (Mythol. Hist. Litt.) nom des plus fameux & des plus anciens dans la musique & dans la poésie des Grecs. C'est peu de dire que les bêtes les plus féroces se rendoient sensibles à sa mélodie, les vents se tournoient de ce côté - là, & les arbres dansoient aux doux accords de sa lyre: les vers suivans en font la brillante peinture.

Orphée au bord de l'Hebre en suspendit le cours; Ses chants apprivoisoient les tigres & les ours; Les zéphirs retenoient leur souffle pour l'entendre, Et les chênes des monts s'empressoient de descendre. Ainsi la Fable nous figure Les rochers émus de ses sons, Et jusqu'en sa caverne obscure L'ours attendri par ses chansons: Ainsi du chantre de la Grece Jadis la lyre enchanteresse Eleva les murs des Thébains; Toutes symboliques images, Qui nous peignent les avantages D'un art le maître des humains! Cet art aux plus sages maximes Joint les accens mélodieux; Ses accords sont touchans, sublimes, C'est ainsi que parlent les dieux. Sa douceur enchante l'oreille, Chatouille le coeur, le réveille, Répand par - tout l'aménité; Tandis que ses doctes mysteres Sous des fictions salutaires, Nous font briller la vérité.

Je ne m'amuserai point à rassembler tout ce que les Poëtes & les Mythologistes ont débité de fabuleux au sujet de ce musicien: ce sont des faits trop connus de tout le monde pour les répéter ici. Je me bornerai à rapporter seulement ce que quelques auteurs grecs, tels que Diodore, Pausanias, & Plutarque nous en ont conservé d'historique.

Orphée étoit fils d'OEagre, roi de Thrace, & de la muse Calliope, & on le fait pere de Musée. Il excella dans la Poésie, & sur - tout dans la Musique; ayant cultivé la cithare par préférence à tous les autres instrumens. Aussi ceux qui vinrent après lui prirent - ils à tâche de l'imiter en cette partie, aulieu qu'il ne se proposa personne pour modele, dit Plutarque, puisqu'avant lui on ne trouve que des compositeurs d'airs pour la flûte. On dit qu'il reçut de Mercure ou d'Apollon même la lyre ou la cithare à sept cordes, auxquelles il en ajouta deux nouvelles; & qu'il fut l'inventeur du vers hexametre. La grande liaison de la Poésie dans ces premiers tems avec les sciences les plus sublimes, fit d'Orphée non seulement un philosophe, mais un théologien.

Il s'abstenoit de manger de la chair, & il avoit en horreur les oeufs en qualité d'alimens, étant persuadé que l'oeuf étoit plus ancien que la poule, & le principe de tous les êtres. A l'égard de la théologie, son pere OEagre lui en donna les premieres leçons, en l'instruisant des mysteres de Bacchus, tels qu'on les pratiquoit alors dans la Thrace. Il devint ensuite le dirciple des dactyles du mont Ida en Crête, & il puisa dans leur commerce de nouvelles idées sur les cérémonies de la religion; mais rien ne contribua davantage à le perfectionner en ce genre que son voyage en Egypte. Ce fut là que s'etant fait initier dans les mysteres d'Isis ou Cérès, & d'Osiris ou Bacchus, il acquit sur les initiations, sur les expiations, sur les funerailles, & sur d'autres points du culte religieux, des lumieres fort supérieures à celles qu'il avoit eues jusqu'alors.

De retour chez les Grecs il les leur communiqua en les accommodant à leurs notions; & il se rendit respectable parmi eux, en leur persuadant qu'il avoit découvert le secret d'expier les crimes, de purifier les criminels, de guérir les malades, & de fléchir les dieux irrités. Sur les cérémonies funebres des Egyptiens il imagina un enfer dont l'idée se répandit dans toute la Grece. Il institua les mysteres & le culte d'Hecate chez les Eginetes, & celui de Cérès à Sparte. Sa femme étant morte il alla dans un lieu de la Thesprotie nommé Aornos, où un ancien oracle rendoit ses réponses en évoquant les morts. Il y revit sa chere Euridice, & croyant l'avoir enfin retrouvée, il se flatta qu'elle le suivoit; mais ayant regardé derriere lui & ne la voyant plus, il en fut si affligé qu'il se tua lui - même de désespoir.

Quelques auteurs le sont perir d'un coup de foudre, en punition d'avoir révélé à des profanes les mysteres les plus secrets: suivant une autre tradition, les femmes de Thrace fâchées de ce que leurs maris les abandonnoient pour le suivre, lui dresserent des embuches; & malgré la crainte qui les retint pendant quelque tems, elles s'enivrerent pour s'encourager, & le tuerent. Plutarque assure que jurqu'à son tems les Thraces stigmatisoient leurs femmes pour venger cette mort.

