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La méthode curative change suivant les causes & les tems; car dans le paroxysme, on doit se proposer pour but de calmer les mouvemens déréglés, en employant les anodins, les volatils, les aromatiques, combinés avec les résineux nervins; mais hors du paroxysme, la foiblesse qui est survenue peu - à - peu, doit être traitee par les corroborans; il convient aussi d'y recourir pour empêcher le progrès de la dissolution des humeurs; il faut les joindre aux antiseptiques échauffans, pour s'opposer à une corruption sportanée; les mêmes remedes corrigent la crudité de l'acrimonie; on commencera par les plus doux, donnés à petite dose, & on les continuera long - tems: mais de crainte que la nature ne s'accoutume au même remède, il convient de les changer, en conservant toujours la même indication curative. Si la constipation survient aux malades, il faut, pour la guérir, joindre aux remèdes qu'on vient d'indiquer les purgatifs anodins. (D. J.)
ORGE (Page 11:631)
ORGE, s. m. hordeum, (Hist. nat. Bot.) genre de
plante dont les fleurs n'ont point de pétales; elles
naissent par bouquets disposés en épi. Chaque
fleur est composée de plusieurs étamines qui sortent
du calice. Le pistil devient dans la suite une semence
oblongue, farineuse, pointue par les deux bouts,
renslée dans le milieu & très - adhérente, comme l'a
remarqué Spigelius, à la base qui a servi de calice à
la fleur. Chaque bouquet est attaché a un axe denté,
& forme un épi. Tournefort, inst. rei herb. Voyez
Ce genre de plante a l'épi fort; il a le calice, l'enveloppe, la cosse, la peau, & la fleur semblables à ceux du froment & du riz, avec cette différence, que son enveloppe est rude. Son grain est ventru, pointu par les deux bouts, & fortement uni à son enveloppe.
Dans la svstème de Linnaeus, c'est un genre de plante très - distinct, dont voici les caracteres: les calice est composé de six feuilles, & contient trois fleurs. Les feuilles du calice sont droites, pointues, placées au nombre de deux sous chaque fleur. Il n'y a point de bâle dans ce genre de plante. La fleur est à deux levres; l'inférieure est plus longue que le calice, & se termine par une longue baibe; la supérieure est plus courte & applatie. Les étamines sont trois filets chevelus, plus courts que la fleur; les bossettes des étamines sont oblongues; le germe du pistil est ovale & un peu turbine; les stiles sont au nombre de deux, très - déliés, & penchés en arriere; le stile du pistil est aussi chevelu; la fleur enveloppe fortement la graine, & tombe avec elle. La graine est oblongue, ventrue, pointue aux deux extrémités, & marquée d'une raie longitudinale.
Les Botanistes comptent cinq ou six especes d'orge, dont les plus connues sont l'orge d'autonne ou d'hiver, & l'orge printannier.
L'orge d'hiver, hordeum polysticon hibernum de C. B. P. 22, a ses racines fibreuses & menues. Sa tige ou son tuyau est moins haut que celui du froment ou du seigle. Il s'éleve quelquefois cependant dans un bon terroir à deux coudées; il est garni de cinq, six noeuds, & quelquefois davantage. A chacun de ces noeuds naissent des feuilles semblables à celles du chien - dent, longues, étroites, & enveloppant un peu le tuyau; les inférieures sont plus étroites que celles du froment, & les supérieures plus rudes, & couvertes le plus souvent d'une fine poussiere d'un verd de mer, dans l'endroit qui embrasse sa tige.
Ses épis sont composés de plusieurs paquets de fleurs attachées de deux côtés sur les dents d'une rape commune. Chaque paquet est formé par trois fleurs, dont chacune est garnie à sa base extérieure de deux longs filets barbus, fermes, rudes & piquans. Ces fleurs sont composées de trois étamines, qui s'élevent d'un calice à deux bases, dont l'extérieur se termine en un long filet. L'embryon du fruit est caché dans le fond du calice, & se change en une graine longue de deux ou trois lignes, pale ou jaunâtre, farineuse, pointue des deux côtés, renflée à son milieu, fort attachée aux bases qui servoient de calice à la fleur. On seme cet orge en automne, & on le moissonne l'année suivante.
L'orge printanier, nommé par Tournefoit hordeum polysticum vernum, I. R. H. 513, a ses épis plus courts, mais plus gros que celui du précédent; il ne differe que par le tems auquel on le scme, c'est au printems.
Les tuyaux d'orge étant mûrs, sont plus mols & moins fragiles que ceux du sroment; c'est pourquoi ils sont plus succulents, & sournissent aux boeuss & aux vaches une meilleure noutriture. Les épis d'orge sont penchés le plus souvent vers la terre, à cause de leur longueur & de leur pesanteur. Ils contiennent quelquefois vingt grains sur chaque côté; un même grain pousse plusieurs tuyaux. (D. J.)
