ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"649"> te, & par conséquent elle n'en peut former la nature ou l'essence.

Le sentiment le plus commun parmi les théologiens catholiques, est que le péché originel n'est autre chose que la prévarication même d'Adam, qui nous est imputée intrinséquement, c'est - à - dire dont nous sommes réellement coupables, parce que nous l'avons commis en lui, en ce que toutes nos volontés étoient renfermées dans la sienne.

On n'est guere moins partagé sur la maniere dont se communique le péché originel.

Le pere Mallebranche déduit le péché originel de causes naturelles, & prétend que les hommes conservent dans leur cerveau toutes les traces & impressions de leurs premiers parens. Comme les animaux produisent leur semblable avec les mêmes traces dans le cerveau, & que ceux de la même espece sont sujets aux mêmes sympathies & antipathies, & qu'ils font les mêmes choses dans les mêmes occasions, de même, dit ce pere, nos premiers parens, après avoir transgressé le commandement de Dieu, reçurent dans leur cerveau des traces profondes par l'impression des objets sensibles, de sorte qu'il y a beaucoup d'apparence qu'ils aient communiqué ces impressions à leurs enfans.

Or, comme suivant l'ordre établi par la nature, les pensées de l'ame sont nécessairement conformes aux traces du cerveau, on peut dire qu'aussitôt que nous sommes formés dans le sein de notre mere, nous devenons inf ctés de la corruption de nos parens, puisqu'ayant dans notre cerveau des traces semblables à celles des personnes qui nous donnent l'être, il faut nécessairement que nous ayons les mémes pensées & les mêmes inclinations par rapport aux objets sensibles; par conséquent nous devons naître avec la concupiscence & le péché originel. Avec la concupiscence, supposé qu'elle ne consiste que dans l'effort naturel que les traces du cerveau font sur l'ame de l'homme pour l'attacher aux choses sensibles; & avec le péché originel, supposé que ce péché ne soit autre chose que l'efficacité de la concupiscence, comme en effet, ce n'est autre chose que les effets de la concupiscence, considerés comme victorieux & maîtres de l'esprit & du coeur des enfans. Et il y a grande apparence, ajoute cet auteur, que le regne de la concupiscence, ou la victoire de la concupiscence, est ce qu'on appelle péché originel dans les enfans, & péché actuel dans les hommes libres. Recherch. de la vérité, l. II. c. vij. n. v.

Ce sentiment paroît fondé sur ce qu'enseigne S. Augustin, l. I. de nupt. ch. xxiv. Ex hac concupiscentiâ carnis tanquam filia peccati, & quando illi ad turpia consentitur, etiam peccatorum matre multorum, quoecumque nascitur proles originali est obligata peccato.

Parmi les anciens, quelques - uns, comme Tertullien, Apollinaire & d'autres, au rapport de S. Augustin, epist. lxxxij à Marcellin. ont cru que dans la génération l'ame des enfans provenant de celle de leurs parens, comme le corps des enfans provient de celui de leurs peres & meres, ceux - ci communiquoient aux premiers une ame souillée du péché originel.

D'autres ont pensé que le péché originel se communique, parce que l'ame que Dieu crée est par sa destination unie à un corps infecté de ce péché, à - peu - près comme une liqueur se gâte quand on la verse dans un vase infecté. On trouve quelques traces de cette opinion dans S. Augustin, l. V. contr. Julian. c. iv. ut ergo, dit ce pere, & anima caro pariter utrumque puniatur, nisi quodnascitur, renascendo emendetur, profecto aut utrumque vitiatum ex homine trahitur, aut alterum in altero, tanquam in vitiato vase corrum - pitur: ubi occulta justitia divinoe legis includitur. Mais il n'approuve ni ne désapprouve ce sentiment, & se contente de dire qu'il n'est pas contraire à la foi.