D'autres le font tuer encore par des femmes, mais en Macédoine prés de la ville de Dion où l'on voyoit son sépulchre, qui consistoit en une urne de marbre posée sur une colonne. On dit pourtant que cette sépulture étoit d'abord près de Libêthre, où naquit Orphée, sur le mont Olympe, d'où elle fut transférée à Dion par les Macédoniens, après la ruine de Libêthre ensevelie sous les eaux dans un débordement subit, causé par un orage effroyable: Pausanias raconte au long cet événement.

Quant aux poésies d'Orphée, ses hymnes, dit le même historien, étoient fort courtes & en petit nombre. Les Lycomides, famille athénienne, les savoient par coeur, & les chantoient en célebrant leurs mysteres. Du côté de l'élégance, continue Pausanias, ces hymnes le cedent à celles d'Homere; cependant la religion ayant adopté les premieres, n'a pas fait le même honneur aux dernieres.

Il faut consulter M. Fabricius dans sa Bibliotheque grecque, sur le jugement qu'on doit faire des hymnes qui nous restent aujourd'hui sous le nom d'Orphée, ainsi que de plusieurs autres poésies attribuées à lui, ou à Onomacrite, contemporain de Pisistrate, telles que les Argonautiques, le Poëme sur les pierres, & divers fragmens qui ne se trouvent nulle part en si grand nombre que dans le recueil publié [p. 662] par Henri Etienne, sous le nom de Poesis philosophica. Il faut lire aussi au sujet d'Orphée la Dissertation d'André - Christien Eschenbach, intitulée Epignesis de poesi, ac philosophiâ orphicâ, & imprimée à Nuremberg en 1702, in - 4°.

Le célebre Cudworth dans son ouvrage anglois du système intellectuel, a de son côté traité assez au long & fort bien tout ce qui regarde Orphée; voyez enfin le Recueil de l'acad. des Inscript. tom. X. & XVI. in - 4°.

Je n'ignore pas que quelques littérateurs ont révoqué en doute, si Orphée a jamais existé. Pour moi je n'imagine pas comment Pindare, Euripide, Aristophane, Platon, tous écrivains d'une autorité respectable, auxquels je puis ajouter Isocrate, Pausanias, & plusieurs autres s'accordent à citer un poëte, un auteur de religion, un fondateur de secte; & que ce poëte, cet auteur de religion, ce fondateur de secte, soit un personnage imaginaire. Hérodote après Homere & Hésiode, nous parle d'Orphée comme d'un personnage très - réel. Diodore nous apprend qu'il voyagea en Egypte, qu'il en apporta dans la Grece tout ce qui l'y rendit si fameux dans la suite, la théologie, la poësie, la musique; & que sur le plan des mysteres égyptiens d'Isis & d'Osiris, il institua à Athenes les orgies de Bacchus & de Cérès, connues sous le nom de dyony siaques & d'éléusiennes. Pythagore fait mention des ouvrages d'Orphée. Epigenes que Pline cite avec éloge, Epigenes entre autres les avoit lus; tous les anciens enfin attestent d'une voix unanime qu'Orphée a existé.

Aristote seroit peut - être le seul qui en eût fait un personnage imaginaire, s'il falloit prendre au sens littéral ce passage de Cicéron: Orpheum poetam docet Aristoteles nunquam fuisse. Mais outre que l'autorité d'Aristote ne peut rien ici contre une foule de témoins dont la plûpart lui sont antérieurs; le même Aristote, dans un de ses ouvrages qui s'est perdu, reconnoissoit qu'il avoit existé un Orphée. Ainsi, lorsqu'il l'a nié quelque part (car Cicéron ne cite point l'ouvrage), il faut l'entendre, non dans un sens absolu, mais en ce sens qu'il n'y eut jamais d'Orphée, tel que les Poëtes l'ont représenté, traînant après lui les arbres & les rochers, & pénétrant jusqu'aux enfers, à la faveur de ses chants harmonieux. Le chevalier de Jaucourt.

ORPHELIN (Page 11:662)

ORPHELIN, s. m. (Gramm. & Antiq. greq.) enfant mineur qui a perdu son pere & sa mere. On prenoit un soin particulier des orphelins dans plusieurs villes de Grece, mais sur - tout à Athènes, tant que cet état fut bien gouverné. Les enfans dont les peres avoient été tués à la guerre étoient élevés aux dépens du public, jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à l'adolescence, alors on les produisoit sur le théâtre pendant les fêtes de Bacchus; & après leur avoir donné une armure complette, on les renvoyoit dans leurs maisons. Eschine nous a conservé la belle formule dont le héraut se servoit pour les congédier: paroissant avec eux sur la scene, il disoit à haute voix: « Que ces jeunes orphelins, à qui une mort prématurée avoit ravi au milieu des hasards leurs peres illustrés par des exploits guerriers, ont retrouvé dans le peuple un pere qui a pris soin d'eux julqu'à la fin de leur enfance; que maintenant il les renvoie armés de pié en cap, pour vaquer sous d'heureux auspices à leurs affaires, & les convie de mériter chacun à l'envi les premieres places de la république ». On n'a point imité dans nos gouvernemens modernes de si nobles institutions politiques. (D. J.)