Orge (Page 11:631)
L'orge n'a pas les mêmes vertus que le froment, car le froment échauffe, mais de quelque maniere que l'on prépare l'orge, il n'échauffe jamais, il rafraîchit & déterge; &, selon qu'il est différemment préparé, il humecte & desseche. Etant bouilli en tisane, il humecte; & étant rôti, il desseche. Il differe encore du froment, en ce qu'il produit un suc tenu ou moins grossier & détersif, au - lieu que celui du froment est grossier, visqueux, & d'une nature un peu obstructive.
Plusieurs nations faisoient autrefois du pain avec la farine d'orge, & on en fait encore à présent; mais c'est dans la disette de froment, & pour nourrir les pauvres. Nous n'estimons pas beaucoup l'orge, non plus que les anciens Romains, pour faire du pain; mais il est fort recherché pour faire de la bierre, & [p. 632]
On estime l'orge qui est blanc, pur, plein, compacte, & pesant autant qu'il se peut: on rejette celui qui est petit, ridé, léger, spongieux. Il ne faut pas en faire d'usage d'abord après la moisson, & aussi tôt qu'il est moulu; mais il faut le conserver dans un lieu sec pendant quelque tems, à cause de son humeur visqueuse & superflue qui veut être évaporée ou atténuée. Quand il est sec, & qu'il commence à se rider, alors il est tems d'en faire usage, & il est salutaire. Son écorce extérieure, ou le son est plus sec que la pulpe ou la farine: il nourrit peu ou point du tout; il déterge, & il est un peu purgatif à cause du suc de sa bâle, comme Hippocrate en avertit.
On prépare l'orge de différentes manieres, soit pour servir d'aliment, soit pour la Médecine.
1°. On fait du pain avec la farine d'orge, qui est plus friable & inférieur au pain de froment; il sert de nourriture aux pauvres; il ne convient qu'à ceux d'entr'eux qui s'exercent à de rudes travaux, & dont l'estomac est robuste: c'est pourquoi, selon Pline, les gladiateurs athéniens, qui avoient coutume de s'en nourrir, étoient surnommés hordearii; terme qui signifie des gens qui vivent de pain d'orge. Il est meilleur, & a plus de saveur, quand on le mêle avec moitié de froment ou de seigle.
2°. Les anciens faisoient usage d'une sorte de pain
d'orge, que les Grecs & les Latins appelloient maza.
C'étoit de la farine d'orge rôti, mêlée & pétrie avec
quelque liqueur, comme de l'eau, de l'huile, du
lait, du vin cuit, du miel, &c. Voyez
3°. Les anciens Grecs faisoient une bouillie avec
l'orge, appelloient cette bouillie
4°. Les anciens faisoient encore avec l'orge de la
tisanne, nommée par les Grecs
Mais de toutes les différentes manieres de préparer
l'orge, il nous en reste seulement trois, qui sont
encore un peu usitées: la premiere s'appelle dans
les boutiques de l'eau d'orge, ou décoction d'orge; la
seconde, qui n'est pas bien différente de la tisane
des anciens, est nommée orge mondé; la troisieme
est de la crême d'orge, ou de l'orge passé. Voyez
On met la farine d'orge au nombre des quatre farines résolutives, qui sont la farine d'orge, celle de fèves, celle de l'orobe, & celle de seigle. On leur substitue quelquefois la farine de froment, de lin, de fénu - grec, & de lentille. Cette farine appliquée en cataplasme est émolliente, résolutive, maturative & anodine; c'est pourquoi on l'emploie seule en cataplasme, ou avec les autres sarines résolutives. (D. J.)
Orge (Page 11:632)
La décoction d'orge composée se fait avec les racines de réglisse, de chien - dent, de chicorée, ou autres racines apéritives, avec celles de scorsonere, de patience, de bardane, &c. avec les raisins, les jujubes, les figues, les dattes, les grains, & autres, selon les différentes indications. Ainsi Etmuller vante dans la pleurésie une boisson faite avec la décoction d'orge, dans laquelle on infuse des fleurs de coquelicot ou de paquerette: dans la rougeole, on fait bouillir de l'orge avec de la corne - de cerf, & avec la racine de scorsonere dans les fievres pétéchiales. (D. J.)
Orge grué (Page 11:632)
Orge mondé (Page 11:632)
On fait avec l'orge mondé le sucre d'orge & le sucre tors, que les Arabes appellent alphenicum. Le sucre d'orge est une composition jaunâtre, transparente, faite avec le sucre cuit dans une décoction légere d'orge, jusqu'à ce qu'il ait assez de consistence pour en faire des bâtons. Le sucre tors se fait avec de l'eau d'orge & du sucre dans une certaine proportion, & cuits de telle sorte qu'il en résulte une masse solide, qu'on peut manier sans qu'elle s'attache aux doigts frotés d'huile d'amandes, & la réduire en fils tres - fins ou grossiers, longs ou courts, & le plus souvent tortillés, mais toujours blancs. Ces deux préparations sont assez bonnes pour la toux, l'enrouement, la sécheresse de la trachée - artere, & dans les maladies légeres du poumon & de la poitrine. (D. J.)
Orge passé (Page 11:632)
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