Enfin les théologiens catholiques qui font consister la nature du péché originel en ce que celui d'Adam est imputé à ses descendans, parce que toutes leurs volontés étoient contenues dans la sienne, en expliquent la propagation en disant que Dieu, par sa suprême volonté, a statué que toutes les volontés étant contenues dans celle d'Adam, elles se trouveroient toutes coupables du péché de ce premier homme, de même qu'elles auroient été justes, s'il n'eut point prévariqué.

Les effets du péché originel sont l'ignorance, la concupiscence ou l'inclination au mal, les miseres de cette vie, & la nécessité de mourir.

ORIGNAL (Page 11:649)

ORIGNAL, (Hist. nat.) grand animal quadrupede qui se trouve dans les parties septentrionales de l'Amérique. Quelques auteurs ont confondu cet animal avec celui, qu'on appelle renrie; mais de meilleurs observateurs nous disent qu'il ne differe de l'élan que par la grosseur qui égale celle d'un cheval. L'orignal a la croupe large, sa queue n'a qu'un pouce de longueur; il a les jambes & les piés d'un cerf. Un long poil lui couvre le cou, le garot & le haut du jarret. Sa tête a environ 2 piés de long; son mufle est gros & rabattu par le haut; ses naseaux sont fort larges: son bois est beaucoup plus large que celui d'un cerf; mais il est fourchu comme celui d'un daim: ce bois se renouvelle tous les ans. On prétend que cet animal est sujet à l'épilepsie, & comme dans ses accès il se gratte l'oreille de son pié de derriere, on en a conclu que sa corne étoit un spécifique contre cette maladie: on en vante les vertus contre les palpitations, les vertiges, la pleurésie, le cours - de ventre, &c. Le poil de l'orignal est mêlé de gris blanc & de rouge noir; il conserve toujours une certaine élasticité, ce qui le rend très propre à faire des matelas, &c. Sa chair est d'un très - bon goût: sa peau préparée est douce, forte & moëlleuse.

ORIGUÉLA (Page 11:649)

ORIGUÉLA, (Géog.) ou ORIHUELA, comme écrivent les Espagnols; ville d'Espagne au royaume de Valence, avec un évêché suffragant de Valence. Elle est dans une campagne fertile, sur la riviere de Ségura, à 14 lieues N. E. de Carthagene, 14 S. O. de Valence. Long. 17. 2. lat. 37. 58.

Cette ville est ancienne, à ce que prétendent les Géographes, qui croient que c'est l'Orcelis de Ptolomée. En tout cas son évêché est moderne; car il n'en est fait aucune mention dans les trois anciennes notices ecclésiastiques d'Espagne. Il y a lieu de penser que l'église d'Origuela fut fondée en collégiale l'an 1414, & érigée en cathédrale par Alphonse, cinquieme roi d'Arragon. Son gouvernement est indépendant de Valence, & sa jurisdiction s'étend sur environ 12 lieues de longueur & 6 de largeur. (D. J.)

ORILLON (Page 11:649)

ORILLON, s. m. en terme de Fortification, c'est une partie avancée du flanc vers l'épaule du bastion, qui est arrondle, & qui sert à couvrir le reste du flanc. Lorsque cette partie avancée est terminée par une ligne droite, on la nomme épaulement. Voyez Épaulfment.

On fait des orillons arrondis, afin de couvrir davantage le flanc, de rendre les angles qui sont exposés aux batteries des ennemis plus forts, & qu'il y ait moins de parties qui puissent être battues perpendiculairement par une même batterie. On ne fait des orillons qu'aux places revêtues de maçonnerie, parce que la terre a trop peu de solidité pour qu'ils puissent se soutenir long - tems.

Les Ingénieurs avancent plus ou moins leur orillon. M. de Vauban l'avance de 5 toises, & M. de [p. 650] Cohéorn de 24, devant son flanc haut, pour le mieux garantir des coups croisés. L'orillon de cet illustre ingénieur est une tour de pierre, avec un souterrain où il fait des casemates pour 6 pieces de canon, lesquelles défendent le fossé & la face du retranchement de maçonnerie qu'il fait dans son bastion.