ORPHEOTÉLISTE (Page 11:662)

ORPHEOTÉLISTE, s. m. (Antiq. greq.) les Grecs nommoient orphéotelistes, O)RFEOTELISTA, ceux qui étoient initiés aux mysteres d'Orphée. On leur promettoit le bonheur après la mort, & cependant on ne requéroit d'eux presqu'autre chose que le serment du secret. Potter, Archoeol. groec. tome I. page 497. (D. J.)

ORPHIES (Page 11:662)

ORPHIES, terme de Pêche, espece de poisson; voici la maniere d'en faire la pêche à la ligne & à pié.

On plante deux ou trois hautes perches de 15 à 18 piés, le plus à la basse eau qu'il est possible, éloignées les unes des autres à volonté, selon la longueur de la tissure qu'on veut former. Il faut que ces perches soient unies & sans aucun noeud.

On prend une ligne un peu forte, de la nature des appelets, que l'on nomme petites cordes. On y met de distance en distance des piles ou empiles éloignées les unes des autres environ de demi - brasse, avec un ain à orphies, semblable à ceux dont se servent les pêcheurs bas Normands, qui font la pêche des mêmes poissons passagers, à la ligne flottante avec appât de vers marins. On peut aussi employer des piles roulantes; on les frappe sur un petit morceau de bois, tel qu'on le voit ici percé par le milieu, large d'un pouce au plus, arrondi par un bout, & de l'autre venant en pointe émoussée où la pille est amarrée. La grosse ligne passe autravers du trou, ce qui rend les pilles volages, libres & plus à la portée des orphies qui sont toujours à fleur d'eau; d'espace en espace on frappe sur la grosse ligne, quelques fortes flottes de liege pour la soutenir élevée: à chaque bout de cette ligne, il y a un organeau fait de bois tors, bien uni, ou à sa place un morceau de bois troué, & pareillement bien uni & beaucoup plus ouvert que de la grosseur de la perche sur laquelle cet organeau sera passé, de maniere qu'elle y soit libre. Quand la mareé commence à monter, on frappera les deux bouts de la ligne sur les organeaux des perches; la ligne se levera avec le flot, & les piles qui seront garnies chacune d'un petit corseron de liege, flotteront à fleur d'eau, comme les lignes flottantes. Les orphies qui n'approchent de la côte que de pleine mer, se prendront de même que celles qui se pêchent avec bateau. Les pêcheurs viennent à la basse eau relever leurs lignes, & détacher le poisson qui a mordu aux hameçons.

Les ophilieres de pié peuvent se tendre de la même maniere, avec cet avantage qu'elles ne se déchireront pas. La manoeuvre de cette pêche est représentée dans nos Planches de Pêche.

ORPHILIERES ou HARANGUIERES (Page 11:662)

ORPHILIERES ou HARANGUIERES, terme de Pêche, filets ainsi nommés, parce qu'ils servent également à la pêche des orphies & des harengs.

La maille de l'orphiliere est composée d'un fil très fin & non retors. Elle n'a que douze lignes au plus en quarré. Le rêt est flotté, plombe & pêche a la dérive, comme les manets à maquereaux, dont on prend aussi quelques - uns à l'orphiliere, mais petits, & de ceux que les Normands appellent sansonnets, & les Picards roblots.

On pêche encore les orphies, que les Bretons nomment éguillettes, au feu & pendant la nuit, avec le dard ou la fouanne.

Pour cette pêche, qui dure depuis le mois de Mars jusqu'au mois de Juin, plus ou moins, suivant l'établissement & l'exposition des côtes que le poisson vient ranger, les pêcheurs se mettent la nuit quatre dans un bateau; il y en a un placé à l'avant, avec un brandon de paille, dont l'éclat attire les orphies; les trois autres avec leurs dards ou fouannes faites en rateaux, avec une douille de fer & un manche, les frappent. La fouanne qui sert à cette pêche, a au - moins 20 tiges ou branches corbelées de 6 pouces de haut & fort pressées. La tête du rateau n'a au plus que 13 à 14 pouces de long, & le manche est de la longueur de 8 à - 12 piés. Quand les pêcheurs

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