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OPIMES, dépouilles (Page 11:505)
OPIMES,
Les armes, les drapeaux, les étendarts, les boucliers remportés sur les ennemis dans les combats étoient de brillantes marques de la victoire. L'on ne se contentoit pas de les mettre dans les temples, on les exposoit à la vûe du public, on les suspendoit dans le lieu le plus fréquenté de la maison, & il n'étoit pas permis de les arracher, même quand on vendoit la maison, ni de les suspendre une seconde fois, si elles venoient à tomber.
Il ne faut pas confondre ces sortes de trophées
militaires avec les dépouilles d'argenterie, de meubles
& d'autres effets du pillage des villes; ces dernieres
étoient un gain, un profit, & non pas un honneur.
Fabius Maximus fut loué par tous les gens de
bien après la prise de Tarente, d'avoir laissé aux Tarentins les tableaux & les statues des dieux; c'est à
ce sujet qu'il dit ce mot qui n'a jamais été oublié:
Mais la gloire de tuer dans le combat le chef des ennemis, & de lui enlever ensuite les propres armes, étoit regardée comme une action également honorable & utile, parce qu'elle étoit la plus propre à assûrer le succès de la victoire. Aussi lisons-nous dans Homere qu'Enée défendit de toutes ses forces Pandarus attaqué par Diomede, & qu'il auroit lui - même succombé à la fureur de ce redoutable ennemi, si Vénus veillant sans cesse pour le salut de son fils, ne l'eût pris entre ses bras, & ne l'eût couvert d'une partie de sa robe divine.
Festus cite une loi de Numa Pompilius qui distingue trois sortes de dépouilles opimes. Il ordonne que les premieres soient consacrées à Jupiter Férétrien, les secondes à Mars, & les troisiemes à Quirinus. Il veut que ceux qui les ont remportées ayent le premier 300 as, le second 200, & le troisieme 100; mais les seules dépouilles qu'on nommoit par excellence du nom d'opimes, étoient les premieres qui se gagnoient en bataille rangée par le général ou tout soldat romain, qui tuoit de sa propre main le général des ennemis.
Le mot opimes signifie richesse, puissance, excellence. Dans Cicéron ager opimus, & dans Virgile arva opima, sont des terres fertiles & d'un grand rapport; ainsi opima spolia désignoient des dépouilles par excellence. Ecoutons ce qu'en dit Plutarque dans la vie de Marcellus.
Quand la pompe se fut mise en marche, il monta
sur un char à quatre chevaux; & prenant ce
chêne ainsi ajusté, il traversa toute la ville, les
épaules chargées de ce trophée, qui avoit la figure
d'un homme armé, & qui faisoit le plus superbe
ornement de son triomphe. Toute l'armée le suivoit
avec des armcs magnifiques, en chantant des
chansons composées pour cette cérémonie, & des
chants de victoire à la louange de Jupiter & de leur
général ».
Dès qu'il fut arrivé dans cet ordre au temple de Jupiter Férétrien, il planta ce trophée & le consacra. Voilà le troisieme & le dernier capitaine qui ait eu cet honneur chez les Romains. Le premier qui remporta ces sortes de dépouilles opimes fut Romulus après avoir tué Acron, roi des Céninéens, & son triomphe a été l'origine & le modele de tous les autres triomphes. Le second qui remporta les dépouilles opimes fut Cornélius Cossus, qui défit & tua Tolumnius, roi des Toscans; & le troisieme fut Marcellus, après avoir tué Viridomare, roi des Gaulois.
Le même historien prétend dans la vie de Romulus, qu'il n'y a que les généraux d'armée romaine qui
ont tué de leur main le général des ennemis, qui
ayent eu la permission de consacrer à Jupiter les dépouilles
opimes; mais il se trompe; ce n'étoit point
une condition nécessaire que celui qui prenoit ces
dépouilles, & qui tuoit de sa main le géneral ennemi,
commandât lui même en chef; non - seulement
un officier subalterne, mais un simple soldat pouvoit
gagner les dépouilles opimes, & en faire l'offrande
à Jupiter Férétrien. Varon l'assûre, la loi de
Numa le dit, & finalement ce fait est confirmé par
l'exemple de Cornélius Cossus, qui tua Tolumnius,
roi des Toscans, & gagna les dépouilles opimes n'étant
que tribun des soldats, car le général étoit AEmilius. C'est à la vérité Tite - Live qui a jetté Plutarque
dans l'erreur en nommant Cossus consul d'après une
inseription, qui ne signifioit autre chose sinon que
Cossus étoit ensuite parvenu à la dignité du consulat.
Tite - Live se conduisit ainsi moins par erreur que
par flatterie pour Auguste, dont le but étoit d'étouffer
la tradition immémoriale, que les particuliers
pouvoient prétendre au grand honneur du triomphe
par les dépouilles opimes. (Le Chevalier
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