Pour tracer l'orillon, suivant M. le maréchal de Vauban, il faut diviser le flanc CDC Pl. I. de Fortif. fig. 7. en trois parties égales. Sur le milieu C I du tiers du flanc, vers l'épaule du bastion, on élévera une perpendiculaire O K indéfinie, en dedans le bastion, & au point C, extrémité de la face B C, une autre perpendiculaire C K, qui coupe la premiere dans un point K. De ce point pris pour centre, & de l'intervalle K C, on décrira un arc C I qui donnera la partie antérieùre de l'orillon. On posera ensuite l'angle à l'angle flanqué & au point I, & l'on tirera dans cette position en dedans le bastion, la ligne I H, à laquelle on donnera 5 toises: cette ligne se nomme le revers de l'orillon, ou la droiture de l'épaule. Si l'on veut ensuite décrire le flanc couvert, on prolongera la ligne de défense A O de 5 toises, jusqu'en G, on tirera H G, sur laquelle on décrira un triangle équilatéral L G H, puis du point L pris pour centre, & de l'intervalle L G ou L H, on décrira l'arc G P H, qui sera le flanc couvert.

Le parapet de l'orillon doit être plus épais que les autres parapets, & il doit être en ligne droite en dedans, à moins que l'orillon ne soit extrémement grand, comme celui de M. de Cohéorn. A l'égard de la droiture de l'épaule, elle ne doit avoir qu'un petit parapet de maçonnerie d'un pié d'épaisseur.

On pratique dans le revers de l'orillon, des portes secretes appellées poternes, qui conduisent les soldats de la ville dans le fossé, par un souterrain pratiqué dans l'intérieur du rempart. Voyez Poternes.

Par la construction de l'orillon il y a une partie du flanc couvert, proche le point H, qui ne peut être vue de la contrescarpe de la place. Elle est suffisante pour y pratiquer une embrasure, dont le canon sert beaucoup à la défense du passage du fossé & du pié de la breche. (Q)

Orillon (Page 11:650)

Orillon, en terme d'Eguilletier, sont des bouffettes de soie ou de laine, prises au bout d'un ruban de laine, par le moyen d'un ferret à embrasser. Voyez Ferret & embrasser. Les orillons, ainsi nommés de l'endroit où ils se placent, servent à orner les oreilles des chevaux.

Orillons (Page 11:650)

Orillons, s. m. pl. (Soierie.) machines mouvantes au moyen d'une coulisse, qui sert à élever ou baisser la banquette; on appelle ces orillons, orillons de dessus; les orillons de derriere sont des especes de tasseaux creusés, qui supportent les ensuples de chaîne & de poil.

ORIN ou HOIRIN (Page 11:650)

ORIN ou HOIRIN, s. m. (Marine.) c'est une grosse corde attachée à la croisée de l'ancre par un de ses bouts, & qui tient par l'autre bout à une bouée, qui marque l'endroit précis où est l'ancre. (Z)

ORINE (Page 11:650)

ORINE, (Géog. sacrée.) Pline, l. V. c. xiv, nomme ainsi la contrée de la Palestine où étoit Jérusalem. C'est ce que S. Luc, c. j. v. 39, appelle montana Judea, lorsqu'il parle de la sainte Vierge qui alla visiter Elisabeth. Il y avoit plusieurs villes dans ces montagnes, Jérusalem, Rama, Bethléhem, &c. Le grec de S. Luc porte EI(S2 TO\N *O)REINH\N, d'où a pu aisément s'écrire en lettres latines Oriné. (D. J.)

ORIO (Page 11:650)

ORIO, voyez Loriot.

Orio (Page 11:650)

Orio, (Géog.) riviere ou plutôt torrent impétueux d'Espagne, dans la principauté de Biscaye. Il a sa source à S. Adrien, & se perd dans la mer au couchant de S. Sébastien. (D. J.)

ORIOL (Page 11:650)

ORIOL, voyez Loriot.

ORION (Page 11:650)

ORION, s. m. (Astron.) c'est le nom qu'on donne dans l'Astronomie à une constellation de l'hémisphere austral. Voyez Constellation. Les anciens croyoient que cette constellation excitoit les tempêtes lorsqu'elle se levoit, assurgens nimbosus orion; aujourd'hui on est revenu de cette erreur, & on ne croit plus à l'effet des constellations, ni à celui des étoiles. Voyez Canicule & Caniculaires.

Les étoiles de la constellation d'orion sont au nombre de 37 dans le catalogue de Ptolémée, de 62 dans celui de Tycho, & de 80 dans celui de Flamsteed. (O)

Orion (Page 11:650)

Orion, (Mythologie.) fils de Neptune, & l'un des plus beaux hommes de son tems. Il se rendit fameux par son savoir en astronomie qu'il avoit apprise d'Atlas, par son goût pour la chasse, & par sa mort que les Mythologues attribuent à la main de Diane. Cette déesse affligée d'avoir ôté la vie au bel Orion, obtint de Jupiter qu'il fût placé dans le ciel, où il forme une des plus brillantes constellations composée de 38 étoiles. Comme elle y occupe un grand espace, selon cette expression du poëte Manilius, magni pars maxima coeli, ce phénomene pourroit avoir fourni l'idée de cette taille avantageuse que Virgile donne à Orion, qui marchant au milieu de la mer, avoit sa tête & ses épaules élevées au - dessus des eaux, parce que cette constellation est à moitié sous l'équateur, & l'autre au - dessus.

Les Arabes font dans leurs fables de cette constellation une femme très - délicate, tandis que les Grecs en font un néros vainqueur des bêtes féroces, & qui dans ses galanteries s'étoit rendu redoutable aux sages nymphes, & aux séveres déesses. Diane, dit Hygin, eut peine à se sauver de ses mains; & lorsqu'il eut été transporté dans le ciel auprès des pleyades, son voisinage parut encore si redoutable à la divine Electra, que ce fut pour échapper à ses poursuites qu'elle abandonna ses soeurs, & s'alla cacher au pole Arctique.

M. Fourmont a donné dans l'acad. des Inscript. tome XIV. in 4°. un mémoire où il rappelle la fable d'Orion, à l'histoire corrompue du patriarche Abraham. Le discours dont je parle est plein d'érudition, mais aussi de conjectures & de suppositions si recherchées, qu'elle ne peut contrebalancer le sentiment de ceux qui pensent que l'ancienne Grece ne tenoit rien des patriarches du peuple de Dieu, & qu'elle ne les connoissoit point. (D. J.)

ORIPEAU (Page 11:650)

ORIPEAU, s. m. (Métal.) lame de laiton fort mince & fort battu, qu'on employoit autrefois dans les étoffes de faux or. On ne s'en sert plus; & le nom n'en est resté que pour mépriser les vieilles étoffes ou galons d'or qui ne sont plus de mode, & pour tourner en ridicule ceux qui en portent.

ORISSAVA (Page 11:650)

ORISSAVA, (Géog.) ville de l'Amérique au Méxique sur le chemin de Vera - Crux à México, entre Cordoua & la Puebla de los Angelès. Elle est auprès d'une haute montagne qui porte son nom, & dont le sommet est toujours couvert de neige, quoique sous la zone torride. Longit. 277. 20. latit. 19. 10.

ORISTAGNI (Page 11:650)

ORISTAGNI, (Géog.) ancienne ville de l'île de Sardaigne, avec un archevêché sur le golfe de même nom, à 17 lieues N. O. de Gagliari, 12 S. de Boza. Long. 26. 33. latit. 39. 55.

Cette ville est l'Usellis de Ptolomée, dont les habitans ont été appellés Usellitani. Le nom d'Oristagni ou Oristagne lui vient vraissemblablement d'un étang formé par la riviere Sacro, dans un lieu nommé Orès, d'où est venu le nom latin Ori - Stagnum, qui

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